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Vendredi, semaine 20

Mt 22, 34-40

Comme soi-même?

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Est-ce que je m'aime? La question paraît très narcissique.

Mais, si nous ne sommes pas au mieux avec nous-même, notre champ de conscience n'est pas libre pour Dieu et pour nos frères. Dans nos prières et nos relations, nous apportons plus nos soucis et nos malaises qu'une attention d'amour.

Merveilleusement libre et désencombré, Jésus pouvait tout de suite s'intéresser totalement à quelqu'un. Aimer quelqu'un comme soi-même, c'est d'abord pouvoir se préoccuper de lui, être disponible pour l'écouter et l'aiden En ce sens, chercher à être bien dans sa peau peut être libérateur.

Je me souviens d'une visite à l'hôpital. La malade venait de recevoir quelqu'un qui l'avait beaucoup fatiguée et assombrie: « Elle arrivait pour m'aider, mais elle broyait du noir, elle ne m'a parlé que de ses soucis.»

Aimer son prochain comme soi-même exige une autre libération, àlaquelle on pense moins, dans la mesure justement où on se sent bien. On voudrait que les autres se sentent bien, mais... comme nous!

C'est difficile d'aimer quelqu'un en le poussant dans sa ligne à lui. «Tes enfants ne sont pas tes enfants», dit Julalil Gibran. Ta femme n'est pas ta femme, tes religieuses ne sont pas tes religieuses. Aimer l'autre comme soi-même pousse à vouloir un autre soi-même. L'amour véritable cherche à faire exister l'autre comme autre.

Il y a même un pas immense à faire. On dit toujours qu'il faut accepter l'autre, il faudrait arriver à aimer l'autre comme autre.

 

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