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FÊTE sans fin. (Saint AUGUSTIN)

« La noce est prête. »  

Lui qui habite dans le secret d'une Si haute demeure, il a aussi une tente sur la terre. Sa tente sur terre, c'est l'Église qui mène encore une vie nomade. Mais c'est là qu'il faut le chercher, car dans cette tente on trouve le chemin qui mène à sa maison. J'entrerai dans la tente merveilleuse et jusqu'au sanctuaire de Dieu, dit le psalmiste. Il est entré dans la tente et il est parvenu jusqu'à la demeure de Dieu en suivant l'attrait d'une certaine douceur, de je ne sais quelle volupté, intérieure, secrète, comme Si lui parvenait de la demeure de Dieu le chant très doux d'un orgue. Il marchait dans la tente, et entendant ce chant intérieur, attiré par sa douceur, il a suivi les sons qui lui parvenaient, en fermant l'oreille aux bruits de la chair et du sang et il a fini par arriver à la demeure de Dieu.

Quand chez nous on célèbre quelque fête splendide, c'est la coutume de placer devant la maison des musiciens ou des choeurs ou des instrumentistes dont la musique excite au plaisir. Quand nous les entendons au passage, nous demandons : que fait-on là? On nous répond qu'il y a là une fête : on célèbre une naissance ou des noces. Dans la maison de Dieu, c'est une fête sans fin. On n'y célèbre pas quelque chose qui passe. Fête sans fin, avec les choeurs des anges, visage de Dieu vu à découvert, joie sans déclin. Nul commencement à cette fête et aucune fin. De cette fête éternelle et perpétuelle s'échappe je ne sais quelle harmonie agréable et douce aux oreilles du coeur, si du moins ne la trouble aucun bruit du monde. A qui marche dans cette tente et contemple les miracles de Dieu pour le salut des fidèles, la musique de cette fête enchante son oreille et l'entraîne vers les eaux courantes.

 

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