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Jeudi, Carême V

Jn 8, 51-59

«Je suis»

Sommet du Jour 8 de la révélation de Jésus sur sa divinité, le texte d'aujourd'hui doit être reçu et médité dans le flamboyant soleil de ce «Je suis», cime vertigineuse dans sa nudité au milieu de tous les autres «Je suis ceci et cela».

«Avant qu'Abraham fût, je suis.» Le décalage verbal (le passé pour Abraham, le présent pour Jésus) indique tout de suite la plénitude de ce «Je suis». Jésus n'était pas avant Abraham, il est d'un autre monde. Il exprime sa joie triomphale d'exister en plénitude avant tous les temps, sans que rien du temps ne puisse l'atteindre, son existence est absolue.

Une manière de dire je suis Dieu? Oui et non, Jésus n'a jamais dit: je suis Dieu. Cela aurait fait penser qu'il existe deux dieux.

C'est la plénitude de son existence qui est divine, mais elle n'est pas une existence à côté de celle du Père. Ici nous nous approchons du mystère trinitaire: ni une fusion dans le Père ni une juxtaposition, mais une communion.

Il fallait bien un mot et c'est le moins mauvais, mais il n'évacue pas le mystère, car il s'agit d'une communion unique, inconcevable pour nous, approchée par un autre mot: relation.

Mais, toujours pour nous, relation dit forcément deux termes: le Père et le Fils. Dans la Trinité, il n'y a plus que la pure relation. Par l'Esprit, cette relation est l'être même, communionnel, de Dieu. Jésus ne peut dire «Je suis» que parce qu'il est le Fils, il n'est que cela mais tout cela. C'est ce que, inlassablement, il exprime lorsqu'il parle de son Père.

 

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