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Les MIRACLES de Jésus. (Jacques GUILLET)

Les miracles de Jésus sont à la fois très semblables et très différents. Il n'y a pas chez eux, du moins en général, cette tension qui marque les miracles les plus purs de l'Ancien Testament, ce suspense où leur foi projette Moïse ou Elie. S'il y a attente, elle n'est pas en Jésus, mais chez ceux qui viennent le trouver. En Jésus il y a à la fois une réserve fondamentale qui l'oppose absolument à tous les thaumaturges, et une force quasi irrépressible qui, au contact de la souffrance, provoque le geste sauveur. Aucun des miracles de Jésus n'est délibéré, combiné à l'avance. Le seul qui comporte une certaine mise en scène, un temps de préparation, la multiplication des pains, est, comme tous les autres, une réponse à un besoin immédiat, la faim des gens rassemblés autour de lui.

Mais il ne s'agit pas d'un trop-plein de puissance qui demande à se décharger, il s'agit de la misère qui est là, devant lui, et qu'il ne peut laisser durer plus longtemps.

Pourtant, même avec tous ces miracles, le royaume n 'est pas encore arrivé, et la preuve c'est qu'ils n'atteignent dans le monde qu'une marge infime et qu'ils sont toujours à refaire; la preuve c'est qu'ils ne changent pas les coeurs et que, pour dix lépreux guéris, un seul est capable de rendre gloire à Dieu. Mais ces limites et ces échecs ne tiennent pas seulement à la violence imprévue des résistances, elles tiennent à la nature des choses et à la mission même de Jésus. Tout son comportement montre que, pour lui non plus le royaume n'est pas arrivé.

Ainsi, lorsque Jésus guérit, il est simplement lui-même avec sa puissance et sa sensibilité, mais il a conscience en même temps d'être le porteur d'une révélation, le témoin d'un secret qu'il est seul à connaître : le royaume qui vient, c'est la miséricorde de Dieu. 

 

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