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Mercredi saint

Mt 26, 14-25

Le mystère Judas.

L'importance que l'évangile de ces jours donne à Judas est un appel à méditer sur une trahison si surprenante.

On a dit que Judas faisait partie du drame de la passion comme acteur malchanceux - il fallait un traître! Hypothèse horrible, indigne de Dieu, qui aime tous ses fils, et Judas est l'un d'eux.

Mais alors que signifie: «Le Fils de l'homme s'en va selon ce qui est écrit »? Il s'agirait donc d'un programme où Judas avait son rôle?

On se heurte au problème difficile de l'articulation entre la volonté de Dieu exprimée dans l'Écriture («Ce qui est écrit») et la décision d'un homme qui doit rester libre, sinon il n'est plus un homme. Chacune de ces données est indiscutable, mais nous ne voyons pas comment la décision de Judas est restée libre â l'intérieur de la volonté de Dieu.

Nous savons que ce fut une des plus terribles fautes qu'un homme puisse commettre: «Il eût mieux valu, dit Jésus, que cet homme ne fût pas né! »

Avec beaucoup j'ai longtemps tiré de cette exclamation que Judas était damné. Mais cela regarde Dieu, pas nous; nous ne pouvons jamais mesurer le pardon de Dieu.

Sur quoi faut-il donc méditer? Sur les chemins qui conduisent à de tels abîmes. Judas me remet toujours devant la dangereuse merveille que le Créateur nous offre: notre liberté.

Ce qu'il y a de plus fondamental dans la formation d'un jeune, c'est son éducation à la liberté: toute ta vie tu seras devant des choix qui finalement te mèneront très loin. Accepter la jalousie, les colères, les rancoeurs, le goût de l'argent et surtout l'orgueil peut faire de nous un Judas.

 

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