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nouvelle évangélisation-retour

Mgr André Rivest s'engage envers la région

 

Plus de 1600 personnes, dont 700 invités, se sont rassemblés a la Cathédrale de Chicoutimi afin d'assister a l'inauguration du ministere pastoral de Mgr André Rivest, qui devient le 8e éveque du diocese. La cérémonie de pres de trois heures s'est déroulée en présence d'une trentaine d'éveques venus du Canada et des cardinaux Jean-Claude Turcotte, archeveque de Montréal et Marc Ouellet, archeveque de Québec et primat de l'Église canadienne. Soulignons également la présence du nonce apostolique, Mgr Luigi Ventura, représentant du Pape au Canada apportant la lettre apostolique.

 

M. le Cardinal Turcotte a présenté a la foule celui qui fut son auxiliaire dans le diocese de Montréal au cours des neuf dernieres années. Il a souligné sa derniere visite au Saguenay, dans des circonstances moins joyeuses en février 2002, les funérailles de Mgr Marius Paré. Il a mentionné que le diocese de Chicoutimi hérite d'un homme de qualité qu'il définirait par trois mots : sourire, accueil et respect des autres.

 

Ce fut une cérémonie parfois émouvante, parfois drôle, mais surtout empreinte de toute une symbolique reliée a sa nouvelle terre d'adoption. Ainsi, la liturgie eucharistique a commencé par une procession des offrandes ayant pour theme le drapeau de la région. L'un des moments forts de la cérémonie, qui n'a pas manqué de rappeler que le clergé a souvent accompagné la société civile dans ses combats, s'est d'ailleurs produit au moment ou les présidents des syndicats d'Alcan et d'Abitibi-Consol ont offert au nouvel éveque un rouleau de papier journal et des produits d'aluminium, pour illustrer le gris industriel de notre drapeau. Lisant la priere apres l'offrande, M. Laval Perron a suscité les applaudissements spontanés des fideles.

 

Mgr Rivest, dont la devise épiscopale est « Messager d'espérance », a rappelé dans son homélie que le Pape Jean-Paul II a invité l'Église a une nouvelle évangélisation au tournant du millénaire, a partir du Christ comme source de la foi. Il a exprimé un reve : « Un reve m'habite depuis longtemps et cette Parole de Dieu me permet de vous le partager. Le reve que toutes les personnes engagées au service des communautés soient heureuses et épanouies, qu'elles soient ministres ordonnés ou non, agents, agentes laiques mandatés ou non, personnes de vie consacrée ou mariées ou célibataires, salariées ou bénévoles, adolescents, adolescentes, jeunes adultes, adultes ou aînées. » (Version intégrale de son homélie)

 

La cérémonie a pris fin dans un atmosphere de fraternité par les discours des dignitaires. Le primat de l'Église canadienne, M. le Cardinal Marc Ouellet, a confié qu'il avait connu notre nouvel éveque alors que tous deux étudiaient au Grand Séminaire et lors d'une mission en Colombie. Il a qualifié Mgr Rivest d'homme de paix, de Dieu et d'Église, qui saura conduire le diocese de Chicoutimi dans la paix et l'unité.

 

Mgr Rivest a terminé son homélie par cette phrase : « Jusqu'a maintenant j'ai essayé d'etre le meilleur Montréalais possible. Je veux maintenant me donner a 100% pour essayer d'etre le meilleur Chicoutimien possible avec vous tous, fideles du Saguenay &endash; Lac-St-Jean. »

 

(Inspiré d'un article de Normand Boivin, Le Quotidien, 18 sept. 2004)

 

(Source: site Web du diocese de Chicoutimi)

 

 

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Homélie de Mgr Rivest

 

Inauguration du ministere pastoral de Mgr André Rivest

Nouvel Éveque du Diocese de Chicoutimi

 

Vendredi, 17 septembre 2004, 20h, a la Cathédrale

 

Ez 47,1-2.8-9

1P 4,8-12

Mt 5,1-12

 

Dernierement, je partageais avec des gens mes sentiments personnels suite a ma nomination par le Saint-Pere, comme éveque titulaire du diocese de Chicoutimi. Je leur disais: « Dieu, y'est drôle!» Au moment d'etre ordonné pretre, je lui ai offert toute ma vie au service de l'Église. Mais je lui exprimais aussi le souhait de n'avoir qu'une place humble, sans éclat, sans prestige: je voulais un rôle plutôt discret...

 

Et me voila éveque du diocese de Chicoutimi!

 

Dieu est drôle! J'ai presque le gout d'ajouter: «Y fait donc simpe!»

 

Dieu ne cesse d'etre étonnant: depuis Abraham, il ne cesse d'étonner, de surprendre: «Va, dit-il a cet humble berger, quitte ton pays et va vers le pays que je t'indiquerai.»

 

Plusieurs siecles plus tard, quel étonnement ce sera pour Marie quand l'archange Gabriel lui annonce qu'elle sera la mere du Sauveur du monde. Et quel étonnement quand son enfant, le fils de Dieu, naîtra dans la plus grande pauvreté et qu'il mourra sur la croix du Calvaire... Quel étonnement, quand nous comprendrons a la suite des témoins du matin de Pâques, que du corps brisé de Jésus en croix a jailli la vie...

 

I- Longtemps avant Jésus, le prophete Ezéchiel nous parle, dans un langage symbolique, de l'eau qui émerge du Temple: «En tout lieu ou parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera tres abondant, car cette eau assainit tout ce qu'elle pénetre, et la vie apparaît en tout lieu ou arrive le torrent.» L'eau, c'est connu, est le symbole de la vie.

 

Pour l'Ancien Testament, le Temple d'ou jaillit le torrent, c'est le lieu de la présence de Dieu. Dieu est la source de la vie.

 

Dans le Nouveau Testament, le Temple de Dieu c'est le Christ. «Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai,» annonce Jésus. Selon l'expression des Peres de l'Église: «De son côté transpercé, couleront des fleuves d'eau vive.»

 

Vous vous souvenez peut-etre qu'au moment d'entrer dans le IIIe millénaire, le Pape Jean-Paul II invitait les baptisés a «REPARTIR du Christ» pour se lancer dans la nouvelle évangélisation de notre culture. Il nous appartient d'annoncer Jésus-Christ dans la culture actuelle au Québec et de le proposer aux gens d'ici comme la source jaillissant en vie éternelle. C'est la l'essentiel de notre mission de baptisés. Aujourd'hui comme hier, l'Évangile a le pouvoir de nous étonner en éclairant d'une lumiere nouvelle les réalités de nos vies individuelles et collectives, meme les plus obscures.

 

II- Quelle lumiere nouvelle nous apporte l'Évangile des Béatitudes qui vient d'etre proclamé?

 

La foule rassemblée sur la montagne pres du grand lac de Galilée boit littéralement les paroles de Jésus. Pour ces gens, les paroles de Jésus sont comme une eau rafraîchissante qui étanche leurs soifs. Ces hommes et ces femmes assis a flanc de montagne, la devant Jésus, sont écrasés et ils courbent le dos sous le joug imposé par l'envahisseur romain. La foule a soif de liberté; son avenir semble bouché. Elle a soif d'espérance.

 

Jésus les impressionne, il les réjouit. Son discours apporte du neuf. Le langage qu'ils connaissent est celui de la Loi de Moise. Mais, voila: ce langage, pourtant nécessaire, a été vidé de son sens par les chefs religieux. Il ne reste plus rien d'autre que les contraintes ou les interdits. Les rites proposés a la synagogue sont sans signification: ils ne disent plus rien...

 

La voix de Jésus s'éleve au-dessus de murmure de la foule:

«Heureux les pauvres de coeur: le Royaume des cieux et a eux!

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés!

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice: le Royaume des cieux est a eux!...»

 

Il y a quelque chose de neuf dans ce langage: le bonheur est accessible, meme derriere des obstacles apparemment infranchissables. Un peu plus loin, Jésus leur permettra de découvrir que le bonheur passe nécessairement par le chemin «obligé» de l'amour. Jésus fait passer les gens du régime de la Loi marqué par des contraintes et des interdits sans signification, au régime des Béatitudes marqué par la loi de l'amour. Cette loi nouvelle ouvre la porte a une grande liberté intérieure face aux exigences du quotidien: elle fait entrer la vie dans les coeurs emprisonnés...

 

Il est surement plus exigeant de vivre en régime des Béatitudes parce que la vraie liberté appelle au dépassement de soi jusqu'au don de soi. C'est exigeant de s'oublier et de faire passer l'autre avant soi. Jésus lui-meme se propose comme le modele a imiter: « Ma vie, nul ne me la prend, c'est moi qui la donne... Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime.»

 

Je crois profondément que derriere toute souffrance ou défaite ou contrainte, se cache une béatitude, un bonheur possible pour celui ou celle qui choisit de les assumer en communion d'amour avec le Christ. J'ai souvent dit et je le redis particulierement pour vous qui nous accompagnez de chez vous par le truchement de la télévision et qui portez difficilement une souffrance: « Une souffrance offerte par amour, en union avec celles du Christ, n'est jamais une souffrance perdue. Elle est toujours porteuse d'espérance. » L'amour rend libre; il ouvre au bonheur, meme limité.

 

III- Dans la 2e Lecture, l'apôtre Pierre nous invite d'abord a avoir entre nous une charité intense. Dans une Église qui cherche a etre de mieux en mieux une Église-communion, c'est évidemment cette charité qui nous permet de nous présenter devant le monde comme d'authentiques témoins de l'Évangile: «Voyez comme ils s'aiment» disait-on avec admiration des premiers chrétiens. Elle nous permet également de bâtir la solidarité et l'harmonie entre nous.

 

Dans un deuxieme temps, l'apôtre Pierre nous invite a «mettre au service des autres» ce que chacun, chacune a reçu comme « don de la grâce » sous des formes diversifiées c'est-a-dire celles qui correspondent a nos missions individuelles.

 

Un reve m'habite depuis longtemps et cette Parole de Dieu me permet de vous le partager. Le reve que toutes les personnes engagées au service des communautés soient heureuses et épanouies, qu'elles soient ministres ordonnés ou non, agents, agentes laiques mandatés ou non, personnes de vie consacrée ou mariées ou célibataires, salariées ou bénévoles, adolescents, adolescentes, jeunes adultes, adultes ou aînées.

 

Je ne crois pas que mon reve soit utopique: je le sais difficile a réaliser sous les pressions et les tensions du quotidien, mais réaliste.

 

«Tous les ministeres, quels qu'ils soient, n'existent et ne sont exercés que pour un seul intéret: etre au service de la mission de l'Église», lit-on dans un fascicule produit par le Comité des ministeres de l'AEQ, en 1999, et intitulé « Au service de la mission: des ministeres variés et solidaires. » A mon point de vue, c'est un ouvrage tres précieux et éclairant.

 

Il y a un grand défi pour nos églises locales a donner a chaque baptisé sa véritable place dans l'exercice de la mission de l'Église. Et il apparaît de plus en plus évident que l'harmonie et la solidarité entre les divers ministeres passe par la clarification des identités de chacun.

 

Les ministeres ne sont pas interchangeables, sinon c'est la perte de sens qui s'ensuit et laconfusion. Et on sait bien que de la confusion naissent les dissensions. C'est comme dans un couple: pour qu'il y ait communion il ne faut pas qu'il y ait perte d'identité, encore moins fusion des identités.

 

On ne peut définir les différents ministeres uniquement a partir des tâches, c'est-a-dire a partir du «faire». C'est a partir de leur signification propre, qu'il est possible de les articuler et de les exercer de maniere solidaire.

 

Partager mon reve, que tous les intervenants et intervenantes en pastorale soient heureux et heureuses, c'est m'engager a mettre maintenant toutes mes énergies, mes ressources et ma priere pour qu'il en soit ainsi dans l'Église de Chicoutimi qui est au Saguenay-Lac-St-Jean.

 

Conclusion

Chers diocésains et diocésaines, jusqu'a maintenant j'ai essayé, avec la grâce de Dieu, d'etre le meilleur montréalais possible avec les gens du diocese de Montréal, je m'engage maintenant a me donner a 100% comme pasteur du diocese de Chicoutimi et etre le meilleur chicoutimien possible avec vous tous et toutes du Saguenay-Lac-St-Jean.

 

Que Dieu me vienne en aide! Je compte sur votre priere.

 

+ André Rivest

Éveque de Chicoutimi

 

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