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La fidélité de l'ÉGLISE. (François FRANCOU)

Nous sommes devant l'Église comme des enfants qui écoutons de notre mère les souvenirs de son époux. Nous ne le connaîtrons jamais qu'à travers elle. Sa mémoire est encore tout impressionnée par sa foi et son amour, et nous pouvons nous douter qu'ils peuvent en altérer les souvenirs. Mais pourquoi la soupçonnerions-nous de vouloir nous mentir et à qui irions-nous nous fier, sinon à celle qui fut la compagne de sa vie pour connaître non seulement l'histoire mais le coeur de l'histoire, c'est-à-dire le coeur de l'époux. Il se peut qu'elle projette, sur les premiers jours de la rencontre et sur le temps des fiançailles, une lumière qu'elle n'a perçue que longtemps après. Bien des gestes qui dans les ;premiers temps, avant même qu'elle ne se sente umée, avaient pu lui paraître anodins et sans inportance, ont revêtu par la suite tout leur sens et leur signification d'amour. En les interpré ant à l'aide des manifestations plus complètes d'amour qu'elle a connues par la suite, elle ne les ~énature pas, elle les pénètre. Ce qui nous intéresse dans les gestes accomplis par le Christ avant sa résurrection, c'est précisément leur intèriorité, la dimension et la portée même confuse qu'ils avaient dans le coeur du Maître, celles-là mêmes qui ne pouvaient être connues qu'à la lumière du dénouement. La fidélité de l'Église ne peut consister à reconstituer mais à pénétrer. C'est ce que nous devons continuellement chercher à faire ; il ne peut y avoir d'annonce de l'Évangile sans méditation de l'Évangile. Et Marie méditait ces choses dans son coeur, dit saint Luc...

 

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