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Remise en question. (Marcel LEOAUT) 

Tous les fondateurs croyaient faire oeuvre pour l'éternité... Désormais, dans la mesure où les hommes sont plus individualisés et plus capables d'être eux-mêmes, ils ont besoin, pour être spirituels réellement, de le devenir de façon plus originale et par suite plus libre. Aucune structure, aucune règle ne peuvent y suffire, même Si elles ont fait jadis leurs preuves grâce à leur convenance aux moeurs de leur temps. Dans ce domaine aucune réussite du passé n'est un garant pour l'avenir. Au contraire le fait d'attacher à cette réussite trop d'importance porte à se dispenser à tort de l'effort créateur nécessaire pour que ce succès se poursuive quand des conditions nouvelles se présentent. Nul ne peut plus maintenant douter que le cheminement de l'homme intérieur, tout en restant pour l'essentiel le même, doive s'adapter sans cesse à des besoins et des moyens toujours plus variés. Il faut accepter la continuelle remise en question des formes de la vie spirituelle, des initiatives qu'elle promeut, des sommets qu'elle atteint, àmoins que, sous l'effet d'une foi d'appar-intacte, mais en réalité chancelante et intimement faussée, on ne s'accroche désespérément à manières très imprégnées des conceptions fixistedu passé, et qu'on veuille voir en tout changement une infraction, en toute évolution une prudence. - Depuis qu'il sait construire, l'homme n plus de demeure fixe. Depuis qu'il pense, l'homm n'a plus de pierre pour reposer sa tête. Vertige que la foi seule peut dominer mais pas définitivement vaincre. Détachement que elle peut susciter, mais aussi qu'elle doit sans soutenir. 

 

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