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Samedi, Carême V

Jn 11,45-56

La liberté des hommes.

Ça ne peut plus durer! Après la spectaculaire résurrection de Lazare, tout bouge. Des juifs sont gagnés à Jésus, d'autres prennent peur devant ce mouvement qui va alerter les Romains. On réunit le Conseil et le grand prêtre Caïphe lance tout le monde: vous ne comprenez donc pas que cet homme doit mourir pour le peuple?

Densité de cette parole. Pour Caïphe, elle est purement politique; il faut éviter avant tout des troubles qui provoqueraient l'intervention des Romains.

Mais l'évangéliste saisit ce mot de haine et de peur pour en faire la plus forte déclaration prophétique sur la valeur salvifique de la mort de Jésus: il fallait que Jésus meure pour rassembler les enfants de Dieu dispersés.

«Il fallait!» Pourquoi? C'est une question qui nous dépassera toujours: pourquoi notre salut devait-il passer par les souffrances, les humiliations et la mort de Jésus?

Essai de réponse: le Père a livré son Fils non à une mort décrétée par avance, mais aux incertitudes de la mortelle liberté des hommes. Ils auraient pu dire oui à Jésus. Il était venu pour être aimé, pas pour être crucifié. Mais tous les efforts d'amour que Jésus a déployés ont fini par aboutir au mot de Caïphe: cet homme doit mourir! Parce que Dieu a voulu la liberté des hommes, contre ce choix libre il ne pouvait rien.

Rien? Romano Guardini dit que réfléchir sur ces choses doit nous amener au point «où tout se réduit à l'adoration silencieuse».

Et à une reconnaissance éperdue pour tant d'amour. Qui sommes-nous? Qui est Dieu? Il a voulu nous sauver mais pas sans nous, en respectant notre liberté quel que soit le prix à payer. Dieu nous aime d'un amour inimaginable pour nous.

 

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