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Lundi, Carême IV

Jn 9, 1-41

« Nous, nous savons ! »

Jean met admirablement en scène la guérison de l'aveugle-né comme l'articulation entre ce que nous savons et ce qui nous arrive.

« Nous, disent les pharisiens, nous savons!

- Moi, répond dix fois le miraculé, voilà ce qui m'est arrivé.»

Les pharisiens sont les gens d'un savoir si sûr et si figé qu'ils n'acceptent pas d'être troublés par un fait.

« Vous n'écoutez pas», leur dit le miraculé, découragé.

S'ils écoutaient, ce qui arrive pourrait être une révélation qui éclairerait ce qu'ils savent.

Jésus n'a cessé d'être appel, en étant lui-même appelé par des situations: les amours de la Samaritaine, la foi de la Cananéenne, les livres de comptes de Zachée, la pénible transformation de la Loi en minuties ridicules.

Certains ont répondu à ces appels si neufs en acceptant que la vie (ce qui arrive) soit neuve. La plupart des autres ont continué de vivre sans voir («Vous êtes des aveugles»...) l'impact des faits sur leur savoir.

Le miraculé a lui aussi un savoir, mais un savoir souple: «Je sais que j'étais aveugle, et maintenant je vois... Chacun sait que Dieu n'exauce pas les pécheurs.»

« Tu es un ignare... "Nous, nous savons?' notre religion!

- Mais vous ne voulez pas écouter la vie. Elle est religieuse, c'est par elle que Dieu parle.»

Les choses de la vie sont remplies d'appels du Christ. Malheureusement, ces appels restent en marge d'une foi si fidèle qu'elle se regarde, elle, sans comprendre que Jésus est en train de la bousculer par la vie. Il faudrait que Ratzinger et Gaillot fassent plus souvent tandem.

 

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