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Le Royaume du Divin Fiat chez les créatures
PICCARRETA
Le Livre du Ciel audio
Tome
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Appel des créatures
à revenir à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été
créées par Dieu
Luisa
Piccarreta
La Petite Fille de la
Divine Volonté
À l'âge de 9 ans,
Notre Seigneur commence à lui faire entendre sa voix
intérieurement.
À 13 ans, elle a
sa première vision:
Jésus, portant sa croix, lève
les yeux vers elle et lui dit: «Âme, aide-moi! »
Dès lors, un désir
insatiable de souffrir pour l'amour de Jésus monte en elle. À
ce moment, également débutent ses premières
souffrances physiques de la Passion, ainsi que de grandes douleurs
spirituelles et morales.
À 16 ans, à
la suite d'un désir manifesté par Jésus et
Marie, elle se consacre à Jésus comme victime.
Dès lors, les visions se
multiplient et elle devient de plus en plus associée aux
souffrances de Jésus dans sa Passion.
À compter de ce moment aussi,
et pour le reste de sa vie (soit pendant 65 ans), elle ne peut
ni manger, ni boire, rejetant toute nourriture.
Sa seule nourriture est la Sainte
Eucharistie.
À cause de ses souffrances de
la Passion de Jésus, qui deviennent de plus en plus fortes,
Luisa perd bien souvent l'usage de ses sens.
Son corps devient rigide, quelquefois
pendant plusieurs jours, jusqu'à ce qu'un prêtre
(généralement son confesseur) vienne,
au
nom de l'obéissance, la sortir de cet état de mort.
À l'âge de 23 ans,
un an après le début de son alitement permanent (qui
durera tout le reste de sa vie), elle reçoit la grâce du
Mariage Mystique.
Ce mariage est renouvelé 11
mois plus tard dans le Ciel, en présence de la Très
Sainte Trinité. C'est à cette occasion que lui est
donné le Don de la Divine Volonté.
Elle meurt en 1947, un
peu avant d'avoir atteint sa 82e année,
-après une pneumonie qui dura
15 jours,
la seule maladie qu'elle ait jamais
subie pendant sa vie entière.
Elle rend l'âme à la
levée du jour, à l'heure où, chaque jour, son
confesseur avait l'habitude de la faire sortir de son état de
mort.
Louisa a beaucoup écrit. Elle
le faisait par obéissance à Jésus et à
ses confesseurs, surmontant ainsi la forte aversion qu'elle a
toujours éprouvée à écrire et à
parler d'elle.
Ses principaux écrits forment
les 36 tomes de son ouvrage intitulé «Le
Livre du Ciel» (nom suggéré par Jésus
lui-même).
Ils décrivent sa vie et font
part de ses dialogues avec Jésus, moyen choisi par celui-ci
pour
faire connaître ses extraordinaires et surprenants
enseignements sur la vie dans la Divine Volonté.
La cause de béatification
de Luisa fut introduite en 1994.
L'un de ses confesseurs, le
bienheureux Fr. Annibale M. Di Francia, a récemment
été béatifié par le pape Jean-Paul
II.
Luisa Piccarreta
La Petite Fille de la Divine
Volonté 1865-1947 Corato, province de Bari, Italie
Ô Bienheureuse Trinité,
Notre-Seigneur Jésus-Christ
nous a enseigné que, lorsque nous prions, nous devons demander
-que le nom de Notre Père du
Ciel soit glorifié,
-que sa Volonté soit faite sur
la terre comme au Ciel et
-que son Règne vienne parmi
nous.
Dans notre grand désir de
faire connaître son Royaume d'Amour, de Justice et de Paix,
nous vous demandons humblement de glorifier votre servante Luisa,
-la Petite Fille de la Divine Volonté
qui, par ses constantes prières
et ses grandes souffrances, a ardemment intercédé
-pour
le salut des âmes et
-pour la venue du Royaume de Dieu en
ce monde.
À son exemple, nous vous
prions, Père, Fils et Esprit Saint,
-de nous aider à embrasser
joyeusement nos croix sur cette terre, de telle manière que,
nous aussi,
nous glorifiions le nom de notre Père
du Ciel et
nous entrions dans le Royaume de la
Divine Volonté. Amen.
+ Carmelo Cassati, archevêque
Un grand sacrifice m'est imposé
par la sainte obéissance.
Je dois écrire ce qui s'est
passé entre moi et mon Jésus bien-aimé pendant
une période de plus de 16 ans.
Je
me sens écrasée par la tâche (1).
Néanmoins, quoique confuse, je
veux m'appliquer de mon mieux.
Je crois en Jésus, mon Époux
bien-aimé, qui pourra me rendre la tâche tolérable.
Ainsi,
je pourrai la remplir
-pour la plus grande gloire de Dieu
et
-pour
l'amour que je nourris pour la noble vertu d'obéissance.
«Je commence donc, ô
Jésus, en vous, avec vous, et pour vous. Je n'ai pas
confiance en moi, mais j'ai foi en vous.
Sans vous, je ne peux rien faire.
Puisse cet écrit, du
commencement à la fin, être fait
-pour
votre plus grande gloire,
-pour la croissance de mon amour
envers vous et
-pour ma plus grande confusion.»
À l'âge de 17 ans, je
voulais, par la pratique journalière
-de
la méditation,
-de divers actes de vertu et
-de diverses mortifications, me
préparer à la fête de Noël,
c'est-à-dire à la fête
de la Nativité de mon toujours aimable Jésus.
Et tout ceci, pendant la durée
d'une neuvaine.
D'une manière spéciale,
je voulais honorer les neuf mois
pendant lesquels Jésus avait
choisi de rester dans le Sein virginal de la Sainte Vierge
en
faisant pendant neuf jours neuf méditations par jour
concernant le mystère béni de l'Incarnation.
Dans une méditation, j'avais
choisi d'aller au Paradis par la pensée. Je m'imaginais la
Très Sainte Trinité dans un concile décisif,
planifiant
de racheter la race humaine tombée dans la plus sordide
misère, de laquelle, sans l'action divine, elle ne serait
jamais capable de se relever,
pour parvenir à une vie nouvelle d'absolue liberté.
J'ai ensuite vu le Père
prenant la décision
-d'envoyer son Fils Unique sur la
terre,
-celui-ci
acquiesçant au désir du Père, et
-le Saint-Esprit accordant son plein
accord le tout pour le salut des hommes.
Tout mon être s'émerveillait
d'un si grand mystère
-d'Amour réciproque entre les
Personnes Divines,
-un Amour formidable
liant
entre elles les Personnes Divines et s'irradiant sur les hommes.
Je considérai ensuite
l'ingratitude de ceux-ci, rendant inopérant un si grand Amour.
Je serais restée dans cet état toute la journée,
plutôt que pendant juste une heure, si Jésus ne m'avait
pas fait entendre une voix intérieure me disant:
«C'est assez pour le moment.
Viens avec moi et tu verras d'autres
et plus grands excès de mon Amour envers toi.»
Ma pensée était amenée
à considérer mon toujours aimable Jésus,
résidant
dans le sein très pur de Marie Vierge et Mère.
J'étais étonnée
que notre grand Dieu,
-qui ne peut être contenu par
les cieux,
-voulait,
par Amour pour les hommes,
devenir si petit et être
confiné à un espace si restreint, jusqu'à ne
pouvoir ni bouger ni respirer.
Cette considération me
consumait d'amour pour mon Jésus nouveau-né.
Il me dit intérieurement:
«Vois combien je t'aime!
Par pitié, fais-moi un
peu de place dans ton coeur. Sors-y tout ce qui n'est pas de moi,
afin que j'y aie un peu plus
d'aise pour bouger et respirer.»
Mon coeur se sentit alors broyé
d'amour pour lui. Donnant libre cours à mes pleurs,
-je demandais pardon pour mes fautes,
-promettant d'être toujours
toute à lui.
Cependant, je devais constater
-que
je répétais la même promesse jour après
jour et
-que, à ma grande confusion,
je retombais toujours dans les mêmes
fautes.
Ceci me causait une grande
souffrance. Et je me suis exclamée:
«Ah!
mon Jésus, comme tu as toujours été bienveillant
envers la misérable créature que je suis, et que tu
l'es encore! Aie toujours pitié de moi!».
C'est ainsi que se sont passées
ma deuxième et ma troisième heures de méditation.
Et j'ai ainsi continué jusqu'à
la neuvième heure, que j'ai omise, à cause de mes
insipides et regrettables distractions.
Cependant, la voix me demanda de
poursuivre avec les méditations de la neuvaine, m'avertissant
-que si je ne le faisais pas,
-je n'aurais aucun répit,
aucune paix.
Et j'essayais d'imaginer comment je
pourrais mieux le faire,
-parfois agenouillée,
-parfois
prosternée jusqu'à terre.
Il y avait des fois où ma
famille m'empêchait de le faire pendant que je travaillais.
Mais je voulais toujours satisfaire mon si bon Jésus.
C'est de cette façon que je
passai tous les jours de ma sainte neuvaine,
-jusqu'à la veille du jour
-où mon bien-aimé Jésus
me donna une récompense inhabituelle et inespérée.
C'était
la nuit avant Noël.
J'étais seule et sur le point
de terminer mes méditations quand, soudain, je ressentis en
moi un courant de ferveur inhabituelle
Je me suis trouvée en présence
du très gracieux bébé Jésus.
Il était si beau et si
charmant!
Mais à cause du manque d'amour
-qui lui était donné
par les créatures ingrates,
-il
tremblait de froid.
Il agissait comme s'il voulait
m'embrasser. J'étais ravie de joie.
Je me suis levée immédiatement
et j'ai couru pour l'embrasser. Mais quand j'ai essayé de le
serrer dans mes bras, il disparut. Ceci arriva par trois fois, et
chaque fois je n'ai pu l'embrasser.
J'en fus très contrariée.
Toute pénétrée
d'amour, je suis tombée dans une ivresse amoureuse
-c'est difficile pour moi de mettre
tout ça dans des mots,
-car je n'ai pas la bonne manière
de m'exprimer.
Je ne nie pas que j'étais
toute transformée d'amour par Jésus. Cette ferveur
inhabituelle dura plusieurs jours.
Ensuite, elle diminua graduellement.
Pendant longtemps, je n'ai laissé
transpirer absolument rien de tout cela à qui que ce soit.
Par la suite, la voix à
l'intérieur de moi ne m'a jamais laissée. Comme je
continuais à tomber,
la
voix me réprimandait après chacune de mes fautes
coutumières. Elle me corrigeait et m'enseignait que je devais
tout faire très bien.
Elle me donnait un nouveau courage
quand je tombais et elle me faisait promettre d'être plus
vigilante dans le futur.
À présent,
Notre-Seigneur continue
-d'agir
avec moi comme un bon père envers son enfant,
de toujours ramener l'enfant égarée
dans le chemin de la vertu,
de toujours user d'efforts paternels
pour la garder à son devoir, afin qu'elle produise pour Dieu
honneur et gloire, et
qu'elle recherche toujours la
couronne enviable de la vertu. Mais hélas, pour ma honte et ma
confusion, je dois m'exclamer:
«Ô Jésus, comme
j'ai été ingrate envers vous!»
Puis mon Bon et Divin Maître
commença à dégager mon coeur de toutes les
affections qui l'attachaient aux créatures.
Il vint à moi et, comme à
l'accoutumée, me dit par une voix intérieure:
«Je suis ton Tout.
Je mérite d'être aimé
de toi d'un amour égal à celui que j'ai pour toi.
Si tu ne laisses pas le petit monde
de tes pensées, de tes affections et de tes
sentiments pour les créatures,
je ne pourrai pas
-entrer complètement en ton
coeur et
-en
prendre possession d'une façon permanente.
Le constant murmure de tes pensées
t'empêche d'entendre clairement
ma Voix, ce
qui m'empêche
-de déverser en toi mes grâces
et
-de
te faire tomber complètement en amour avec moi. Je suis un
Époux très jaloux.
Promets-moi que tu seras mienne
totalement.
Moi je me mettrai au travail pour
faire de toi ce que je veux.
Tu dis la vérité quand
tu dis que tu ne peux rien faire par toi-même. Mais n'aie pas
peur, je ferai tout pour toi.
Donne-moi ta volonté: ce
sera suffisant pour moi.»
Il me répétait souvent
cela à l'occasion de la Sainte Communion.
Je m'abîmais alors en pleurs de
regrets et je promettais que, plus que jamais, j'allais être à
lui totalement. Et si, à ce moment,
-je
prenais conscience que je n'agissais pas en accord avec sa Volonté,
-je lui demandais pardon et
-je lui déclarais que vraiment
je voulais l'aimer de tout mon coeur.
Sachant que, privée de son
aide, je ferais bien pire, je lui demandais de ne pas m'abandonner.
Jésus, me faisant
entendre sa Voix dans mon coeur, me disait:
«Non! Non!
Je pensais à lui constamment.
Quand il m'arrivait de me laisser
distraire par des conversations avec ma famille ou des paroles sans
importance ou non nécessaires, j'entendais rapidement sa Voix
me dire:
«Ces conversations ne me
plaisent pas.
Elles remplissent ta pensée
avec des choses qui ne m'intéressent pas. Elles entourent ton
coeur de sentiments nuisibles,
qui rendent inefficaces les grâces
dont je t'inonde, toi si faible et sans vie. Oh! essaie de m'imiter
comme quand j'étais dans la maison de Nazareth:
ma pensée était occupée
seulement par
ce
qui concernait la Gloire de mon Père et le salut des âmes.
Ma Bouche s'ouvrait seulement
-pour dire des choses saintes et
-pour persuader d'autres personnes de
-pour réparer pour les
offenses commises contre mon Père
Ainsi, les coeurs brisés par
le chagrin étaient attiré Adoucis par la grâce,
ils étaient amenés à mon Amour.
Devrais-je
te parler des conférences spirituelles que j'avais avec ma
Mère et mon père putatif?
Ainsi je devenais muette
intérieurement et toute confuse Je désirais être
seule dans la mesure du possible.
Je confessais à Jésus
mes faiblesse.
Je demandais son aide et ses grâces
pour être ponctuelle à exécuter ce qu'il me
demandait.
Je confessais aussi que, par
moi-même, je ne pouvais rien faire, si ce n'est le mal.
Et malheur à moi quand ma
pensée ou mon coeur occasionnellement se détournait de
Jésus et s'intéressait à des personnes que
j'aimais.
Vivement et brusquement, sa Voix
revenait alors et disait sur un ton sec:
«Est-ce ceci ta manière
de m'aimer? Qui t'a aimée autant que moi? Sache que
-si tu n'arrêtes pas,
-je
me retirerai et te laisserai seule, à tes propres moyens.»
À la suite de tels et si
nombreux reproches, je sentais mon coeur se briser. Je ne pouvais que
pleurer abondamment et implorer son pardon.
Un matin, après avoir reçu
la Sainte Communion, il me donna
-une
claire vision du grand Amour qu'il avait pour moi,
-ainsi qu'une vision de l'amour
inconstant et volage que les créatures ont pour lui. Mon coeur
fut totalement saisi. A partir de ce moment, j'étais incapable
d'aimer qui que ce soit, si ce n'est lui seul.
Par exemple, si quelque bonne chose
venait à moi, je devrais reconnaître que lui, le moteur
premier
-est l'auteur de ce bien et
-qu'il se sert de créatures
pour me prodiguer son Amour.
Si,
d'autre part, il m'arrivait d'être affectée par
quelque mal,
je
devrais penser que Dieu le permettait pour mon bien spirituel ou
corporel.
Ainsi,
mon coeur se sentirait attiré vers Dieu et attaché à
lui.
En voyant Dieu dans les créatures,
mon estime pour celles-ci en serait rehaussée.
Si
elles me contrariaient, je me sentirais obligée
-de les aimer à travers Dieu
et
-de croire qu'elles m'apportent des
mérites pour mon âme.
Si
les créatures m'approchaient avec des louanges et des
applaudissements, je les recevrais avec dédain et me dirais:
«Aujourd'hui
elles m'aiment. Demain elles pourraient me haïr. Les créatures
sont volages.»
Ainsi mon coeur acquit une liberté
que je ne peux exprimer par des mots.
Après que mon Divin Précepteur
m'eut coupée du monde extérieur,
m'ayant
séparée des créatures et l
libérée des pensées
et des affections pour elles, il commença à purifier
l'intérieur de mon coeur.
Sa
douce Voix résonnait souvent à mes oreilles en disant:
«Maintenant que nous sommes
seuls, il n'y a rien pour nous déranger. N'es-tu pas plus
contente maintenant,
qu'au temps où tu cherchais à
plaire à ceux qui vivaient autour de toi? Ne vois-tu pas qu'il
est plus facile de plaire à moi seul,
plutôt que de plaire à
plusieurs?
En retour, nous agirons comme si toi
et moi nous étions seuls dans le monde. Promets-moi de m'être
fidèle
Et je verserai en toi des grâces
qui t'émerveilleront.
J'ai de grands desseins sur toi, que
je pourrai réaliser seulement
-si tu corresponds à ce que je
te demande et
-si
tu te conformes à ma Volonté.
Je me réjouirai en faisant de
toi une image parfaite de moi. Tu m'imiteras en tout ce que j'ai fait
dans mon Humanité,
-de ma Naissance
-à ma Mort.
N'aie aucun doute de la réussite,
parce que je t'enseignerai peu à peu comment faire.»
Au jour le jour, spécialement
après la Sainte Communion,
il me parlait de ce dont je devais
me préoccuper
sans dépasser le seuil de
la fatigue,
afin de faire mieux fructifier les
grâces qui m'étaient accordées.
Dans ce but, il me disait souvent:
«Pour que je puisse déverser
mes grâces dans ton coeur, il est nécessaire que tu te
convainques que,
par toi-même,
tu n'es capable de rien.
Je comble de mes dons et de mes
grâces les âmes qui hésitent à s'attribuer
à elles-mêmes les bons effets de leurs travaux faits
avec ma grâce.
Je les regarde avec beaucoup
d'approbation.
Les âmes qui considèrent
mes dons et mes grâces comme si elles les avaient acquises par
elles-mêmes, commettent beaucoup de larcins.
Elles
devraient se dire:
«Les fruits qui sont produits
dans mon jardin
-ne doivent pas m'être
attribués à moi, pauvre et misérable créature,
-mais sont le résultat des
dons qui m'ont été accordés à profusion
par l'Amour divin.»
Souviens-toi que je suis généreux
et que je verse des torrents de grâces sur les âmes
-qui reconnaissent leur néant,
-qui n'usurpent rien pour
elles-mêmes, et
-qui comprennent que tout s'accomplit
par le moyen de ma grâce.
Ainsi, en voyant ce qui se passe en
elles, ces âmes
-me sont non seulement
reconnaissantes,
-mais elles vivent dans la peur de
perdre mes grâces, mes dons et mes faveurs si elles ne me
plaisent plus.
Je
ne peux pas entrer dans les coeurs
qui sont enfumés par
l'orgueil et
qui sont si boursouflés
d'eux-mêmes qu'ils n'ont pas de place pour moi.
Ils
ne font pas crédit à mes grâces et, de chute en
chute, ils vont à leur ruine.
C'est pourquoi je veux que très
souvent
- voire continuellement - tu
fasses des actes d'humilité.
Tu dois être comme un bébé
dans les langes qui,
-incapable de bouger ou de marcher
dans la maison par lui-même,
-doit
se fier à sa mère pour tout.
Je veux qu'ainsi tu restes près
de moi comme un nouveau-né,
-demandant toujours mon aide et mon
assistance,
-reconnaissant ton néant,
-attendant tout de moi.»
En faisant ainsi, je suis devenue une
petite et je me suis anéantie. Si bien que, quelquefois,
je sentais tout mon être
dissous et démembré, incapable de faire un pas ou de
prendre une respiration sans l'assistance de Jésus.
J'essayais de mon mieux de le
satisfaire en tout, en devenant humble et obéissante.
Comparant
-l'état
de vie auquel Jésus m'appelait et
-celui dans lequel j'avais toujours
vécu, je me sentais envahie par le chagrin.
J'avais honte de regarder les
personnes
parce que je me sentais comme une des
plus grandes pécheresses au monde. J'avais le goût
-de me retirer dans ma chambre, loin
des créatures, et
-de
me dire:
«Si seulement ils savaient à
quel point j'ai été pécheresse et combien de
grâces le Seigneur m'a accordées, ils seraient
horrifiés.
J'espère que Jésus ne
leur permettra pas de me connaître, parce que s'ils le
savaient, je pourrais me suicider.»
En dépit de cela, le jour
suivant, alors que je recevais Jésus dans le Saint
Sacrement, mon coeur était
joyeux de se voir si anéanti.
Jésus me dit encore d'autres
choses sur l'état du parfait anéantissement auquel il
m'appelait.
Il
me faisait des suggestions , toujours différentes de celles de
la précédente visite. Je peux affirmer sans me tromper
que chacune des nombreuses fois où Jésus me parlait, il
se servait d'une approche différente pour expliquer les causes
et les effets de la vertu qu'il voulait insuffler en moi.
S'il l'avait voulu, il aurait pu
parler sur la même vertu un millier de fois de plus, et d'un
millier de façons différentes:
«Oh! mon Divin Professeur,
comme vous êtes savant,
comme je suis ingrate de ne pas vivre
selon ce que tu espères de moi!»
Je confesse que ma pensée
-a toujours recherché la
vérité et
-a toujours cherché à
se conformer à ce que Jésus m'enseignait. Mais j'ai
souvent perdu ce désir d'une manière ou d'une autre.
Je ne pouvais pas accomplir ce que
Jésus me demandait, même à la fin.
À cause de cela, je
m'humiliais davantage moi-même. Je confessais ma nullité
Par la suite, je promettais d'être
plus attentive et disposée. En dépit de tout cela,
je n'aurais jamais pu réussir
à faire le bien que sa perfection requérait
s'il ne m'avait pas
assistée continuellement.
Il me disait souvent:
«Si tu avais été
plus humble et plus près de moi, tu n'aurais pas fait ce
travail si pauvrement.
Mais parce que tu pensais que tu
pouvais commencer, continuer et finir le travail sans moi, tu l'as
réussi, mais pas selon mes désirs à moi.
Pour cette raison,
demande
mon assistance au commencement de tout ce que tu entreprends.
Assure-toi que je sois toujours
présent pour travailler avec toi
Ce que tu fais sera complété
avec perfection.
Sache que si tu fais toujours cela,
tu acquerras la plus grande humilité. Si tu fais le contraire,
l'orgueil rentrera en toi et
elle étouffera cette très
belle vertu d'humilité qui a été semée
en toi.»
Ainsi il me donnait beaucoup de
lumière et de grâces et me faisait voir la laideur du
péché d'orgueil.
L'orgueil est
-la plus terrible ingratitude envers
Dieu et
-le
plus grand affront qu'on puisse lui faire, Il aveugle l'âme
complètement,
-il l'amène à tomber
dans une grande impiété, et
-il la conduit à sa ruine.
Les grâces extraordinaires qui
m'étaient données par Jésus me laissaient
-dans
une grande tristesse par rapport au passé et
-dans une peur vive concernant
l'avenir.
Ne sachant que faire pour réparer
les dommages du passé, j'essayais des mortifications choisies
de mon propre chef.
Je demandais aussi des mortifications
à mon confesseur, mais elles ne m'étaient pas toujours
consenties.
Toutes les pénitences que je
faisais me semblaient insignifiantes.
Parce que
j'étais incapable de changer
le passé et
que je ne savais que faire d'autre,
je me mettais à pleurer à
la pensée de mes péchés passés.
Je
me tournai finalement vers mon toujours aimable Jésus.
La peur d'être loin de lui me
hantait, et la peur qu'ensuite il m'en coûte plus cher encore,
me laissait sans savoir vraiment quoi faire.
Qui pourrait dire combien de fois je
courais vers Jésus à l'intérieur de mon coeur
-pour lui demander mille pardons,
-le
remercier pour les nombreuses grâces qu'il m'accordait et
-lui demander de rester toujours près
de moi.
Souvent, je lui disais:
«Voyez-vous, mon bon Jésus,
-combien de temps j'ai perdu et
-combien
de grâces j'ai gaspillées,
alors que j'aurais pu augmenter mon
amour pour vous, mon plus grand Bien et mon Tout!»
Alors que d'une manière un peu
ennuyeuse je continuais à lui parler ainsi.
Jésus me réprimanda
sévèrement en me disant:
«Je ne veux pas que tu
reviennes sur le passé. Sache que lorsqu'une âme,
-convaincue de ses péchés,
-s'humilie en recevant mon sacrement
de pénitence,
-elle
devient plus disposée à mourir plutôt que de
m'offenser de nouveau.
C'est un affront à ma
Miséricorde et un obstacle à mon Amour que
-de persister mentalement à
remuer la boue du passé.
Mon
Amour ne peut accorder à une âme de prendre son envol
vers le Ciel si elle reste plongée dans
-des pensées affreuses et
-des idées noires sur le
passé.
Sache que je ne me souviens plus du
mal que tu as commis, ayant parfaitement tout oublié. Vois-tu
en moi quelque rancoeur, ou même une ombre de mauvaise humeur
envers toi?»
Et je repris: «Non, mon
Seigneur, mon coeur se brise quand je pense à votre Bonté,
à votre Gentillesse et à votre Amour envers moi, en
dépit de mon ingratitude.»
Et il me répondit en
disant:
«Très bien, mon enfant.
Mais pourquoi veux-tu revenir sur le passé? Comme il serait
beaucoup mieux si nous pensions à notre amour l'un pour
l'autre!
Essaie d'uniquement me plaire dans
l’avenir et tu seras toujours en paix.»
À partir de ce moment, pour
satisfaire mon adorable Jésus, je ne pensais vraiment plus au
passé. Cependant, je l'ai souvent imploré pour qu'il
m'enseigne comment faire réparation pour mes péchés
passés.
Il me dit: «Tu vois bien
que je suis prêt à t'accorder ce que tu désires:
essaie de te souvenir de ce que je
t'ai dit il y a quelque temps.
La meilleure chose à faire est
d'imiter ma vie. Dis-moi maintenant ce que tu veux.»
Je
lui répondis: «Seigneur, j'ai besoin de tout, car je
n'ai rien.»
Jésus poursuivit:
«Très bien, n'aie pas
peur, car petit à petit nous ferons tout.
Je sais comment tu es faible. C'est
de moi que tu recevras la force, la persévérance et la
bonne volonté. Fais ce que je t'ai dit.
Je
veux que tes efforts soient honnêtes.
Tu dois garder un oeil sur moi et
l'autre sur ce que tu fais.
Je
veux que tu saches faire abstraction des personnes, pour que,
-quand on te demande de faire quelque
chose,
-tu le fasses comme si la demande
venait directement de moi.
Les yeux fixés sur moi, ne
juge personne.
Ne regarde pas pour voir si la tâche
est douloureuse, dégoûtante, facile ou difficile.
Tu fermeras tes yeux à tout
cela. Tu les ouvriras sur moi, sachant
-que je suis en toi et
-que je surveille ton travail.
«Dis-moi souvent:
«Seigneur, donnez-moi la
grâce
-de bien faire du commencement à
la fin tout ce que j'entreprends, et
-que j'agisse seulement pour vous.
Je ne veux plus être
l'esclave des créatures.»
Fais ainsi pour que, quand tu
marches, tu parles, tu travailles, ou fais n'importe quoi d'autre,
tu agisses seulement pour ma
satisfaction et mon plaisir. Quand tu subis des contradictions ou
reçois des blessures, je veux
-que tu aies les yeux fixés
sur moi et
-que tu croies que tout cela vient de
moi et non pas des créatures.
«Fais
comme si, de ma bouche, tu entendais ceci:
«Ma fille, je veux que tu
souffres un peu.
-Par ces souffrances, je te ferai
belle.
-Je veux enrichir ton âme de
nouveaux mérites.
-Je veux travailler sur ton âme
pour que tu deviennes comme moi.»
Et pendant que tu endures tes
souffrances pour mon Amour,
-je veux que tu me les offres
-en me remerciant de t'avoir fait
gagner des mérites.
En le faisant, tu compenseras
avantageusement pour ceux
-qui t'ont fait du mal ou
-qui
t'ont fait souffrir.
Ainsi tu marcheras tout droit devant
moi.
-Ces choses ne te dérangeront
pas, et
-tu connaîtras une paix
parfaite.»
Après une période de
temps où je faisais ce que Jésus me demandait,
il
m'entretint de l'esprit de mortification.
Il me fit comprendre
-que toutes les choses,
même les sacrifices héroïques
et les plus grandes vertus
seront considérés comme
rien s'ils ne sont pas faits par amour pour lui.
Si les mortifications ne sont pas
motivées du commencement à la fin par l'amour de lui,
elles sont insipides et sans mérite.
Il me disait:
«La charité est la vertu
qui donne aux autres vertus leur lustre. Les actions faites sans la
charité sont des oeuvres mortes.
Mes Yeux font seulement attention aux
actions qui sont faites en esprit de charité. Elles seules
atteignent pas mon Coeur.
Par conséquent,
-sois attentive et
-fais
tes actions, même les plus petites, en esprit de charité
et de sacrifice.
Fais-les en moi, avec moi et pour
moi.
Je ne reconnaîtrai pas tes
actions comme miennes si elles ne portent pas les deux sceaux,
celui de tes sacrifices et
mon propre Sceau.
Comme la monnaie doit avoir l'image
du roi imprimée sur elle pour être acceptée comme
valable par les sujets du roi,
ainsi tes actions doivent porter la
marque de la Croix
pour être acceptées par
moi.
«Nous
ne nous préoccuperons plus maintenant de travailler à
éliminer
-tes affections pour les créatures,
-mais ton affection pour toi-même.
Je veux te faire mourir à toi-même
pour que tu puisses vivre
seulement pour moi.
Je veux imprimer en toi rien d'autre
que ma Vie.
C'est vrai qu'il t'en coûtera
davantage, mais prends courage et n'aie pas peur. Moi avec toi et toi
avec moi, nous ferons tout.»
Il me donnait de nouvelles idées
en ce qui concerne l'anéantissement de soi- même.
Il me disait:
«Tu n'es pas, et tu ne dois pas
te considérer plus qu'une ombre
-qui passe rapidement et
-qui t'échappe quand tu
essaies de l'attraper.
Si tu veux voir en toi-même
quelque chose qui soit digne de moi,
considère que tu n'es rien.
Alors moi, heureux de ton véritable abaissement,
je verserai mon Tout en toi.»
En me disant cela, mon bon Jésus
imprimait dans ma pensée et mon coeur un tel anéantissement
que j'aurais voulu me cacher dans le gouffre le plus profond. Sachant
-qu'il
m'était impossible de lui cacher ma honte, et
-pendant que je poursuivais dans la
destruction de mon estime personnelle,
il me dit:
«Approche-toi de moi,
appuie-toi sur mon bras:
-je te soutiendrai et
-je
te donnerai la force de toujours travailler pour moi, de tout faire
pour moi.»
Étant infiniment parfait,
Dieu ne peut que désirer que
chacune de ses oeuvres tende à sa perfection spécifique.
Si donc tout ce qu'il a créé
tend naturellement vers sa
perfection et
ne peut cesser de marcher vers son
amélioration, alors, à bien plus forte raison,
une créature
-à
laquelle Dieu a donné une intelligence et une volonté
personnelles
-ne peut laisser son perfectionnement
stagner,
si elle veut vraiment que Dieu trouve
en elle son plaisir.
Créé
par Dieu à son image et à sa ressemblance, l'homme
peut atteindre la plus haute perfection s'il s'applique
à
se conformer à la Volonté de Dieu et
à correspondre aux grâces
qui lui sont accordées par lui.
Si le Seigneur est près de moi
et veut que je m'appuie sur son Bras, et
si, par sa seule attirance, il me
presse de me jeter dans ses Bras paternels, et si, de plus, il veut
que je prenne toute ma force en lui afin de bien faire toutes choses,
ne suis-je pas une idiote
si je refuse cette grâce et que
je ne me soumette pas à sa Divine Volonté?
C'est pourquoi, moi,
plus que toute autre créature,
je crois qu'il est de mon devoir
de toujours suivre mon adorable
Jésus,
Lui qui me dit:
«Par toi-même, tu es
aveugle, mais n'aie pas peur.
Ma Lumière, maintenant plus
que jamais, sera ton guide.
Je serai en toi et avec toi pour
faire des choses merveilleuses. Suis-moi en toute chose et tu verras.
Pour un temps, je me placerai devant
toi comme un miroir, et tout ce que tu auras à faire sera
-de
me regarder,
-de m'imiter et
-de ne pas me perdre de vue.
Ta volonté doit être
sacrifiée devant moi,
pour que ma Volonté et la
tienne ne fassent qu'un. Es-tu satisfaite de cela?
Alors prépare-toi à des
interdits de ma part, tout particulièrement par rapport aux
créatures.»
Jésus m’a dit :
« Comme le vent fait bouger les
pétales de la fleur,
qui
laisse ainsi voir le fruit minuscule qui se développe,
ainsi est notre volonté
départie de son expression personnelle. »
Quand viennent les mises en garde, je
dois me conformer. Par exemple,
si je ne me levais pas
immédiatement à mon réveil le matin,
j'entendais intérieurement sa Voix me dire:
«Tu
te reposais confortablement pendant que je n'avais pas de lit,
mais plutôt ma Croix.
Vite, vite, lève-toi! Ne sois pas si complaisante!»
-Et si je portais mon regard trop
loin quand je marchais, il me grondait en disant:
«Je ne veux pas que ton regard
s'étende au-delà du nécessaire, afin que tu ne
trébuches pas.»
-Si je me trouvais dans la
campagne, entourée de plantes, d'arbres et de fleurs
variées, il me disait:
«J'ai
tout créé par Amour pour toi, et toi, par amour de moi,
refuse-toi ce plaisir.»
-Si, à l'église, je
fixais mon regard sur des décorations sacrées, il
me réprimandait en disant:
«Quelles délices y
a-t-il pour toi, à part moi?»
-Si
en travaillant, j'étais assise confortablement, il me
disait:
«Tu es trop confortable. Tu ne
considères pas que ma Vie en fut une de souffrances
continuelles!»
Et, vivement, pour le satisfaire,
je m'assoyais seulement sur la moitié
de la chaise.
-Si je travaillais lentement et
paresseusement, il me disait:
«Dépêche-toi et
viens vite demeurer avec moi en prière...»
Occasionnellement,
il m'assignait un travail à
faire dans un temps donné et je me mettais à l'oeuvre
pour lui plaire.
Quand
je ne venais pas à bout de ma besogne, je lui demandais de
l'aide. Plusieurs fois il m'aidait en faisant le travail avec moi
afin que je sois libre plus tôt, généralement pas
pour me divertir, mais pour avoir plus de temps pour la prière.
Il arrivait parfois que, par moi-même
ou avec lui, le travail qui devait m'occuper toute la journée
était terminé en peu de temps.
Après un certain temps, je
commençai à me sentir plus impliquée et j'aurais
aimé rester en prière indéfiniment.
Je n'expérimentais jamais la
fatigue ou l'ennui, et je me sentais si bien, qu'il me semblait
n'avoir besoin d'aucune autre nourriture que celle qui me venait de
la prière.
Mais Jésus me corrigeait en
disant:
«Dépêche-toi, ne
tarde pas!
Je
veux que tu manges par amour pour moi.
Prends la nourriture qui sera
absorbée par ton corps. Demande que mon Amour s'unisse au
tien,
afin
-que mon Esprit s'unisse à ton
âme et
-que ton être tout entier soit
sanctifié par mon Amour.»
Occasionnellement, pendant que je
mangeais, j'aimais un aliment et je continuais de le manger.
Et Jésus me disait:
«As-tu oublié que je
n'avais pas d'autre désir que de me mortifier par Amour pour
toi? Arrête de manger cela et tourne-toi vers quelque chose
pour lequel tu n'as aucun désir.»
De cette manière, Jésus
essayait de tuer ma volonté, même dans les plus petites
choses, pour que je vive seulement en lui.
Ainsi, il me permettait de faire
l'expérience
-des paradoxes de l'amour,
-de l'amour entièrement saint
et tourné vers lui.
Quand approchait le jour où
j'allais pouvoir communier, je ne faisais rien le jour et la nuit
d'avant,
excepté
de me préparer à le recevoir le mieux possible.
Je ne fermais pas les yeux pour le
sommeil
à cause des actes d'amour
continuels que je faisais à Jésus.
Je disais souvent:
«Hâte-toi, Seigneur, je
ne peux plus attendre. Raccourcis les heures, fais que le soleil
aille plus vite, car mon coeur défaille du désir de la
Sainte Communion.»
Et Jésus me répondait:
«Je suis seul et je languis
sans toi.
Ne te désole pas que tu ne
puisses dormir.
C'est un sacrifice que de demeurer à
distance de ton Dieu -- ton Époux, ton Tout --,
lui
qui reste éveillé par Amour pour toi.
Viens et sens les offenses qui
sont continuellement commises contre moi par les créatures.
Ah! ne me refuse pas le soulagement de ton aimable
compagnie.
Les palpitations de ton amour unies
aux miennes
effaceront partiellement l'amertume
que beaucoup d'offenses me donnent jour et nuit.
Je ne te laisserai pas seule avec tes
souffrances et tes afflictions. Plutôt je te rendrai la
pareille par ma compagnie.»
Au lever du jour, j'allais à
l'église avec un grand désir de recevoir Jésus
dans le Saint Sacrement. J'approchais mon confesseur sans lui dire un
mot de ce désir.
Plus
d'une fois il me dit:
«Aujourd'hui je veux que tu
sois privée de la Sainte Communion.» Ceci était
si dur pour moi que souvent je commençais à pleurer.
Mais
je ne voulais pas révéler à mon confesseur
l'amertume que mon coeur ressentait.
Puisque Jésus voulait que je
me résigne aux désappointements, je cédais pour
qu'il ne me gronde pas.
Il voulait que j'aie une complète
confiance en lui, lui mon plus grand Bien.
Souvent je lui ouvrais mon coeur et
lui disais:
«Oh!
mon doux Amour,
-est-ce que ceci est le fruit de
cette vigile que nous avons faite tous les deux cette nuit?
Qui aurait pu imaginer qu'après
tant d'attentes et de désirs, j'aurais à me passer de
vous!
Je
sais bien que je dois t'obéir en tout. Mais, dis-moi mon bon
Jésus, puis-je rester sans toi?
Qui me donnera la force qui me manque
présentement?
Est-ce que j'aurai le courage et la
force de quitter l'église sans t'amener à la maison
avec moi?
Je ne sais pourtant que faire
d'autre.
Mais toi, ô mon Jésus,
si tu le désires, tu peux remédier à tout ça!»
Une fois, pendant que je parlais
ainsi, j'ai ressenti une chaleur inhabituelle en moi. Ensuite une
flamme d'amour fut allumée en moi et j'entendis sa Voix me
dire intérieurement:
«Sois calme, sois calme, je
suis déjà dans ton coeur. Pour quelle raison
es-tu effrayée? Ne sois pas triste. Je veux moi-même
sécher tes larmes.
Pauvre
petite, c'est vrai, tu ne pourrais pas vivre sans moi, n'est-ce pas?»
Je m'émerveillai
-de ces Paroles de Jésus et
-du travail qu'il accomplissait en
moi.
Anéantie à l'intérieur
de moi-même, je me tournai vers mon Jésus et lui dis:
«Si
je n'avais pas été aussi méchante,
tu n'aurais pas inspiré à
mon confesseur de me rebuter comme il l'a fait!» Et j'implorai
Jésus de ne pas permettre de tels paradoxes.
Car, sans lui, je ne pourrais pas
m'empêcher de mal faire et je ferais nombre d'étourderies.
Parce
que Jésus veut rendre mon âme amoureuse et l'amener à
souffrir par Amour, il m'a conduite à me plonger dans l'océan
infini de sa Passion.
Un jour, après la Sainte
Communion,
Jésus
Tout Amour me donna tant d'affection que je m'émerveillai et
lui dis:
«Jésus, pourquoi tant de
tendresse envers moi,
moi si méchante et si
incapable de répondre à votre Amour? Sachant que je
dois vous aimer de retour,
j'ai
peur que tu me laisses à cause de mon indifférence.
Cependant je vous vois
-plutôt toute bonté et
-me pressant sur vous plus que
jamais.»
Alors, aimablement comme toujours, il
me dit:
«Ma
bien-aimée, les choses du passé n'ont rien fait de plus
que de te préparer un peu. Maintenant j'en viens au travail.
Je veux que ton coeur soit disposé à entrer dans
l'immense océan de mon atroce Passion.
Quand tu auras vraiment compris
l'intensité de mes Souffrances,
tu pourra comprendre l'Amour qui me
consumait quand je souffrais pour toi.
Dis-toi ceci: «Quel est
celui qui a tant souffert pour moi? Et que suis-je, moi, si vile
créature?»
Et tu ne repousseras pas les
blessures et les peines de la passion que tu souffriras par amour
pour moi. Enflammée par l'amour, ton âme acceptera la
croix que j'ai préparée pour toi.
Quand tu considéreras tout ce
que moi, ton Professeur, j'ai souffert pour toi,
ta souffrance te semblera une ombre.
Elle te semblera douce et tu atteindras un point où tu ne
pourras plus vivre sans souffrance.»
À ces mots, je me sentis plus
désireuse de souffrir.
Néanmoins, ma nature tremblait
à la pensée des souffrances que j'aurais à
endurer.
Aussi, j'ai prié Jésus
de me donner assez de force et de courage et de me faire expérimenter
l'amour à travers les souffrances auxquelles il m'appelait.
Par
cette requête, je n’ai pas voulu
-l'offenser, -ni tirer parti du grand
Pourvoyeur de dons qu'il est.
Mais Jésus, dans tout
son Amour et sa Douceur poursuivit ainsi:
«Ma chère, ceci va de
soi.
Si une personne qui entreprend
quelque chose
ne
ressent pas un transport d'amour pour ce qu'elle entreprend, elle ne
peut être motivée pour accomplir son travail.
D'autre part,
-ceux qui entreprennent quelque chose
de mauvaise foi,
-même s'ils l'achèvent,
ne recevront pas ma récompense.
Quant à toi, pour tomber en
amour avec ma Passion, tu dois avant tout
-considérer calmement et dans
la méditation
-tout ce que j'ai enduré pour
toi,
afin que ton jugement se conforme au
mien,
-qui ne ménage rien par Amour
pour l'aimé.»
Ainsi encouragée par Jésus,
je commençai à méditer sur sa Passion, ce qui
fit beaucoup de bien à mon âme.
Je puis assurer que ce bien me vint
de la Fontaine de la Grâce et de l'Amour.
À partir de ce moment,
la
Passion de Jésus fit son chemin dans mon coeur, mon âme
et mon corps, dans lequel les souffrances de la Passion seront
manifestées.
Je devins immergée dans la
Passion
-comme dans une immense mer de
Lumière qui, avec ses chauds rayons,
-embrasait mon être tout entier
d'amour pour Jésus, Lui qui a tant souffert pour moi.
Plus tard, cette immersion me fera
comprendre clairement
la patience et l'humilité,
l'obéissance et la charité de Jésus, et
tout ce qu'il endura par Amour
pour moi.
Voyant quelle grande distance il y
avait entre lui et moi, je me sentais complètement anéantie.
Les rayons qui me submergeaient me
semblaient comme des réprimandes me disant silencieusement:
«Un Dieu si patient! Et qu'en
est-il de toi?
Un Dieu si humble, assujetti à
ses ennemis! Et qu'en est-il de toi?
Un
Dieu de toute Charité qui souffre beaucoup pour toi! Et qu'en
est-il de toi? Où sont les souffrances que tu portes par amour
pour lui? Où sont-elles?»
Occasionnellement,
Jésus me parlait des douleurs
de son Agonie et de ses Souffrances d'Amour pour moi.
Et j'en étais émue
jusqu'aux larmes.
Un
jour, pendant que je travaillais et que je méditais sur les
cruelles souffrances de Jésus,
ma tête devint oppressée
au point que j'en perdais la respiration.
Par peur qu'il m'arrive quelque chose
de sérieux, je voulus faire diversion en sortant sur le
balcon.
Là,
je vis une foule immense de gens passant dans la rue.
Ils conduisaient mon très
gentil Jésus, le poussant et le tirant.
Jésus portait sa Croix sur
son Épaule. Il était exténué et suait
le sang.
Il faisait pitié au point
d'émouvoir une pierre.
Il leva les yeux vers moi pour me
demander du secours. Qui pourrait décrire le chagrin que j'ai
alors ressenti?
Qui pourrait décrire l'effet
que cette épouvantable scène eut sur moi?
Je suis rapidement retournée
dans ma chambre, ne sachant plus où je me trouvais.
Mon coeur était brisé
de douleur et j'ai commencé à pleurer en me disant:
«Comme
tu souffres, mon bon Jésus! Je souhaiterais
-pouvoir t'aider à te libérer
de ces loups enragés, ou
-souffrir des douleurs et des
tortures pour toi,
pour te donner du soulagement.
Ô mon Dieu, permets que je
souffre à tes côtés. Ce n'est pas juste
-que tu souffres tant par Amour pour
moi, une pécheresse, et
-que moi je ne souffre rien pour
toi!»
Jésus alluma tant d'amour en
moi pour sa douce souffrance que c'était plus dur pour moi de
ne pas souffrir.
Ce vif désir qui prit vie en
moi ne s'est jamais éteint.
Dans la Sainte Communion, je ne
demandais rien d'autre plus ardemment: qu'il me soit permis de faire
l'expérience de douces souffrances similaires
aux siennes.
Quelquefois il me satisfaisait en
enlevant de sa Couronne une épine qu'il jetait dans mon coeur.
Occasionnellement,
il enlevait les clous de ses Mains et
de ses Pieds et les jetait en moi,
ce qui me causait des douleurs très
grandes, mais jamais égales aux siennes.
À d'autres occasions,
-il me semblait que Jésus
prenait mon coeur dans ses Mains et
-qu'il
le serrait si fort que la douleur me faisait perdre l'usage de mes
sens.
De peur que les gens autour de moi
puissent noter ce qui m'arrivait, je le priais en disant:
«Mon Jésus, donne-moi la
grâce de souffrir sans que mes souffrances soient perçues
par les autres.»
Je
fus satisfaite pour quelque temps, mais à cause de mes péchés,
mes souffrances étaient parfois observées par les
autres.
Un jour, après la Sainte
Communion, Jésus me dit:
«Ta
souffrance ne peut pas être similaire à la mienne, parce
que tu souffres avec ma Présence.
Je
vais t'aider. Je veux te laisser seule un peu.
Sois plus attentive qu'avant, parce
que je ne te donnerai pas la Main pour te
supporter et t'aider en tout. Tu
agiras et tu souffriras avec bonne volonté,
sachant que mes Yeux seront fixés
sur toi,
même
si je ne me laisse plus voir ni ressentir par toi.
Si tu me restes fidèle, je te
récompenserai quand je reviendrai. Si tu es infidèle,
je viendrai te punir.»
À ces paroles, je devins
horrifiée et lui dis:
«Seigneur, toi qui es ma Vie et
mon Tout, dis-moi comment je peux vivre sans toi, mon Dieu!
Qui me donnera la force de bien me
conduire?
Toi seul as été, es et
seras ma force et mon soutien.
Est-il possible que, maintenant, tu
veuilles me laisser à mes seuls moyens, privée de ta
présence, après que tu m'aies invitée à
laisser le monde extérieur et tout ce qui va avec.
As-tu
oublié que je suis méchante et que sans toi je ne peux
rien faire de bien?»
Jésus,
doucement et calmement, me répondit:
«Je ferai cela pour que tu
puisses comprendre ce que tu vaux sans moi. Ne désespère
pas.
Je te ferai cela pour ton plus grand
bien, pour préparer ton coeur à recevoir les nouvelles
grâces dont je vais t'inonder.
Jusqu'à présent, je
t'ai aidée visiblement. Maintenant, invisiblement, je te ferai
sentir ton néant en te laissant seule avec toi-même.
Je vais faire en sorte que tu
atteignes la plus profonde humilité. Et je te donnerai mes
grâces, les meilleures,
pour te préparer pour les
hauts niveaux auxquels je te destine.
Ainsi, plutôt que de
désespérer, sois joyeuse et remercie-moi,
parce que plus tu traverseras cette
mer orageuse rapidement, plus vite tu atteindras le port.
Plus les tests auxquels je te
soumettrai seront sévères, plus seront grandes les
grâces que je t'accorderai.
Sois courageuse car, bientôt,
je viendrai te consoler dans ton chagrin.»
Alors il me bénit et se
retira.
Qui pourrait exprimer la douleur que
je ressentis, le vide qui envahit mon coeur, les larmes que je
versai, quand je vis mon Jésus qui, pendant qu'il me
bénissait, me quittait.
Néanmoins,
je m'étais résignée à sa Très
Sainte Volonté.
Et après avoir embrassé
sa Main mille fois, cette Main qui me bénissait de loin, je
lui dis:
«Au revoir Saint Époux,
au revoir!
Souviens-toi
de ta promesse que tu vas me revenir bientôt! Aide-moi toujours
et fais que je sois totalement tienne.»
Et je me vis complètement
seule. C'était comme si la fin arrivait pour moi.
Parce que Jésus avait été
mon Tout, sans lui je n'avais maintenant plus aucune consolation.
Tout autour de moi se changeait subitement en amer chagrin.
Il me semblait entendre les créatures
se moquer de moi et me répéter dans un langage muet:
«Tu vois ce que te fait ton
Amoureux, ton Bien-Aimé; où est-il maintenant?»
Quand je regardais l'eau, le feu, les fleurs, même les pierres
familières de ma chambre, tout semblait dire:
«Ne vois-tu pas que toutes ces
choses sont de ton Époux?
Tu as le privilège de voir ses
oeuvres, mais tu ne peux pas le voir, lui!»
Et
je leur disais:
«Oh! vous, les créatures
de mon Seigneur, donnez-moi des nouvelles de lui! Dites-moi où
je peux le trouver!
Il m'a dit qu'il reviendra bientôt,
mais qui parmi vous peut me dire quand il reviendra, quand je le
verrai à nouveau?»
Dans cet état, chaque jour me
semblait une éternité.
Les nuits étaient des veilles
sans fin, les heures et les minutes étaient comme des siècles
et ne m'amenaient que des désolations. Je me sentais sur le
point de m'effondrer.
Mon coeur et ma respiration
s'arrêtaient, et je me sentais parfois comme si tout mon être
était gelé, envahi par une sensation de mort.
Les
membres de ma famille remarquèrent que ça n'allait pas.
Ils en parlaient beaucoup entre eux
et attribuaient ma souffrance à une maladie physique.
Ils insistaient pour que je rencontre
le médecin. Cela se fit, mais ne m'apporta aucun bien.
Pour ma part, je continuais à
me souvenir
-de ce que le bon Jésus
m'avait promis,
-de ce qu'il avait fait en moi,
-de l'onction de sa grâce.
Je me remémorais une à
une ses douces et tendres Paroles.
Je me rappelais aussi ses réprimandes
paternelles pour me rappeler au devoir de l'aimer.
Mon âme sait qu'elle est
incapable de faire quoi que ce soit sans Jésus et que tout lui
est dû.
Il est le vrai directeur spirituel
qui enseigne à mon âme comment rester humble et
abandonnée à travers la prière, la Sainte
Communion et les visites au Saint Sacrement.
Ne pas reconnaître que tout ce
qui a été accompli en moi est redevable à la
surabondance des grâces du Seigneur serait pure fourberie de ma
part.
Sans ses grâces et sa lumière,
en effet, je n'aurais rien fait de bien: que du mal. Qui d'autre que
mon aimable Jésus m'a éloignée des frivolités
du monde?
Qui a suscité en moi le désir
si fort de faire une neuvaine pour Noël,
avec neuf méditations par jour
portant sur l'Incarnation de Jésus,
lesquelles m'ont apporté du
Ciel tant de grâces et de lumières surnaturelles?
Quelle était cette voix
intérieure qui me prévenait
-que je n'aurais aucun répit
ni aucune paix
-si je ne faisais pas ce que Jésus
me demandait?
Qui me fit tomber en amour avec lui
en me faisant voir le ravissant bébé Jésus?
N'était-ce
pas Jésus qui agissait avec moi comme mon professeur,
-m'instruisant, -me corrigeant,
-me réprimandant,
-amenant mon coeur à se
départir de ses affections,
-infusant en moi les véritables
esprits de mortification, de charité et de prière?
Il ouvrit en moi la voie qui me
conduisit à l'immense mer de sa Passion.
C'est par lui que j'expérimentai
-la douceur de la souffrance et
-l'amertume quand je ne souffre pas.
Ces choses n'ont-elles pas toutes été
faites par sa grâce?
Maintenant
qu'il me joue un tour en se retirant
de ma vue, j'expérimente à fond que,
sans lui, je ne ressens pas cet amour
sensible comme avant.
-Je ne vois plus la lumière
dans mes méditations,
je ne suis plus capable de rester
absorbée en méditation pendant deux ou trois
heures.
Pendant que j'essaie de faire ce que
j'avais l'habitude de faire avant, j'entends se répéter
en moi ces mots: «Si tu me restes fidèle, je viendrai te
récompenser. Si tu es infidèle, je te punirai.»
Je n'ai vraiment plus le succès
que j'avais quand il était auprès de moi visiblement et
sensiblement.
Dans
cet état de privation, je passais tous mes jours
-dans une presque totale amertume,
-dans le silence et l'anxiété.
J'attendais Jésus qui ne
venait toujours pas comme il l'avait promis:
«Je reviendrai à toi
bientôt.»
Quand je répétais mes
supplications, j'étais presque toujours satisfaite.
Mon
coeur battait plus vite, quoique pas de la même manière
ineffable qu'avant. Il m'avait un peu sévèrement mise à
l'épreuve, sans rien me dire.
Quand,
finalement, la période de disette fut terminée et que,
de mon mieux, j'avais terminé tout ce que Jésus
voulait,
je l'ai senti de nouveau dans mon
coeur:
«Petite Fille de ma Volonté,
dis-moi tout ce que tu veux.
Dis-moi ce qui s'est passé en
toi, tes doutes, tes peurs et tes difficultés, Ainsi je peux
t'enseigner comment te conduire dans le futur quand je serai absent.»
Alors, je lui racontai fidèlement
ce qui m'était arrivé:
«Seigneur, sans toi j'ai été
incapable de bien faire. Depuis le début, la méditation
me dégoûte beaucoup. Je n'ai pas eu le courage de
t'offrir tout cela.
Je n'ai pas voulu rester en communion
avec toi, parce que l'attirance de ton Amour me manquait. Le vide et
la douleur que je ressentais m'ont fait éprouver les agonies
de la mort.
Pour
contrer la souffrance de rester seule, j'essayais de tout compléter.
Quand je tardais, il me semblait que je perdais du temps.
La peur qu'à ton retour tu me
punisses de mes infidélités me faisait continuer.
Mes souffrances intérieures
augmentaient quand je pensais que toi, mon Dieu, tu es
continuellement offensé.
Je ne pouvais pas faire d'actes de
réparation ni de visites au Saint Sacrement sans toi.
Toi, tu aurais pu m'aider, mais je ne
pouvais pas te trouver. Maintenant que tu es avec moi, dis-moi ce que
j'aurais dû faire.»
Me parlant tendrement, il me dit:
«Tu
avais tort d'être si troublée.
Ne savais-tu pas que je suis
l'Esprit de Paix.
La première chose que je
t'avais recommandée n'était-elle pas que ton coeur
ne soit pas angoissé?
En prière, quand tu te sens
dispersée, ne pense à rien et sois en paix.
-Ne cherche pas les raisons pour
lesquelles ta prière est aride, parce que ceci cause davantage
de distractions.
-Humilie-toi plutôt, crois aux
mérites de la souffrance, et reste tranquille.
«Comme un agneau qui permet au
couteau du tondeur de l'érafler légèrement, toi,
quand tu te vois secouée, battue et seule,
-sois résignée à
ma Volonté,
-remercie-moi du fond du coeur,
-et reconnais-toi digne de souffrir.
Offre-moi ,
-tes
désappointements, tes ennuis et tes détresses
-en sacrifice de louange, de
satisfaction et de réparation pour les offenses qui me sont
faites.
Tes
prières
s'élèveront
alors comme une fragrance d'encens jusqu'à mon Trône
Elles blesseront d'amour mon Coeur .
Elles t'attireront de nouvelles
grâces et de nouveaux dons de mon Esprit-Saint.
Le démon,
te voyant humble, résignée
et inébranlable dans ton néant,
n'aura
plus la force de t'approcher.
Il se mordra les lèvres de
désappointement.
Conduis-toi de cette manière
et
-tu acquerras des mérites,
-non
pas des démérites comme tu le pensais.
«En ce qui concerne la
Sainte Communion,
je ne veux pas que tu sois triste
quand tu ne n'attardes pas là, privée de la puissance
magnétique de mon Amour.
Fais de ton mieux pour bien me
recevoir, et remercie-moi après m'avoir reçu.
Demande-moi les grâces et l'aide dont tu as besoin et ne
t'inquiète pas.
Ce que je te fais souffrir à
la Sainte Communion ,
n'est
qu'une ombre comparé à ma souffrance à
Gethsémani.
Si tu es si en détresse
maintenant, qu'en sera-t-il
lorsque je te ferai participer à
ma flagellation, aux épines et aux clous?
Je
te dis ceci parce que les pensées que je te donne actuellement
concernant des souffrances majeures pourront te donner plus de
courage dans les souffrances mineures.
Quand tu es seule et que tu agonises
après la Communion,
pense à l'Agonie de mort que
j'ai soufferte pour toi au Jardin de Gethsémani. Tiens-toi
près de moi pour que tu puisses comparer ta souffrance à
la mienne.
«C'est vrai que tu auras encore
à te sentir seule et sans moi.
Alors tu devras me voir seul et
abandonné par mes plus grands amis. Tu les trouveras endormis
parce qu'ils ont omis leurs prières.
Par les lumières que je te
donnerai,
tu me verras dans de
terribles souffrances,
entouré
d'aspics, de vipères venimeuses et de chiens féroces
qui représenteront
les péchés passés
des hommes, - leurs péchés actuels,
ceux à venir, et - tes
propres péchés.
Mon Agonie pour ces péchés
était si écrasante que je me suis senti dévoré
vivant.
Mon Coeur et ma Personne tout entière
se sentaient enserrés comme dans un pressoir à vin.
Je transpirais le sang au point de
mouiller le sol. Et ajoute à tout ceci l'abandon de mon Père.
Dis-moi, quand ta souffrance a-t-elle
atteint ce degré?
Si tu te trouves privée de
moi,
-privée de consolations,
-pleine
d'amertume,
-débordante de douleurs et
d'angoisses, alors pense à moi.
Essaie de sécher mon Sang et
soulage ma très amère Agonie en m'offrant tes légères
peines.
De
cette manière tu recommenceras à t'attarder avec moi
après la Communion.
Ceci ne veut pas dire que tu ne
souffrais pas.
Car la privation de moi est par
elle-même la douleur la plus dure et la plus amère que
je puisse infliger aux âmes qui me sont chères.
Sache aussi que tes souffrances et
ta conformité à ma Volonté me donnent beaucoup
de soulagements et de consolations.
«Quant
-aux visites que tu me fais et
-aux
actes de réparation que tu me fais dans le Sacrement de mon
Amour -- que j'ai institué pour toi ..
sache
que
je continue de revivre et de souffrir
tout ce que j'ai souffert dans les
trente-trois années de ma vie mortelle.
-J'aime naître dans le coeur
des mortels.
De
cette manière, j'obéis à celui qui m'appelle du
Ciel à m'immoler moi-même sur l'autel.
Je m'humilie moi-même
en attendant, - en appelant,
en enseignant, - en illuminant.
«Quiconque le veut, peut
revenir à moi à travers les sacrements. Aux uns je
donnerai des consolations, à d'autres la force:
Je prierai le Père pour qu'il
leur pardonne. J'en enrichis quelques-uns.
Je
me marie à d'autres. Je reste vigilant pour tous.
Je défends ceux qui veulent
être défendus.
Je divinise tous ceux qui veulent
être divinisés.
J'accompagne
ceux qui veulent de la compagnie. Je pleure pour l'imprudent et
l'insouciant.
Je me maintiens en adoration
perpétuelle
pour que l'harmonie universelle soit
ramenée sur la terre et
pour
qu'y soit accompli le dessein divin suprême, qui est l'absolue
glorification du Père
-dans le parfait hommage qui lui est
dû,
-mais qui ne lui est pas donné
par toutes les créatures.
Pour cela, je vis ma Vie
Sacramentelle.
«Pour me retourner l'Amour
infini que j'ai pour les créatures,
je
veux que tu me visites trente-trois fois par jour
pour honorer les années que
mon Humanité a vécues sur la terre pour toi et pour
tous.
Joins-toi à mon Sacrement
d'Amour,
gardant toujours en mémoire
mes intentions pour
-l'expiation,
-la
réparation,
-l'adoration et
-l'immolation.
Tu feras ces trente-trois visites
-en tout temps,
-à
chaque jour et
-où tu seras.
Je les recevrai comme si elles
étaient faites à ma Présence Sacramentelle.
«Chaque matin, ta première
pensée sera pour moi, Prisonnier d'Amour.
Tu me donneras alors ton premier
souhait d'amour. Ce sera notre première rencontre intime.
Nous demanderons l'un à
l'autre comment nous avons passé la nuit.
Puis nous nous encouragerons l'un
l'autre.
Ta dernière pensée
et affection de la soirée sera celle de recevoir ma
Bénédiction,
pour que tu puisses te reposer en
moi, avec moi et pour moi.
Tu prendras ce dernier baiser d'amour
avec la promesse de t'unir à moi dans le Saint Sacrement.
Tu
feras d'autres visites du mieux que tu pourras, suivant les
occasions, te concentrant entièrement sur mon Amour.»
Pendant que Jésus parlait,
j'ai senti sa grâce se déverser dans mon coeur, comme
s'il voulait me consumer dans son Amour.
Ma pensée devint confuse et
noyée dans une immense Lumière d'Amour.
Cela m'a enhardie et je l'ai prié
comme suit:
«Mon bon Professeur, je
t'implore de rester toujours tout près de moi, pour que, sous
ta direction, je sois toujours disposée à bien faire.
La preuve m'a été
donnée
-que je peux tout bien faire avec toi
et -que, sans toi, je fais tout de travers.»
Et, toujours tendrement, Jésus
ajouta:
«J'essayerai de te satisfaire
sur ce point, comme je l'ai fait sur beaucoup d'autres. Je veux
seulement ta bonne volonté.
Je te donnerai à profusion
l'aide que tu attends de moi.»
Oh! comme il était doux avec
moi, mon bon Jésus. Jamais il ne manquait à ses
promesses.
À la vérité, je
dois admettre qu'il en faisait toujours plus qu'il me promettait. Et
moi, par la suite, j'arrivais à lui plaire.
En agissant avec lui,
j'éliminais de mon coeur tout
doute ou toute perplexité,
même si on me disait que ce qui
se passait en moi n'était qu'une évasion fantaisiste.
Les jours que j'avais passés
sans Jésus, je n'arrivais même pas à une bonne
pensée. J'étais incapable de dire un seul mot en esprit
de charité.
Je n'avais pas de bons sentiments
pour quiconque.
Pendant que Jésus était
près de moi, il me parlait et me permettait de le voir.
Et
je comprenais bien que
s'il venait à une âme
d'une manière inhabituelle,
il n'avait pas d'autre pensée
que de préparer cette âme à recevoir de nouvelles
et plus lourdes croix.
Sa stratégie est d'attirer
l'âme par la grâce afin qu'elle s'attache à son
Amour.
Son objectif est que l'âme
en vienne à ne plus s'opposer à lui.
Un jour, après la Sainte
Communion, je me sentais attachée à lui comme avec des
lacets dorés. Il me teint des propos amoureux tels que: «Es-tu
vraiment disposée à faire ce que je veux?
Si je te demandais le sacrifice de ta
vie,
-serais-tu disposée, par amour
pour moi, à le faire de bonne grâce? Sache que si tu es
prête à faire tout ce que je veux, alors,
-de mon côté, -je ferai
tout ce que tu veux.»
Et
je lui répondis: «Mon Amour et mon Tout, est-il possible
que tu me donnes quelque chose de plus beau, de plus saint, de plus
adorable que toi-même? Aussi, pourquoi me demandes-tu si je
suis prête à faire ce que tu désires?
Il
y a longtemps que je t'ai livré ma volonté:
-elle t'est acquise,
-même
si ton désir était de me déchirer en morceaux.
Oui, je suis disposée à cela, si cela te plaît.
Je me suis abandonnée à
toi, saint Époux. Fais en moi et sur moi tout ce qui te plaît.
Fais avec moi tout ce que tu désires,
mais donne-moi toujours de nouvelles grâces, puisque je ne peux
rien faire par moi-même.»
Et Jésus me dit:
«Es-tu vraiment prête
à faire tout ce que je te demande?»
À cette question, qu'il me
posait pour la deuxième fois, je me suis sentie écrasée
et anéantie.
Et je lui ai dit:
«Mon toujours aimable Jésus,
dans mon néant, je suis toujours craintive et vacillante.
Tu sembles te méfier de moi,
alors que moi je te fais confiance complètement. Je sens mon
âme prête à surmonter toutes les épreuves
auxquelles tu voudras bien me soumettre.»
Jésus poursuivit:
«Très
bien! Je veux purifier ton âme de tout défaut qui
pourrait faire obstacle à mon Amour en toi.
Je veux savoir si tu m'es vraiment
fidèle, assez pour être toute mienne. Et pour que tu me
prouves que tout ce que tu m'as dit est vrai,
je vais te mettre à l'épreuve
dans une très âpre bataille. Tu n'as rien à
craindre et tu ne souffriras d'aucun mal.
Je serai ton bras et ta force, et je
me battrai à tes côtés.
La bataille est prête. Les
ennemis sont cachés dans les ténèbres, prêts
à te livrer une bataille sanglante.
Je leur donnerai la liberté
-de t'attaquer,
-de
te tourmenter,
-de te tenter de toutes les façons,
de manière à ce que,
quand tu seras libérée
grâce aux armes de tes vertus,
lesquelles tu brandiras en opposition à leurs vices, tu
pourras triompher d'eux pour toujours.
Tu te trouveras alors en possession
de plus grandes vertus.
«Et je ne ferai pas qu'enrichir
ton âme de nouveaux mérites et dons.
Je me donnerai aussi à toi.
Pour cette raison, prends courage
Car après ta victoire, je
ferai ma résidence stable et permanente en toi.
Nous serons alors unis pour toujours.
C'est vrai que je vais te soumettre
-à une très rude
épreuve,
-à une rageuse et sanglante
bataille,
car les démons ne te donneront
ni repos ni trêve, pendant le jour et la nuit.
Ma Volonté te rendra
complètement semblable à moi.
Il n'y a pas d'autre voie,
d'autre manière pour parvenir à la victoire.
Tu
seras plus tard bien récompensée.»
Je ne puis décrire quelles
furent ma peur et ma consternation
en entendant mon bon Jésus
prédire cette furieuse bataille contre les démons.
J'ai
senti mon sang se geler dans mes veines et mes cheveux se dresser sur
ma tête.
Mon imagination était remplie
de noirs fantômes voulant me dévorer vivante. Déjà,
je me sentais entourée de tous côtés d'esprits
infernaux.
Dans cet état angoissant, je
me tournai vers Jésus et lui dis:
«Mon Seigneur, aie pitié
de moi, s'il te plaît.
Ne
me laisse pas seule avec mon âme si découragée.
Ne vois-tu pas que les démons me pressent avec rage. Ils ne
vont même pas laisser ma poussière derrière moi.
Comment m'est-il possible de leur
résister si tu me quittes?
Tu connais ma froideur, mon esprit
volage et mon inconstance.
Je suis si méchante que, sans
toi, je ne peux rien faire, que du mal.
Mon Bien, au moins donne-moi beaucoup
de grâces nouvelles pour que je ne t'offense pas davantage.
N'es-tu pas conscient des souffrances
qui torturent mon âme?
La seule pensée que tu
pourrais me laisser seule dans cette épreuve diabolique me
terrifie.
Qui me donnera la force pour
m'engager dans un tel combat?
À
qui dois-je adresser mes supplications pour obtenir des instructions
pratiques sur la manière de triompher de l'ennemi?
«Quoi qu'il en soit, je
bénis ta Sainte Volonté.
Forte de tes Paroles, et
inspirée par celles que ma
Très Sainte Mère a dites à l'archange Gabriel,
je te dis de toute la force de mon coeur:
Jésus me répondit:
«Ne
te chagrine pas.
-Sache
que je ne permettrai jamais aux
démons de te tenter au-delà de ta capacité.
-Sache
que je ne permets jamais à une
âme qui bataille contre les démons de périr.
En fait,
j'évalue en premier la force
de l'âme,
je
lui donne ma grâce actuelle,
puis je la conduis dans la bataille.
Si une âme
tombe occasionnellement,
ce n'est jamais parce que je lui
refuse ma grâce sollicitée par ses prières
continuelles,
mais parce qu'elle n'est pas restée
unie à moi.
Quand cela arrive, l'âme doit
supplier
-pour être plus sensible à
mon Amour,
-duquel elle s'est détachée.
Elle n'a pas réalisé
que moi seul peux remplir à satiété le coeur
de l'homme.
Quand une âme est remplie de
son propre raisonnement,
elle dévie de la voie sûre
de l'obéissance,
croyant témérairement
que son propre jugement est plus
exact et mieux balancé que le mien. Ce n'est pas une surprise
qu'elle tombe alors.
J'insiste
donc pour que, par-dessus tout,
-tu
sois constamment en prière,
-même si cela pouvait signifier
souffrir des douleurs au point d'en mourir.
Cependant,
ne néglige pas les prières que tu fais habituellement.
Quand tu te sentiras plus particulièrement menacée,
invoque-moi avec des prières
confiantes, et sois certaine que je t'aiderai.
Je veux
-que tu ouvres ton coeur à ton
confesseur et
-que tu lui fasses connaître
tout ce qui se passe en toi actuellement, de même que tout ce
qui doit arriver dans le futur, en n'omettant rien.
Fais tout ce qu'il te dira sans
délai.
Souviens-toi
que tu seras entourée de ténèbres épaisses
-- aussi épaisses que la noirceur éprouvée par
un aveugle.
Ton obéissance aux indications
de ton confesseur sera
la main amie qui te guidera,
les yeux qui, comme la lumière
et le vent, dissiperont les ténèbres.
Entre
dans la bataille sans frénésie. L’armée
ennemie est très consciente
de la force et
du courage
de son adversaire.
Si tu affrontes l'ennemi sans
avoir peur,
tu seras capable de soutenir les
plus violentes batailles.
Apeurés et terrifiés,
les démons essaient alors
de s'enfuir,
mais en sont incapables parce qu'ils
sont forcés par ma Volonté d'endurer une grande et
ignominieuse défaite.
Sois courageuse. Si tu m'es fidèle,
je te comblerai de force et d'abondantes grâces pour triompher
d'eux.»
Qui pourra décrire le
changement qui se fit en moi? Oh! quelle horreur me saisit!
L'amour pour mon aimable Jésus
que je sentais si fort un moment plus tôt se changea
subitement en haine féroce, me causant
d'indescriptibles souffrances.
Mon âme se sentit torturée
à la pensée que ce Dieu qui avait été si
bienveillant envers moi était maintenant abhorré et
blasphémé comme s'il était un implacable ennemi.
J'étais incapable de
regarder son image, parce que je ressentais une rage terrible.
Mon incapacité de tenir dans
mes mains les grains de mon chapelet et de les baiser me mettait en
pièces. Une telle résistance en moi me fit trembler de
la tête aux pieds. Oh! mon Dieu, quelle torture!
Je crois que s'il n'y avait pas de
souffrance en enfer, la souffrance de ne pas aimer Dieu constituerait
l'enfer. Ainsi l'enfer était, est, et sera horrible!
Parfois, les démons plaçaient
devant moi toutes les grâces dont Dieu m'avait gratifiée,
faisant en sorte qu'elles m'apparaissent n'avoir été
que de pures inventions de ma fantaisie.
Et ils insistaient pour que j'aie une
existence plus libre et plus confortable. Alors que, naguère,
les
grâces m'apparaissaient réelles,
les démons me semonçaient
maintenant en disant: Vois-tu le grand bien que Jésus voulait
pour toi?
Vois comment tu as été
récompensée pour avoir répondu à ses
grâces! Il t'a laissée entre nos mains, comme tu le
mérites.
Maintenant tu es à nous,
entièrement à nous. Tout est fini pour toi! Tu es
devenue notre jouet!
Il
n'y a plus aucune espérance qu'il t'aime encore.»
Alors que je tenais une image sainte
dans mes mains,
je
fus, par l'indignation et le désespoir, entraînée
à la mettre en pièces. L'ayant fait, je pleurais des
larmes brûlantes et je ne cessais d'embrasser les morceaux
déchirés.
Si
on m'avait demandé comment ces choses étaient arrivées,
j'aurais dit
que je ne le savais pas et
que je fus forcée de le faire.
Je suis maintenant convaincue
-que l'acte de les déchirer
vint du démon avec une force incontrôlable
-que mes baisers étaient
l'effet de la grâce opérant en moi.
Immédiatement après, en
réfléchissant sur ce qui m'arrivait, j'ai senti mon âme
torturée par le chagrin. En voyant ce qu'ils avaient fait, les
démons croyaient qu'ils avaient gagné et ils
jubilaient.
Ils
me ridiculisaient et, avec des cris et des bruits infernaux, ils me
disaient:
«Vois comment tu es devenue
nôtre!
Tout
ce qu'il nous reste à faire est de t'amener en enfer corps et
âme, et c'est ce que nous allons bientôt faire.»
Les pauvres démons ne
pouvaient pas voir à l'intérieur de mon âme.
Là j'étais toujours unie à Jésus,
-pour qui j'avais un océan de
bons désirs et
-pour qui je pleurais et j'embrassais
sans cesse les morceaux d'image. Ils se fâchaient quand ils me
voyaient prier et me prosterner par terre.
De temps en temps, ils tiraient sur
ma robe ou remuaient la chaise où je m'appuyais. Ils me
faisaient parfois si peur
-que j'en oubliais de prier et
-que je me mettais à croire
que je pourrais me libérer d'eux toute seule. Ces choses
arrivaient souvent la nuit quand j'étais au lit.
Pour faire venir le sommeil, je
priais mentalement.
Mais quand ils s'en apercevaient, ils
me molestaient en tirant sur les draps et les oreillers.
Ainsi,
incapable de fermer les yeux pour dormir, je restais éveillée
comme une personne qui sait
-qu'un ennemi qui a juré de
lui ôter la vie est tout près,
-attendant le bon moment pour asséner
le coup fatal.
J'étais
forcée de garder les yeux ouverts pour pouvoir résister
quand ils viendraient me prendre pour m'amener en enfer.
Dans cet état d'esprit, mes
cheveux se dressaient sur ma tête comme des aiguilles.Tout mon
corps était couvert d'une sueur froide
-qui glaçait mon sang et
-me
pénétrait jusqu'à la moelle des os.
Mes nerfs détraqués par
la peur devenaient convulsifs.
Par exemple, en passant près
d'un puits,
j'ai
senti une forte pulsion à m'y jeter pour mettre fin à
mes jours.
Consciente de l'habileté des
démons,
je fuyais, évitant toute
occasion où ils pourraient m'attaquer.
Néanmoins,
je continuais d'entendre des propos diaboliques dans le genre de:
-«Il est inutile pour toi de
vivre après avoir commis tant de péchés.
-Ton Dieu t'a abandonnée,
parce que tu lui as été infidèle.»
Les démons me laissaient
croire que j'avais commis beaucoup de crimes méchants,
jamais commis auparavant, et qu'il était en conséquence
inutile pour moi d'espérer que Dieu me fasse miséricorde.
Dans le tréfonds de mon être
j'entendais:
«Comment peux-tu vivre si
hostile à Dieu, si froide envers lui? Connais-tu ce Dieu que
tu as tant torturé, blasphémé et haï? Tu
osais offenser ce grand Dieu qui t'entoure de tous côtés?
Et n'oublie pas que tu l'offensais devant ses propres yeux.
Maintenant que tu l'as perdu, qui te
donnera quelque paix?»
Entendant ces discours, j'éprouvais
tant de détresse que je me sentais sur le point de mourir.
Me mettant à pleurer, je
priais de mon mieux.
Pour augmenter ma terreur,
-les démons poursuivaient avec
des vexations inhabituelles,
-en me battant sur chaque partie de
mon corps,
-en
pénétrant mon corps avec des aiguilles pointues, et
-en m'étouffant à la
gorge pour me faire croire que j'étais en train de mourir.
Une
fois, pendant que j'étais prosternée et que je priais
le bon Jésus
-d'avoir pitié de moi et
-de me soutenir avec de nouvelles
grâces
pour
que je puisse résister aux provocations diaboliques,
j'ai senti la terre s'ouvrir sous mes
pieds et des flammes rouges émerger du sol et m'envelopper.
Et au moment où ces flammes se
retirèrent,
les démons firent un violent
essai pour m'entraîner dans les profondeurs.
Après cette expérience,
comme après bien d'autres où je me sentais à
l'article de la mort,
mon
très miséricordieux Jésus vint me réanimer
et me redonner vigueur.
Après m'avoir ravivée,
il me fit comprendre qu'il n'y avait
aucune offense dans tout ce qui m'arrivait, parce que
-ma volonté en éprouvait
de la répugnance et
-que
la pensée de l'ombre même d'un péché
ajoutait à ma souffrance.
Il m'incita à ne pas
m'occuper du diable, qui était un esprit sauvage et
menteur.
Il me dit:
«Prends patience et continue de
souffrir avec tous ces désagréments.
Car, éventuellement, tu
auras la paix totale.»
Alors il disparut, me laissant seule
et habitée d'un nouvel esprit.
De temps en temps, Jésus
venait à moi avec des paroles réconfortantes,
spécialement quand
-j'étais tentée de
mettre fin à mes jours ou
-exposée à de nouveaux
et brusques tourments diaboliques.
À
ces occasions, il m'apparaissait tout rayonnant et en fête.
Il émettait des rayons
surnaturels de Lumière, et l'expression qu'il prenait aurait
été impossible à percevoir par quelqu'un qui
n'aurait jamais eu la pleine capacité de comprendre ces
choses.
Plus tard, je me suis trouvée
engagée dans une nouvelle bataille où, remplie de
doutes, je tombai dans un profond
état de tristesse et d'anxiété. Je veux vous
parler ici de :
-Ils trouvaient toutes sortes de
raisons pour m'empêcher de recevoir le sacrement.
-Ils réussissaient à me
convaincre qu'après tant de péchés et de haine
envers Dieu, il était effronté de m'approcher de lui et
de recevoir le Dieu Sacrement.
-Ils réussissaient aussi à
me convaincre que si je recevais la Communion, Jésus ne
viendrait pas et qu'à la place un très méchant
démon viendrait avec plusieurs tourments violents pour causer
ma mort éternelle.
Il est vrai qu'après la
Sainte Communion, je recevais d'indescriptibles et mortelles
souffrances. J'en étais réduite à l'état
d'immobilité.
Mais je récupérais
immédiatement
-quand j'invoquais le nom de
Jésus ou
-quand je me rappelais que
l'obéissance requérait que je ne reste
pas dans cet état.
Je demandais parfois à mon
confesseur la permission de m'abstenir de communier pour ne pas
éprouver cette agonie de mort,
mais il me demandait de recevoir le
sacrement quand même.
Cependant, en plusieurs occasions, je
me suis abstenue, prévoyant la guerre que me feraient les
démons. D'autres fois, je communiais sans préparation
ou remerciements pour ne pas trop souffrir.
Dans les soirées, pendant que
je priais ou que je méditais, les démons me
terrifiaient et m'empêchaient de prier,
-d'abord en éteignant ma
lampe,
-ensuite en émettant des
bruits assourdissants ou
des
plaintes qui ressemblaient à celles de personnes mourantes.
Il est impossible de dire tout ce que
ces chiens infernaux me faisaient
-pour semer la terreur en moi ou
-pour m'empêcher de faire de
bons actes spirituels.
J'ai vécu cette cruelle
épreuve durant trois ans, à l'exception d'un
sursis d'environ une semaine, où les attaques étaient
mitigées.
Quiconque n'a pas été
appelé par Dieu à soutenir de tels combats aura
probablement de la difficulté à croire que j'aie pu
vivre de telles épreuves.
Il me suggéra
-de
les ignorer,
-de les défier comme s'ils
étaient des fourmis,
-de les réduire à la
plus basse humiliation. Il me conseilla aussi
-de méditer profondément
sur Dieu dans la prière et la contemplation,
-de
méditer plus particulièrement sur les Plaies sacrées
de Notre-Seigneur, et
-d'unir mon esprit à Jésus
qui souffrit dans son Humanité pour racheter l'homme de la
perte de la grâce,
pour l'élever à la vie
surnaturelle et
pour lui communiquer l'esprit de
«Jésus Triomphant», c'est-à-dire de Jésus
qui a triomphé du monde.
En vérité, dès
que je commençai à mettre en pratique ces enseignements
de Jésus,
-je
ressentis tant de force et de courage que,
-en quelques jours, toute peur avait
disparu.
Quand les démons chahutaient,
je leur disais de façon réprobatrice:
«On voit bien que vous,
misérables crapules, vous n'avez aucune manière
d'occuper votre temps autre que de satisfaire votre goût pour
les idioties.
Continuez
et quand vous serez fatigués vous arrêterez. Pendant ce
temps, moi, infime créature, j'ai autre chose à faire.
Par le moyen de la prière,
je veux faire mon chemin vers la
sainte Maison de Jésus,
afin de pouvoir aimer et
souffrir davantage.»
À de tels propos, les démons,
enragés, faisaient encore plus de bruit. Ils m'approchaient
avec ostentation et une violence invraisemblable. Pendant qu'ils
feignaient de me prendre pour me conduire ailleurs,
leurs bouches infernales dégageaient
une puanteur horrible et suffocante qui m'enveloppait totalement.
J'essayais d'arrêter tout cela
avec courage et énergie en leur disant:
«Menteurs
que vous êtes, vous feignez avoir du pouvoir pour m'amener,
mais, si c'était vrai, vous l'auriez fait dès la
première fois.
Vous ne racontez que des
mensonges.
Vous chantez votre refrain jusqu'à
ce que vous mourriez de rage et de dépit, tandis que
moi je me sers de vos tourments
pour obtenir la conversion d'un grand nombre de pécheurs.
J'ai accepté de souffrir à
la demande de mon bon Jésus.
Je le fais pour le salut des âmes
par l'union de ma volonté à la sienne.»
À la suite de ces propos, ils
hurlaient et grondaient comme des chiens enchaînés
essayant d'attraper un voleur.
Avec un grand calme -- plus
qu'avant --, je disais:
«N'avez-vous
rien d'autre à faire?
Vous avez complètement
manqué votre coup et une âme vous a été
reprise et est retournée dans les bras de mon bon Jésus.
Vous avez maintenant une bonne raison de vous lamenter.»
Si les démons sifflaient, je
me moquais d'eux en disant:
«Vous,
pauvres infortunés, vu que vous ne vous sentez pas bien, je
vais vous soulager de votre maladie.»
Et je me prosternais et priais
pour la conversion des pécheurs les plus endurcis en faisant
des actes d'amour à mon miséricordieux Jésus
pour la conversion des âmes pécheresses.
Voyant cela, ils essayaient par tous
les moyens de m'empêcher de prier.
J'offrais alors cette nouvelle
souffrance en réparation pour les outrages
continuellement commis contre Dieu. Je disais ironiquement:
«Vile
engeance, n'avez-vous pas honte de vous abaisser aussi bas que
d'essayer de faire peur au pur néant que je suis?
Ne
vous comportez-vous pas comme des êtres idiots et ridicules?»
Alors, se mordant les lèvres,
ils sacraient et hurlaient des invectives contre moi, essayant de me
faire sacrer et haïr le bon Seigneur.
Ressentant des douleurs indicibles en
les entendant blasphémer le Saint Nom de Dieu, je
réfléchissais sur la bonté du Seigneur qui
mérite l'amour total des
êtres doués de raison.
Ensuite
je transformais en prière
l'amère souffrance que les démons provoquaient en moi,
l'offrant à Dieu en réparation
des blasphèmes commis contre lui par ceux qui ne se rappellent
de lui qu'à travers les jurons.
Je disais avec ferveur:
«Accepte mes actes d'amour
et de reconnaissance en compensation du manque d'amour et de
reconnaissance des pécheurs.»
Pour contrer ce désespoir, je
leur disais:
«Je
ne me sens pas préoccupée par ce qui m'attend dans le
futur, à savoir si j'irai au Ciel ou en enfer.
Je
veux seulement aimer le Bon Dieu et le faire aimer par les autres. Le
temps présent m'est donné,
-non pas pour vivre dans le futur,
-mais pour vivre en harmonie avec
Dieu et
-pour le rendre toujours plus
favorable à moi, moi qui ai été créée
par sa Bonté et son Amour.
Je laisse la question du Paradis et
de l'enfer entre ses Mains.
Ma seule préoccupation est
d'aimer et de faire aimer mon Dieu. Il me donnera ce qu'il
voudra: j'accepte tout d'avance pour sa gloire.»
Et
je leur disais aussi:
«Sachez que cette doctrine
m'est enseignée par mon bon Professeur, Jésus- Christ.
Il m'a enseigné que le moyen
le plus efficace pour acquérir le Paradis est
-de tout faire pour ne jamais
l'offenser volontairement, même au prix de sa vie,
-de
ne pas craindre d'avoir mal agi quand il n'y a pas en soi la volonté
de mal faire.
C'est
votre tactique, misérables esprits infernaux,
-d'essayer de décourager les
personnes naïves
-en créant en elles des doutes
et des peurs,
non pour les amener à aimer
Dieu davantage, mais pour les amener au désespoir total.
Sachez que je n'ai pas l'intention de
réfléchir pour savoir si, oui ou non, j'ai mal fait.
Mon intention est de toujours aimer Dieu davantage.
C'est suffisant que j'aie cette
intention, même s'il m'arrive parfois d'offenser Dieu. Dégagée
de toute peur, mon âme se sent libre de parcourir les cieux à
la recherche de mon seul Bien.»
Qui pourrait décrire la colère
des démons quand ils constataient que leurs manoeuvres
tournaient à leur confusion.
Ils espéraient des gains, mais
enregistraient des pertes.
D'un autre côté, à
la suite de leurs tentations et pièges, mon âme semblait
acquérir un amour plus ardent pour Dieu et mon prochain.
Quand les démons me battaient
et m'humiliaient,
-je suivais les enseignements
inspirés en moi par Jésus et
-je le remerciais, offrant tout pour
l'expiation des offenses commises continuellement dans le monde.
Souvent les démons essayaient
de me pousser au suicide.
Et
je leur disais: «Ni vous ni moi n'avons le droit de détruire
notre vie. Vous pouvez me tourmenter, mais le résultat est que
je gagne davantage.
Vous n'avez pas le pouvoir de
m'enlever la vie. Et pour contrer votre dépit démentiel,
-je veux toujours vivre en Dieu,
l'aimer davantage, lui être utile, et
-me souvenir de mon prochain, offrant
pour lui tout ce que vous me faites subir.»
Il
comprirent finalement
-qu'il n'y avait pour eux aucune
espérance d'obtenir de moi ce qu'ils voulaient
-que, par leur harcèlement,
ils perdaient beaucoup d'âmes.
Alors ils arrêtèrent
pour de longues périodes,
avec l'intention de recommencer quand
je m'y attendrais le moins.
Elle accepte le rôle de
victime.
Je vais maintenant vous parler de la
nouvelle vie de souffrances qui vint pour moi.
Voyant
mon mauvais état de santé, ma famille m'envoya à
la campagne pour y reprendre des forces.
Mais Dieu continuait en moi son
action en m'appelant à un nouvel état de vie.
Un jour, à la campagne, les
démons voulurent faire un dernier assaut. Ce fut si dur pour
moi que je vins sur le point de perdre connaissance. Vers le soir,
j'ai en fait perdu connaissance et je fus réduite à
l'état de moribonde.
C'est à ce moment que j'ai vu
Jésus entouré d'innombrables ennemis.
-Quelques-uns le battaient durement,
-d'autres le frappaient de leurs
mains, et
-d'autres enfonçaient les
épines dans sa Tête.
-Il en y avait qui disloquaient ses
jambes et ses bras,
-le mettant presque en pièces.
Ensuite ils le placèrent tout
meurtri dans les bras de la Sainte Vierge.
Comme cela se passait à
distance, la Vierge Mère,
-chagrinée et en larmes,
-m'invitait à m'approcher en
disant:
«Tu vois, mon enfant, ce qu'ils
ont fait à mon Fils!
Réfléchis un peu
comment l'homme traite Dieu, son Créateur et son plus grand
Bienfaiteur.
L'homme ne donne à mon Fils ni
repos ni répit et me l'amène tout brisé.
Pendant une vision,
j'essayais d'apercevoir Jésus
agonisant et
j'ai vu son Corps sanglant, plein de
plaies, tout coupé et laissé pour mort. Je ne voulais
pas qu'il souffre ainsi.
Je ressentais un si grand chagrin
pour lui que,
-si on me l'avait permis,
je serais morte mille fois pour lui
et
j'aurais souffert la même âpre
Passion que lui.
À cette vision,
-j'avais honte de mes petites
souffrances causées par les démons,
-comparées à celles
endurées par Jésus pour les hommes.
Ensuite, Jésus, me dit:
«As-tu observé les énormes offenses commises
contre moi par ceux qui marchent sur le chemin d'iniquité?
Beaucoup, inconsciemment,
-ont une propension pour le mal et,
-d'abîme en abîme,
tombent dans le chaos infernal.
Viens avec moi et offre-toi toi-même.
Viens devant la Justice divine
-comme victime de réparation
pour les nombreuses violations commises contre cette Justice,
-pour que mon Père Céleste
veuille donner la conversion aux pécheurs qui, les yeux
fermés, boivent à la fontaine empoisonnée du
mal.
Sache cependant qu'un double champ
s'ouvre devant toi:
-un plus souffrant et
-un autre de souffrances moins
sévères.
Si tu refuses, le premier,
tu ne pourras pas participer aux grâces pour lesquelles tu as
bravement combattu.
Mais si tu acceptes, sache
-que je ne te laisserai plus seule et
-que je viendrai en toi pour souffrir
tous les outrages commis contre moi par les hommes.
C'est là une grâce
très singulière qui n'est donnée qu'à
quelques-uns.
Parce que la plupart ne sont pas
prêts à entrer dans l'univers de la souffrance.
Deuxièmement,
-c'est une grâce que je t'ai
promise,
-celle de t'élever à
une gloire proportionnelle aux souffrances que je te présenterai.
Troisièmement,
je te donnerai l'assistance, la
gouverne et le réconfort de ma Très Sainte Mère,
à qui est donné le
privilège de t'accorder toutes grâces ,
même la grâce des grâces
-, dans la mesure de ta coopération.
Ainsi il me confiait à sa Très
Sainte Mère qui, avec joie, semblait m'accepter. Avec
reconnaissance,
-je m'offrais à Jésus
et à la Très Sainte Vierge,
-prête à me soumettre à
tout ce qu'ils voudraient de moi.
Quand
je suis revenue de cet acte de déférence envers Dieu,
-où ma volonté s'était
conformée à celle de Jésus,
je
me suis retrouvée dans de terribles souffrances
d'anéantissement dont je n'avais jamais connu l'expérience
jusqu'alors.
Je me voyais comme une misérable
indigente,
comme un ver de terre qui ne sait
rien d'autre que de ramper sur le sol. Pour cette raison, je me suis
tournée vers Dieu et je Lui ai dit:
«Aide-moi,
ô mon bon Jésus.
Ton Omnipotence en moi et en dehors
de moi est si lourde qu'elle m'écrase totalement.
Je vois bien que si tu ne me soulages
pas, je finirai anéantie dans mon néant. Donne-moi de
souffrir, je l'accepte.
Cependant, je te prie de me donner
plus de force, parce que dans cet état, je sens que je vais
mourir.»
À compter de ce jour, j'eus
plus de grâces et d'aide.
Les visites du Seigneur et de la Très
Sainte Vierge alternaient presque continuellement, surtout quand
j'avais été attaquée par les démons.
Car, plus j'étais disposée
à la souffrance, plus ils étaient furieux contre moi.
Les souffrances qui m'étaient
infligées par les démons étaient
indescriptibles. Elles me semblent maintenant comme des ombres,
-comparées aux souffrances
acceptées par Jésus, dont l'intention était
-d'expier
et
-de
réparer pour les très grandes et très nombreuses
offenses commises par les hommes contre Dieu.
Mais moi, qui crois en Dieu,
-qui tombe et me relève,
-qui
suis parfois dépressive, parfois consolée,
je
suis disposée à souffrir pour sa plus grande Gloire et
pour le bien de mon prochain, comme Dieu le veut.
Après quelques jours,
-alors que je m'étais
accoutumée à être une victime, et
-après
plusieurs invitations de Jésus et de sa Très Sainte
Mère, je me suis sentie encore une fois sur le point de
m'évanouir.
Alors Jésus s'approcha
de moi et me dit tendrement:
«Mon enfant, vois comment les
hommes, qui n'ont aucun amour pour moi, me font souffrir.
En ces tristes temps, leur orgueil
est si grand qu'il a même infecté l'air qu'ils
respirent.
Son odeur s'est répandue
partout et a atteint le Trône du Père dans le Ciel.
Comme tu peux le comprendre, cette misérable condition a fermé
pour eux les portes du Ciel.
Ils n'ont plus d'yeux pour voir la
Vérité, parce que le péché d'orgueil
a complètement obscurci leur
cerveau et
produit la dépravation de
leur coeur.
En les voyant ainsi perdus, je
souffre d'intolérables souffrances.
Oh! donne-moi du soulagement et des
réparations pour les si nombreuses fautes commises contre moi.
Ne veux-tu pas amoindrir la
souffrance que cette terrible couronne d'épines produit en
moi?»
À ces mots,
je ressentis beaucoup de honte et
d'anéantissement et
je répondis immédiatement:
«Mon
très doux Jésus,
-remplie
de confusion,
-terrifiée de te voir perdre
ton Sang, et
-en t'entendant parler si tendrement,
j'ai oublié de te demander
cette couronne afin que je puisse soulager ta souffrance.
Maintenant que tu me l'offres,
-je t'en remercie et
-je
te prie de me donner de nouvelles grâces pour bien la porter.»
Là-dessus, Jésus enleva
sa couronne, et
-après l'avoir bien installée
sur ma tête et
-m'avoir encouragée à
bien souffrir, il disparût.
Qui
pourrait décrire les atroces spasmes que j'ai ressentis en
revenant à moi- même.
À chaque mouvement de ma tête,
les douleurs devenaient plus grandes. Je sentais les épines
pénétrer dans mes yeux, mes oreilles, ma nuque, et
jusqu'à ma bouche, déclenchant des spasmes, de telle
manière que je ne pouvais prendre aucune nourriture.
Pendant deux à trois jours, je
suis restée dans cet état de souffrance. En m'abstenant
de manger, je diminuais les spasmes.
Quand ils se calmaient et que je
recommençais à prendre un peu de nourriture pour me
restaurer, mon Jésus immédiatement et sensiblement
prenait ma tête dans ses Mains et serrait.
Les douleurs étaient
renouvelées et plus intenses qu'avant. Parfois je perdais
complètement mes sens et m'évanouissais.
Dès le commencement mon état
de victime fut doublé
-par mon inquiétude au sujet
de ma volonté de souffrir pour mon bon Jésus et
-par les continuels tracas causés
à ma famille qui,
me
voyant souffrir et se voyant incapable de m'amener à prendre
quelque nourriture, croyait que j'avais contracté cette
indisposition parce que je ne voulais plus rester à la
campagne.
Ils attribuaient chaque refus de
nourriture à mes caprices, ayant pour objectif mon retour
rapide en ville.
Ma
nature se rebellait contre cette double souffrance.
Mais
comme ma famille n'était pas une composante importante de ma
souffrance,
-mon Seigneur me taquinait en me
menaçant de me retirer sa grâce
-si j'avais du ressentiment contre ma
famille.
Un soir, j'étais assise à
la table et je souffrais d'une façon qui m'empêchait
d'ouvrir la bouche.
Ma famille, d'abord avec douceur,
puis avec indignation, exigea que j'obéisse et que je mange.
Incapable
de les satisfaire, je commençai à pleurer.
Afin de ne pas être vue ainsi,
je me suis retirée dans ma chambre, où j'ai continué
à pleurer.
J'ai supplié mon Jésus
et la Sainte Vierge de me donner la force de supporter cette épreuve.
Pendant ce temps, je faiblissais et,
de tout mon coeur je dis:
«Mon bon Seigneur,
-c'est un dur tourment pour moi de
voir ma famille si ennuyée par ce qui m'arrive, et
-cela pour une si injuste raison.
Ne permets pas qu'ils me voient dans
cet état.
Je préférerais mourir,
plutôt que de leur laisser connaître ce qui se passe
entre nous deux.
Ce sentiment est si fort en moi que,
sans trop que je sache pourquoi, je ne puis m'empêcher de me
cacher pour que personne ne puisse me voir ainsi.
«Quand je suis surprise et que
je n'ai pas le temps de dissimuler mes souffrances et mes larmes, je
me sens anéantie et comme si tout mon être fondait comme
de la neige dans un feu.
Mon
corps éprouve alors une chaleur anormale qui me fait
transpirer abondamment et qui,par la suite, me fait trembler de
froid.
Ô mon bon Jésus,
seulement toi peux changer cet état de choses. Garde-moi
cachée de la vue des autres.
Donne à ma famille de réaliser
que je ne m'éloigne d'eux que pour prier. Et j'aimerais
beaucoup, ô mon Dieu,
que ce qui m'arrive ne soit connu que
de toi.»
Pendant que je me soulageais de mon
fardeau par des pleurs, des prières et des promesses, Jésus
se montra à moi entouré d'innombrables ennemis
qui lui hurlaient toutes sortes
d'insultes.
Quelques-uns
le piétinaient, -d'autres lui tiraient les cheveux,
-d'autres encore le blasphémaient
avec des sarcasmes diaboliques
Mon adorable Jésus semblait
vouloir se dégager des pieds puants qui l'oppressaient
Il regardait autour comme s'il
cherchait un ami qui le libérerait. Je remarquai qu'il n'y
avait là personne pour lui offrir de l'aide.
Réalisant l'affront immense
qui était fait à Jésus, je pleurais beaucoup.
J'aurais aimé me rendre au milieu de ces loups enragés
pour le libérer. Mais je me suis rendu compte que je n'étais
pas capable, et je n'ai pas osé.
Aussi, de loin, j'ai fait de
ferventes prières à Jésus pour qu'il me rende
digne de souffrir l'épreuve à sa place -- tout au moins
en partie.
Je disais: «Ah! Jésus,
si seulement je pouvais prendre ce fardeau pour te soulager et te
libérer de ces ennemis.»
Pendant que je disais cela,
-ces ennemis furieux, comme s'ils
avaient entendu ma prière,
-se
jetèrent sur moi comme des chiens enragés:
ils me battaient, me tiraient les
cheveux et me piétinaient. Je ressentais de la joie en moi,
quand j'ai réalisé que,
même de loin,
j'étais en mesure d'accorder à
Jésus quelque soulagement.
Alors me voyant joyeuse, les ennemis
disparurent.
Puis Jésus s'approcha pour me
consoler, même si je n'osais dire un seul mot. Il brisa le
silence et dit:
«Mon enfant, tout ce que tu as
vu qu'on me faisait n'est rien
comparé aux nombreuses
offenses commises contre moi par les hommes. Leur aveuglement les
tient submergés dans les choses terrestres,
ce qui les rend sans pitié et
cruels envers moi et envers eux-mêmes.
Ils ont répudié
chaque vérité surnaturelle en se donnant complètement
à la recherche de l'or. Ceci les a jetés dans
la boue.
Ils sont tombés dans la
complète négligence en regard de leur vie éternelle.
«Ô mon enfant,
-qui élèvera une
digue contre cette monstrueuse vague d'ingratitudes, qui augmente
toujours dans le monde des faux plaisirs?
-Qui aura pitié et me
délivrera de tant de personnes
qui me font saigner et qui vivent
noyés dans la puanteur des choses
terrestres?
Viens avec moi et prie, pleure et
offre des réparations pour les offenses qu'ils commettent
contre mon Père.
Ils sont aveuglés, sans esprit
ni coeur,-
Ils n'ont d'yeux que pour les choses
terrestres.
Ils s'opposent à moi et
piétinent mes nombreuses grâces comme si elles étaient
de la boue.
Ils
placent tout ce que j'ai fait pour eux sous leurs pieds mondains.
«Oh! toi au moins, élève-toi
contre ce que tu connais du monde.
-Abhorre et hais tout ce qui ne
m'appartient pas.
-Chéris toujours les choses du
Ciel.
-Aie mon honneur dans ton cœur.
-Fais des réparations
pour
les nombreuses offenses commises continuellement contre moi.
Pense à la perte de
beaucoup d'âmes.
Oh! ne me laisse pas seul avec de si
nombreuses déceptions qui me déchirent le Coeur.
Sache que tout ce que tu souffres
maintenant n'est rien, en comparaison de ce que tu souffriras dans le
futur.
N'ai-je
pas répété plusieurs fois que je veux de toi une
imitation de ma Vie. Vois comme tu es différente de moi!
Aussi, prends courage et n'aie pas
peur, car tu arriveras à trouver une manière de
m'aider.»
Après ces Paroles de Jésus,
au moment où je suis revenue à moi,
j'ai
remarqué que j'étais entourée de membres de ma
famille qui pleuraient et qui étaient bouleversés.
Ils pensaient que j'étais sur
le point de mourir.
Ils se dépêchaient pour
me conduire à la ville pour être examinée par des
médecins. J'étais incapable d'expliquer ce qui
m'arrivait.
Je
voyais bien
-que ma famille était
consciente du problème physique que je vivais et
-que j'allais devoir me soumettre à
un examen médical. Aussi, je pleurais et je me suis plainte à
Jésus en lui disant:
«Combien de fois, mon bon
Jésus, t'ai-je dit que je veux souffrir avec toi, mais en
secret seulement!
C'est
ma seule joie! Pourquoi m'en prives-tu?
Oh! quand donc aurai-je la paix avec
ma famille? Toi seul, mon bon Jésus, tu peux arranger tout ça.
S'il
te plaît, fais en sorte qu'ils n'aient pas à craindre
autant.
Ne vois-tu pas comme ils sont
tristes?
N'entends-tu pas ce qu'ils disent et
ont l'intention de faire! Certains pensent d'une manière,
d'autres d'une autre.
Quelques-uns veulent que j'essaye un
remède, d'autres un autre. Tous les yeux sont tournés
vers moi.
On ne me laisse jamais seule et cela
m'empêche de retrouver ma paix perdue. S'il te plaît,
aide-moi dans ces inquiétudes -- les unes pires que les autres
-- qui me font faiblir.»
À ces paroles, mon bon Jésus
me dit avec douceur:
«Mon enfant, ne sois pas
attristée par cela.
Comme une personne morte, essaie
plutôt de t'abandonner dans mes Bras.
Pendant que tes yeux sont fixés
sur ce qu'ils font et disent à ton sujet, je ne suis pas libre
d'agir en toi comme je le veux.
Ne veux-tu pas me faire confiance?
N'as-tu
pas fait l'expérience de mon Amour pour toi?
Pour cette raison, je veux
-que
tu fermes les yeux,
-que tu restes en paix dans mes
Bras, et
-que
tu ne regardes pas autour pour examiner ce qui t'arrive.
Tu perds ainsi ton temps et tu
risques de ne pas atteindre l'état de vie auquel tu as été
appelée.
«Ne sois pas préoccupée
par les personnes qui t'entourent. Accepte leurs silences. Sois
joyeuse et soumise en tout.
Conduis-toi de manière à
ce que
-ta vie, tes pensées, tes
battements de coeur,
-tes respirations et tes affections
soient des actes de réparation
continuels pour apaiser la Justice divine. Offre-moi tout.»
Après que Jésus m'eut
enseigné cela, il disparut.
Je m'efforçais de faire de mon
mieux pour être soumise à la Divine Volonté.
Parfois je pleurais amèrement,
parce que ma famille
me plaçait dans des conditions
difficiles et
m'obligeait à subir des
examens médicaux.
Ils décidèrent que ma
maladie n'était qu'une question de nerfs.
Ils me prescrirent de marcher, de
prendre des bains froids et d'avoir des distractions continuelles.
Ils décidèrent aussi
que, pendant ma période d'ajustement,
ils ne modifieraient pas
mon entourage,
car un tel changement pourrait
aggraver plutôt qu'améliorer ma situation.
À partir de ce jour, il
s'établit une guerre de feintes et de silences entre ma
famille et moi.
L'un m'empêcherait d'aller à
l'église,
-un autre m'enlèverait ma
liberté en étant constamment présent à la
maison,
-un autre me convaincrait de prendre
mes médicaments, et
-les
autres feraient pression pour que je suive l'avis du docteur qui
voulait même que je sois gardée la nuit.
Néanmoins, il était
facile pour eux de remarquer qu'il m'arrivait des choses qu'ils ne
pouvaient pas comprendre.
Après une longue période
de temps, incapable de supporter tout cela plus longtemps, je
ramassai mon courage et me plaignis à mon Seigneur:
La situation a atteint un point tel
qu'ils me privent de choses qui me sont particulièrement
chères. Je suis privée d'à peu près tout,
même des sacrements.
Qui aurait deviné que
j'atteindrais un état où je serais incapable
-de
m'approcher de toi dans les sacrements, ou
-de simplement te rendre visite?
Qui sait où cet état de
choses finira?
Ô Jésus, donne-moi une
aide nouvelle et ta force. Autrement ma nature va craquer.»
Là-dessus, Jésus se
laissa voir et reprit vivement:
«Courage,
mon enfant. Je suis venu t'aider. Pourquoi as-tu peur?
Quelques-unes pensaient d'une
manière, d'autres d'une autre.
Les choses les plus saintes que je
faisais étaient jugées par quelques-uns comme
mauvaises.
J'étais même accusé
d'être possédé du démon.
D'autres
me regardaient avec mauvaise volonté et avec des regards
haineux. Ils cherchaient des manières pour m'enlever la vie.
Ma présence pour beaucoup
était devenue intolérable.
J'étais jugé mauvais
par les méchants, alors que j'étais une consolation
pour les bons.
Aussi, ne veux-tu pas devenir comme
moi et désirer souffrir, au moins en partie, les souffrances
que j'ai endurées pour les créatures?»
Et je répondis: «J'embrasse
tout par amour pour toi, mon Seigneur.»
Je vécus plusieurs années
de cette manière -- souffrant
-par
les démons,
-par les créatures, et
-par Jésus lui-même qui
me mettait à part pour partager ses souffrances.
Avec le temps, j'atteignis un point
où j'avais honte de moi-même: je rougissais quand
j'étais vue par quelqu'un.
D'ailleurs, même à
l'époque où j'étais en bonne santé,
-le simple fait de rencontrer
quelqu'un ou
-d'avoir à converser avec les
autres, y compris avec les gens de ma famille, était pour moi
un grand sacrifice.
Dans cet état de souffrance,
maintenant plus que jamais,
je
faisais l'expérience d'embarras et de troubles stupéfiants.
Voyant que le traitement prescrit par
le premier médecin était sans effet, ma famille me fit
voir par d'autres médecins, qui eux aussi furent incapables
d'améliorer ma santé.
Fondant en larmes, je dis à
mon bien-aimé Jésus:
«Seigneur, ne vois-tu pas que
mes souffrances deviennent plus apparentes, pas seulement pour ma
famille, mais aussi pour beaucoup d'étrangers qui, maintenant,
connaissent mon affaire?
Je suis confuse et je sens que ceux
qui me regardent me montrent du doigt
-comme si j'avais fait quelque choses
de honteux, ou
-comme si ma souffrance était
contagieuse.
Je ne peux pas t'exprimer la détresse
que cela me cause.
Qu'est-ce qui m'est arrivé
pour que ces terribles peurs me reviennent encore et encore?
En fait, si on les examine
attentivement, on voit bien qu'elles sont injustifiées.
Toi seulement, ô Jésus,
tu peux me libérer d'une telle publicité et de telles
appréhensions.
Toi seul peux permettre que mes
souffrances restent secrètes. Je supplie ta Bonté de
m'entendre.»
En premier, Notre-Seigneur fit comme
s'il ne m'entendait pas. Et ma souffrance augmentait.
Ensuite, il eut pitié de moi
et dit:
«Viens
à moi, mon enfant, je veux te consoler. Parce que tu souffres,
tu as raison de te lamenter.
Mais rappelle-toi combien plus j'ai
souffert par Amour pour toi. D'une certaine façon, mes
souffrances étaient cachées elles aussi.
Néanmoins la Volonté de
mon Père était que je souffre publiquement. Là-dessus
j'ai fait face à tous les mépris, les disgrâces
et les confusions, même d'être privé de mes
vêtements:
Je suis apparu nu devant une très
grande foule.
Peux-tu imaginer une plus grande
confusion que celle-là?
Ma nature ressentait elle aussi ce
type de confusion.
Mais mon Esprit était fixé
sur la Volonté de mon Père.
J'offrais
cette épreuve en réparation des nombreuses indécences
-commises sans broncher devant le
Ciel et la terre,
-ces
orgueilleuses ostentations qui sont accomplies avec cran comme des
actes grandioses.
J'ai dit à mon Père:
«Père Saint, accepte ma
confusion et ma disgrâce en réparation des nombreux
péchés commis effrontément en public, et qui
sont parfois de grands scandales pour les petits enfants.
Pardonne
à ces pécheurs et donne-leur la lumière céleste
pour qu'ils puissent réaliser la laideur du péché
et revenir dans la voie de la vertu.»
«Et si tu veux m'imiter,
n'as-tu pas aussi à participer à ce genre de
souffrances, que j'ai supporté pour le bien de tous?
Ne sais-tu pas que les plus beaux
cadeaux que je puisse donner aux âmes qui me sont chères,
ce sont les croix et les épreuves
ressemblant à celles que j'ai vécues dans mon Humanité?
Tu es seulement une petite enfant sur
le chemin de la croix et donc tu te sens très faible. Quand tu
seras plus vieille et que tu auras compris combien il est précieux
de simplement souffrir, alors le désir de le faire deviendra
plus grand.
Pour
cette raison,
-appuie-toi contre moi et repose-toi,
et
-tu acquerras la force et l'amour de
la souffrance.»
Après avoir vécu six ou
sept ans dans ces souffrances, j'empirai et fus forcée de
rester au lit.
Très
souvent, je m'évanouissais et ma bouche et ma mâchoire
se fermaient si fort que je ne pouvais prendre aucune nourriture.
Quand je réussissais à
avaler quelques gouttes de liquide, immédiatement je devais
les régurgiter en vomissant continuellement, ce qui m'arrivait
toujours pendant mes plus sévères souffrances.
Après
dix-huit jours de médications sans résultat, un
confesseur fut appelé pour me confesser. Quand il vint et me
trouva dans cet état de pétrification, il me plaça
sous obéissance et m'ordonna de me libérer moi-même
de cet état de léthargie mortelle.
Il fit le signe de la Croix et
m'aida à me libérer moi-même de cette maladie
nerveuse.
Quand je fus guérie, il me
dit: «Dis-moi ce qui ne va pas.» Je demeurai silencieuse
sur tout, mais je lui dis seulement:
Père, cela doit être
quelque chose du démon.» Sans autre interrogation, il me
dit:
«N'aie pas peur, ce n'est pas
le démon.
Et si c'est lui, moi, au Nom de Dieu,
je le chasserai de toi.»
Alors, je récupérai la
liberté de mouvement pour mes bras et la capacité de
librement ouvrir ma bouche.
Après
que le confesseur fut parti, je pensai à ce qui était
arrivé.
Je conclus que ce qui s'était
passé était un miracle qui s'était produit par
la sainteté de ce prêtre.
Je pensai en moi-même:
«Si j'avais continué
dans cet état, ma vie se serait terminée en un rien de
temps.Mais me voilà plutôt engagée dans une vie
nouvelle.»
Je serai toujours reconnaissante à
Dieu de m'avoir redonné la santé par la sainteté
de son ministre.
Je ne peux cependant pas cacher le
fait que, dans ma situation,
-j'étais résignée
à mourir et que,
-étant maintenant libre, je
regrettais de ne pas être déjà morte.
Mais Jésus ne permit pas que
je meure, car il voulait compléter ses desseins sur moi.
Ainsi, en un jour, il me montra
qu'il voulait que je sois une victime à perpétuité.
De temps à autre, il me
ramenait à mon ancien état, mais seulement quand
j'étais seule.
Après
avoir recouvré la santé, je retournai à l'église
pendant une période de temps pour satisfaire à mes
devoirs religieux.
Quand
je recevais Jésus dans la Sainte Communion, il me disait quand
réserver du temps pour les souffrances.
Quelquefois il désignait
l'heure à laquelle il reviendrait.
Parce que mes souffrances m'étaient
annoncées à l'avance par Jésus lui- même,
je ne crus pas qu'il fut nécessaire d'en parler à mon
confesseur.
Car, à la seule pensée
de pouvoir annoncer à l'avance mes souffrances,
je
serais devenue l'âme la plus fière du monde, même
si j'étais guidée par la sainteté de mon père
spirituel.
Aussi, pendant longtemps, ma
souffrance était soulagée,
non par une assistance humaine, mais
par Jésus qui faisait tout.
Il arriva qu'après m'avoir
fait partager ses souffrances,
Jésus ne me donna pas la
capacité de retrouver mes sens par moi-même.
Ainsi, ma famille dut faire revenir
le confesseur.
Après qu'il m'eut fait
recouvrer mes sens, il me dit:
«À partir de ce jour,
quand tu viendras à l'église, ou avant la communion, ou
après ton action de grâce, viens me voir dans le
confessionnal et je te donnerai la bénédiction pour que
tu puisses te sortir toi-même de ton état de souffrance
sans que j'aie besoin d'aller chez toi.»
Un matin, après la Communion,
Notre-Seigneur me fit comprendre que,
-en
ce jour même, alors que je serai en complet état de
léthargie,
-il m'invitera à lui tenir
compagnie en participant aux souffrances que lui faisaient subir
certains hommes pervers.
Sachant que mon confesseur était
à la campagne, je dis à Jésus:
«Mon bon Jésus,
si
tu veux me transférer tes douleurs, aie la bonté de me
réanimer toi-même, car, si ma famille voulait faire
chercher le confesseur, il ne serait pas disponible.»
Le
Seigneur, dans toute sa bonté, me dit:
«Mon enfant, ta confiance doit
être placée pleinement en moi.
Sois
tranquille, confiante et résignée de manière à
ce que tout en toi repose en moi. Cela rendra ton âme lumineuse
et fera que toutes tes passions resteront calmes.
En attirant ton âme par mes
rayons de lumière,
-j'en prendrai possession et
-je la transformerai pleinement en
moi, faisant de ta vie ma propre Vie.»
Après ces Paroles, je ne
pouvais m'opposer à lui et me résignai à sa
Volonté. J'offris la Sainte Communion que je venais de vivre
comme si elle était ma dernière.
Ainsi, devant le Saint Sacrement, je
fis à Jésus un dernier adieu et quittai l'église.
En dépit de ma résignation, je me sentais un peu
inconfortable quand je pensais à ce qui allait m'arriver.
Aussi je pleurai et je priai pour que
le Seigneur me communique des forces neuves pour me raviver si je
perdais connaissance.
Ce jour-là, je fus surprise
par l'attaque qui me plongea dans cet état mortel.
Ce fut une très amère,
nouvelle et extrêmement lourde souffrance pour moi. Ce fut la
pire et la plus lourde que j'avais subie jusque-là.
En
entrant dans cet état de souffrances extrêmes, je me
résignai à faire la Volonté de Dieu et j'étais
prête à mourir.
Voyant mon état, ma famille
envoya chercher un prêtre -- autre que mon confesseur habituel
qui était absent.
Ce prêtre, je le dis dans la
charité, qui pouvait avoir l'intention de m'aider, refusa de
venir à la maison.
Ainsi, pendant dix jours, je fus dans
cet état de pétrification mortelle, mais sans mourir.
Finalement,
au onzième jour, le confesseur que j'avais eu pour ma première
communion vint. Il me réanima comme mon autre confesseur le
faisait.
À partir de ce moment, je fus
impliquée dans une guerre de longue durée avec
plusieurs prêtres. Ils disaient que je feignais mon état
pour avoir l'air d'une sainte.
Quelques-uns
disaient que je méritais d'être battue à coups de
bâtons et de fouets pour que je ne retombe plus dans cet état
lamentable.
D'autres disaient que j'étais
possédée du démon.
Ils disaient aussi d'autres choses
sur moi qu'il vaut mieux ne pas répéter.
Je ne savais que faire.
Ma
famille croyait que c'était leur devoir d'alléger ma
souffrance et cherchait des prêtres qui viendraient. Dieu sait
combien de refus ils ont essuyés.
Je ne pouvais plus le supporter.
Ma pauvre mère, plus
spécialement, pleurait des rivières de larmes. Quant à
moi, je restais tranquille.
Que Dieu veuille pardonner à
tous ceux qui me causaient ces souffrances. J'aimerais que le
Seigneur dédommage cent fois tous ceux qui souffraient avec
moi, spécialement ma mère.
Vous pouvez imaginer combien était
pénible ma sujétion à ces prêtres, parce
que j'avais absolument besoin d'un prêtre pour me réanimer.
Dieu sait combien de fois j'ai prié
Jésus,
pleurant beaucoup pour être
libérée de cette pénible sujétion.
Et
combien de fois je lui ai résisté quand il me
redemandait d'être victime, pour que je partage ses plus dures
souffrances!
Je résistais parfois
violemment.
Je disais à mon bon Jésus:
«Seigneur, je veux bien
accepter l'état de victime, pourvu que tu me promettes que tu
me réanimeras sans l'intervention d'un prêtre.
Autrement, je ne veux pas me
soumettre à ce si pesant joug.» J'ai même résisté
de cette manière pendant trois jours.
Pendant ces trois jours où je
résistai à Dieu.
Je lui rappelais sa promesse en
disant toute en larmes:
«Seigneur, tu ne tiens pas la
promesse que tu m'as faite. Tu m'as dit que tout se passerait entre
toi et moi seulement.
Maintenant, tu veux qu'une troisième
personne me réanime et qu'elle me force éventuellement
à lui révéler ce qui se passe entre toi et moi.
N'as-tu
pas remarqué
-les étranges refus et
-les
humiliations que ma famille doit endurer de la part de ces prêtres
qui ne nous croient pas?
Et tu dis que ce n'est pas convenable
que je puisse me réanimer moi-même? Ne pourrions-nous
pas éviter ces complications et rester paisibles.
Je serais contente de prendre sur moi
tes souffrances aussi souvent que tu aimes, et toi tu pourrais être
content parce que tu me réanimerais quand tu le voudrais. Et
ainsi tu ne serais pas insatisfait de moi par rapport à mon
acceptation de ta Volonté.»
Tout ce que je disais ne servait à
rien.
Jésus restait silencieux et
feignait ne pas m'entendre.
Cela semblait comme s'il ne voulait
pas m'accorder ce que je pensais être convenable et saint.
Plutôt il me dit: «Mon
enfant n'aie pas peur. Je suis celui qui donne la nuit et le jour.
Présentement, c'est un temps pour la nuit, mais le
temps pour la lumière viendra bientôt.
Sache que c'est ma coutume de
manifester mes oeuvres à travers les prêtres.
Je leur ai donné la faculté
de savoir, de juger, et d'encourager l'âme à agir sans
perplexité, en accord avec le critère du Lévitique.
Mes
prêtres ont aussi le pouvoir de suspendre ou d'ignorer ce qui,
en accord avec leurs considérations, ne rencontre pas le
critère de la Révélation.»
Il est inutile de vous dire qu'après
ces Paroles de Jésus,
je restai muette, avec l'intention de me soumettre à sa
Volonté clairement exprimée.
Mais puis-je rester silencieuse
-après avoir été,
pendant quatre ans, forcée d'obéir
-alors
que j'étais confrontée à tant de choses étranges
et contradictoires? Parce qu'on me l'a commandé, je dirai ce
qui suit:
Par exemple, ils permirent que je
reste immobilisée et pétrifiée pendant plus de
dix-huit jours consécutifs: c'était vraiment une mort
sans mourir,
-parce que j'étais immobilisée
dans tous les sens du mot et
-que je ne pouvais pas prendre une
seule goutte d'eau ni satisfaire mes besoins naturels.
En bref, j'étais comme une
morte (alors que je vivais encore), J'étais à la merci
de prêtres qui,
délibérément et
pour me narguer,
me firent continuer de vivre dans une
condition de mort.
Dieu seul sait ce que j'ai vécu
pendant ces quatre années de vrai martyre.
Quand un prêtre enfin décidait
de me réanimer, il n'avait même pas la courtoisie de
dire: «Prends patience et fais ce que Dieu attend de toi.»
Plutôt, avec de rudes
réprimandes dans le genre qu'on fait à des personnes
dissolues ou désobéissantes,il disait des choses comme:
«Mon opinion bien considérée
est que tu appliques tes talents d'une bien mauvaise manière.»
Luisa se plie de bonne grâce
aux souffrances et aux dénégations lui venant des
prêtres.
Durant l'épidémie de
choléra, Jésus rend public son rôle de victime.
Oh! comme j'ai été
méchante et comme je le suis encore, puisque je ressens encore
vivement en moi les accusations que je ne suis qu'une âme
capricieuse et désobéissante!
Je
pense en effet que la raison profonde de mes sentiments est que mes
pensées et mon agir sont très différents de ceux
de mon aimable Jésus.
Toute sa Vie, il fut un signe de
contradiction sur tous les plans.
Cependant, il n'a jamais eu le
moindre ressentiment.
Il
n'était jamais dérangé et, -dans un grand calme,
il supportait insulte après
insulte et affront après affront.
Moi, j'ai honte de le dire, j'ai très
souvent pleuré
Je me suis souvent plainte à
mon très doux Jésus -- au point même d'éprouver
de la résistance envers lui --,
pour
qu'il ne me soumette pas à de si sévères
souffrances ou
qu'on ne m'accuse pas injustement
d'être désobéissante et capricieuse.
Oh! comme le Seigneur fut bon pour
moi, méchante que je suis. Dans mes résistances, il
feignait de se désintéresser de moi et ne disait rien.
Il partait, mais seulement pour un
temps très court. Il réapparaissait ensuite et me
trouvait dans la désolation causée par son absence.
Puis il me replongeait dans les
souffrance mortelles qu'il me donnait lui-même directement.
Une fois, quand le confesseur vint
pour me réanimer, il me dit durement:
«Je ne veux pas que tu retombes
dans cet état.»
Momentanément, je retrouvai
mes sens et lui dis:
«Mon père, il n'est pas
dans mon pouvoir de tomber ou de ne pas tomber dans cet état
de léthargie.
C'est vrai que je suis capricieuse,
désobéissante et bonne à rien.
Mais je dis la vérité
quand je dis que la souffrance de ne pas pouvoir vous obéir ,
est très pénible pour moi.
Je pense, mon père, que je
subis cette souffrance
-parce que je suis dépourvue
de la vertu d'obéissance,
-qui est une brillante pierre
précieuse de mon Jésus et
-sans laquelle je ne serai jamais
acceptée avec plaisir par lui. J'ai beaucoup de regrets.
Et
je me sens très inconfortable quand je me vois si différente
de lui.
Quel bien peut-il accomplir dans
une âme désobéissante?»
Ces paroles d'humilité
venaient du fond de mon coeur qui palpitait d'amour pour mon très
cher Jésus.
Le confesseur me laissa alors
-avec
un mot d'encouragement et
-avec un peu plus de bonheur qu'à
la visite précédente.
Malgré
cet encouragement, je décidai à contrecoeur
-que si le Seigneur ne voulait pas
m'assurer que je pourrais être libérée de l'état
de pétrification sans l'intervention d'un prêtre, et
-s'il voulait que j'accepte des
épreuves et des souffrances en réparation pour les
nombreux péchés commis
continuellement par la majorité des hommes, alors je lui
résisterai et m'opposerai à lui pour avoir ce que je
veux.
À cette époque, Dieu
fit augmenter l'épidémie de choléra de jour en
jour au point que nos habitants étaient effrayés.
Un jour, je suppliais le Seigneur
plus que jamais pour qu'il fasse cesser ce fléau,
fruit de sa juste et
inexorable colère
face aux innombrables affronts commis
par les hommes méchants.
Pendant que je priais,
Jésus
m'apparut et me dit:
«Très bien, puisque tu
t'offres volontairement comme victime de réparation
-pour souffrir dans ton corps et ton
âme
-de graves et douloureuses
souffrances, je t'accorderai ce que tu désires.»
Après cela je lui dis:
«Seigneur, si les choses se
passent entre toi et moi,
je suis bien prête à
accepter tout ce que tu m'imposeras.
Autrement, je ne peux pas.
Tu sais ce que les prêtres
pensent et comment ils agissent avec moi.»
Jésus, très
doucement répondit:
«Mon
enfant, si j'avais médité sur ce que l'homme ferait de
mon Humanité, je n'aurais jamais accompli la Rédemption
du genre humain.
Mon but était leur salut
éternel.
Un grand Amour me consumait et me fit
tout sacrifier pour eux. Pour le salut éternel des créatures,
j'offris
à mon Père Éternel les épreuves et les
souffrances produites injustement en moi
par les pensées et les actions
des hommes.
Sache que, pour imiter ce que j'ai
fait durant mes trente-trois ans de vie terrestre,
-tu dois te soumettre à mes
labeurs, mes rejets, mes souffrances et ma mort.
-Et tu dois les vivre de la même
manière qu'ils ont été ressentis par moi. C'est
de cette manière que je te demande d'imiter ma Vie, si tu le
veux.
Autrement, m'imiter comme il te plaît
n'est pas et ne sera jamais à mon goût.
La plus belle action et la plus
plaisante pour moi est
-l'action faite inconditionnellement
par l'âme
-qui
se soumet à moi sans sa volonté propre, mais uniquement
dans la mienne.
«Ainsi, pour que je puisse
trouver en toi l'accueil qui me soit le plus plaisant, fais l'acte
héroïque
-de faire mourir totalement ta
volonté et
-de laisser vivre uniquement la
mienne en toi.
Pour le moment, je veux que tu sois
une victime
d'amour,
de réparation et
d'expiation
pour les personnes qui s'opposent à
toi et qui continuent de te harceler.
Souviens-toi que ces personnes sont
mes enfants et qu'elles ont été rachetées par
mon Sang. Si tu vis vraiment dans l'Amour, tu te soumettras et tu
donneras tout pour leur salut.»
Le soir même, je fus reprise
-par
cet état de souffrance qu'il me communiqua et
-dans lequel je suis restée
pendant trois jours, sans réanimation.
Quand je revins à moi,
-personne ne parlait plus de choléra
-à l'exception de quelques
personnes agissant follement et qui ont dû payer leur
contribution à la mort.
La majorité des habitants
furent secoués par ce fléau de Dieu.
Quand le confesseur vint pour me
réanimer, il me dit à la blague:
«Ces
derniers jours nous avons eu un grand missionnaire avec nous, qui a
fort bien prêché.
Nous avons vu des gens à nos
pieds, qui jusque-là résistaient à tout
sentiment religieux et qui, durant leur vie entière n'avaient
pas daigné passer devant une église. À l'appel
de cet excellent prédicateur, ils se rendirent à la
grâce et produisirent des fruits de vie éternelle.»
Je lui demandai où ce
missionnaire avait prêché. Il répondit:
«Pas
seulement dans les églises, mais sur les places, dans les
cercles, les
boutiques et les maisons.
Sa parole puissante atteignait tous
les endroits avec une onction de grâce qui en amena beaucoup à
la pénitence. Et veux-tu savoir son nom?
Il a un bon nom. Il est appelé
D. Coletto (allusion au choléra), le fléau de Dieu.»
Pendant ce temps, le Seigneur
préparait une autre mortification pour moi. Elle me frappa
après que le fléau du choléra fut passé.
La mortification consistait en des
changements rapides de confesseurs.
Celui que j'avais à ce
moment-là était membre d'un ordre religieux et il était
appelé à une vie sobre par ses supérieurs.
J'étais satisfaite de lui
parce qu'il était le seul à ne pas me faire souffrir.
Tout le tumulte que j'ai raconté plus haut m'était fait
par d'autres prêtres pendant que ce confesseur était à
la campagne.
Ses visites étaient isolées
à cause du choléra.
Et je souffrais beaucoup de son
absence, parce que plus volontiers que les autres, il consentait à
me réanimer.
Très chagrinée, j'eus
recours à Notre-Seigneur et lui montrai ma souffrance.
Avec son habituelle tendresse, Jésus
me dit:
«Mon enfant, ne sois pas
chagrinée pour cela.
Je
suis le Seigneur des coeurs et je peux les tourner ou les tordre
comme il me plaît. Si ton confesseur t'a fait du bien, il
n'était que mon ambassadeur,
qui
recevait tout de moi et te donnait comme je décidais.
Je ferai de même avec d'autres
confesseurs et je leur donnerai les grâces pour remplir leur
fonction. Qu'as-tu alors à craindre?
«Mon
enfant,
combien de fois dois-je te répéter
qu'aussi longtemps que tu persisteras
-à regarder à droite et
à gauche,
-à poser tes yeux parfois sur
ceci, parfois sur cela,
tu ne pourras pas vraiment te
maintenir sur le chemin du Ciel?
Si tu ne rives pas tes yeux seulement
sur moi,
-tu boiteras toujours,
-l'influence de ma grâce ne
pourra pas être complète en toi.
C'est pourquoi je veux
-que
tu restes dans la sainte indifférence par rapport aux choses
qui t'entourent et
-que tu sois toujours disposée
à accomplir tout ce que je veux de toi. Autrement tu ne
pourras pas être préférée à
d'autres pour le rôle de victime.»
Réfléchissant
à ces Paroles qui m'étaient données directement
par Jésus, mon coeur développa une telle force
-que je ne remarquais plus maintenant
l'absence de mon confesseur,
-même s'il avait fait du bien à
mon âme.
Par la suite, Dieu m'inspira de me
soumettre aux soins du prêtre qui me confessait quand j'étais
jeune fille. Je n'ai jamais regretté ce choix.
De fait, je me suis souvent exclamée
à Dieu:
«Puisses-tu toujours être
béni ô Seigneur.
Tu m'as confondue quand tu as tiré
parti de ce qui me semblait dommageable à mon âme et
pour ta plus grande Gloire, tu as transformé cette situation
en bienfaits pour moi.
Puisse-t-il en être toujours
ainsi, ô mon Dieu!»
Alors que mon coeur avait toujours
été fermé à mon autre confesseur,
je l'ai ouvert à ce ministre
de Dieu proposé par Jésus et accepté par moi.
Malgré ses pressions et son
insistance, mon coeur restait fermé à l'autre
confesseur
Par conséquent, je ne pouvais
pas me libérer intérieurement. Il essayait de toutes
les manières de me faire parler.
Mais la simple pensée d'avoir
à dire à un autre ce qui se passait entre Jésus
et moi produisait en moi tant d'embarras et d'aversion
C'était comme si j'avais eu à
confesser le plus affreux péché, lequel, merci à
Dieu,
-je ne suis pas consciente d'avoir
commis et
-pour lequel je n'ai d'ailleurs pas
de penchant.
À
ce confesseur, cependant, et en de multiples occasions,
j'ai fait connaître mon âme
dans les menus détails, même si je le faisais sans aucun
ordre.
Si on me demandait pourquoi je ne
voulais pas de l'autre confesseur pour me réanimer, ma réponse
serait que je me sentais incapable de lui expliquer ce qui
m'arrivait.
Ce n'était pas sa faute à
lui
Parce qu'il était bon et avisé
et qu'il m'aurait écouté patiemment.
Il aurait pris grand soin de mon âme
si je lui avais dit ce qui se passait entre Jésus et moi.
Il
veillait néanmoins à ce que je demeure dans les chemins
de la vertu.
Quant à moi, je ressentais une
très grande pesanteur en mon âme,
-de laquelle j'aurais bien voulu être
soulagée
-en m'exprimant à quelqu'un
d'autre, avec le désir de connaître son opinion.
Cependant, je le répète,
il m'était impossible de le faire.
Je crois que la raison pour laquelle
mon premier confesseur ne pouvait pas me faire parler était le
bon vouloir divin, tout simplement.
Je dois ajouter que mon nouveau
confesseur avait un talent spécial pour pénétrer
dans mon intérieur.
Avec lui, je prenais graduellement
courage.
Je sentais en moi la volonté
et la patience de m'exprimer. Petit à petit, je lui ouvris mon
âme
Jele laissai lire en moi comme dans
un livre, page par page, même mot par mot, incluant les grâces
spéciales que m'avait accordées le Seigneur.
C'était comme si mon bon Jésus
se donnait la peine de me rappeler tout ce qu'il m'avait déjà
dit et tout ce qui m'était arrivé.
Quelquefois,
quand je ressentais de la répugnance à lui révéler
quelque chose,il me réprimandait beaucoup et même
menaçait de me quitter.
Je peux dire la même chose de
l'autre confesseur, qui continuait à me demander une chose et
ensuite une autre. Parfois il me demandait ce qui causait mes
léthargies et quels en étaient les effets.
Quelquefois, quand il voyait mon
entêtement,
-il me commandait au nom de
l'obéissance de lui répondre; et
-il plaçait devant moi la peur
d'une grande illusion diabolique. Ensuite il ajoutait:
«Quand l'âme est
obéissante, nous sommes tous les deux plus sécurisés
et tranquilles, parce que le Seigneur ne permettrait pas que son
ministre,
qui veut agir correctement dans la
quête de la vérité, soit dans l'erreur.»
À ce sujet, il m'a souvent
semblé que les deux, Jésus et le confesseur,
-savaient tout de la question, parce
que,
-avant que Jésus me soumette à
quelque souffrance,
-je remarquais que le confesseur
connaissait la vérité.
Je
me disais en moi-même: «Il vaut mieux tout lui dire tout
de suite que de garder le silence, puisque déjà il sait
tout. Et si je garde le silence, qui sait s'il ne sera pas alors
amené à changer sa façon de faire.»
Tout cela n'arrivait pas avec mes
confesseurs des années précédentes, qui non
seulement ne m'ont jamais questionnée ni n'ont essayé
de chercher la vérité sur mes états de
pétrification :
par
exemple si ça provenait de Dieu ou des démons,
ou si c'était causé par
une maladie corporelle.
Bref, ils ne demandaient rien et ne
disaient rien.
Toutefois, j'étais très
désireuse de savoir si j'étais oui ou non ajustée
à la Volonté de Dieu quand je portais la croix qu'il
m'envoyait. Je souffrais beaucoup quand j'étais incapable de
trouver la patience de la porter.
D'autre part, quand le second
confesseur apprit que le Seigneur se montrait à moi et qu'il
me demandait si je voulais remplir le rôle de victime, il me
dit que je devrais dire à Jésus:
«Seigneur, je ne peux pas et je
ne devrais pas accepter la souffrance à laquelle
tu veux me soumettre, jusqu'à ce que j'aie la permission de
mon confesseur.
Si tu désires que je sois
victime, va en premier lieu à lui pour lui demander son
consentement, afin qu'il n'ait pas de ressentiment envers moi.»
Un matin, après la communion,
mon aimable Jésus me dit:
Mon
enfant, les iniquités des hommes sont telles et si nombreuses
que l'équilibre entre mon Amour et ma Justice en est
bouleversé.
La prépondérance des
forces du mal m'astreint à faire venir sur les hommes une
violente guerre par laquelle j'infligerai une destruction sans
précédent de chair humaine.»
Puis, tout en larmes, il ajouta:
«Oh! oui! je leur ai donné
des corps
pour être des sanctuaires dans
lesquels je comptais me réjouir. Plutôt, ils en ont fait
de putrides fosses septiques.
Leur puanteur est si grande que j'ai
été forcé de m'éloigner d'eux.
Ce sont là, mon enfant, les
remerciements que je reçois
-pour
tant d'Amour et
-tant de souffrances endurées
pour eux.
Qui d'autre que moi
-les a bénis aussi abondamment
et
-a tant retardé leur juste
châtiment? Personne n'a été comme moi!
Et quelle est la cause de leur si
grande perversion? Ce n'est rien d'autre, mon enfant, que les biens
excessifs que je leur ai donnés. Maintenant je vais leur
enseigner la manière de revenir à leur devoir par les
plus dures punitions.»
À la suite de ces propos de
Jésus, mon coeur était inondé d'amertume à
la pensée qu'un Dieu si bon
pouvait être aussi bafoué
par l'ingratitude des hommes.
Et qui pourrait aussi dire quelle
était ma souffrance quand je pensais à ceux qui
allaient être punis par le fléau de la guerre.
Pour eux j'éprouvais un grand
désir de souffrir plutôt que de les voir livrés à
ces terribles châtiments.
Et je lui dis:
«Ô
Saint Époux, épargne-leur ce fléau de ta
Justice. Si leurs iniquités sont aussi grandes que tu dis,
il y a encore l'immense mer de ton
Sang dans laquelle tu peux les plonger. Ainsi, ils pourront en
ressortir purifiés, et ta Justice sera satisfaite.
Et
je te le dis pour toujours,
-si tu ne trouves pas d'endroit que
tu aimes,
-viens vers moi quand tu le désires.
Je t'offre mon coeur afin qu'en lui
tu puisses trouver le repos et la joie.
«Même si mon coeur est un
cloaque de péchés et de défauts,
avec l'aide de ta grâce
si efficace,
je
suis disposée à le purifier et à le faire
devenir comme tu le veux.
Oh! mon Bien, sois apaisé!
Et s'il est nécessaire et
utile, je t'offre le sacrifice de ma vie.
Je le ferai volontiers si je peux
voir ton Image surgir de ce dur fléau.»
Me coupant la parole net, Jésus
me dit:
«Enfant bien-aimée,
-si tu veux volontairement t'offrir
pour souffrir,
-pas
sporadiquement comme par le passé, mais continuellement,
j'épargnerai sûrement les hommes.
Sais-tu comment je ferai?
Je te placerai entre les deux, entre
ma Justice et l'iniquité des hommes. Quand je voudrai
appliquer ma Justice en envoyant sur eux des fléaux, te
trouvant au milieu,
-tu
seras frappée,
-mais eux seront épargnés.
Si tu es prête à
t'offrir ainsi, je suis prêt à épargner les
hommes.
Autrement, je ne peux plus être
apaisé, ni ne peux m'abstenir plus longtemps.»
Après
ces Paroles, je restai consternée et totalement confondue. Ma
nature fut secouée, et je tremblais.
Mais voyant que Jésus
attendait un oui ou un non, je dis en me forçant pour parler:
«Ô
mon Divin Époux, je suis prête à faire tous les
sacrifices que tu voudras, mais compte tenu de mon expérience
passée,
-comment nous y prendre avec le
confesseur qui,
-quand il vient de temps en temps,
demande que je ne m'offre pas pour des souffrances sans avoir au
préalable son consentement?
Si, d'autre part,
tu veux que je me soumette à
ces souffrances sans son consentement, je suis
prête,
puisque ma réanimation ne
dépendra pas de lui, mais de toi seulement, Dieu
Très-Haut.»
Alors Jésus, mon Époux,
qui a su tout sacrifier par obéissance, me dit:
«Puisse-t-il
ne jamais arriver que j'agisse contre mon épouse de Sang. Va à
ton confesseur et demande son acquiescement.
S'il veut t'écouter, dis-lui
en détail ce que je t'ai dit Dis-lui que tout ceci ne sera pas
seulement
-pour le bien des créatures
qui vivent dans le péché,
-mais pour le bien de ceux qui vont
venir après.
Il en va de ton plus grand bien
que
tu te soumettes à ces souffrances ininterrompues et presque
mortelles. Car, dans l'état futur dans lequel tu es invitée
à être - à travers l'obéissance -, je te
purifierai de manière
à ce que ton âme soit
digne de ton mariage mystique avec moi.
«Par la suite,
j'aménagerai
ta dernière transformation en moi afin que nous deux puissions
devenir un.
Comme deux cierges fondus par un même
feu sont fusionnés et deviennent un seul corps.
Ainsi unis, nous deviendrons
-de
la même pensée,
-du même amour, et
-de la même oeuvre de
réparation.
Je te transformerai en moi et moi en
toi
-pour que tu puisses être
crucifiée en moi,
-avec moi et
-pour
moi.
Ne serais-tu pas heureuse de pouvoir
dire:
Quand le confesseur vint, je lui
répétai tout ce que Jésus m'avait dit.
Je
lui ai même dit que je voulais souffrir sans limite de temps.
Cependant,
il me semblait, et j'en étais
vraiment convaincue,
que ces souffrances ne dureraient pas
plus de quarante jours. Mais, au moment où j'écris ces
lignes,
ça fait douze ans que je vis
dans un état de souffrances continues. Je ne sais combien de
temps encore ça durera.
Puisse Dieu être toujours béni
et son insondable Jugement.
Il me reste à dire
-que si j'avais compris
-que j'aurais à passer mon
temps continuellement au lit,
peut-être que je ne me serais
pas aisément soumise au rôle de victime perpétuelle.
Ma nature aurait été
alarmée. J'aurais difficilement pu rassembler assez de courage
pour me prêter à un tel sacrifice.
Je
peux dire la même chose de mon confesseur:
-s'il avait connu le sacrifice qu'il
aurait à faire chaque matin pour me réanimer,
-il n'aurait peut-être pas
consenti à ce que je reste dans cet état pour aussi
longtemps.
Je peux assurer que j'ai toujours été
une amoureuse de cette douce souffrance. J'ai toujours été
plus résignée quand j'étais dans une souffrance
continuelle que quand j'en manquais.
En
fait, quand j'ai commencé à vivre dans cette situation
de victime constante, je ne savais pas apprécier la valeur de
la croix.
Mon confesseur, à qui j'avais
fait connaître ce que mon très aimable Jésus
voulait de moi, me dit:
«Si tout ce que vous m'avez dit
est vraiment la Volonté de Dieu, vous pouvez recevoir ma
bénédiction.
À vrai dire, je pourrai faire
le sacrifice de vous réanimer chaque matin.
Si j'en éprouve des ennuis
dans ma nature, je les surmonterai par la grâce de Dieu.»
Quand je pensais aux créatures
qui seraient épargnées du terrible fléau de la
guerre, mon âme jubilait. Néanmoins, ma nature
commençait à trembler.
Et j'ai passé quelques jours
dans une profonde tristesse. On me conduisit à l'église.
Après avoir reçu Jésus dans mon coeur, je lui
dis:
«Très doux Jésus,
vois la mer tourmentée dans laquelle mon âme est
plongée. Plutôt que
-d'être dans une paix
tranquille et
-de te remercier pour les lumières
données à mon confesseur,
lui
qui m'a permis de faire dans l'obéissance ce que tu attends de
moi, me voici soudainement troublée et confuse.
Je le suis
-d'abord pour la condition de
souffrance dans laquelle tu es sur le point de me plonger.
-et ensuite parce que j'aurai
peut-être à rester dans cet état sans te
recevoir, ce qui serait pour moi la plus grande souffrance.
Qui pourrait survivre sans toi?
Mon Bien, qui d'autre que toi pourra
me donner la force
-de survivre,
-de me remettre de ma souffrance.
Comment pourrai-je recevoir cette force,
si on ne me permet pas de te recevoir
dans ton Sacrement?» Quand j'eus déchargé mon
coeur de ses angoisses, j'ai beaucoup pleuré. Sympathisant
avec moi, Jésus me dit poliment:
«Mon
enfant, n'aie pas peur. Je comprends ta faiblesse
J'ai préparé des grâces
nouvelles et spéciales pour soutenir ta fragilité.
Ne suis-je pas tout-puissant en
tout?
Ne suis-je pas capable de faire en
sorte que tu me reçoives dans le Sacrement?
Sois résignée, et
comme une personne morte, place-toi dans mes bras paternels.
Offre-toi comme victime en
réparation pour les nombreuses offenses que je reçois
continuellement des hommes.
Alors tu pourras sauver ceux qui
méritent la discipline.
Jusqu'à maintenant, tu venais
à moi, mais je t'assure à présent que je
viendrai te visiter sans manquer.
Ces visites pourront être
courtes, mais elles seront toujours un bénéfice et une
grande consolation pour ton âme. Es-tu satisfaite?
Et parce que je connais ton adhésion
à ma Volonté, sache que dès à présent,
tu es déjà une
victime permanente,
dans un état de
souffrance perpétuelle,
en accord avec ma Volonté.
Je te demande cela pour la réparation
des péchés que d'autres créatures ont commis.»
Comment décrire les grâces
que le Seigneur commença alors à m'accorder?
Il est impossible pour moi de relater
tout ce que mon aimable Jésus a fait pour moi
-à partir de ce jour jusqu'à
aujourd'hui,
-surtout s'il s'agit de décrire
avec exactitude chacune de ces grâces.
Afin de satisfaire la sainte
obéissance -- qu'on m'impose sans pitié --, je le ferai
de mon mieux
en
m'efforçant de ne pas omettre les grâces les
plus intimes,
que je trouve si difficiles
à révéler.
Concernant la promesse déjà
mentionnée qui m'a été faite par Jésus,
je dirai qu'il a toujours été irréprochable.
Il a tenu sa promesse du commencement
jusqu'à présent, et je crois qu'il la tiendra jusqu'à
la fin.
Je me souviens bien de ce qu'il m'a
dit le premier jour où j'ai dû garder le lit:
«Bien-aimée de mon
Coeur, je t'ai placée dans cette condition pour pouvoir plus
librement venir à toi et te parler.
En effet, dès le commencement,
je t'ai libérée du monde extérieur et des
occasions d'avoir affaire aux créatures.
Je t'ai ainsi purifiée
intérieurement de manière à ce qu'aucune pensée
ou affection de la terre ne reste en toi.Je les ai remplacées
par des pensées célestes toutes remplies d'amour pour
moi.
«Maintenant
-que
toute autre chose t'est étrangère et
-que nous sommes devenus familiers,
je veux t'identifier à moi-même,
afin que ton corps aussi bien que ton
âme puissent être à ma disposition, pour être
un perpétuel holocauste devant moi.
Si je ne t'avais pas confinée
à ce petit lit,
tu n'aurais pas le bénéfice
de mes fréquentes visites:
tu
aurais voulu d'abord remplir tes obligations familiales à
coups de sacrifices,
pour ensuite te retirer dans
l'oratoire de ton coeur,
en attendant une visite passagère
de moi. Maintenant, tu ne peux pas faire cela.
Nous
sommes seuls .
Il n'y a personne pour déranger
notre conversation ou pour nous empêcher de nous communiquer
nos joies et nos souffrances.
«En me ressemblant, tu peux
participer
-à la joie et au bonheur que
quelques bonnes personnes me donnent,
-de même qu'à l'amertume
et à l'oppression
qui me viennent de ceux qui sont méchants.
À partir de maintenant,
mes consolations seront les tiennes
et tes consolations seront les miennes.
Mes afflictions et tes afflictions
seront en communication
-pour que «ta volonté»
et «ma Volonté» disparaissent complètement,
-pour
être appelées «notre Volonté».
Bref, tu prendras intérêt
à mes choses comme si elles étaient vraiment
tiennes.Moi, de la même manière, je prendrai intérêt
à tes choses
-- tes imperfections exceptées
--, qui seront certainement miennes.
Sais-tu comment je me conduirai
envers toi?
Je
serai comme un roi nouvellement marié à une noble
reine,
-qui est provisoirement forcé
d'être loin d'elle et
-qui, dans sa hâte d'être
avec elle, garde son esprit et son coeur toujours tournés vers
elle.
Il s'active à finir son
affaire pour pouvoir retourner vers elle le plus tôt possible.
Une fois qu'il y est, ses yeux sont tournés vers elle pour
voir si elle montre quelques signes de regret de son absence.
Et s'il veut lui parler,
il donne congé aux personnes
qui l'entourent,
il l'amène avec lui à
ses appartements et ferme la porte.
Il place une personne de confiance au
dehors, comme garde,
pour que personne ne puisse
interrompre leurs conversations ou entendre leurs secrets.
Seul à seul, ils se
communiquent leurs pensées.
Si
quelqu'un voulait imprudemment les priver de leur isolement et les
déranger, cette personne serait immédiatement arrêtée
comme une perturbatrice de la paix du roi et serait sévèrement
punie.
J'ai agi de manière semblable
en te plaçant dans cet état. Malheur à celui qui
s'aviserait de déranger ces dispositions. Ça n'aurait
pas seulement pour effet de me déplaire,
mais
ça m'amènerait à le punir. Es-tu contente de
cela?
Si, en retour des nombreuses grâces
que mon Jésus bien-aimé m'a accordées, mon coeur
ne débordait pas d'amour reconnaissant envers lui,
je mériterais d'être
qualifiée du plus détestable de tous les noms.
Si je n'acquiesçais pas
totalement aux désirs de sa Sainte Volonté,
tout
le Ciel et la terre devraient me pointer du doigt -- y compris les
générations futures -- comme étant l'âme
la plus ingrate et la plus méprisable qui ait jamais existé.
Ce serait comme si un va-nu-pieds
couvert de guenilles sales boudait un seigneur très fortuné
qui l'inviterait
-à
devenir copropriétaire de ses immenses possessions et
-de s'en occuper comme si elles
étaient siennes.
Ce pauvre indigent ne deviendrait-il
pas la risée de tous?
Jésus
a agi ainsi avec moi.
En échange de mon néant,
il m'a accordé de posséder en commun avec lui ses biens
infinis, à la seule condition que j'en prenne soin.
Je
ne lui ai rien apporté, si ce n'est mon néant.
Avez-vous déjà vu
quelque chose de semblable? Je me sens toute gênée d'en
parler.
Et Jésus devint
-non seulement propriétaire de
mon néant,
-mais
aussi de mes imperfections, qu'il veut totalement purifier dans son
infinie Perfection.
Oh!
comme je suis endettée envers lui!
Lui qui jamais ne s'est lassé,
ne se lasse, et ne se lassera de me répéter:
«Je veux de toi une parfaite
conformité à ma Volonté,
de telle manière que tu
deviennes complètement fondue dans ma Volonté.»
Quand il remarquait mon plus petit
attachement à des choses sans importance, gentiment il me
pressait de faire marche arrière en me disant:
«Mon enfant, je désire
de toi une séparation absolue de tout ce qui n'est pas de moi.
Je veux que tu considères tout ce que tu sais être de la
terre
comme
fumier, dégoûtant à regarder. »
Mon Coeur se gèle quand tu
regardes avec plaisir les choses de la terre qui ne sont pas des
nécessités. Elles ennuagent les choses célestes
en toi et retardent
le mariage mystique que j'ai promis
de conclure avec toi.
Sache que je n'accorde aucune valeur
aux choses de la terre qui ne sont pas totalement nécessaires.
Je veux que tu suives cette abjecte pauvreté à
laquelle je me suis moi-même assujetti, méprisant tout
ce qui n'était pas nécessaire.
Dans ce petit lit où tu
m'imites dans la pauvreté,
tu dois te considérer comme
une pauvre enfant abandonnée. Seulement alors pourras-tu dire
que tu es vraiment pauvre.
Parce que je veux une pauvreté
vraie et pratiquée dans les actes.
-Ne désire jamais acquérir
quelque chose,
-ne soupire jamais après
quelque chose, et
-n'accepte jamais rien qui ne soit
réellement nécessaire.
Le cas échéant,
-remercie-moi en premier,
-ensuite tes donateurs.
Je
veux que désormais
tu t'arranges avec ce qui t'est
donné et
tu
ne demande rien d'autre,
parce que désirer quelque
chose qui ne t'est pas donné, peut devenir encombrant dans ton
esprit.
Résigne-toi avec une sainte
indifférence à la volonté des autres sans
considérer si c'est bon ou mauvais.»
Au commencement, cela fut vraiment un
très grand sacrifice pour moi. Mais, rapidement, j'ai vu à
ne pas penser à ceci ou cela.
A l'exception de ce dont j'avais
vraiment besoin, je ne demandais rien qui ne m'était pas
offert.
Ayant surmonté la précédente
difficulté, le Seigneur désirait me soumettre à
une tâche plus ardue. Une des souffrances continues qui me vint
directement de Jésus fut l'épisode des vomissements
après avoir mangé.
Quand
ma famille me donnait quelque chose à manger, je le vomissais
immédiatement et je devenais si faible que je ne pouvais plus
parler.
Mais je me souvenais de ce que Jésus
m'avait dit: «fais ce qu'on te dit». Et je ne désirais
rien d'autre.
Je
me sentais honteuse et comme si ma famille me grondait en me disant:
«Pourquoi veux-tu encore manger
alors que tu viens tout juste de vomir?» Aussi, je me disais en
moi-même:
«Je
ne demanderai rien jusqu'à ce qu'ils m'apportent quelque
chose. Dieu s'occupera des choses.»
Et je poursuivais remplie de
remerciements de pouvoir souffrir pour l'amour de Jésus,
J'offrais tout en réparation
pour les offenses commises par le péché de gourmandise.
Je ne sais pas pourquoi, mais mon
confesseur, qui avait entendu dire que je vivais des épisodes
de vomissements, m'ordonna de prendre de la quinine chaque jour.
Ceci dérangeait mon appétit.
Et
comme je ne pouvais prendre de la nourriture tant qu'elle ne m'était
pas donnée, j'entendais toujours gronder mon estomac.
Dans
cet état, je me sentais comme si j'étais dans les
affres de la mort, mais sans mourir. Ceci dura environ quatre mois,
après quoi mon bien-aimé Jésus me dit:
«Dis à ton confesseur
qu'on ne te donne ni nourriture ni quinine quand tu vomis. Illuminé
par la Lumière divine, il t'accordera cela.»
Ainsi donc le confesseur m'accorda
que je ne prenne ni nourriture ni quinine. Par la suite cependant,
pour ne pas que je sois mise en évidence, il voulait que je
prenne de la nourriture une fois par jour. Ainsi j'avais plus de
paix. Ma faim disparut, mais pas les vomissements. En effet, à
chaque fois que je prenais de la nourriture, je devais la rendre.
Mon bien-aimé Jésus me
disait souvent:
«Dis à ton confesseur de
te donner la permission de ne plus manger du tout.» Mais, à
chaque fois, il refusait en disant:
«Accepte la nourriture qui
t'est donnée comme un acte de mortification en réparation
des nombreuses offenses faites au Seigneur par la gourmandise des
hommes.»
Chaque fois, au bout de quelques
jours, Notre-Seigneur revenait à la charge et répétait:
«Une fois encore, je veux que tu demandes à ton
confesseur la permission de ne prendre aucune nourriture.
Fais-le nonchalamment et sois
disposée à accepter, dans l'obéissance, tout ce
qu'il voudra que tu fasses.»
Une fois, alors que, comme le voulait
Jésus, je refaisais la demande à mon confesseur,
celui-ci, je ne sais pas pourquoi, non seulement refusa de me donner
la permission sollicitée, mais il m'ordonna d'arrêter
mes souffrances, comme si elles dépendaient de moi.
La raison de sa réaction était
peut-être la suivante: se souvenant que je lui avais dit que
mes souffrances ne dureraient que quarante jours, alors qu'elles
perduraient, il fut amené à croire que je ne lui disais
pas la vérité concernant l'état de souffrance
qui m'était demandé ou concernant le fait que je ne
devais plus prendre de nourriture.
Pour des raisons qui me sont
inconnues, il en vint à la conclusion que je ne devais plus
rester dans cette situation de victime, et que si je retombais dans
cet état de souffrance, il ne devrait plus venir me réanimer.
Je dois dire ici que, par esprit
d'obéissance, j'étais bien disposée à me
soumettre à ses directives, d'autant plus que ma nature
réclamait d'être déchargée du fardeau de
tant de souffrances mortelles qui se reproduisaient fréquemment.
Cependant,
il m'apparaît clair que je n'aurais jamais pu porter de tels
fardeaux sans une intervention divine spéciale.
Il y avait aussi la souffrance
d'avoir à me soumettre en tout, même en ces choses qui
me répugnaient tant (les nécessités naturelles):
c'était vraiment un sacrifice que je faisais pour me conformer
à la Volonté de Dieu.
D'ailleurs,
sans ce motif de la conformité à la Volonté
Divine, même les plus grands saints auraient renoncé.
À Jésus je dois mon
habileté à lui retourner l'Amour immense qu'il m'a
toujours manifesté.
C'est ainsi que j'éprouvais
une certaine consolation vis-à-vis de mon passé et que
j'étais disposée à tout faire dans la sainte
obéissance.
Puisque je faisais l'expérience
de l'Amour et de la Bonté de Dieu envers moi, j'étais
prête et consentante à rester confinée à
mon petit lit aussi longtemps que le Seigneur le voudrait, dans
l'état de victime.
Sa Sainte Volonté qui sait si
bien
-changer
la nature des choses,
-les transformer d'amères à
douces,
obtenait pour moi la résignation
et la conformité à sa Volonté.
Quoique j'eus accepté
volontairement et dans l'obéissance d'être victime et de
rester au lit, j'ai commencé à offrir de la résistance
à mon toujours aimable Jésus.
Une
fois, quand il m'apparut pour me communiquer ses souffrances, je lui
ai dit:
«Mon bien-aimé Seigneur,
ne prends pas mal mon refus de souffrir. Que veux-tu de moi?
Puisque
c'est l'obéissance qui m'en empêche, je ne peux plus me
soumettre.
Mais si tu veux que je fasse ta
Volonté, donne la lumière à mon confesseur pour
qu'il m'accorde ce que tu désires.
Autrement, je suivrai ses désirs
et m'opposerai obstinément à ta Volonté.
Vraiment je croirai que tu n'es pas mon aimable Jésus!»
Notre-Seigneur voulait me soumettre à
un test sévère en me faisant passer une nuit toute
entière brouillée avec lui. Avec le risque d'être
trouvée malavisée, j'ai maintenu ma position toute une
nuit.
Quand il viendrait, je lui dirais
vivement: «Mon Amour, prends patience. J'ai besoin du
consentement de mon confesseur pour que tu puisses me communiquer ta
souffrance.
Aussi,
s'il te plaît, ne me force pas à opposer ma volonté
à la Tienne.
Sans le consentement de ma volonté
qui ne pliera pas sans le consentement de mon confesseur, tu peux
néanmoins me réduire à l'anéantissement
et me communiquer toutes tes peines, tes chagrins et tes souffrances.
(3)»
Dans cet état de souffrance où
je me trouvais, je croyais que Notre-Seigneur avait donné la
preuve qu'il avait gagné. Mais ce n'était pas ainsi.
Car,
en un instant, quand je fus libérée de toute
souffrance, mon bien-aimé Jésus m'attira à lui
d'une manière qui me fit hésiter.
En conséquence je ne pus
offrir aucune résistance.
Je me suis trouvée liée
à lui si fortement que peu importe comment j'essayais de
m'opposer à lui, il était impossible pour moi de me
dégager.
Puisque je ne suis rien, il aurait
été inutile pour moi de résister ou d'essayer de
triompher dans une bataille avec lui, lui qui est omnipotent et qui
est la Force des forts.
Étant si près de Jésus,
-j'étais
embarrassée par mes nombreuses oppositions à lui,
-et je me suis trouvée
complètement anéantie.
Aussi, dans la honte, je lui ai dit:
«Pardonne-moi, Saint Époux, de t'avoir offert de la
résistance. Ceci n'aurait pas été si
l'obéissance ne m'avait pas forcée.»
Et Jésus, très
tendrement me dit:
«Enfant bien-aimée de
mon Amour, n'aie pas peur que je sois offensé: je ne suis pas
offensé par le geste de ton confesseur qui t'a donné
cette directive. Il exerce son ministère avec délicatesse
et conscience et il doit se servir de moyens et d'artifices pour
s'acquitter de sa responsabilité morale face au mauvais et au
bon.
Retrouve ta paix et vis toujours
abandonnée à moi. Viens à moi!
Aujourd'hui,
c'est le premier jour de l'année (c'était vraiment le
jour de l'an).
Viens, je veux te donner un cadeau.»
Il vint à moi, me serra sur
lui et, pressant ses lèvres contre les miennes, il versa en
moi un liquide, beaucoup plus doux que le lait et, m'embrassant
encore et encore, affectueusement il prit un anneau de son Coeur en
disant:
«Admire
et contemple bien cet anneau que j'ai préparé pour toi,
pour notre mariage, puisque je te marierai dans la foi.
Pour le présent, je t'ordonne
-de continuer de vivre dans cet état
de victime et
-de dire à ton confesseur que
c'est mon désir que tu continues de vivre dans cet état
de souffrance.
Et comme signe que c'est bien moi qui
parle,
sache que la guerre qui est à
un arrêt entre l'Italie et l'Afrique continuera jusqu'au moment
où il te donnera la permission de vivre dans l'état de
victime. À ce moment, je ferai cesser la guerre, pour qu'ils
aient la paix des deux côtés.»
Puis Jésus disparut.
Je
me suis alors sentie comme si j'étais habillée d'un
habit de souffrance qui pénétrait jusqu'à la
moelle de mes os,
tellement je me sentais incapable de
me réanimer moi-même de cet état mortel, sans
l'intervention du confesseur.
Dans ma douleur, je pensais à
ce que j'allais lui dire quand il me trouverait dans cet état
de souffrance majeur contre ses ordres.
Que pouvais-je faire?
Il n'était certainement pas en
mon pouvoir de me réanimer moi-même.
Le liquide laiteux que Jésus
m'avait versé produisait en moi tant d'amour pour lui que,
malgré la douleur, je languissais d'amour.
Cette douceur et cette satiété
que je ressentais me forcèrent à prendre un peu de la
nourriture offerte par ma famille après que le confesseur
m'eut réanimée. Mais cette nourriture refusa absolument
de descendre dans mon estomac.
Il
fut nécessaire que mon confesseur me l'impose au nom de
l'obéissance pour que je l'avale. Cependant je fus
immédiatement forcée de le rendre avec un peu du doux
liquide versé en moi par Jésus.
En le faisant, j'ai senti Jésus
à l'intérieur de moi qui, avec humour, me
dit:
«Ce que j'avais versé en
toi n'était pas assez? N'en étais-tu pas satisfaite?»
Très embarrassée et
remplie de honte, je lui dis:
«Que veux-tu de moi, ô
Jésus?
C'est l'obéissance qui m'a
amenée à rendre aussi ce qui était tien -- qui
était
pourtant si doux et si délicieux.»
Sans autre question, regardant ce qui
était arrivé, mon confesseur se retira en disant: «Je
reviendrai quand j'aurai du temps libre.»
Je ne fus pas seulement indifférente
à cette interférence du confesseur en rapport avec ce
qui se passait entre le Seigneur et moi, mais j'en fus très
ennuyée.
Rapidement, je remerciai mon toujours
aimable Jésus, qui avait permis que mon confesseur ne me pose
aucune question.
Je ne savais vraiment pas ce qui
m'attendait pour le jour suivant. Mon confesseur revint avec un air
renfrogné et, sans me questionner, me traita d'âme
désobéissante.
Et il ajouta:
«Le fait que tu sois tombée
dans une faiblesse mortelle m'amène à croire
-que ce qui t'arrive est une pure
maladie et
-non pas le fruit d'une intervention
surnaturelle.
Si
cela était de Dieu, il ne t'aurait certainement pas laissée
me désobéir,
parce qu'il veut de toi l'obéissance
et ne veut rien qui ne soit fait sans cette belle vertu.
Aussi, plutôt que d'appeler ton
confesseur, désormais tu appelleras les médecins qui,
par leur science, te libéreront de ta maladie nerveuse.»
Quand il eut fini de me rabrouer, je
me suis obligée à lui dire ce qui était arrivé,
et tout ce que le Seigneur m'avait demandé de lui dire.
En
m'entendant, il changea d'idée et m'assura qu'il ne doutait
pas de ce que j'avais dit regardant Jésus, parce que les
paroles à propos de la guerre entre l'Italie et l'Afrique
étaient véridiques.
Il ajouta à propos de la
prétendue paix, si elle arrive sous peu, conséquemment
au fait que tu seras redevenue victime, alors je ne pourrai plus
douter. Si, d'un autre côté, c'était dû à
d'autres causes...
Nous
allons attendre et nous verrons.»
Ainsi il consentit à ce que je
réponde au désir exprimé par mon bon Jésus.
Et il me répéta: «Nous allons attendre et nous
verrons si cette guerre n'augmente pas et si bientôt nous
aurons la paix.»
Quatre
mois plus tard, mon confesseur apprit du journal que la paix
prophétisée par Jésus s'était réalisée.
Quand il me vit, il dit: «Sans
victime d'un côté comme de l'autre, la guerre qui
sévissait entre l'Italie et l'Afrique s'est terminée;
il y a maintenant la paix entre les deux.»
Parce que ce fait avait été
prophétisé et qu'il s'était réalisé,
mon confesseur devint convaincu de l'action de la Divinité
dans ce qui m'arrivait, et il me laissa seule et en paix -- chose
qu'on ne peut obtenir si on résiste à Dieu.
À partir de ce jour, Jésus
ne fit rien d'autre que de me préparer pour le mariage
mystique qu'il m'avait promis (4), me visitant plus souvent -
jusqu'à trois ou quatre fois
par jour quand ça lui plaisait.
Souvent il allait et venait
continuellement.
Il se comportait comme un amoureux
qui ne peut s'empêcher de penser très souvent à
son épouse, ainsi que de l'aimer et la visiter.
Il se révélait à
moi en me disant des choses comme:
«Je t'aime tant que je ne peux
pas rester loin de toi. Je me sens comme non payé de retour
quand je ne te vois pas ou que je ne te parle pas directement et de
tout près.
Je suis porté à penser
que tu es seule et que tu languis d'amour pour moi. Et je viens voir
si tu as besoin de quelque chose.»
Alors il relevait ma tête,
arrangeait mon oreiller, mettait ses Bras autour de mon cou,
m'embrassait et me couvrait de baisers encore et encore.
Comme c'était l'été,
il me soulageait de l'excès de chaleur en me rafraîchissant
d'une légère brise qui émanait de sa douce
Bouche.
Quelquefois, il secouait quelque
chose qu'il avait dans ses Mains ou tapait le drap qui me recouvrait
pour que je sois rafraîchie, et il me demandait vivement:
«Comment
es-tu maintenant? Sûrement que tu te sens mieux, n'est-ce pas?»
Et je lui répondais: «Tu
sais, mon bien-aimé Jésus, quand tu es près de
moi, je me sens mieux de toute manière.»
Après, quand il venait et
qu'il me trouvait toute prostrée et faible
-à
cause de mes souffrances continuelles,
-spécialement la nuit, après
que mon confesseur soit venu,
il m'approchait et, de sa Bouche, il
versait un liquide laiteux dans la mienne.
Il me laissait m'attacher à sa
très sacrée Poitrine, de laquelle il me laissait tirer
des torrents de douceur et de force qui me donnaient un avant-goût
des délices du Paradis.
Quand il me voyait dans l'état
de parfaites délices, il me disait avec son ineffable bonté:
«Je veux être vraiment
ton Tout, me faisant la nourriture réconfortante non seulement
de ton âme, mais aussi de ton corps.» (5)
Que dire de tout ce que
j'expérimentai d'amour céleste à la suite de
tant de grâces inhabituelles paradisiaques? Si je devais dire
tout ce que mon très doux Jésus me communiquait, je
risquerais de devenir ennuyeuse.
À mon confesseur non plus je
ne pouvais pas tout dire, parce que ça aurait pris beaucoup
trop de temps.
Je me limiterai ici à dire
brièvement ce qu'il suffit de savoir pour comprendre un peu
l'état d'une âme qui est en pleine possession de Jésus,
le plus délicieux Époux de l'âme.
Et,
avec toute la véhémence de mon coeur, je veux
m'exclamer en lui disant:
«Ô
Jésus, comme j'ai apprécié toutes tes douces et
délicieuses communications!»
les souffrances qui me sont départies
par mon Jésus sont à la fois amères, douces et
intermittentes, lui-même si rempli d'amertume.
Mais si la douceur et l'amertume
n'étaient pas données simultanément à
l'âme qui est devenue une victime d'amour, d'expiation et de
réparation,
cette
âme ne pourrait tenir bien longtemps sans mourir.
Le corps se désintégrerait
et l'âme irait rapidement rejoindre son Dieu.D'où mes
gémissements et mes plaintes quand je pensais qu'il m'avait
laissée.
Quand il se cachait
occasionnellement, je devenais très souffrante mentalement.Il
me semblait que je ne l'avais pas vu depuis un siècle.
C'est pourquoi je me plaignais alors
en lui disant des choses comme:
«Ô Saint Époux,
comment peux-tu me faire attendre si longtemps après toi? Ne
sais-tu pas que je ne puis survivre sans toi?
Viens et ravive-moi par ta Présence
qui est pour moi, lumière, force et tout.» Un jour, me
sentant rejetée à cause de son absence de seulement
quelques heures, il me semblait qu'il ne m'était pas apparu
depuis plusieurs années.
Aussi, dans ma souffrance, je
pleurais des larmes amères. Alors il m'apparut, me consola, et
sécha mes larmes.
Il m'embrassa et, pendant qu'il me
baisait, il me dit:
«Je ne veux pas que tu pleures.
Tu
vois, je suis avec toi maintenant. Que désires-tu?»
Je répondis:
«Je languis simplement après
toi. Je cesserai de pleurer quand tu me promettras que tu ne me
laisseras plus t'attendre aussi longtemps.
Mon bon Jésus, tu sais comment
je souffre pendant que je t’attend,
spécialement
-quand je t'appelle et que tu
n'arrives pas rapidement
-pour
me consoler, me fortifier et m'encourager par ta douce Présence.»
Jésus reprit: «Oui,
oui, je te plairai.» Et il disparut rapidement.
Un autre jour, je me plaignais encore
et je le suppliais de ne pas me faire attendre si longtemps après
lui. Quand il a vu que je n'arrêtais pas de pleurer, il me dit:
«Maintenant,
je veux vraiment te satisfaire en tout.
Je suis tellement enthousiasmé
par toi que je ne peux qu'accéder à tes désirs.
Si, jusqu'à maintenant, je
t'ai dégagée de ta vie extérieure et me suis
manifesté à toi, maintenant je veux attirer ton âme
à moi.
Ainsi tu pourras me suivre de plus
près, me réjouir, te presser plus intimement sur moi.
Je peux te montrer tout ce qui n'a pas été fait avec
toi dans le passé.»
Trois mois passèrent pendant
lesquels je demeurai victime permanente dans mon lit, où je
recevais
non seulement les peines et les
souffrances que Jésus me communiquait,
mais aussi sa Douceur.
Un matin, Jésus vint à
moi comme un aimable et très charmant jeune homme d'à
peu près dix-huit ans.
Ses Cheveux couleur or étaient
bouclés et descendaient de chaque côté de son
Front.
Il semblait que ses Boucles tissaient
les pensées de son Esprit jointes aux affections de son Coeur.
Sur son Front, serein et large, on
pouvait voir, comme à travers un cristal très clair,
-son Esprit,
-où sa Sagesse infinie régnait
dans un ordre et une paix célestes.
Mon esprit devint clair et mon coeur
tranquille à la vue de ce très charmant Jésus.
L'effet fut tel et mes passions si réprimées que je ne
ressentais pas le moindre trouble.
Puisque
mon âme expérimenta un si grand sentiment de paix à
seulement le voir, qu'est-ce que j'expérimenterais si je
pouvais posséder sa Divinité?
Je crois que Jésus ne pourrait
pas se manifester dans une si grande beauté à une âme
qui ne jouirait pas d'un calme parfait et d'une profonde humilité.
Il se retirerait au moindre trouble
de l'âme.
D'un autre côté, si une
âme ressentait une paix et un calme tels qu'elle ne serait pas
troublée par un désastre et une guerre féroce
autour d'elle, alors
non seulement Jésus se
laisserait voir par elle,
mais il goûterait un doux repos
en elle,
un repos que ne pourrait lui procurer
une âme troublée.
Sous l'aspect où Jésus
se montrait à moi,
je
ne cessais de le regarder et de l'admirer, et je me disais en
moi-même:
«Oh! comme ils sont beaux ses
Yeux si purs,
qui brillent d'une lumière
plus claire que le soleil.»
Contrairement à la lumière
du soleil, cependant, la lumière des Yeux de Jésus ne
blessait pas ma vue. Et je pouvais fixer mon regard sur cette
splendeur sans aucune fatigue.
Bien
au contraire, mes yeux en recevaient plus de force.
On ne peut quitter des yeux ce
mystérieux miracle de beauté qu'est le bleu foncé
des Pupilles de Jésus.
Un
Regard venant de Jésus est suffisant
-pour
être transporté hors de soi-même et
-pour faire parcourir les vallées,
les plaines, les montagnes, les cieux ou les plus profonds abîmes
de la terre pour le trouver.
Un Regard de Jésus est
suffisant
-pour transformer l'âme en lui,
et
-faire
ressentir je ne sais quoi de sa Divinité. Plusieurs fois, cela
m'a fait m'exclamer:
«Ô mon très beau
Jésus, ô mon Tout,
qu'est-ce que ce sera de jouir de ta
vision béatifique sans le mélange de la souffrance,
toi
qui, dans les quelques minutes où tu m'es apparu, as donné
tant de paix à
mon âme,
toi pour qui on peut endurer des
torrents de souffrances, le martyre ou des épreuves humiliantes;
toi qui es habité par un
mélange de peine et de plaisir dans une parfaite
tranquillité d'esprit!»
Qui pourrait dire toute la beauté
que dégage son adorable Visage.
Son aspect est comme de la neige
teintée de la couleur de très belles roses. Il
transpire une noblesse majestueuse et divine.
Son apparence invite à la
crainte et à la révérence, et aussi à la
confiance. Son apparence est
-comme le blanc comparé au
noir,
-comme la douceur comparée à
l'amertume.
La
confiance que pourrait inspirer une créature est une ombre
comparativement au brillant soleil qu'est la confiance inspirée
par Jésus.
Oh!
oui!
la confiance que Jésus inspire
à l'âme transparaît sur sa sainte Figure, si
majestueuse, si aimable.
Et
l'Amour qu'il dégage attire l'âme d'une manière
qui ne lui laisse aucun doute quant à l'accueil qu'il lui
offre.
Jésus
ne méprise pas une créature qui,
-attirée par la brûlante
flamme de son Amour,
-veut retourner dans ses Bras, peu
importe sa laideur ou son état de péché.
Que dire maintenant des traits de sa
figure?
Son Nez très gracieux descend
harmonieusement de ses blonds Sourcils. Sa Bouche, quoique petite,
affiche un doux sourire.
Ses Lèvres, de couleur
écarlate, sont fines, douces et aimantes.
Quand
elles s'ouvrent pour parler, elles donnent l'impression que quelque
chose de précieux, de céleste, va être prononcé.
Sa Voix exprime la douceur et les
harmoniques du Paradis, aptes à enchanter les coeurs les plus
récalcitrants.
La
Voix de mon Bien-Aimé pénètre avec tant de
douceur
-qu'elle touche chaque fibre du coeur
de quiconque l'entend, et et en moins de temps qu'il ne faut pour le
dire
elle ravit l'âme par ses
accents chauds et stimulants.
Elle est si plaisante que tous les
plaisirs du monde sont néant, comparés à un seul
mot sortant de sa Bouche.
Tous
les plaisirs du monde ne sont que simulacres, comparés à
sa douce Voix. Elle est efficace et produit de grandes merveilles.
Quand Jésus parle, il produit
l'effet qu'il veut dans l'âme.
Oh! oui! la Bouche de Jésus
est radieuse.
Elle est d'une beauté
souveraine quand il parle.
Alors peuvent être vues ses
dents propres et bien proportionnées.
Aux
coeurs qui l'écoutent avec affection, Jésus envoie du
Ciel un souffle d'Amour palpitant, qui darde, enflamme et consume.
Plus belles encore sont ses Mains
douces, blanches et délicates.
Ses Doigts, clairs et transparents,
bougent avec dextérité et sont un véritable
enchantement à voir quand ils touchent quelque chose.
«Oh! comme tu es beau,
totalement beau, mon doux et gracieux Jésus! Pardonne-moi de
si pauvrement parler de ta beauté.
Ce que j'ai dit n'est rien comparé
à la réalité.
D'une manière gaffeuse, j'ai
essayé de décrire ta beauté, que même tes
anges sont indignes et incapables de décrire adéquatement.
C'est
par la sainte obéissance que, de mon mieux, je l'ai fait. Si
ma description n'a pas ton approbation, pardonne-moi.
Blâme en premier lieu
l'obéissance, parce que mes faibles essais ne font pas justice
à ta beauté, j'en suis bien consciente.»
Si ce n'eut été d'un
ordre explicite donné en vertu de l'obéissance, je
n'aurais sûrement jamais consenti à mettre sur papier,
-dans l'humiliation-,
les étranges épisodes
de ma vie qui,
de jour en jour devenaient moins
exceptionnels.
Sans doute, pour quelques personnes,
ils sembleront bizarres.
Je n'ai pas le choix.
Je
dirai que mon bien-aimé Jésus,
après s'être montré
à moi de la manière que j'ai précédemment
si gauchement
décrite-, souffla de sa bouche une fragrance céleste
qui m'envahit dans mon corps et mon âme.
À la suite de ce souffle, en
moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il me prit avec lui.
Il fit sortir mon âme de toutes
les parties de mon corps.
Il
me donna un corps d'une forme très simple, resplendissant de
pure lumière. Je pris rapidement mon envol avec lui, et nous
avons parcouru l'immensité des cieux.
Puisque
c'était la première fois que j'expérimentais ce
merveilleux phénomène, j'ai pensé: «Vraiment
le Seigneur est venu pour me prendre et certainement je vais mourir.»
Quand
je me suis trouvée hors de mon corps,
-les sensations que mon âme
ressentaient étaient les mêmes que je ressentais quand
j'étais dans mon corps,
avec la différence que, quand
l'âme est unie au corps, elle perçoit chaque sensation à
travers les sens et les transmet aux puissances du corps.
Dans l'autre situation, l'âme
reçoit toutes les sensations directement. Elle comprend
instantanément tout ce qu'elle traverse
Elle
pénètre même les choses les plus cachées
et imperceptibles -- de près ou de loin -- mais uniquement
dans la Volonté de Dieu.
La première chose que mon âme
ressentit quand elle quitta mon corps, fut de trembler de peur en
suivant l'envol de mon bien-aimé Jésus,
qui
me tirait continuellement derrière lui à l'aide d'une
brise céleste.
Il me disait: «Puisque tu as
expérimenté de grandes souffrances quand tu étais
privée de ma Présence visuelle pendant une heure ou à
peu près, maintenant vole avec moi.
Je veux te consoler et te griser de
mon Amour.»
Oh!
comme il était bon pour mon âme d'être en
suspension dans la voûte des cieux en compagnie de Jésus!
Il me semblait que j'étais
appuyée sur lui et qu'il me tenait pour que je ne sois pas
trop loin derrière lui.
Quoiqu'il me précédait,
j'étais attachée à lui d'une manière
ferme afin de pouvoir le suivre -- lui penché vers moi et moi
vers lui --, pendant qu'il me soutenait et me tirait par son doux
souffle. En somme, j'ai intérieurement une bonne
représentation de ce qui est arrivé, mais je n'ai pas
les mots avec lesquels le décrire.
Après avoir fait ces rondes
dans l'immensité des cieux, mon bien-aimé Jésus,
qui trouve ses délices dans la compagnie des hommes,
m'amena
à un endroit où étaient concentrées les
iniquités et les infamies des hommes.
Oh! comme il était devenu
changé, l'aspect de mon bien-aimé Jésus.
Quelle amertume submergeait son Coeur
sensible! Avec une clarté que je n'avais jamais expérimentée
auparavant, je l'ai vu souffrir de terribles tortures. Son Coeur
adorable m'apparut comme celui d'un homme mourant,
expirant
dans une terreur extrême.
Le
voyant dans ce pénible état, je lui ai dit:
«Mon adorable Jésus,
comme tu as changé! Tu es comme un mourant. Appuie-toi sur moi
et permets-moi de participer à ta souffrance.
Mon coeur défaille de te voir
tant souffrir.»
Là-dessus, retrouvant un peu
son souffle,
Jésus me dit:
«Oui, ma bien-aimée,
libre à toi de m'aimer. Je ne peux pas tenir plus longtemps.»
Me disant cela, il me pressa plus
intimement sur lui, et plaçant ses Lèvres sur ma
bouche,il versa en moi une amertume foudroyante:
je me suis sentie comme transpercée
par plusieurs couteaux, fers de lances, flèches, dards et
dagues qui, une à une, pénétraient dans mon âme.
Pendant que j'étais plongée
dans cette souffrance extrême, mon bien-aimé Jésus
ramena mon âme dans mon corps et disparut.
Qui pourrait décrire le
terrible supplice qui s'empara alors de mon corps! Seul Jésus
pourrait faire cette description, lui qui, chaque fois qu'il me
communiquait des souffrances, les adoucissait par la suite. Les gens
sur la terre, non seulement ne peuvent ressentir de telles
souffrances, mais ne peuvent même pas imaginer leur profondeur.
En
analysant l'histoire de mon âme
cette âme pauvre et misérable
qui a bien des fois imité son bien-aimé Jésus -
on pourrait croire que la mort se moquait de moi.
Quoique je n'étais alors pas
digne de mourir, je savais que la mort viendrait bientôt. Elle
viendra en son temps, et elle ne se moquera plus de moi.
Ce sera plutôt moi qui la
ridiculiserai en lui disant:
«J'ai badiné bien des
fois avec toi; je t'ai effleurée au moins cent mille fois. Je
n’ai plus qu'égalisé le compte avec toi!»
Je
dis cela car, à bien des occasions, j'aurais quitté ce
monde si ce n'eut été de Jésus, qui, -après
avoir communiqué directement d'atroces souffrances à
mon âme,
me
réanimait
-en m'attirant près de son
Coeur qui est vie pour moi, ou
-en me prenant dans ses Bras qui sont
force pour moi, ou
-en versant de sa Bouche en moi un
très doux élixir.
Et puisque les souffrances
communiquées directement à mon âme sont plus
terribles que celles communiquées à mon corps, je
serais sûrement morte bien des fois si ce n'eut été
de ce merveilleux Jésus.
Quand Jésus voyait que
j'arrivais à mes limites, c'est-à-dire que je ne
pouvais plus porter «naturellement» mes souffrances, il
m'aidait pour ne pas que je succombe.
Parfois il le faisait directement
(6), parfois il inspirait à mon confesseur de me réanimer
plus rapidement. Dans ce cas, mes souffrances, vécues à
travers l'obéissance, étaient quelque peu soulagées,
mais pas autant que quand Jésus opérait directement.
Jésus voulait me communiquer
des souffrances extrêmes.
Il faisait sortir mon âme de
mon corps, la prenait avec lui, et me laissait voir les nombreux
péchés commis par les blasphèmes contre la
Charité, ou autres péchés.
À mon point de vue, d'après
les effets ressentis en moi,
je peux affirmer sans crainte de me
tromper que le péché de malhonnêteté
est
celui
-qui offense le plus le Coeur de
Jésus,
-qui
le rend le plus amer.
Une fois, par exemple, alors que
Jésus versait une petite part de son amertume en moi,
j'ai ressenti que j'avalais quelque
chose
-de nauséabond,
-de
purulent et
-d'amère,
qui pénétrait dans mon
ventre et me donnait une haleine répugnante.
J'aurais perdu connaissance si je
n'avais pas rapidement pris quelque nourriture pour me faire vomir
cette matière purulente.
On
pourrait croire que cela m'arrivait seulement quand Jésus me
faisait voir les méchancetés commises par ceux que l'on
considère comme de grands pécheurs.
Mais
mon aimable Jésus m'attirait d'une manière particulière
dans des églises
où on l'offensait.
On y blessait son Coeur par des
choses saintes en soi, mais contrefaites: par exemple
-des prières vides faites par
des personnes feignant la piété,
-ou encore la pratique de dévotions
hypocrites.
Les personnes concernées
semblaient procurer à mon Jésus plus d'affronts que
d'honneur.
Oui,
ces actes mal accomplis donnaient des nausées à ce
Coeur si saint, si pur et si droit. Plusieurs fois il m'exprima sa
souffrance en me disant:
«Mon enfant, vois les offenses
et les insultes que me font,
-même dans des endroits saints,
certaines personnes que l'on dit dévotes. Ces personnes sont
stériles, même quand elles reçoivent les
sacrements. Elles sortent de l'église ternies plutôt que
purifiées
Elles ne sont pas bénies par
moi.»
Il me montrait aussi des
personnes faisant des communions sacrilèges.
Par exemple, un prêtre
célébrant le Saint Sacrifice de la messe
par habitude,
dans un intérêt matériel
et
en état de péché
mortel (je tremble en mentionnant cela).
Parfois, Jésus me montrait des
scènes si blessantes pour son Coeur qu'elles le faisaient
presque tomber en agonie.
Par exemple, quand ce prêtre
consomma la Victime, Jésus fut forcé de quitter
rapidement son coeur tout sali par les misères spirituelles.
Et au moment où, par les
paroles puissantes de la consécration,
-Jésus
allait être appelé à descendre du Ciel pour
s'incarner dans l'hostie,
il était dégoûté
par l'hostie non encore consacrée,
parce qu'elle était tenue par
des mains impures et sacrilèges.
Cependant, sans broncher, par
l'autorité qui lui était donnée par Dieu, ce
prêtre faisait descendre Jésus dans l'hostie.
Pour
ne pas manquer à sa promesse, Jésus s'incarnait dans
cette hostie
-qui, au préalable, suintait
la pourriture de l'impureté, et
-qui, par la suite, dégouttait
du Sang provoqué par un déicide.
Comme il faisait pitié l'état
sacramentel dans lequel Jésus m'apparut alors. Il semblait
vouloir fuir ces mains indignes.
Mais, de par sa promesse, il était
forcé de rester
-jusqu'à ce que la forme du
pain et du vin soit consommée par un estomac
-qui, dans le cas présent,
était pour lui plus nauséabond encore que les mains
indignes
qui l'avaient touché plusieurs
fois auparavant.
Quand la sainte hostie fut ainsi
consommée, Jésus vint à moi en se lamentant:
«Oh! mon enfant, laisse-moi
verser une partie de mon amertume en toi. Je ne peux pas la retenir
plus longtemps.
Aie pitié de ma condition qui
est devenue trop douloureuse! Prends patience, et souffrons un peu
ensemble.»
Je lui répondis:
«Seigneur, je suis prête
à souffrir avec toi. Oui, si la capacité m'était
donnée de prendre toute ton amertume, je le ferais volontiers,
de telle manière que je ne te vois pas souffrir.»
Jésus alors versa de sa Bouche
dans la mienne la part d'amertume que je pouvais porter, et me dit:
«Mon
enfant, ce que j'ai versé en toi n'est rien, mais c'est tout
ce que tu peux recevoir.
Comme je désirerais que
beaucoup d'autres âmes soient disposées à faire
le même sacrifice que toi par amour pour moi!
Ce n'est pas que je ne peux verser en
eux toute l'amertume que contient mon Cœur.
C'est pour que je puisse goûter
l'amour réciproque et bienveillant de mes enfants.»
Les mots ne peuvent pas exprimer
l'amertume que Jésus versa en moi
empoisonnée,
nauséabonde et
soulevant le coeur par
sa putréfaction.
Même si je faisais tout pour la
garder, mon estomac refusait de l'accepter. Une forte impulsion la
faisait remonter à ma gorge.
Mais à cause de mon amour pour
Jésus, et avec le soutien de sa grâce, je ne l'ai pas
rejetée.
Qui pourrait décrire les
souffrances qu'entraînaient en moi ces épanchements avec
Jésus! Ils furent si nombreux que si je n'avais pas été
soutenue, fortifiée et revigorée par lui, j'aurais
sûrement été victime de la mort bien des fois.
Jésus versait en moi seulement
une petite portion de l'amertume qu'il portait.
Une
créature ne peut normalement pas porter autant d'amertume ou
de douceur comme mon très aimable Jésus en versait
parfois en moi.
Lui seul porte et tolère
l'amertume causée par le péché. J'ai toujours eu
cette opinion: le péché est laid et destructif!
Si toutes les créatures
ressentaient et reconnaissaient l'effet empoisonné et amer du
péché, elles éviteraient le péché
comme s'il était un monstre horrible émergeant de
l'enfer!
L'obéissance me fit décrire
certaines scènes pénibles que mon toujours aimable
Jésus me faisait vivre pour que je puisse participer à
ses souffrances.
Ainsi je ne peux pas passer sous
silence qu'il me fit aussi voir des scènes consolantes qui
séduisaient mon coeur.
De temps à autre, il me
permettait de voir de bons et saints prêtres qui, avec ferveur
et humilité, célébraient les mystères de
la foi.
Quand je voyais ces scènes,
j'étais très souvent inspirée de dire à
mon bien- aimé Jésus avec mon coeur tout rempli
d'affection:
«Comme
il est élevé, grand, excellent et sublime le ministère
du prêtre auquel est donnée cette noble dignité
-de
non seulement s'affairer autour de toi,
-mais de t'immoler à ton Père
Éternel
comme Victime de Réconciliation,
d'Amour et de Paix.»
J'étais consolée quand
je regardais seule, ou aux côtés de Jésus, un
saint prêtre célébrer la messe. Avec Jésus
en lui, le célébrant me paraissait comme un homme
transformé.
Il m'apparaissait même comme si
ce fut Jésus lui-même qui célébrait le
Sacrifice divin à sa place.
Il
était extrêmement exaltant
-d'entendre Jésus réciter
les prières de la messe avec autant d'onction,
-de le voir bouger et exécuter
la sainte cérémonie avec autant de dignité.
Ceci éveillait en moi une
grande admiration pour un ministère aussi haut et aussi saint.
Je
ne sais pas combien de grâces j'ai reçues quand je
voyais la messe célébrée avec autant d'attention
et de dévotion.
Combien d'autres divines
illuminations j'ai eues et que je préférerais passer
sous silence.
Mais puisque l'obéissance me
le commande et que, lorsque j'écris, Jésus me
réprimande souvent pour ma paresse ou parce que je veux
omettre des choses, je vais m'exécuter.
En mettant toute ma confiance en lui,
je veux lui dire:
«Quelle patience on doit avoir
avec toi mon bon Jésus. Je vais te satisfaire, mon doux Amour.
Mais
parce que je me sens indigne et inhabile pour parler de mystères
aussi profonds, sublimes et exaltants, je le ferai en comptant
beaucoup sur l'aide de ta divine grâce.»
Pendant que j'assistais attentivement
au Sacrifice Divin,
Jésus me fit comprendre que la
messe recouvre tous les mystères de notre religion.
Elle parle silencieusement au cœur,
de l'Amour infini de Dieu.
Elle nous parle aussi de notre
Rédemption en nous faisant nous souvenir des souffrances que
Jésus supporta pour nous.
La messe nous fait comprendre que,
non satisfait d'être mort une fois sur la Croix pour nous,
Jésus veut,
-dans
son immense Amour,
-se diffuser en nous et perpétuer
son État de Victime à travers la Sainte Eucharistie.
Jésus me fit aussi
comprendre que
la Messe et la
Sainte Eucharistie
-sont un rappel perpétuel de
sa Mort et de sa Résurrection,
-qu'ils nous donnent le remède
parfait pour notre vie mortelle et
-qu'ils nous disent que nos corps,
qui
seront désintégrés et réduits en cendre
par la mort, ressusciteront pour la vie éternelle au dernier
jour.
Pour
les bons, ce sera pour la gloire.
Pour les méchants, ce seront
les tourments.
Ceux qui n'ont pas vécu avec
le Christ ne ressusciteront pas en lui.
Les bons qui ont été
intimes avec lui pendant leur vie, auront une résurrection
similaire à la sienne.
Il
me fit bien comprendre que la chose la plus consolante du Saint
Sacrifice de la messe est Jésus vu dans sa Résurrection.
Cela est supérieur à
n'importe quel autre mystère de notre sainte religion.
Au même titre que sa
Passion et sa Mort, sa
Résurrection est renouvelé mystiquement sur nos
autels quand la Messe est célébrée.
Sous
le voile du pain sacramentel,
Jésus
se donne lui-même aux communiants pour être leur
compagnon au long du pèlerinage de leur vie mortelle.
Par le moyen de la grâce
provenant du Sein de la Sainte Trinité,
il donne la vie qui dure toujours à
ceux qui participent, corps et âme, au sacrement de
l'Eucharistie.
Ces
mystères sont si profonds que nous ne pourrons les
comprendre entièrement que dans notre vie immortelle.
Cependant, dès maintenant,
dans le sacrement, Jésus nous donne de plusieurs manières
-- presque tangiblement -- un avant-goût de ce qu'il nous
donnera dans le Ciel.
La
messe nous dispose à la méditation sur
-la Vie,
-la Passion,
-la Mort et
-la Résurrection de Jésus.
L'Humanité du Christ,
-à travers les vicissitudes de
sa Vie terrestre,
-s'est réalisée en
trente-trois années.
Mais, dans la messe,
-mystiquement et
-dans une brève période
de temps,
elle est renouvelée dans
l'état d'anéantissement des espèces
sacramentelles.
Ces espèces contiennent
Jésus dans l'état de Victime
de Paix et
d'Amour propitiatoire,
jusqu'au moment où elles sont
consommées par un humain.
Après cette consommation,
-la présence sacramentelle de
Jésus n'existe plus dans le coeur:. Jésus retourne dans
le Sein de son Père,
exactement comme il le fit quand il
ressuscita des morts.
Dans le sacrement de l'Eucharistie,
Jésus
nous rappelle que notre corps ressuscitera dans la gloire.
Tout comme Jésus retourne dans
le Sein du Père quand cesse sa présence sacramentelle,
ainsi
passerons-nous à notre
résidence éternelle dans le Sein du Père quand
nous cesserons d'exister à travers notre vie terrestre
présente.
Notre corps, -à l'instar de la
présence sacramentelle de Jésus après la
consommation de l'hostie, -semblera ne plus exister.
Mais, au jour de la Résurrection
universelle,
-par un très grand miracle de
la Toute-Puissance divine,
-il reprendra vie et,
-uni
à notre âme, il jouira de la béatitude éternelle
de Dieu.
D'autres, au contraire, s'en iront
loin de Dieu pour souffrir d'atroces et éternels tourments.
Le Sacrifice de la messe produit
des effets merveilleux, limpides et lumineux.
Pourquoi
donc les chrétiens en profitent-ils si peu? Pour l'âme
qui aime Dieu,
peut-il y avoir quelque chose de plus
consolant et de plus bénéfique?
Le sacrement
-nourrit l'âme pour qu'elle
soit digne du Ciel, et
-il
donne au corps le privilège d'être béatifié
dans l'éternelle Volonté de Dieu.
En ce grand jour de la
résurrection des corps,
-un grand événement
surnaturel se déroulera,
-comparable à ce qui se passe
au moment où,
après que nous ayons contemplé
le ciel étoilé et que le soleil apparaît,
celui-ci absorbe la lumière
des étoiles.
Mais, même si elles
disparaissent du regard de l'observateur, les étoiles gardent
leur lumière et restent à leur place.
Semblables à des étoiles,
les âmes,
-réunies pour le jugement
universel dans la Vallée de Josaphat,
-seront capables de voir les autres
âmes.
La lumière acquise et
communiquée par
-le Très Saint Sacrifice et
-le sacrement d'Amour
sera visible dans chaque âme.
Mais quand Jésus, le Soleil de
Justice, se présentera,
-il absorbera en lui toutes les âmes
saintes. Il leur permettra de toujours exister,
pour nager dans les immenses mers des
attributs divins.
Et
qu'adviendra-t-il des âmes privées de cette Lumière
divine?
Si je voulais répondre à
cette question, je pourrais écrire bien longtemps. Si le
Seigneur le veut, je réserverai cette question pour une
autre occasion.
Jésus me fit comprendre
-que les corps qui seront réunis
à leur âme resplendissante de lumière, seront
éternellement unis à Dieu.
Mais les âmes qui n'auront pas
de lumière
parce
qu'elles ne voulaient pas participer au Saint Sacrifice et au
sacrement d'Amour, seront jetées dans les profondeurs des
ténèbres.
Et, à cause de leur
ingratitude volontairement commise contre le Grand Donateur, elles
deviendront des esclaves de Lucifer, le prince des ténèbres.
Elles seront éternellement tourmentées par de
terrifiants remords.
À la suite des nombreuses
grâces que Jésus m'accordait sans cesse,
j'étais
imbue du saint désir d'être toujours unie à lui,
y compris quand mon âme sortait
de mon corps et
que Jésus me donnait de
grandes douleurs à souffrir pour ceux qui
manquent d'appréciation
pour le Saint Sacrifice de la
messe et
pour le sacrement d'Amour.
Quant à Jésus, il me
rappelait souvent sa douce promesse
que j'ai déjà
mentionnée à propos du mariage mystique qu'il
voulait conclure avec moi.
Et
je le priais souvent en ce sens en disant:
«Ô très doux
Époux, hâte-toi et ne retarde pas mon union intime avec
toi. Ne vois-tu pas que je ne peux plus attendre?
Que nous nous unissions par des liens
indissolubles d'amour afin que personne ne puisse nous séparer,
ne fût-ce que pour un instant!»
Jésus, qui entretenait
en moi le brûlant désir de ce mariage mystique, me
dit:
«Tout ce qui est de la terre
doit être rejeté. Tout! Tout!
Et pas seulement de ton coeur,
mais aussi de ton corps.
Tu
ne sais pas comment peut être nuisible la moindre ombre de la
terre. C'est un fort empêchement à mon Amour.
À ces paroles, je devins
audacieuse et je lui dis vivement:
«Mon Seigneur, il semble que
j'ai encore quelque chose à enlever de moi- même, avant
que je te sois complètement agréable?
Pourquoi ne pas me dire ce que c'est?
Tu
sais que je suis prête à faire tout ce que tu veux.»
Comme je disais cela, je reçus
un rayon de lumière de Jésus
par lequel je devins consciente qu'il
voulait parler de l'anneau d'or avec son image de crucifié
dessus que je portais à mon doigt.
Vivement je lui dis:
«Ô Saint Époux, je
suis disposée à l'enlever de mon doigt, si tu le
désires.»
Il
dit:
«Sache que je te donnerai un
anneau plus précieux et plus beau, sur lequel mon Image sera
gravée.
Il sera vivant, de telle sorte que
chaque fois que tu le regarderas, de nouvelles flèches d'amour
pénétreront dans ton coeur.
Ton anneau n'est plus nécessaire
maintenant.»
Sur ce,
-plus satisfaite que jamais, et
-parce que je ne ressentais aucune
passion pour l'anneau, rapidement je l'enlevai de mon doigt
en disant:
«Saint Époux, maintenant
que je t'ai plu,
-dis-moi s'il y a encore quelque
chose en moi
-qui pourrait être un
empêchement à notre éternelle et indissoluble
union.»
Après avoir attendu un très
long moment rempli
-de préparations soignées
et
-de
consolations élevées, sans souffrance,
le jour tant désiré de
mon union mystique avec Jésus, l'Époux bien-aimé
de mon âme, se présenta enfin.
Comme je m'en souviens très
bien, c'était à quelques jours de la vigile de la fête
de la Pureté de la Sainte Vierge. (7)
La
nuit précédente, mon aimable Jésus était
tout particulièrement affectueux et dans la jubilation.
Il parlait avec plus d'intimité
qu'à l'accoutumée.
Il prit mon coeur dans ses Mains et
il le regarda encore et encore. Après l'avoir très bien
examiné, il l'épousseta et le replaça.
Alors il apporta une robe d'une
grande beauté, qui semblait être faite d'or fin tacheté
de différentes couleurs. Je la mis.
Il prit deux bijoux précieux,
des pendants d'oreilles, et il les plaça à mes
oreilles. Il orna mon cou et mes poignets d'un collier et de
bracelets faits de bijoux précieux.
Il plaça sur ma tête une
magnifique couronne, couverte de resplendissants bijoux.
Plus tard,
il me sembla que les joyaux
produisaient un son si beau semblaient parler
-de la Beauté, de la
Puissance, de la Bonté,
-de la Charité et de Majesté
de Dieu,
-ainsi
que de toutes les vertus de l'Humanité de Jésus, mon
Époux.
Il serait impossible de décrire
ce que j'entendis
pendant que mon âme nageait
dans une mer de consolations.
Comme il mettait un bandeau autour de
mon front, il me dit:
«Très douce épouse,
cette couronne qui orne ta tête t'est donnée par moi
afin que rien ne manque pour te rendre digne d'être mon épouse.
Tu me la retourneras après
notre mariage.
Je
te la redonnerai dans le Ciel, après ta mort.»
En dernier lieu, Jésus apporta
un voile avec lequel il me couvrit de la tête aux pieds.
Dans cette précieuse tenue,
-je
devins profondément pensive,
-méditant sur la pauvreté
de ma personne et sur la signification de chaque ornement dont il
m'avait parée la nuit précédant notre mariage
mystique.
Je peux dire que jamais dans ma vie
je ne m'étais sentie dans une si extravagante situation.
Cela me fit ressentir le grand
fardeau que Dieu peut donner à une créature considérée
comme une amoureuse de lui.
Oh!
quelle sensation vraiment étrange habita mon esprit.
Plutôt que de ressentir la
sublimité de ce que Jésus venait d'opérer sur ma
personne, je ressentais tout l'opposé.
Je me suis sentie anéantie
d'une manière qui me faisait croire
-que j'étais hors de mon être,
et
-que j'étais morte.
Mais, dans cet état
d'anéantissement, j'eus recours à mon bien-aimé
Jésus.
Dans
ma grande confusion,
je n'arrivais pas à croire que
c'était Dieu qui avait paré la plus petite de ses
servantes avec autant et de si précieux joyaux.
Il me semblait inconvenant
-que non seulement il m'ait fourni
une telle tenue,
-mais qu'encore et plus que tout,
un
Dieu ait agi comme serviteur de l'épouse qu'il a choisie, un
Dieu à qui toute créature obéit au moindre de
ses signes. Ainsi je le suppliai d'avoir pitié de moi et
de me pardonner.
Pour
ce qui est de la signification des diverses parties de ma tenue,
chacune considérée séparément,je les
passe sous silence, puisque je me souviens très peu de cela
maintenant, après tant d'années.
Je dis seulement que le voile que
Jésus posa sur ma tête et qui descendait jusqu'à
mes pieds terrifia les démons qui faisaient le guet pour voir
ce que Jésus faisait sur ma personne.
Mais aussitôt qu'ils me virent
vêtue de cette manière,
-ils
étaient si effrayés et terrifiés qu'ils
n'osèrent pas s'approcher de moi ou me molester.
-Ils avaient perdu toute leur audace
et leur témérité.
Je répète ici mon
refrain habituel en disant que je trouve difficile de mettre sur
papier ce qui se passa entre Jésus et moi. J'arrive à
vaincre ma timidité seulement parce que je veux être
obéissante.
Je résumerai ma narration en
disant
-qu'en la vigile de la fête de
la Pureté de la Très Sainte Vierge Marie,
-moi, pauvre personne, j'étais
attirée par mon aimable Jésus, qui terrifiait
totalement les démons.
Ils fuirent, et les anges de Dieu
vinrent avec d'inhabituelles vénérations pour moi,
ce qui me fit rougir comme si j'avais
commis quelque chose de mal ou de méprisable.
Ils vinrent près de moi et me
tinrent compagnie jusqu'à ce que mon aimable Jésus
fût revenu.
Le
matin suivant,
Jésus, dans toute sa
Majesté et avec un Charme et une Douceur inhabituels, vint à
moi,
en compagnie de la Très
Sainte Vierge Marie et de sainte Catherine (8).
Jésus demanda aux anges de
chanter une hymne céleste et belle. Pendant qu'ils chantaient,
sainte Catherine m'encourageait tendrement.
Elle prit ma main pour que Jésus
puisse placer un précieux anneau de mariage à mon
doigt.
Et, dans une ineffable bonté,
Jésus m'étreignit et me baisa plusieurs fois. Ceci fut
aussi fait par ma Mère, la Très Sainte Vierge Marie.
Je fus témoin d'un céleste
entretien dans lequel Jésus parlait de l'attirance amoureuse
qu'il avait pour moi.
De mon côté, plongée
dans une grande confusion à cause de la nullité de mon
amour pour lui, je lui dis: «Jésus, je t'aime! je
t'aime! Tu sais combien je t'aime!»
La Sainte Vierge m'entretint sur la
grâce extraordinaire que Jésus, mon aimable Époux,
m'accordait et elle m'exhorta à
lui rendre un tendre amour réciproque.
Jésus, mon Époux, me
donna de nouvelles règles de vie
pour
que je puisse vivre plus intimement unie à lui et le suivre de
plus près.
Pour moi, ces règles ne sont
pas faciles à expliquer techniquement.
Dans leur essentiel et dans leur
pratique quotidienne, par la grâce de Dieu, je ne les ai jamais
transgressées.
Les
voici:
Je
dois avoir un total détachement pour tout le créé,
m'incluant moi- même. Je dois vivre dans un parfait
oubli de toute chose, pour que mon intérieur ne soit fixé
que sur Jésus.
Et je dois faire cela avec un vivant
et palpitant amour pour lui,
afin que,
réjoui de mes actions,
il
puisse trouver dans mon coeur une résidence permanente.
Il m'a dit qu'à l'exception de
lui, je ne dois jamais m'attacher à personne -- pas même
à moi-même.
Mes souvenirs sur tout et sur toute
chose ne doivent être éveillés qu'en lui, puisque
toutes les créatures ne se trouvent qu'en lui.
Pour
y parvenir, il est nécessaire
-de toujours agir dans une sainte
indifférence et
-de faire abstraction de tout ce qui
se passe autour de soi.
Je
dois toujours agir dans la rectitude et la simplicité
quoiqu'il m'arrive provenant des créatures.
Quand,
occasionnellement,
je ne mettais pas ces choses
en pratique,
mon doux Jésus me réprimandait
sévèrement en me disant:
«Si tu n'en viens pas à
un détachement à la fois effectif et affectif, tu ne
seras pas complètement investie de ma Lumière.
Si, au contraire, tu te dépouilles
de toute chose de la terre, tu deviendras comme un cristal
transparent
qui permet à la plénitude
de la lumière de passer à travers lui. De cette
manière, ma Divinité, qui est Lumière, te
pénétrera.»
Je
dois être détachée de moi-même et vivre
uniquement et complètement en Jésus.
Je
dois être prudente en me revêtant d'un véritable
esprit de foi.
Par cet esprit de foi, je pourrai
obtenir les moyens
-de me connaître et de me
méfier de moi-même,
-de reconnaître que, par
moi-même, je suis bonne à rien,
-d'acquérir les moyens de
mieux connaître Jésus, et
-d'avoir une plus grande confiance en
lui.
Il me dit aussi:
«Tu sortiras hors de toi-même
et tu plongeras dans l'immense mer de ma Providence, après que
tu auras appris à te connaître et à me connaître.
Ma petite épouse, parce que je
suis jaloux, je ne te permettrai pas de prendre le plus petit plaisir
ailleurs. Tu dois toujours te tenir près de ton Époux,
devant lui, pour qu'il ne puisse pas douter de toi.
Ainsi tu me donneras une domination
absolue sur toi, de telle manière que si je veux
te caresser ou t'étreindre, ou
te remplir de charismes, de baisers ou d'amour
ou même te battre, te faire de
la peine, t'infliger des punitions je le pourrai.
Par amour pour moi, et dans une
pleine liberté, tu te soumettras à tout ce que je crois
nécessaire, puisque nous avons en commun nos peines et nos
joies.
Pour aucune autre raison que de nous
plaire et de nous satisfaire mutuellement, nous aurons même une
compétition pour savoir qui peut endurer le plus de
souffrance.»
Il continua en disant: «Non
pas ta volonté mais la mienne doit vivre en toi pour dominer
comme un roi dans son palais royal.
Mon épouse, cela doit
absolument prévaloir entre toi et moi.
Autrement, nous aurons à
supporter la brouille d'un amour imparfait, duquel des ombres
s'élèveront sur toi et
amèneront le désagrément
d'une opération non ajustée
à la noblesse qui doit
prévaloir entre moi et toi, mon épouse.
Cette noblesse t'habitera
-si, de temps en temps, tu essayes
d'entrer dans ton néant, c'est-à-dire
-si tu atteins la parfaite
connaissance de toi-même.
Tu ne dois pas t'arrêter là,
parce qu'après que tu auras reconnu ton néant, je veux
que tu disparaisses totalement en moi.
Tu dois faire tout ce que tu peux
pour entrer dans la Puissance Infinie de ma Volonté.
Par là, tu attireras sur toi
toutes les grâces dont tu auras besoin pour t'élever en
moi, afin de
-tout faire avec moi, -sans référence
à toi-même.»
Et
il continua: «À l'avenir, je veux qu'il n'y ait plus de
«tu» et de «je».
Il n'y aura pas de «je ferai» et de «tu feras».
Ces paroles disparaîtront et
seront remplacées par «nous ferons». Tout
sera «notre».
Comme toute épouse fidèle
le ferait,
-tu feras action commune avec moi et
-tu
guideras les destinées du monde.
Toutes les personnes rachetées
par mon Sang sont devenues mes enfants et mes frères.
Et, puisqu'elles sont miennes, elles
seront aussi tes enfants et tes frères.
Et parce que tant parmi elles sont
devenues sauvages et se sont éloignées, tu les aimeras
comme une vraie mère.
Beaucoup sont aussi dévergondées:
toi comme moi, nous assumerons leurs
souffrances bien méritées.
Au prix de très durs
sacrifices, tu essayeras de les conduire à la sécurité.
Chargées des mérites de tes souffrances et arrosées
de ton sang et du mien, tu les conduiras à mon Coeur.
Quand
mon Père les verra,
-il sera non seulement miséricordieux
et indulgent mais,
-si elles sont contrites comme le bon
larron,
elles prendront rapidement
l'éternelle possession du Paradis.»
«Finalement, - dans la
mesure où tu te détacheras de tout ce qui n'est pas
totalement mien,
- tu deviendras toujours plus
plongée dans ma Volonté absolue.
Alors, grâce à la
connaissance de mon Essence
-qui,
jour après jour, deviendra plus vive en toi,
- tu acquerras la plénitude de
mon Amour.
En y mettant tout ton amour et ton
intelligence comme jamais auparavant,
tu trouveras en moi toutes les
créatures, comme dans un miroir qui réfléchit la
lumière et les images.
D'un seul regard tu les verras toutes
et tu connaîtras l'état de leur conscience.
Ensuite, comme une mère
aimante et
-dans un vrai esprit de miséricorde,
-qui est mon Esprit et celui de ma
Mère,
tu feras le sacrifice suprême
en t'immolant toi-même pour ces créatures.
Ce sacrifice sera comme un manteau
qui te couvrira comme ma véritable et fidèle imitatrice
et épouse.»
Comment puis-je décrire les
subtilités de l'Amour de mon aimable Jésus qui, avec
générosité, et même avec excès,
-contracta son mariage spirituel avec
moi et
-me donna mes nouvelles règles
de vie.
À plusieurs reprises, il
emporta mon âme avec lui dans le Paradis,
pour que je puisse y entendre les
esprits bienheureux chanter sans cesse des hymnes de gloire et de
remerciements à la Divine Majesté.
Je
contemplais les différents choeurs des anges et des saints.
Tous étaient immergés
dans la Volonté de Dieu, absorbés par son Immensité.
Comme je regardais autour du Trône
de Dieu, je vis
-plusieurs lumières
resplendissantes,
-infiniment plus resplendissantes que
le soleil.
Ceci me permit de voir et de
comprendre
-les vertus intrinsèques et
-les attributs de Dieu qui, dans leur
essence,
-sont communes aux trois Personnes
Divines.
J'étais capable de comprendre
que
-des âmes bénies,
-ensemble ou en succession,
jouissent de cette lumière et
en restent ravies.
Et malgré les siècles
sans fin de l'éternité, elles ne comprennent jamais
complètement Dieu.
Ceci parce que les esprits créés
ne peuvent pas comprendre
la Majesté,
l'Immensité et
la Sainteté de Dieu,
un Être incréé et
incompréhensible.
De ce que j'ai vu et appris, j'ai
aussi compris que
-les esprits angéliques et les
bienheureux participent aux vertus de la Trinité
-quand ils baignent dans cette
Lumière.
Tout
comme
-quand
nous sommes exposés à la pleine lumière du
soleil,
-nous en sommes réchauffés,
ainsi
-les anges et les saints en présence
du Soleil Éternel de Dieu au Paradis,
-sont investis de l'éternelle
Lumière et ainsi ils ressemblent à Dieu.
La
différence est que
Dieu
est essentiellement infini par nature,
alors que les esprits bienheureux et
angéliques sont limités
ils participent aux attributs de Dieu
seulement selon leur capacité propre et limitée.
Dieu, le Soleil Éternel et
Infini, donne tout de lui-même sans jamais rien perdre. Alors
que les créatures, qui sont essentiellement participantes,
-ressemblent au Soleil Éternel
-seulement selon la très
petite grandeur et magnitude de leur propre soleil.
J'ai nettement l'impression que tout
ce que je viens de dire est inexact et inadéquat.
Car ce que j'ai appris dans ce voyage
béni pourra certainement pas être bien compris à
partir de mes mots.
J'ai
l'impression globale de ce que j'ai perçu, mais je ne peux pas
clairement le raconter.
L'âme sort de son corps pour un
bref temps, elle est transportée dans ce Royaume béni,
puis elle revient dans la prison de son corps.
Il est impossible de raconter tout ce
que qui est vu et appris.
L'expérience d'une âme à
qui Dieu donne un exemple ce qu'il veut qu'elle comprenne, peut être
comparée à celle d'un bébé qui peut à
peine balbutier et qui est exposé à une grande
performance théâtrale.
Il voudra dire beaucoup de choses de
ses impressions.
Mais
parce qu'il ne sait pas comment le dire, il a honte et reste muet.
Si ce n'était de l'obéissance,
j'aimerais mieux rester muette comme une enfant. Je ne peux que dire
absurdité après absurdité.
Je continuerai cependant en disant
que je me suis retrouvée marchant avec Jésus, mon
Époux, dans cette Patrie bénie parmi les choeurs des
anges, des saints et des bienheureux.
Parce que j'étais une nouvelle
mariée, en cercle,
ils nous faisaient la cour et
participaient en même temps que
nous aux joies de notre mariage récent. Il semblait
-qu'ils avaient oublié leurs
propres désirs et
-qu'ils
étaient intéressés seulement aux nôtres.
S'adressant aux saints,
Jésus dit:
«À cause de sa
fidélité à ma grâce, cette âme est
devenue un triomphe et un prodige de mon Amour.»
Puis
il me présenta aux anges et
leur dit:
«Voyez
comment mon Amour pour elle a tout surpassé.»
Il me plaça ensuite dans le
siège de gloire pour lequel il m'a rendu digne.
Il me dit: «Ici est ta
place de gloire, et personne ne pourra te la prendre.»
Je croyais qu'il voulait dire que je
ne retournerais pas sur la terre.
Mais, hélas, du moment que je
fus convaincue de cela, je me suis retrouvée entre les murs de
mon corps.
Comment décrire le fardeau que
je ressentis en ayant à rester à nouveau dans mon
corps.
Comparées au Ciel, toutes les
choses de la terre me paraissaient comme des rebuts.
Ces choses réjouissent les
sens de quelques créatures, mais à moi elles
paraissaient misérables.
Les personnes qui me sont chères
et
-pour lesquelles j'ai beaucoup de
considération,
-avec qui j'ai passé beaucoup
de temps dans des conversations gentilles et polies, maintenant me
semblaient ennuyeuses et sans intérêt.
Cependant,
quand je les regardais comme des reflets de Dieu,
mon
âme expérimentait une ombre de satisfaction et de
contentement, et
j'étais capable de
les tolérer.
À cause de tout cela, mon
coeur n'était pas à l'aise, mais je ne fis rien que de
me plaindre à Jésus.
-Mon désir continuel d'être
au Ciel,
-ma
souffrance intérieure, -mon ennui par rapport aux choses de ce
monde, tout rongeait mon âme. Il m'apparaissait qu'il m'était
maintenant impossible de continuer à vivre sur la terre.
Cependant mon obéissance à
Dieu dans toutes les circonstances commandait
-que je ne désire pas la mort,
-mais que je continue à vivre
sur la terre aussi longtemps que Dieu le désirerait.
Ainsi donc je m'ajustai, quand je fus
en contrôle de moi-même.
Par obéissance, je voulais
rester calme, mais je n'y parvenais pas entièrement. De temps
en temps, je perdais toute maîtrise et, je le confesse,
j'échouais.
Mais que pouvais-je faire?
Il était à toute fin
pratique impossible pour moi de me contrôler.
J'expérimentais un réel
martyre,
-à travers lequel je
combattais constamment,
-me servant de tous les moyens
possibles pour maîtriser mon anxiété. Mais un
contrôle parfait m'était impossible.
Mon bien-aimé Jésus
me dit:
«Mon
épouse, sois calme. Qu'est-ce qui te fait tant désirer
le Ciel?» Je répondis: «Je veux toujours
rester avec toi.
Je perds mon esprit quand je suis
loin de toi, ne fût-ce que pour un seul instant. Je veux te
rejoindre à tout prix.»
Alors Jésus me dit: «Très
bien, si c'est pour cette raison. Je te plairai en restant toujours
avec toi.»
Je répondis en disant:
«Je serais satisfaite si tu
faisais cela, mais tu disparais, ce qui est la même chose que
de me laisser seule. Au Ciel, il n'en est pas ainsi, parce que là,
tu ne peux pas disparaître. Mon expérience me le
prouve.»
Jésus sait blaguer avec ses
créatures.
Pour
ceux qui ne le sauraient pas, je dirai comment il a blagué
avec moi plusieurs fois.
Par exemple, pendant le temps où
j'expérimentais ces anxiétés bénies,
Jésus vint à moi
à la hâte et dit:
«Veux-tu venir avec moi
maintenant?» Je répondis: «Pour aller où?»
Il
dit: «Au Ciel.»
Et moi: «Le penses-tu
réellement?»
Lui: «Oui, oui, hâte-toi
et ne tarde pas!»
Je repris: «Très bien,
allons-y, même si j'ai un peu peur que tu veuilles te moquer de
moi.»
Jésus ajouta: «Non,
non, je te le dis vraiment, allons. Je veux te prendre avec moi.»
En disant cela, il attira à
lui mon âme de telle manière que je me suis sentie
sortir de mon corps et, dans un instant, je me trouvai avec lui dans
un envol vers le Ciel. Oh! le bonheur de mon âme!
Je
croyais
-que j'allais quitter la terre de
façon permanente et
que ma souffrance par'amour pour
Jésus était seulement un rêve.
Nous arrivions dans les hauteurs des
cieux.
Je commençais à
entendre les chants harmonieux des bienheureux. Je priai Jésus
de rapidement me conduire vers ce concert céleste.
Mais, graduellement, il ralentissait
son vol pour que tout se passe plus
lentement.
Voyant cela, je commençai à
soupçonner que je n'allais pas vraiment rentrer dans la
céleste Patrie avec lui, et je me suis dit en moi-même:
«Jésus blague avec moi.»
Aussi, de temps en temps, pour me
rassurer, je lui disais:
«Cher Jésus,
dépêche-toi. Pourquoi ralentis-tu?»
Il me dit:
«Regarde
là-bas, ce pécheur tout près d'être perdu.
Descendons sur la terre encore une fois.
Essayons de rendre son âme
contrite; peut-être qu'il se convertira. Invoquons ensemble la
Miséricorde de mon Père Céleste.
Ne veux-tu pas que ce pécheur
soit sauvé? Attends encore un peu.
N'es-tu
pas prête à souffrir quelques peines pour le salut d'une
âme qui me coûta tant de Sang?»
À
ces mots,
Je m'oubliai moi-même,
j'oubliai le voyage,
Je renonçai au Ciel et aux
chants des célestes choristes Je dis à Jésus:
«Oui, oui, tout ce que tu désires.
Je
suis prête à souffrir pour que tu puisses sauver cette
âme.»
Et en un clin d'oeil il m'amena à
ce pécheur. Pour le convaincre de se rendre à la grâce,
Jésus l'informa de toutes les
raisons de se préoccuper de son salut.
Mais notre espoir fut vain.
Alors Jésus me dit
tristement:
«Mon
épouse, veux-tu prendre sur toi la punition qu'il mérite?
Si
tu veux retourner dans ton corps pour y souffrir,
-la Justice divine pourra être
apaisée, et
-je pourrai faire miséricorde
à cette âme.
Comme
tu peux le voir, ni nos paroles, ni nos raisons ne l'ont ébranlé.
Pour nous, il n'y a rien à faire que de souffrir la
punition qui lui est due.
« La souffrance est la voie la
plus puissante pour satisfaire la Justice divine et faire accepter la
grâce de la conversion par le pécheur.»
Je consentis à la requête
de Jésus, et il me ramena promptement à mon corps.
Je ne peux pas décrire les
souffrances que j'expérimentai quand je repris contact avec
mon corps. Ce dernier sembla s'objecter au retour de mon esprit et me
fit me sentir toute dilatée.
Au même moment,
-mon âme se sentit oppressée
et sans vie,
-comme si je suffoquais et que j'en
étais à ma dernière respiration.
Je n'arrivais pas à porter
cela. Jésus était le seul témoin de tant de
souffrance.
Lui seulement pourrait décrire
les souffrances atroces et extrêmes
que mon âme et mon corps endurèrent.
Après quelques jours de
souffrance, Jésus me laissa percevoir la conversion de ce
pécheur, avec son âme déjà sauvée.
Jésus alors me dit:
«Es-tu aussi heureuse que je le suis?»
«Oui, oui!» lui
répondis-je.
Je ne peux pas dire combien de fois
Jésus répéta ces blagues.
Une fois, il me fit entrer dans le
Paradis seulement pour me dire peu après:
«Tu as oublié de
demander à ton confesseur qu'il te donne la permission de
venir avec moi.Tu dois donc retourner à ton corps pour
recevoir cette permission.»
Je lui dis: «Quand mon âme
était dans mon corps et que j'étais sous la direction
de mon confesseur, je devais lui obéir.
Mais
puisque tu es le premier parmi les confesseurs et que je suis avec
toi, toi mon Époux, je relève maintenant uniquement de
toi.»
Jésus me répondit
calmement:
«Non, non, mon épouse,
je veux que tu obéisses à ton confesseur pour tout.»
Il me fit ainsi retourner à
mon corps bien des fois.
Ses blagues créaient parfois
en moi des ressentiments, et même de l'amertume et de
l'impertinence.
Alors Jésus les répétait
moins souvent. Néanmoins, j'étais continuellement au
lit,
-expiant pour les pécheurs,
-avec des périodes d'anxiété
causées par mon désir d'aller au Paradis
avec mon Époux Jésus.
Ce désir alternait avec celui
de le garder toujours avec moi sur la terre,
pour m'éviter d'avoir à
aller au Ciel
juste pour revenir ensuite à
mon corps. J'étais constamment martyrisée.
Un matin, après une période
de trois ans, (9) Jésus me fit comprendre
-qu'il
voulait ratifier le mariage qu'il avait effectué avec moi sur
la terre,
-mais cette fois dans le Ciel avec la
sanction du Père et du Saint-Esprit et
-à la vue de toute la Cour
céleste.
Il m'avisa de me préparer pour
cette grâce singulière.
Pour lui obéir je fis ce que
je pouvais par moi-même.
En vérité, cependant,
puisque j'étais si misérable et inapte à faire
correctement les choses,
-je le priai, lui qui est le plus
grand des artisans,
-pour qu'il préside lui-même
à ce travail de sainte purification. Autrement, je n'aurais
jamais réussi à faire ce qu'il me demandait.
Cette très grande grâce
me fut accordée à la vigile de la Nativité de la
Sainte Vierge Marie (10).
Voici comment.
Ce matin-là, mon toujours
aimable Jésus vint en hâte, afin de me préparer
pour ce qu'il voulait de moi.
Il
me parla de la foi.
Et pendant qu'il parlait, il me
laissa à moi-même.
Je ne sais pas pourquoi: il allait et
venait continuellement. Pendant qu'il me parlait,
-je me suis sentie pénétrée
d'une telle foi vive
-que mon âme, si compliquée
jusque là, devint si simple qu'elle pouvait atteindre Dieu.
Ainsi, maintenant, j'admirais
-la Puissance de Dieu,
-sa Sainteté et
-sa Bonté,
et tous ses autres attributs.
Profondément touchée et
dans une mer de stupeur, je dis:
«Dieu Tout-Puissant, qu'est-ce
que ton Omnipotence ne pourrait résoudre? Ô Sainteté
sublime de Dieu,
quelle
autre sainteté, si haute soit-elle, pourrait oser paraître
devant toi?»
Considérant ma misère
et mon néant,
-je me suis vue comme un minuscule
microbe recouvert d'une fine poussière,
-pouvant être rapidement
anéanti par un ver.
Je ne voulais plus paraître
devant la vertigineuse Majesté de Dieu.
Mais, comme un aimant, sa Bonté
infinie m'attira à lui, et mon âme s'écria:
«Oh!
-quelle Sainteté,
-quel Pouvoir et
-quelle Miséricorde habitent
Dieu,
lui qui nous attire avec une si
grande Bonté!»
Il me sembla
-que sa Sainteté
l'enveloppait,
-que sa Puissance le soutenait,
-que sa Miséricorde l'émouvait
et
-que
sa Bonté l'animait du dedans et l'immergeait totalement.
Je considérai chacun de ses
attributs individuellement Je sentis que
-tous avaient la même valeur
pour l'esprit humain -
-tous également
incompréhensibles et incommensurables.
Pendant
que j'étais plongée dans ces hautes réflexions,
mon Jésus continua à
me parler de la foi en
me disant que,
-pour obtenir la foi, il est
nécessaire de croire Puisque sans croyance, il ne peut y avoir
de foi.
Chez l'homme la tête qui dirige
tous ses actes.
Ainsi, à la tête de
toutes les vertus, il y a la foi qui contrôle tout le reste.
Comme
la tête privée du sens de la vue
ne peut faire échapper l'homme
aux ténèbres et à la confusion.
Ainsi l'âme sans la foi ne peut
rien et s'expose à toutes sortes de dangers.
Si la tête privée de la
vue veut diriger l'homme,
-elle pourrait bien le conduire
-où il ne voudrait pas aller
s'il avait la vue.
Comme
-la vue sert à guider l'homme
dans chacun de ses actes,
-la foi est une lumière qui
illumine l'âme, sans quoi on ne peut voyager sur le chemin qui
mène à la vie éternelle.
Pour avoir la foi, trois choses sont
nécessaires:
-avoir sa semence en soi,
-que
cette semence soit de bonne qualité, et
-qu'elle se développe.
Nous savons que c'est le Seigneur qui
jette la semence en nous.
Puisque nous ne pouvons pas penser à
quelque chose si nous n'avons pas d'abord quelque connaissance sur
elle,
nous devons être reconnaissants
envers ceux qui nous informent sur les choses de la foi.
La qualité de cette
information n'est pas sans importance. Celui qui enseigne doit être
habité par ce qu'il enseigne.
Si l'enseignement est falsifié,
il falsifiera le récipiendaire.
Quand nous sommes assurés de
la qualité de nos connaissances,
notre foi a besoin d'être nourrie
pour
qu'elle puisse grandir et se développer.
Avec
nos efforts, elle se développe jusqu'à maturité.
Elle produit la vertu
d'espérance,
-la sainte espérance,
-soeur
de la foi.
L'espérance
-dépasse la foi et -est
l'objet de la foi.
En examinant tout à partir du
commencement,
je peux dire que quand Jésus
me parla de l'espérance,
Il me fit comprendre que cette vertu
-fournit à l'âme une
couche protectrice
-qui la rend imperméable aux
flèches de l'Ennemi.
Par la vertu d'espérance,
l'âme accepte tout ce qui lui
arrive avec paix,
parce
qu'elle sait que tout est décrété par Dieu, qui
est son plus grand Bien.
Comme
c'est merveilleux de voir l'âme habitée par la belle
vertu d'espérance,
-ne se faisant pas confiance à
elle-même,
-mais uniquement à son
Bien-Aimé,
-ne
s'appuyant que sur lui.
Pendant qu'elle affronte ses pires
ennemis,
-l'âme reste reine de ses
passions
-avec simplicité et prudence.
Tout est en ordre dans son intérieur.
Même Jésus est charmé.
La voyant opérer avec une
ferme espérance,
-toujours plus courageuse,
-forte et invaincue,
-triomphante de tous les obstacles et
de tous les dangers, Jésus lui accorde de nouvelles grâces.
Pendant que Jésus
m'enseignait ainsi,
il communiqua à mon
intelligence beaucoup de lumière.
Pendant que j'étais
complètement immergée par cette lumière et
que je réfléchissais
pour trouver de quelle manière la belle vertu d'espérance
nous aide, cette lumière se retira de moi.
Je
ne peux pas dire combien de choses j'ai comprises.
Je dirai simplement que toutes les
vertus servent à embellir l'âme. Cependant, par
elle-même, l'âme n'a pas en elle les semences.
Après être nées
et avoir grandi en elle, les vertus lient l'âme fermement à
Dieu.
L'espérance dit à
l'âme:
«Rapproche-toi
de ton Dieu et tu seras illuminée par lui. Approche-le et tu
seras purifiée par lui, etc.»
Quand l'âme est investie de la
sainte espérance, chaque vertu y devient ferme et stable.
Comme une montagne, elle ne peut pas
être affectée
par les intempéries, la
chaleur du soleil, les vents violents,
par les lacs qui débordent et
les rivières qui inondent par les grandes masses
de neige fondante.
L'âme
habitée par l'espérance ne peut pas être dérangée
-par les tribulations, les
tentations,
-la pauvreté ou les
infirmités.
Aucun incident de la vie ne l'effraie
ni ne la décourage, même pour un instant. En elle-même
elle se dit:
«Je
peux tout tolérer.
Je peux tout souffrir et tout
faire, car j'espère en Jésus.»
La sainte espérance rend l'âme
-presque toute-puissante et immobile,
-presque
invincible et immuable.
Car, à travers cette vertu,
notre toujours aimable Jésus
accorde la persévérance à
l'âme
jusqu'à ce qu'elle prenne
possession du Règne éternel de Dieu au Paradis.
Comme j'immergeais mon esprit dans
l'immense mer de la divine espérance, mon bien-aimé
Jésus me réapparut et me parla de la charité,
la plus grande des trois vertus théologales.
Quoique
les trois soient distinctes, la charité doit fraterniser avec
les deux autres comme si les trois n'en formaient qu'une.
La contemplation d'un feu donne une
bonne idée des trois vertus théologales s'unissant pour
n'en former qu'une.
La
première chose que l'on observe quand on allume un feu, c'est
la lumière qui baigne les alentours.
Cette lumière peut
symboliser la foi infusée dans l'âme au baptême.
Ensuite on ressent la chaleur distribuée tout autour
(l'espérance).
Petit
à petit, la lumière commence à faiblir, presque
à s'éteindre, mais la chaleur du feu acquiert plus de
vigueur jusqu'à ce que le feu soit entièrement consumé.
(11)
Ainsi
en est-il des trois vertus théologales.
La foi s'active dans l'âme à
la première information reçue sur l'Être Suprême.
Ensuite, grâce à la montée continuelle de l'âme
vers Dieu, son plus grand Bien, la foi grandit et se développe.
L'âme acquiert de Dieu la
lumière intellectuelle, qui émane des divers attributs
de Dieu. Illuminée par sa foi, l'âme essaie de choisir
le meilleur chemin pour parvenir à son plus grand Bien, qui
est Dieu.
Pleine d'espérance, elle passe
d'une montagne à l'autre, traverse vallées et plaines,
passe à travers lacs et rivières, navigue à la
voile à travers les mers les plus grandes et les plus
profondes pendant des mois et des années; tout cela dans le
seul but d'acquérir la possession de son Dieu.
Le désir dirigé vers la
possession de Dieu est appelé la charité; et ses deux
soeurs sont la foi et l'espérance.
Jésus me dit:
«Mon
épouse bien-aimée, observe pourquoi,
-en
traitant des trois vertus théologales de foi, d'espérance,
et de charité,
-je n'ai pas parlé de la
Trinité des Personnes divines
que tu acquerras sûrement et en
permanence:
Elles resteront avec toi
perpétuellement et sans faillir.»
Après quelques minutes,
mon adorable Jésus m'apparut
encore une fois et Il me dit
«Mon épouse,
si la foi est lumière
pour l'âme et lui sert de vision,
l'espérance
est la nourriture de la foi,
donnant à l'âme
l'énergie et l'ardent désir d'acquérir le bien
qui est vu par les yeux de la foi.
L'espérance
-donne aussi à l'âme le
courage d'affronter des tâches difficiles
-dans
la tranquillité d'esprit et dans une paix parfaite.
Elle l'aide à
persévérer dans
la recherche
-de toutes les voies possibles et
-de tous les moyens d'arriver à
un bon résultat.»
La charité,
quant à elle, est la substance de laquelle
la lumière de la foi et
la nourriture de l'espérance
émergent.
Quelqu'un ne peut avoir
-ni
la foi
-ni l'espérance
-s'il n'a pas la charité.
De la même manière que
personne ne peut avoir
-la chaleur et
-la
lumière sans le feu.
Comme
un baume rafraîchissant,
-la charité se dilate et
pénètre partout,
-amenant à maturité
les visions de la foi et les désirs de l'espérance.
Dans sa douceur,
-elle rend la souffrance douce et
parfumée, et
-elle va aussi loin que de rendre
l'âme désireuse de souffrir.
L'âme qui possède une
vraie charité,
-opérant
dans l'Amour de Dieu,
-reçoit de Dieu une fragrance
céleste.
Si les autres vertus rendent l'âme
presque solitaire et peu sociable, la charité, étant
une substance
qui répand la lumière,
la chaleur et une très douce fragrance,
-répand chez les autres un
baume
-ayant
plus que des effets aromatiques:
et il unit et fusionne les coeurs.
C'est ce qui permet à l'âme
de souffrir les plus intenses tourments avec joie.
L'âme, transformée
par l'amour, n'est plus capable de vivre sans souffrir.
Quand elle est privée de
souffrance, elle s'exclame:
«Ô mon Époux,
Jésus, tu me soutiens avec des fleurs. Accorde-moi l'amertume
de la pomme qu'est la souffrance.
Mon âme languit pour toi et ne
peut être satisfaite si ce n'est dans ta douce souffrance.
Ô Jésus, donne-moi tes
plus dures souffrances.
Mon
coeur ne peut plus te voir tant souffrir à cause de l'Amour
ardent et passionné que tu as pour chacun de nous!»
Ensuite Jésus me dit:
«Ma Charité est un
feu qui brûle et consume.
Et quand elle prend racine dans une
âme, elle fait tout. Elle n'attache aucune importance aux
vertus elle-mêmes.
La charité convertit et garde
les vertus intimement unies à elle. Ce qui en fait la reine de
toutes les vertus.
Elle règne sur chacune et les
domine toutes.
Elle ne peut jamais transférer
sa suprématie aux autres.»
Je ne peux pas décrire ce qui
était derrière les douces et attirantes Paroles de
Jésus. Je peux seulement dire qu'elles attisèrent en
moi
un désir de souffrir qui
semblait presque naturel
une faim pour toutes les sortes
de souffrances.
À partir de ce moment, j'ai
considéré comme une grande infortune que d'en être
privée.
Par la suite, je fis mes méditations
coutumières sur ce que Jésus m'avait dit. Et encore une
fois, il se présenta à moi et me dit:
«Mon épouse,
il est nécessaire que tu aies
les prédispositions d'esprit
qui t'amènent à être
plus portée à l'anéantissement de toi-même .
Ceci
doit précéder ta grande inclination à souffrir
de plus en plus. Sache que l'anéantissement de toi-même
-te mérite non seulement la
grâce de souffrir,
-mais dispose ton âme à
bien souffrir.
Il servira de manteau à ta
souffrance .
Il remplacera pour toi les
souffrances les plus aiguës.
Le désir de souffrir apporte
ta vraie et réelle souffrance.»
Ce doux discours de Jésus
imprégna dans mon âme les vérités qu'il
m'enseignait. Et j'étais plus que jamais excitée du
désir ardent de devenir totalement sienne, en accord avec sa
Volonté.
Il
revint et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il m'attira
hors de moi- même.
Mon âme suivit la charmante
attirance de son Amour.
A ses côtés, elle
surmonta toutes les difficultés en traversant les cieux.
Sans même avoir remarqué
qu'elle avait quitté la terre, mon âme se trouva en
Paradis,
en présence de la Très
Sainte Trinité et de toute la Cour céleste,
pour le renouvellement du mariage
mystique entre Jésus et mon âme, lequel avait déjà
été célébré sur la terre
au jour de la Pureté de la
Vierge Marie, en présence de Marie elle-même
qui, avec sainte Catherine,
assistaient à cette première célébration.
Onze mois plus tard, en la fête
de la Nativité de la Très Sainte Vierge (12), Jésus
voulait pour ce mariage la sanction des trois Personnes Divines.
Il présenta un anneau de trois
pierres précieuses
-- une blanche, une rouge et une
verte --
Il le donna au Père qui bénit
cet anneau et le redonna à son Fils.
Le
Saint-Esprit tint ma main droite, et Jésus plaça
l'anneau à mon annulaire.
À ce moment,
l'une après l'autre,
les trois Personnes Divines me
donnèrent le baiser ainsi qu'une bénédiction
particulière.
Comment décrire la confusion
-que je ressentis
-quand je me suis trouvée en
présence de la Très Sainte Trinité pour cette
cérémonie.
Je peux seulement dire que
de
me trouver devant la Trinité et
tomber face contre terre
fut pour moi un seul et même
geste.
Je
serais restée prosternée de cette manière
indéfiniment si Jésus, l'Époux de mon âme,
ne m'avait pas encouragée
-à
me relever et
-à rester debout en leur
présence.
Mon coeur ressentit
-une grande jubilation, et
-en même temps une crainte
respectueuse
devant une telle majesté, au
milieu de cette Lumière éternelle émanant de
l'Essence et de la Sainteté de Dieu,
le Père, le Fils, et le
Saint-Esprit.
Le
langage humain, parlé ou écrit, est incapable de faire
comprendre toutes les impressions divines qui touchèrent mon
âme à ce moment.
En conséquence, il est pour
moi
-préférable de garder
sous silence certaines autres choses,
-pour ne pas gaffer davantage.
Je vais maintenant vous parler de ce
qui arriva quand mon âme revint dans mon corps. Je vous
parlerai aussi de celui qui me tint captive dans le charme de ce qui
venait de m'arriver.
Je
sentis en moi les souffrances d'une personne en train de mourir.
Quelques jours plus tard, Jésus
me ranima complètement. Je me souviens qu'en recevant la
Sainte Communion,
-j'ai
perdu la sensation de mon corps et
-que, par mon âme, j'ai perçu
être en présence de la Sainte Trinité telle que
je l'avais vue au Paradis.
Mon âme
-se prosterna immédiatement en
adoration et
m'amena à confesser mon néant.
Je
me suis sentie m'écrouler complètement. Je pouvais à
peine dire un mot.
La voix d'une des trois Personnes
me dit:
«Prends courage et ne sois
pas effrayée.
Nous sommes prêts à
t'accepter comme nôtre et à prendre une possession
totale de ton âme.»
Pendant que j'entendais cette voix,
j'ai vu la Sainte Trinité
-entrer en moi et
-prendre
possession de mon coeur en disant:
«Dans ton coeur nous ferons
notre demeure permanente.»
Je ne peux pas décrire le
changement qui s'établit en moi.
Je me suis sentie comme si j'avais
été évincée de moi-même,
c'est-à-dire comme si je ne vivais plus en moi-même.
Très
assurément, les Personnes Divines vivaient en moi et moi en
elles. Il semblait que mon corps était devenu leur demeure
la demeure du Dieu Vivant.
Je ressentais la présence
royale des trois Personnes Divines qui, sensiblement, agissaient à
l'intérieur de moi.
Je pouvais entendre leurs Voix
clairement, mais comme résonnant au-delà de moi.
Tout se passait comme s'il y avait
des personnes dans une pièce voisine et que,
-soit à cause de la proximité,
-soit à cause de l'intensité des voix,
je pouvais entendre clairement tout
ce qu'elles se disaient entre elles.
Ensuite mon bien-aimé Jésus
me dit que
je devrai le chercher pour chacun de
mes besoins,
pas
à l'extérieur de moi, mais à l'intérieur
de moi.
Parfois, quand il était à
l'extérieur de moi je l'appelais. Alors il me répondait
promptement
Nous nous parlions comme deux
personnes se parlent l'une à l'autre.
Cependant, je dois confesser qu'il se
dissimulait parfois si bien que je ne pouvais même pas le
ressentir. Alors j'aurais parcouru le ciel, la terre et les mers pour
le retrouver.
Une fois, par exemple, alors que je
le cherchais intensément dans les larmes et l'anxiété,
Jésus me fit entendre sa Voix
en mon intérieur et me dit:
«Je suis ici avec toi. Ne
regarde pas ailleurs pour me trouver. Je me repose en toi et je
veille sur toi.»
Alors, entre la surprise et la joie
de l'avoir trouvé en moi, je lui ai dit:
«Jésus, mon Bien,
-pourquoi m'as-tu laissée
parcourir les cieux, la terre et les mers à te chercher
ce matin,
-alors
que, pendant tout ce temps, tu étais à l'intérieur
de moi?
Pourquoi n'as-tu pas dit au moins «je
suis ici»,
pour m'éviter de m'épuiser
à te chercher où tu n'étais pas?
Vois,
mon doux Bien, ma chère Vie, comme je suis fatiguée. Je
me sens faible. Tiens-moi dans tes Bras. Je me sens comme si j'allais
mourir.»
Alors, Jésus me prit dans ses
Bras pour que je puisse me reposer et recouvrer mon énergie
perdue.
À une autre occasion, alors
que Jésus était caché en moi et que je le
cherchais,
-il me laissa le voir à
l'intérieur de moi et -ensuite il sortit de mon coeur.
Dès l'instant d'après,
je vis les trois Personnes Divines
-sous la forme de trois très
charmants bébés
-avec un seul corps et trois têtes
distinctes,
-dans une singulière et très
attirante beauté.
Je ne peux pas décrire mon
bonheur,
spécialement
parce que ces trois bébés me permettaient de les tenir
dans mes bras.
J'embrassais
chacun d'eux, et ils me retournaient mes baisers.
-L'un s'appuyait sur mon épaule
droite,
-un autre sur mon épaule
gauche, et
-le troisième restait entre
les deux.
Combien je me réjouissais de
cette grande merveille
-qui m'était offerte par mon
Dieu,
-à moi infime créature!
Si j'en regardais un, j'en voyais
trois.
Quand j'en tenais un dans mes bras,
soudain j'en tenais trois. Que j'en aie tenu un ou trois, la
pesanteur semblait être la même. Je ressentais beaucoup
d'amour pour les trois.
J'étais
attirée autant vers l'un que vers les trois ensemble.
Je vois que j'ai beaucoup parlé,
mais j'aurais vraiment préféré passer toutes ces
choses sous silence. Cependant, puisque je dois obéir à
celui qui dirige mon âme, je vais continuer.
Je poursuivrai en disant que Jésus
me parlait souvent de sa Passion. Il essayait de prédisposer
mon âme à l'imitation de sa Vie.
Une fois il me dit:
«Mon épouse, en plus du
mariage déjà fait, un autre reste à faire: le
mariage avec la Croix. Sache que les vertus deviennent douces et
aimables quand elles sont évaluées et fortifiées
à l'ombre de la Croix.
Avant que je vienne sur la terre, la
souffrance, la pauvreté, la maladie et tous les genres de
croix étaient vus comme des infamies.
Mais, ayant été vécue
par moi, la souffrance fut sanctifiée et divinisée. Son
apparence changea: elle devint douce et gratifiante.
Une âme qui reçoit cette
bonne chose de moi est plus qu'honorée, parce qu'elle reçoit
mon endossement et devient enfant de Dieu.
Celui qui ne regarde la croix qu'en
superficie expérimente l'opposé.
Il trouve la croix amère et il
commence à se plaindre, vu qu'il la perçoit comme un
mal. Mais quand il la reçoit comme un bien, elle crée
en lui la joie.»
Et
il ajouta:
«Mon épouse, je ne
désire rien de plus que de te crucifier comme avant, en ton
âme et en ton corps.»
Après que Jésus m'eut
dit cela, j'ai senti en moi une telle infusion du désir d'être
crucifiée avec lui que je lui ai dit: «Mon Jésus,
mon Amour, vite crucifie-moi avec toi!»
Et je me suis dit:
«Quand il reviendra, la
première chose que je lui demanderai,
celle que je considère comme
la plus importante,
sera la souffrance pour mes péchés
et la grâce d'être crucifiée avec lui. Et il me
semble que je serai satisfaite, car par la crucifixion, je pourrai
tout obtenir.»
Finalement, un matin, mon bien-aimé
Jésus m'apparut sous la forme de Jésus Crucifié.
Il me dit que vraiment il me voulait crucifiée avec lui
Pendant qu'il disait cela, j'ai vu
-des
rayons de lumière émaner de ses Plaies sacrées,
et
-des clous se diriger vers moi.
À ce moment, mon désir
d'être crucifiée par Jésus fut si grand que je me
sentis consumée par l'amour de la souffrance.
Cependant, je fus subitement saisie
d'une grande peur qui me fit trembler de la tête aux pieds.
Je faisais l'expérience d'un
grand anéantissement de moi-même
Je me suis sentie indigne de recevoir
une grâce aussi rare que celle-là. Et je n'osais plus
dire: «Seigneur crucifie-moi avec toi.»
Mais Jésus semblait attendre
mon consentement avant de m'accorder cette si singulière
grâce. Je fus tourmentée par cela pendant quelque temps.
Mon
âme ressentait un ardent désir de demander cette grâce
En même temps, un sentiment d'indignité m'habitait.
Ma nature était secouée
et tremblait
Effrayée, elle hésitait
à demander à Jésus la crucifixion.
Pendant
que j'étais dans cet état, mon bien-aimé Jésus
m'incitait mentalement à accepter cette grâce.
Connaissant
sa Volonté, je repris courage et lui dis:
«Mon Saint Époux et mon
Amour Crucifié, je te supplie de m'accorder la grâce
d'être crucifiée avec toi. Je te demande aussi qu'il n'y
ait aucun signe visible sur moi de cette grâce.
Oui,
-donne-moi rapidement chacune de tes
souffrances,
-donne-moi
tes plaies,
mais ne dévoile pas tout ce
qui m'arrive aux autres. Que ce soit entre toi et moi seulement.»
Cette
grâce me fut accordée.
Bientôt, des rayons de lumière
et des clous partirent de Jésus Crucifié et
-vinrent
me blesser,
-pénétrant mes mains et
mes pieds.
Et un autre rayon de lumière,
plus resplendissant, accompagné d'une lance, vint
transpercer mon coeur.
Je ne peux pas décrire le
bonheur et la douleur simultanés - douleur plus grande que
toutes mes autres - que je ressentis à cet heureux moment.
Aussi grands qu'étaient
plustôt ma peur et mon tremblement, la paix et le contentement
que j'expérimentais maintenant étaient encore plus
grands.
Ma souffrance était si intense
que je croyais que la douleur dans mes mains, mes pieds et mon coeur
annonçaient ma mort.
J'ai senti les os de mes mains et de
mes pieds être brisés en tout petits morceaux. J'ai
senti la pénétration des clous dans chaque blessure.
Je confesse que le doux contentement
obtenu par ces Plaies ne peut être décrit par des
paroles.
Mon émerveillement augmentait
en intensité en même temps que la puissance de la
douleur qui,
-non seulement me faisait me sentir
mourante, mais,
-en même temps, me revigorait
et
-me faisait sentir que je n'étais
pas mourante.
Et rien n'apparaissait à
l'extérieur de mon corps qui, cependant, subissait des spasmes
et des douleurs aiguës.
Mon confesseur vint et m'interpella
en vertu de l'obéissance.
Il libéra mes bras paralysés
par une pression nerveuse. Mentalement je ressentais des douleurs où
les rayons et les clous avaient pénétré.
Mon confesseur commanda en vertu de
l'obéissance que tout cesse immédiatement. En vérité,
la douleur intense qui m'avait rendue inconsciente, cessa
immédiatement.
Oh! quel miracle la sainte obéissance
entraîna pour moi.
Combien de fois je me suis ainsi
trouvée en collusion avec ma soeur la mort.
Par l'obéissance, Jésus
-guérit tous les spasmes et
douleurs de mort qui m'habitaient, et
-rapidement, restaura ma vie.
J'admets honnêtement que si ces
souffrances n'avaient pas été mitigées par mon
confesseur, j'aurais eu de la difficulté à m'assujettir
à elles.
Puisse le Seigneur être
toujours béni pour avoir accordé à ses ministres
le pouvoir d'enlever à la mort ses proies.
Et j'espère que tout cela a
toujours été pour la plus grande Gloire de Dieu et le
salut des âmes.
Je dois aussi signaler que pendant
que je vivais ces souffrances mortelles, les choses mentionnés
plus haut ne laissaient aucune trace sur mon corps.
Quand je retombais dans ces
souffrances, je voyais les Plaies de Jésus clairement
imprimées sur mon corps.
Il semblait que les Plaies de Jésus
Crucifié, qui avaient été infligées sur
mes mains, mes pieds et mon coeur, étaient les mêmes que
celles de Jésus.
Ce que je viens de dire décrit
-mon mariage avec la Croix et
-les douleurs souffertes dans ma
première crucifixion.
J'ai vécu tant d'autres
crucifixions dans les années subséquentes qu'il m'est
impossible de les énumérer toutes.
Mais,
puisque je dois en parler, je raconterai les principales et les plus
rapprochées, jusqu'à l'année 1899.
Chaque fois que Jésus revenait
à moi après m'avoir fait souffrir la crucifixion, je
lui répétais invariablement:
«Mon
bien-aimé Jésus, donne-moi de vraies douleurs pour mes
péchés afin
-qu'ils soient consumés par le
chagrin et la contrition de t'avoir offensé, et
-qu'ils soient effacés de mon
âme et de ta mémoire.
Permets à mes souffrances de
surpasser chaque affection que j'ai nourrie pour le péché,
afin que,
-lorsque mes péchés
seront éliminés et détruits,
-je puisse plus intimement me presser
contre toi.»
Une fois, après que j'eusse
demandé une telle grâce à Jésus, il me dit
aimablement:
«Puisque
tu es si peinée de m'avoir offensé, je veux te préparer
moi-même pour l'expiation. Ainsi tu pourras comprendre la
laideur du péché et l'intensité de la douleur
causée à mon Coeur.
Dis ces paroles avec moi:
«Si je traverse l'océan,
même si je ne te vois pas, tu es toujours dans l'océan.
Si je foule le sol, tu es sous mes pieds. J'ai péché!»
Puis, en murmurant et presqu'en
pleurant, il ajouta:
«Je t'ai quand même
aimée et préservée!»
Après que Jésus m'eut
dit ces paroles, j'ai commencé à comprendre beaucoup de
choses qu'il m'est impossible d'exprimer.
Je peux dire que ce fut seulement
alors
-que j'ai apprécié
l'Immensité et la Grandeur de Dieu,
-ainsi
que sa Présence dans toute chose.
Grâce à ses attributs,
pas même une ombre de mes pensées n'échappe à
Dieu. Mon néant, comparé à sa grande Majesté,
est moins qu'une ombre.
Dans les mots «j'ai
péché», j'ai
compris
la laideur du péché,
-sa
malice et sa témérité,
ainsi que l'énorme affront qui
est fait à Dieu par seulement un moment de satisfaction et de
plaisir.
En entendant les paroles
«je t'ai quand même
aimée et préservée»,
je fus saisie de fortes souffrances
et je me suis sentie sur le point de mourir.
Il me fit sentir l'immensité
de l'Amour qu'il avait pour moi, même si, par une simple
action mauvaise, je l'ai rabaissé au niveau d'un plaisir, par
lequel je l'ai offensé et presque tué.
«Ô Seigneur,
puisque
j'ai été ingrate et mauvaise envers toi, et que tu as
été si bon pour moi, aie pitié de moi
-en me faisant toujours ressentir la
contrition de mes péchés,
-dans la mesure de l'amour que tu as
et que tu auras toujours pour moi.»
Au moment où mon très
aimable Jésus me fit comprendre combien il y avait de malice
-dans le péché et
-dans ceux qui le commettent, j'ai
compris que,
par malice et ingratitude,
l'homme ose considérer Dieu
comme valant moins qu'un très vil plaisir.
Même
-si j'étais soucieuse d'éviter
la moindre transgression,
-j'avais toujours peur de l'ombre
même d'un péché
qui pourrait momentanément se
présenter à mon esprit.
Je ressentais tant de dégoût
et d'embarras pour les péchés de mon passé que
je croyais être la pire de toutes les pécheresses.
Aussi, quand apparut mon Jésus,
je n'ai fait que
-lui demander plus de souffrances
pour mes péchés
-ainsi que l'actualisation de sa
promesse de crucifixion.
Un matin, alors que je ressentais
d'une manière plus aiguë que d'habitude le désir
de toujours souffrir davantage, mon très aimable Jésus
vint. Il m'attira hors de mon corps et transporta mon âme vers
un homme qui, à l'aide d'un fusil, venait d'être
attaqué, et était sur le point de mourir et de perdre
son âme.
Alors
Jésus me fit pénétrer en lui en me faisant
comprendre le chagrin de son Coeur pour la perte appréhendée
de cette âme.
Si on savait à quel point
Jésus souffre pour la perte d'une âme, je suis sûre
qu'on ferait tout son possible pour en sauver une de la damnation
éternelle.
Alors que j'étais avec Jésus
pendant cette rafale de balles, il me serra très fort sur lui
et murmura à mon oreille:
«Mon épouse, veux-tu
-t'offrir comme victime pour le salut
de cette âme et
-prendre sur toi toutes les
souffrances qu'il mérite pour ses graves péchés?»
Je
répondis: «Très certainement, mon Jésus.
Place sur moi tout ce qu'il mérite,
pourvu qu'il soit sauvé et que tu le ramènes à
la vie.»
Ensuite Jésus me fit revenir à
mon corps et je me suis sentie immergée dans des souffrances
si grandes que je ne pouvais pas comprendre comment je pouvais
survivre.
Après être restée
dans cet état de souffrances pendant plus d'une heure, Jésus
fit en sorte que mon confesseur vienne à moi et me réanime.
Quand il me demanda ce qui m'avait
causé cette grande souffrance,
je lui ai raconté tout ce que
j'avais vu et vécu pendant ce temps très court et j'ai
pointé la partie de la ville
où le meurtre s'était produit.
Il me confirma par la suite que ce
meurtre avait bel et bien eu lieu à l'endroit exact que je lui
avais indiqué et m'a dit que tous croyaient l'homme mort.
Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas
être mort, parce que Jésus m'avait promis qu'il
épargnerait son âme et le garderait en vie.
En vérité, j'ai
intercédé fortement auprès de Dieu pour qu'il
empêche que son esprit quitte son corps. Il fut confirmé
plus tard qu'il avait survécu et que lentement il avait
recouvré la santé. Il vit maintenant. Que Dieu soit
béni!
En ce qui a trait à mon très
grand désir d'être crucifiée avec Jésus,
par amour pour lui et pour l'expiation pour mon passé, Jésus
vint à moi et, comme précédemment, il fit sortir
mon âme de mon corps.
Il
me transporta à la place sainte où il souffrit sa
douloureuse Passion et Il me dit:
«Mon
épouse, si chacun savait
-l'incommensurable bien qu'est la
Croix et
-comment elle rend l'âme
précieuse,
chacun désirerait ce bien et
le considérerait comme indispensable, comme un joyau d'une
valeur inestimable.
Quand
je suis descendu du Ciel sur la terre, je n'ai pas choisi les
richesses du monde. Mais j’ai considéré plus
digne et plus méritoire de choisir les soeurs de la Croix: -la
pauvreté, -l'ignominie et-la souffrance la plus brutale.
Et pendant que je les portais,
-je désirais ardemment que le
temps de ma Passion et de ma Mort arrive au plus tôt, puisque
par elles j'allais opérer le salut des âmes.»
Pendant
qu'il me parlait, Jésus me fit ressentir la joie qu'il
éprouvait en souffrant. Ses paroles allumèrent dans mon
coeur un ardent désir de souffrir.
Je ressentis un saint transport
d'émotion et un désir d'être semblable à
lui, le Crucifié.
Avec le peu de voix et de force que
j'avais en moi, je le suppliais en disant:
«Saint Époux, donne-moi
la souffrance et donne-moi ta Croix pour que je puisse mieux
connaître combien tu m'aimes.
Autrement je serai toujours dans
l'incertitude par rapport à ton Amour pour moi. J'ai renoncé
à tout pour toi!»
Par la suite, dans la joie plus que
jamais à cause de ma supplication, Jésus me permit de
m'étendre sur une des croix qui se trouvaient là.
Quand je fus prête, je l'ai
supplié de me crucifier.
Affectueusement il prit un clou et
commença à l'enfoncer dans ma main. De temps en temps,
il me demandait:
«Est-ce que ça fait trop
mal? Veux-tu que je continue?»
«Oui, oui, continue Bien-Aimé,
malgré ma douleur. Je suis tellement contente que tu me
crucifies.»
Quand il commença à
clouer mon autre main, le bras de la croix s'avéra trop court,
alors qu'avant il était de la bonne longueur.
Alors Jésus enleva le clou
déjà enfoncé et dit:
«Mon épouse, nous devons
trouver une autre croix. Repose-toi et rafraîchis- toi.»
Je suis incapable de décrire
la mortification que j'ai ressentie à ce moment. Ainsi donc,
je n'étais pas digne de cette souffrance!
Ces blagues furent répétées
plusieurs fois. Quand les bras de la croix furent appropriés,
la longueur de la croix ne l'était pas.
À
une autre occasion, pour que Jésus n'ait pas à me
crucifier, quelque chose manquait pour ma crucifixion.
Jésus trouvait toujours
quelque prétexte pour la reporter à une autre fois.
Oh! quelle amertume mon âme
expérimentait de ces conflits répétés
avec mon Jésus. Plusieurs fois, j'étais justifiée
de me plaindre à lui, parce qu'il me refusait
la vraie souffrance.
À
plusieurs occasions, d'un ton amer, je lui ai dit:
«Mon Bien-Aimé, il
semble que tout finit à la blague.
Par exemple, tu m'as dit plusieurs
fois que tu m'amènerais dans le Paradis une fois pour toute.
Mais, à chaque fois tu m'as fait revenir sur terre pour
habiter mon corps à nouveau. Tu m'as dit que tu aimerais me
crucifier pour que je puisse faire ce tu as fait.
Toutefois, tu n'as jamais permis que
j'atteigne une complète crucifixion. Et Jésus disait:
«Oui, je le ferai bientôt. N'en doute pas. Ce sera fait.»
Finalement, un matin, au jour de
l'Exaltation de la Sainte Croix (13), Jésus apparut et
rapidement me transporta encore une fois à la sainte place de
Jérusalem.
Il m'a fait contempler plusieurs
choses ayant trait au mystère et aux vertus de la croix.
Après, il me dit tendrement:
«Mon amour, veux-tu être
belle?
Médite sur la Croix et elle te
donnera les plus beaux traits que l'on puisse trouver au Paradis et
sur la terre.
Alors tu te feras aimer de Dieu, lui
qui possède en lui-même la Beauté infinie. En toi
s'est développé le désir de posséder le
Paradis avec toutes ses richesses.
Veux-tu être remplie d'immenses
richesses, pas pour un court temps, mais pour l'éternité?
Sois toujours amoureuse de la
Croix. Elle te fournira toutes les richesses,
-du plus petit sou, que représente
la moindre des souffrances,
-aux plus incalculables sommes qui
sont obtenues des croix les plus lourdes.
Cependant,
-alors que l'homme est devenu avide
de se procurer le plus petit profit d'une simple monnaie temporelle,
qu'il devra rapidement abandonner,
-il n'a pas une seule pensée
pour acquérir un sou des biens éternels.
Et parce que
j'ai compassion de l'irréflexion
de l'homme en regard de son bien éternel,
tendrement je lui offre de l'aider.
Lui, plutôt que d'en être
reconnaissant,
-il se rend indigne de mes dons et
-il m'offense par son obstination.
Vois-tu, mon enfant, combien il y a
d'aveuglement dans cette pitoyable humanité?
La Croix, cependant, amène
-tous les triomphes,
-les plus grandes acquisitions et
-les plus grandes victoires.
C'est pourquoi tu ne dois avoir
aucun autre but que la Croix.
Cela sera suffisant pour pourvoir à
tout.
Et,
aujourd'hui, je veux te faire plaisir en te crucifiant complètement
sur la croix, laquelle, jusqu'à ce moment, ne t'allait pas
parfaitement.
Tu dois savoir que cette croix est
celle
-qui t'a attirée à mon
Amour et
-qui m'induit à te crucifier
sur elle complètement. La croix que tu as eue jusqu'à
maintenant,
je l'apporterai au Paradis comme un
signe de ton amour.
Je la montrerai à la Cour
céleste comme un témoignage de ton amour pour moi.
À sa place, j'en ai une plus
pesante et plus douloureuse que je t'amène
-pour répondre à ton
désir de souffrance et
-pour permettre à mon Dessein
éternel sur toi de se réaliser.»
Après
avoir dit cela, Jésus m'apparut devant la croix que j'avais
eue jusque là. Moi, dans un plein bonheur, je suis allée
vers elle, je l'ai couchée par terre et je me suis étendue
dessus.
Et
pendant que j'étais là, prête à la
crucifixion, les cieux s'ouvrirent.
Saint Jean l'Évangéliste
vint, apportant la croix dont Jésus m'avait parlé.
Ensuite la Vierge Marie arriva
entourée d'une phalange d'anges.
Ils me tirèrent de ma croix et
m'installèrent sur la plus grande apportée par saint
Jean.
Un frisson froid et mortel s'empara
de moi.
Cependant je sentais encore une
flamme d'amour dans mon coeur, qui me fit avoir hâte de
souffrir sur cette croix.
Au signal de Jésus, un ange
s'empara de la première croix et l'amena avec lui au Paradis.
Pendant ce temps, Jésus, de
ses propres mains et assisté par la Vierge Marie, commença
à me crucifier.
Debout, les anges et saint Jean
présentaient les clous et les autres objets nécessaires
à ma crucifixion.
Pour
l'acte de ma crucifixion,
-mon très tendre Jésus
montrait tant de joie et de bonheur
-que j'aurais souffert pas une, mais
un millier de crucifixions,
aussi bien que d'autres souffrances
pour augmenter sa douce Satisfaction.
À ce moment, il semblait que
les Cieux étaient décorés pour une nouvelle fête
de gloire pour moi:
-pour
avoir fait plaisir à Jésus,
-pour avoir libéré, par
des prières abondantes, des âmes du Purgatoire,
-pour avoir intercédé
pour des pécheurs mal disposés et pour la conversion de
plusieurs autres.
Mon bien-aimé Jésus les
fit tous participer au bien qui fut produit par mon ardente
disposition envers les souffrances inhérentes à la
crucifixion.
Quand
tout fut terminé, je me sentis comme si je nageais dans une
mer de contentement mêlée à une mer de
souffrances inouïes.
La Reine Mère se tourna vers
Jésus et dit:
«Mon Fils, aujourd'hui est un
jour de gloire.
A cause de tes propres souffrances et
pour l'achèvement de tout ce qui a été fait avec
Luisa,
-j'aimerais
que tu transperces son coeur d'une lance et
-que tu lui mettes une couronne
d'épines sur la tête.»
Répondant au désir de
sa Mère, Jésus prit une lance et transperça mon
coeur de part en part. Au même moment, les anges présentèrent
une couronne d'épines à la Très Sainte Vierge.
Elle,
avec mon consentement et avec la plus grande satisfaction, la plaça
tendrement sur ma tête. Quel jour mémorable ce fut pour
moi!
On
peut dire que, vraiment, ce fut un jour de souffrances inouïes
et de joies ineffables. Et, pour mon plaisir et pour supporter ma
fragilité naturelle, Jésus resta à mon côté
tout le jour.
À cause de la sévérité
de la souffrance, la crucifixion aurait échoué sans sa
grâce.
À ma grande joie, Jésus
permit à de nombreuses âmes du Purgatoire de rentrer au
Paradis conséquemment à mes souffrances.
Elles descendaient du Paradis
accompagnées d'anges.
Elles entouraient mon lit et me
rafraîchissaient avec leurs chants célestes. C'étaient
des cantiques de joie et des hymnes de louanges à la
magnificence de Dieu.
Après cinq ou six jours de
souffrances intenses,
je remarquai à mon vif regret
que, de jour en jour, ma souffrance diminuait.
Elle se serait arrêtée
complètement si je n'avais pas insisté auprès de
mon Époux Jésus -de s'en tenir à diminuer leur
intensité, -sans tout arrêter.
Je ressentais en moi le désir
très fort de ces douces souffrances.
Et je le fis connaître à
mon bon Jésus en le priant de renouveler la crucifixion que
j'avais déjà vécue.
Jésus, sans s'opposer, était
satisfait de moi.
De temps en temps, il me faisait
plaisir en transportant mon âme de nouveau aux Saints Lieux, à
Jérusalem.
Et là il me faisait plus ou
moins prendre part aux souffrances qu'il expérimenta durant sa
Passion.
Parfois, il me faisait souffrir la
flagellation, parfois le couronnement d'épines,
parfois le portement de la Croix, ou
encore la crucifixion.
Il plaisait à Jésus de
me faire souffrir l'un ou l'autre de ces mystères. Parfois
aussi, en un jour, il me faisait souffrir son entière Passion,
en me donnant plus de douceur et
en même temps plus
de souffrance.
Mon
coeur tombait en agonie
-quand c'était Jésus
lui-même qui souffrait la Passion et
-que moi je n'avais pas à la
souffrir avec lui.
J'étais agitée et
anxieuse si je ne pouvais pas au moins entrer en partie dans sa
souffrance.
Je me retrouvais souvent avec la
Vierge Marie
-à regarder Jésus subir
les souffrances les plus sévères à cause des
offenses perpétrées par des hommes sauvages, plus
sauvages que les soldats qui se saisirent de Jésus et qui le
mirent à mort.
C'est alors que je devins convaincue
que pour celui qui aime,
-il est plus facile de souffrir
lui-même
-que de voir souffrir la personne
aimée.
Je me sentais stimulée par mon
amour envers mon bien-aimé Jésus. Je le suppliais de
renouveler souvent, très souvent, mes crucifixions, afin qu'au
moins partiellement je puisse alléger ses souffrances.
Jésus
me disait souvent:
«Ma bien-aimée,
-la Croix convenablement embrassée
et désirée,
-distingue le prédestiné
du réprouvé, lequel est opiniâtrement opposé
à la souffrance.
Sache
qu'au jour du Jugement universel, celui qui fut fidèle et
persévérant
-sentira la caresse de la Croix et
sera extasié quand il la verra apparaître. alors que le
réprouvé sera saisi d'une horrible peur.
Mais, actuellement, ma bien-aimée,
-personne ne peut dire avec assurance
-si celui-ci ou celui-là sera
sauvé ou éternellement perdu.
«Par exemple si, quand se
présente la Croix,
-quelqu'un l'embrasse avec
résignation et patience,
-la baise de temps en temps,
-remercie celui qui la lui envoie et
me suit,
c'est un signe évident et
quasi certain qu'il sera parmi les sauvés.
Si, d'un autre côté,
quand la croix se présente,
-quelqu'un en devient irrité,
la méprise et
-essaie d'y échapper à
tout prix,
alors on peut voir là un signe
qu'ils se dirige vers l'enfer.
Si, pendant sa vie, une personne
m'injurie quand elle regarde la Croix,
--alors au jour du Jugement elle me
maudira,
puisque la vue de la Croix la
conduira à une éternelle terreur.
Elle distingue clairement et sans
déconvenue
-le saint du pécheur,
-le parfait de l'imparfait,
-le fervent du tiède.
Elle donne la lumière au
bien-pensant. Elle distingue le bon du mauvais.
Elle révèle jusqu'à
un certain point
-qui devrait être dans le
Paradis et
-qui devrait y occuper une place
prééminente.
Toutes les vertus deviennent modestes
et respectueuses devant la Croix.
Et sais-tu quand les vertus
acquièrent le plus de luminosité et de splendeur? C'est
quand elles sont bien greffées à la Croix.»
Comment
pourrais-je décrire la profusion de flammes d'amour pour la
Croix que Jésus infusa dans mon coeur par ces Paroles.
Je fus saisie par un engouement si
grand de souffrir que
si Jésus n'avait pas contenté
mon coeur en renouvelant souvent -- très souvent --
ma crucifixion,
j'aurais certainement été
tourmentée par des élans incontrôlables d'amour.
Parfois, après avoir renouvelé
ma crucifixion, Jésus disait:
«Bien-aimée de mon
Coeur,
-puisque tu désires ardemment
la fragrance que mes souffrances dégagent à partir de
la Croix,
-je
satisfais tes désirs en crucifiant ton âme et
-en te communiquant chacune de mes
souffrances.
Mais si tu n'étais pas si peu
disposée à démontrer à chacun combien tu
m'aimes ,je voudrais aussi sceller ton corps de mes Plaies sanglantes
et visibles.
Je veux dans ce but t'enseigner la
prière suivante à dire pour obtenir cette grâce:
«Ô Très Sainte
Trinité,
baignée dans le Sang de
Jésus-Christ, je me prosterne devant ton Trône.
Dans une profonde adoration,
je te supplie par les sublimes
vertus de Jésus, de m'accorder la grâce d'être
toujours crucifiée.»
Malgré le fait que
j'ai toujours eu une grande aversion
-- que j'ai encore --
pour tout ce qui pourrait paraître
à la vue des autres,
je consentis à ce que Jésus
m'infuse un plus grand désir d'être crucifiée
selon sa Volonté.
Et
ne voulant pas m'opposer à ce qu'il crucifie mon corps et mon
âme, j'ai rapidement renouvelé mon acceptation avec
ardeur et détermination.
Par la suite, je lui ai dit:
«Saint Époux, les signes
extérieurs n'apparaissent jamais sur moi.
Si, occasionnellement et sans penser,
j'ai pu sembler accepter ces signes, je n'ai vraiment pas voulu
consentir à cela.
Tu
sais comment j'ai toujours aimé que ma vie soit cachée.
Puisque tu veux renouveler ma
crucifixion, alors je te supplie
de me donner la souffrance permanente
sans allègement d'aucune sorte. Mais je désire
seulement une chose: je ne veux pas de signe extérieur qui
m'amènerait à l'embarras et la gêne.»
Je n'étais
pas seulement tourmentée par
le fait que quelque signe extérieur aurait pu se manifester
sur mon corps,
puisque, sans penser, j'avais
implicitement consenti à la Volonté de Jésus en
ce
sens,
-mais j'étais aussi tourmentée
par la pensée de mes péchés passés. J'ai
souvent demandé à Jésus la contrition et la
grâce de leur rémission.
Je lui ai ensuite dit que je ne serai
en paix et contente que quand j'aurai entendu de sa
Bouche: «Tes péchés sont pardonnés.»
Mon bien-aimé Jésus,
-qui ne nous refuse jamais rien
concernant notre progrès spirituel,
-me dit un jour d'une manière
qui était plus condescendante qu'à l'accoutumée:
«Aujourd'hui
je veux agir moi-même comme ton confesseur. Tu me confesseras
tous tes péchés.
Et
pendant que tu le feras, je te ferai voir
toutes les offenses que tu as
commises et
toutes les souffrances qu'elles
m'ont causées.
Tu comprendras ce qu'est le péché,
selon la capacité de l'intelligence humaine. Et tu préféreras
mourir plutôt que de m'offenser à nouveau.
Attentive
à cela, anéantis-toi et médite un peu:
«Celle qui n'est rien a du
ressentiment envers Celui qui est Tout. Le Tout aurait pu faire
disparaître le rien de la face de la terre.
Le rien est assez infâme pour
se dire contrarié par son Créateur,
-malgré le fait qu'il a été
plus que toléré, -mais aimé.
Reviens de ton néant, et avec
des sentiments d'amour récite le confiteor.»
En entrant dans mon néant,
j'ai découvert toute ma misère
et tous mes péchés.
Me retrouvant en la Présence
royale du Christ, mon Juge, j'ai commencé à trembler
comme une feuille.
Je
n'avais pas assez de force pour prononcer les paroles du confiteor.
Je serais restée dans cette
grande confusion, incapable de dire un mot,
si mon Seigneur Dieu, Jésus-Christ,
n'avait pas infusé en moi une nouvelle force et un nouveau
courage en me disant:
«Enfant de mon Amour, n'aie
pas peur.
Car même si actuellement
je suis ton Juge, je suis aussi ton Père. Prends courage et
allons de l'avant.»
Confuse et humiliée, j'ai
récité le confiteor
Me voyant complètement
couverte par le péché,
-j'ai saisi la gravité de mon
affront à mon Seigneur
-pour avoir entretenu en moi des
pensées de vrai orgueil.
Je lui ai dit:
«Seigneur, je m'accuse devant
ta Majesté du péché d'orgueil.»
Alors
Jésus dit:
«Viens près de mon Coeur
amoureux et écoute.
Ressens le tourment cruel que, par
ton orgueil, tu as causé à mon Coeur généreux.»
Et
moi, tremblante, j'écoutai son Coeur.
Comment décrire ce que j'ai
entendu et compris en seulement quelques instants! Mon Coeur,
tremblant d'amour, battait avec tant de force que je pensais qu'il
allait éclater.
En
fait, plus tard, il m'a semblé que mon coeur avait été
brisé par le chagrin, déchiré en morceaux et
détruit.
Après avoir expérimenté
tout cela, je me suis exclamée plusieurs fois:
«Oh! comme l'orgueil humain est
cruel!
Il est si cruel que s'il en avait le
pouvoir, il irait jusqu'à détruire l'Être Divin!»
Ensuite, j'ai imaginé
l'orgueil humain comme un ver très laid aux pieds du grand
Roi.
Il
se lève et se gonfle de manière à se faire
croire qu'il est quelque chose. Dans sa grande audace,
-il commence petit à petit à
ramper et à monter sur le costume du Roi,
-jusqu'à ce qu'il atteigne sa
Tête.
Voyant la couronne d'or du Roi, il
veut la lui prendre et la placer sur sa propre tête. Il veut
ensuite
-enlever au Roi son vêtement
royal,
-le détrôner, et
-utiliser tous les moyens pour lui
enlever la vie.
Le ver ne sait même pas quel
genre d'être il est. Dans son orgueil, il ne sait pas que le
Roi pourrait
le détruire, l'écraser
sous ses pieds,
-détruire ses rêves
dorés d'un simple souffle.
Les orgueilleux sont des effrontés,
des présomptueux et des ingrats. Victimes de sottes illusions
et avec leur tête gonflée par l'orgueil,
ils s'insurgent avec indignation
et passion
contre ceux qui sont moins
orgueilleux qu'eux.
C'est moi que j'ai vu dans ce ver
laid et misérable aux pieds du divin Roi.
J'ai senti mon âme chanceler
dans la confusion et la peine,
à cause de l'affront que je
lui avais fait. Mon coeur expérimenta l'agonie terrible que
Jésus souffrit à cause de mon orgueil.
Après
cela, Jésus me laissa seule.
Je continuai à méditer
sur la laideur du péché d'orgueil.
Je ne peux pas décrire la
grande souffrance que cela me causa.
Quand
j'eus bien réfléchi sur ce que Jésus m'avait
dit, il revint et me fit continuer ma confession.
Tremblante plus qu'avant, je
confessai les pensées et les paroles
que j'avais entretenues contre ses
désirs exprimés, et
aussi mes péchés d'omission.
J'ai confessé tout cela avec
tant de chagrin et d'amertume d'âme que j'étais
terrifiée
-de ma petitesse et
-de mon audace d'avoir offensé
un Dieu si bon qui, malgré mes offenses, m'avait aidée,
préservée et nourrie.
S'il ressentait de l'indignation
envers moi, c'était à cause de sa haine du péché,
et rien d'autre. Au contraire, sa Bonté envers moi, une
pécheresse, a toujours été très grande.
Il me fit pardonner même quand,
devant la Justice divine, il exposa mes faiblesses et mes fragilités.
En échange, il me donna plus de grâces et de force avec
lesquelles fonctionner.
C'était comme s'il avait
ôté le mur qui séparait mon âme de Dieu à
cause
du péché.
Si les gens comprenaient la Bonté
de Dieu et la laideur du péché, ils banniraient
complètement le péché de la terre.
Ils seraient saisis par de grands
remords et par la contrition pour leurs péchés, ou ils
mourraient.
S'ils
savaient l'infinie Bonté de Dieu, ils se rendraient à
elle.
Et les choisis trouveraient auprès
de Dieu une immense fontaine de grâces dédiées à
leur sanctification et à leur béatification.
Quand Jésus vit que je ne
pouvais plus porter l'angoisse et l'amertume du péché,
il se retira, me laissant plongée dans mes réflexions
sur le mal fait par le péché.
Dans sa Bonté de toujours, il
me préserva du Jugement de son Père et il me donna des
grâces nouvelles.
Après un long intervalle,
Jésus revint de nouveau pour me permettre de continuer ma
confession qui, quoique interrompue par moments, dura environ sept
heures.
Quand
le très aimable Jésus eut fini d'entendre ma
confession, il quitta sa position de Juge et assuma celle d'un Père
aimant.
J'étais habitée par la
constatation inexorable que mon chagrin, pourtant grand, était
insuffisant à me faire expier comme je le méritais pour
mes offenses perpétrées contre mon Dieu.
Jésus, pour me dérider,
dit:
«Je veux ajouter un supplément.
Je vais appliquer les mérites de mes souffrances du Jardin de
Gethsémani à ton âme.
Cela suffira à satisfaire à
la Justice divine.»
Je me sentis alors mieux disposée
à recevoir l'absolution de Jésus pour mes péchés.
Aussi, prosternée à ses
pieds, pleinement humiliée et confondue, je lui ai dit:
«Dieu Très Grand,
j'implore ta Miséricorde et ton Pardon pour mes péchés
si nombreux et graves.
Je désirerais que mes
capacités soient multipliées à l'infini pour que
je puisse adéquatement faire l'éloge de ton infinie
Miséricorde.
Ô Père Céleste,
pardonne le grand affront que je t'ai fait en péchant contre
toi, et daigne me donner ton paternel pardon.»
Il me dit alors: «Promets-moi
de ne plus jamais pécher. Tiens-toi loin de l'ombre même
du péché.»
Je répondis: «Oh! oui!
je le promets un millier de fois et je désire mourir plutôt
que d'offenser mon Créateur, mon Rédempteur et mon
Sauveur. Jamais!
Jamais plus!»
Sur quoi Jésus leva sa Main
droite, prononça les paroles de l'absolution, et permit à
une rivière de son Sang Précieux de couler sur mon âme.
Après que Jésus eut
lavé mon âme par son Précieux Sang et qu'il m'eut
donné son Absolution, je me suis sentie renaître à
une vie nouvelle et inondée plus que jamais de la plénitude
de la grâce.
Cet événement créa
en moi une impression que je n'oublierai jamais.
Chaque fois qu'il revient à ma
mémoire, une joie singulière monte dans mon âme
et un tressaillement envahit tout mon être. Et je le revis dans
les plus petits détails, comme s'il était en train de
se produire.
Remplie des souvenirs du passé,
j'étais envahie d'élans anxieux de correspondre, dans
la mesure du possible-,
aux grâces singulières
que le Seigneur continuait de m'accorder,
-soit en me revigorant et me ramenant
à l'état de victime,
-soit en me disposant plus
particulièrement à vivre dans sa Divine Volonté,
ce qui commandait
-les plus grandes grâces
divines et
-la plus grande participation de ma
part. (14)
Et puisque je ne suis rien, je devais
tout recevoir de Dieu.
Puis je devais travailler à
infuser chez d'autres les grâces reçues,
-un peu comme un médecin qui,
avec le sang d'un autre,
-entreprend une transfusion sur
quelqu'un pour l'aider à recouvrer la santé. Et je
devais soigneusement veiller à ce que tout retourne à
Dieu.
Dans ce but, mon bien-aimé
Jésus commença par m'attirer hors de mon corps, en me
coupant de tout ce qui pouvait me séparer de lui, et
en me réduisant à
l'état de victime permanente.
Le très patient Jésus
voulait que je sois toujours prête quand il voudrait me donner
une part de ses travaux ou de ses souffrances.
Il faisait cela
pour satisfaire à la Justice
divine offensée par les continuelles aberrations du genre
humain,
ou pour prévenir ou arrêter
la flagellation impitoyable qu'on lui fait subir.
Pour renouveler mes énergies
perdues,
Jésus me donnait souvent des
grâces particulières,
l'une de celles-ci étant
l'absolution mentionnée plus haut, qui me fut conférée
plusieurs fois.
Parfois, quand je me confessais à
un prêtre,
j'expérimentais des effets
différents et inhabituels sur mon âme. Et quand la
confession était terminée,
Jésus
lui-même se substituait au confesseur.
Il prenait l'apparence du confesseur,
et moi, croyant que je parlais à mon confesseur,
-j'ouvrais mon coeur et
-je dévoilais l'état de
mon âme, ses peurs, ses doutes, ses souffrances, ses anxiétés
et ses besoins.
Mais,
-par les réponses que je
recevais et
-par la gentillesse de la Voix, qui
parfois alternait avec celle de mon confesseur, je découvrais
qu'il s'agissait de nul autre que Jésus. Il était si
affable!
Et les effets intérieurs que
j'expérimentais n'étaient pas ordinaires. Parfois
c'était Jésus dès les débuts:
-il entendait ma confession, qu'elle
soit ordinaire ou extraordinaire,
-et il me donnait l'absolution.
Si je voulais raconter tout ce qui se
passa entre Jésus et moi, ça prendrait beaucoup de
temps et ça pourrait être considéré comme
une fable.
Aussi, je passerai à quelque
chose de plus facile à accueillir.
Neuf mois avant que la chose ne soit
arrivée,
Jésus m'avait avisé de
la deuxième guerre entre l'Italie et l'Afrique. Et voici
comment:
Mon Jésus béni, m'avait
fait sortir de mon corps.
Alors que, transformée, je le
suivais, il me fit parcourir un long chemin parsemé de
cadavres humains baignant dans leur sang. Cela m'était montré
comme une rivière inondant la route.
À ma grande horreur, Jésus
me fit voir les corps abandonnés et exposés à
une température peu clémente aussi bien qu'à la
rapacité d'animaux carnivores, puisqu'il n'y avait personne
pour s'occuper des enterrements.
Terrifiée, je demandai à
Jésus:
«Saint Époux, qu'est-ce
que tout cela signifie?
Et Jésus me répondit:
«Sache que dans l'année qui vient, il y aura la guerre.
L'homme s'abandonne à tous les vices et aux passions
charnelles.
Je
veux ma revanche sur la chair qui pue le péché.»
Je ne doutais pas de ce que Jésus
disait. Mais j'espérais néanmoins
-que
dans les prochains neuf mois, l'homme charnel mettrait un frein à
ses passions et
-que, à la vue de sa
conversion, Jésus suspendrait la guerre prévue.
Mais
que dire de ceux
-qui se vautrent dans la boue de
leurs passions et
-qui, plutôt que de se
convertir, s'y enfoncent davantage.
Et
c'était arrivé précédemment que l'Italie
et l'Afrique parlèrent d'abord de guerre.
Puis, tôt après, ils
s'engagèrent dans une dure guerre résultant en beaucoup
de souffrances et de dommages des deux côtés.
Alors, plus que jamais, je m'offris
moi-même à mon bon Jésus, pour qu'il diminue le
nombre des victimes de cette guerre. Je m'offris pour les âmes
qui, malgré mes prières et mes supplications envers la
Miséricorde de Dieu, ne seraient pas en état de grâce
et seraient jetées dans l'enfer quand elles paraîtraient
devant Dieu.
Mais Jésus ne m'écouta
pas. Une fois de plus, il me fit sortir de mon corps. Le suivant, je
fus à Rome en un instant. Là j'entendis beaucoup de
voix et j'appris la situation décrite plus haut. Jésus
me fit pénétrer avec lui dans le parlement, dans la
salle du conseil, où les députés se livraient à
un chaud débat sur la manière de mener la guerre pour
être sûrs de la victoire.
La discussion se poursuivait avec
beaucoup de mots pompeux, d'orgueil et de fanatisme pitoyables. Mais
ce qui fit la plus grande impression sur moi, c'est qu'ils étaient
tous sectaires et agissaient sous la pression du démon, à
qui ils avaient vendu leur âme dans le but d'avoir une fin de
guerre victorieuse.
J'étais horrifiée
d'apprendre cela et je me disais en moi-même:
«Que d'hommes tristes et
sauvages; que de tristes temps, plus tristes encore que ceux qui y
vivent!»
Il me semblait que Satan régnait
parmi eux, puisque leur entière confiance était placée
en lui plutôt qu'en Dieu. Et c'était du démon
qu'ils attendaient la victoire.
Pendant
qu'ils étaient engagés dans un débat chaud et
rigoureux, ils s'éloignaient les uns des autres, même
s'ils voulaient unir leurs différences. Jésus, sans
être vu, était au milieu d'eux.
Entendant leurs tristes propositions,
il pleurait sur leurs misérables propos. Après qu'ils
eurent fait leurs plans pour mener leur guerre sans Dieu, ils se
vantaient très présomptueusement, se disant plus que
jamais sûrs de la victoire.
Alors,
comme s'ils étaient encore là pour l'écouter,
Jésus dit d'un ton de voix menaçant: «Vous avez
une grande confiance en vous-mêmes, mais je vous humilierai; et
alors vous mesurerez la grandeur de vos pertes pour ne pas avoir
invoqué l'aide et l'intervention de Dieu qui est l'auteur de
tout bien.
Cette fois, l'Italie ne sera pas
victorieuse. Elle expérimentera plutôt une
défaite totale.»
Comment décrire combien mon
coeur souffrit de ces paroles de Jésus, et de combien de
manières j'essayais de pacifier mon aimable Jésus, pour
qu'au
moins la guerre ne soit pas si
meurtrière.
Comme toujours, je m'offris comme
victime d'expiation et je demandai au Seigneur de m'accorder les plus
grandes souffrances et d'épargner l'Italie d'une telle
flagellation.
Mais
Jésus me dit:
«Je resterai ferme pour que
l'Afrique soit victorieuse sur l'Italie. Et je t'accorderai seulement
ceci:
l'Afrique
victorieuse n'envahira pas le sol italien pour y continuer la guerre.
La punition est juste, puisque l'Italie la mérite
-pour son mode de vie licencieux,
-pour sa foi perdue et
-parce qu'elle met sa confiance dans
le démon plutôt qu'en Dieu.»
Tout ce qui me fut dit à ce
moment-là, ou en d'autres circonstances, je l'ai expliqué
à mon confesseur sous l'obéissance.
Et il me dit: «Il ne me semble
pas vraisemblable que l'Italie sera vaincue par l'Afrique, puisque la
civilisation moderne de l'Italie possède toutes sortes d'armes
offensives et défensives que ne possède pas l'Afrique.»
Quand les Paroles de Jésus se
confirmèrent, mon confesseur me dit: «Mon enfant, il n'y
a pas de plan, pas de sagesse et pas de force qui aient un peu de
valeur, s'ils n'originent pas de Dieu.»
J'aurais pu terminer ici ce récit
des plus importantes choses qui me sont arrivées avec Jésus
à compter de l'âge de 16 ans à venir jusqu'à
aujourd'hui, si mon confesseur ne m'avait pas obligé de
raconter les diverses manières utilisées par Jésus
pour communiquer avec moi.
Elles sont variées, mais je
les réduirai à quatre.
Jésus fait connaître
à l'âme ce qu'il veut faire et il fait sortir l'âme
de son corps.
Ceci peut arriver en un instant.
L'âme sort du corps d'une manière si soudaine que le
corps lève pour suivre l'âme mais reste finalement comme
s'il était mort. L'âme, quant à elle, suit Jésus
dans sa course et voyage dans l'univers: terre, mers, montagnes et
cieux, et elle termine dans les régions du Purgatoire ou dans
l'éternelle Demeure de Dieu.
Quelquefois l'âme sort du corps
plus calmement. En fait, c'est comme si le corps se reposait en étant
insensible et absorbé en Dieu. Ensuite, quand Jésus
part, l'âme essaie de le suivre partout où il va. Dans
chaque cas le corps reste comme pétrifié et ne sent
rien du monde extérieur, même si le monde entier devait
être secoué ou si le corps était transpercé,
brûlé ou coupé en pièces.
Je peux dire que pour les deux
manières, j'étais hors de mon corps et loin de
l'endroit où Jésus m'avait prise. Quand j'étais
loin des limites de la terre, au Purgatoire ou au Paradis, et que je
voyais mon confesseur venir chez moi pour me réanimer, alors,
en un clin d'oeil et au commandement de Jésus, je me
retrouvais dans mon corps.
Jésus voulait ma parfaite
obéissance à mon confesseur.
Les premières fois que cela
arriva, je m'inquiétais, je m'agitais et j'étais
anxieuse de revenir à mon corps à temps pour être
disponible à mon confesseur quand il voudrait me réveiller.
Et je devais être obéissante!
Je confesse que je n'étais
jamais en retard pour rentrer dans mon corps quand le confesseur
m'attendait à mon petit lit.
Toutefois, si Jésus ne s'était
pas hâté de ramener mon âme à mon corps,
j'aurais avec entêtement résisté à la voix
du confesseur, puisque j'avais le choix de laisser Jésus, mon
plus grand Bien ou de me soumettre à la voix de mon
confesseur.
Je disais à Jésus: «Je
vais à mon confesseur qui m'appelle à l'obéissance,
mais je reviendrai rapidement à mon Bien-Aimé, aussitôt
qu'il sera parti.
Je te supplie de ne pas me faire
attendre longtemps.»
Dans les deux cas, Jésus
n'avait pas à parler à mon âme pour que je le
comprenne.
À cause de la lumière
qu'il communique à mon esprit, il me faisait comprendre
directement ce qu'il voulait me signifier. Oh! combien nous nous
comprenons quand nous sommes ensemble!
Ce type de communication
intellectuelle par laquelle Jésus se fait comprendre est très
rapide. Beaucoup de choses sublimes sont apprises en un clin d'oeil
-- plus qu'on pourrait apprendre en lisant des livres le temps d'une
vie.
Cette communication est si élevée
et sublime qu'il est impossible à l'intelligence humaine
d'exprimer en mots tout ce qu'une âme peut ainsi recevoir en un
simple instant.
Oh! quel sage et ingénieux
professeur qu'est Jésus!
En un clin d'oeil il fait apprendre
beaucoup de choses que d'autres n'arriveraient pas à faire
apprendre en plusieurs années.
C'est
parce que les enseignants de la terre n'ont pas cette puissance de
communiquer leur science.
Pas plus qu'ils ne peuvent maintenir
l'attention de leurs disciples sans qu'il y ait effort et fatigue.
Les voies de Jésus sont si
douces, tendres et gentilles qu'aussitôt que l'âme
découvre cela,
-elle
se sent attirée à lui; et
-elle ne peut rien faire d'autre que
de courir derrière lui à la vitesse maximum.
Sans le réaliser, l'âme
se trouve transformée en lui de telle manière qu'elle
ne peut pas faire la différence entre elle-même et
l'Essence divine.
Qui pourrait décrire ce que
l'âme apprend dans ce moment de transformation.
Cela peut être décrit
-seulement par Jésus ou
-par une âme qui a subit cette
transformation pendant sa vie et qui est parvenue à l'état
de gloire parfaite.
Même si une âme revenue à
son corps
-possédait la lumière
divine et
-se sentait complètement
absorbée en Dieu,
elle aurait beaucoup de difficultés
à dire comment on se sent quand on revient à son corps,
plongé dans la plus sombre noirceur.
Son essai serait difficile et
imparfait, sinon tout à fait impossible. Imaginons, par
exemple, un aveugle de naissance qui, un beau jour, reçoit
subitement la faculté de voir, et qui, dans un court laps de
temps, voyage à
travers l'univers et voit les choses les plus merveilleuses: les
minéraux, les végétaux, les animaux et les
voûtes célestes parsemées d'étoiles.
Et supposons qu'après
seulement quelques minutes, il est ramené à sa
condition d'aveugle.Pourrait-il vraiment communiquer, dans un langage
approprié, ce qu'il a vu?
Ne risquerait-il pas de se couvrir de
ridicule
si, plutôt que de donner un
bref aperçu de ce qu'il a vu,
il essayait d'en donner une
description détaillée.
Cette situation est similaire à
celle d'une âme qui a voyagé partout sur la terre et au
Paradis et qui, revenant à son corps, se sent comme notre
aveugle retourné à sa cécité.
Elle préfère se
réfugier dans le silence plutôt que de parler, parce
qu'elle a peur d'apparaître ridicule.
L'âme qui revient dans son
corps est triste et inconsolable Elle se sent dans la situation d'un
prisonnier.
Elle languit de s'élancer vers
son plus grand Bien et elle est plus malheureuse que celui qui a
perdu l'usage de la vue.
Elle aspire seulement à être
unie à Dieu et n'a aucun désir de parler gauchement et
d'une manière désordonnée de choses qui
dépassent ses capacités humaines et charnelles.
À cause de l'obéissance
et au risque de faire des erreurs, j'expliquerai maintenant, du mieux
que je peux, une autre manière dont Jésus parle
à l'âme.
Alors que l'âme est dans
son corps, elle voit la Personne de Jésus apparaître
comme un enfant ou un jeune homme, ou encore dans son état de
Crucifié. Et les Paroles qu'il dit atteignent l'entendement de
l'âme.
L'âme, à son tour, parle
à Jésus. Tout se passe à la manière d'une
conversation entre deux personnes.
Les Paroles de Jésus sont
alors rares et d'à peine quatre ou cinq mots. Très
rarement parle-t-il longtemps.
Une simple Parole de Jésus
produisait une Lumière intense en moi et laissait mon âme
absorbée par une vérité qui devenait mienne.
C'était un peu comme de voir un petit ruisseau qui rapidement
devient une vaste mer.
Si les sages du monde pouvaient
entendre une simple Parole de Jésus, sûrement qu'ils
resteraient stupéfaits, muets, confus et incapables de savoir
quoi répondre. Quand Jésus veut manifester une Vérité
à un être, il se sert d'un langage approprié à
l'intelligence de cet être. Il n'est pas nécessaire de
chercher des mots spéciaux pour pouvoir communiquer des
Paroles de Jésus à d'autres personnes.
On peut se servir des mêmes
mots que lui.
D'un autre côté, l'âme
se trouve embarrassée quand elle essaie de communiquer
verbalement aux autres les vérités qu'elle a apprises
par des communications intellectuelles. Jésus s'adapte à
la nature humaine. En choisissant ses mots, il s'ajuste au langage et
la capacité de chaque âme. Quant à moi, une
petite créature, je ne peux pas adéquatement
communiquer ces pensées à d'autres sans risque
d'errance.
Bref,
Jésus agit comme un enseignant très sage et très
doué qui possède des connaissances supérieures
dans toutes les sciences.
Il utilise le langage compris et
parlé par l'élève et, puisqu'il cherche la
vérité scientifique, il enseigne pour être
compris. Sinon, il enseignerait d'abord le langage et, par la suite,
les sciences qu'il veut communiquer.
Jésus, qui est toute bonté
et toute sagesse, s'adapte à la capacité de l'âme
d'une façon qui ne méprise ni n'humilie la personne.
À l'ignorant qui veut
apprendre, il enseigne la vérité nécessaire pour
atteindre la vie éternelle.
Et au savant il communique ses
Vérités d'une façon plus élaborée,
son seul but étant d'être connu, apprécié
et de ne priver personne de ses Vérités.
Une
autre manière que Jésus utilise pour faire comprendre
ses Vérités à l'âme,
c'est par la participation à son Essence.
Nous savons que Dieu créa le
monde de rien et, à sa Parole, toutes les choses vinrent à
l'existence. Puis, comme cela avait été prévu de
toute éternité, la création fut mise en ordre
par une autre Parole toute-puissante du Créateur.
Ainsi,
quand Jésus parle de vie éternelle à une âme,
alors, dans le même acte, il infuse dans l'âme cette
vérité.
S'il veut que l'âme devienne
amoureuse de sa Beauté, il lui demande: «Veux-tu savoir
à quel point je suis beau? Peu importe comment tes yeux
scrutent toutes les belles choses répandues sur la terre et
dans les cieux, tu ne verras jamais de beauté comparable à
la mienne.»
Pendant que Jésus lui dit
cela, l'âme sent que quelque chose de divin entre en elle.
Et elle veut être près
de lui parce qu'elle est attirée par sa Beauté qui
surpasse toute beauté. En même temps, elle perd tout
désir pour les choses belles de la
terre, parce que peu importe combien
ces choses peuvent être belles et précieuses, elle voit
la différence infinie entre Jésus et ces choses. Ainsi
elle se donne à Dieu et est transformée en lui.
Elle pense continuellement à
lui parce qu'elle est complètement enveloppée par lui,
aimée par lui, pénétrée par lui. Et si
Dieu ne faisait pas un miracle, l'âme cesserait de vivre: son
coeur se transformerait en pur amour à la vue de la Beauté
de Jésus et elle voudrait s'envoler vers lui pour jouir de sa
Beauté.
Même si j'ai expérimenté
toutes ces émotions, y inclus le magnétisme de la
Beauté de Jésus, je ne sais pas comment décrire
ces choses. Mes paroles ne peuvent donner que des mauvaises
descriptions. Néanmoins, je dois admettre qu'une empreinte
surnaturelle est restée en moi qui fait adhérer mon
esprit à ces réalités.
Comparée à mon très
aimable Jésus, chaque belle chose de la terre est éclipsée
comme une étoile devant au soleil. Ainsi j'en suis venue à
considérer toutes les beautés terrestres comme des
vétilles ou des jouets. Ce que j'ai dit de la Beauté de
Jésus, je pourrais aussi bien le dire de sa Pureté, de
sa Bonté, de sa Simplicité et de toutes les autres
vertus et attributs de Dieu, parce que, quand il parle à
l'âme, il lui communique ses Vertus de même que
ses Attributs.
Un jour, Jésus me dit:
«Vois-tu comme je suis pur? Je veux aussi cette pureté
en toi.» J'ai senti que par ces mots Jésus avait
transfusé sa Pureté en moi, et j'ai commencé à
vivre comme si je n'avais pas de corps. Je me sentais comme assoupie
et grisée par la céleste fragrance de sa Pureté.
Mon corps, qui participait maintenant
à sa Pureté, devint très simple. La rectitude de
Jésus et son dégoût pour l'impureté me
possédaient à un tel point que, si je percevais une
impureté, même à distance, mon estomac se
rebellait avec de forts épisodes de vomissements.
En résumé, l'âme
à qui Dieu a parlé de pureté en devient toute
transformée. Elle vit et agit seulement en Jésus,
puisqu'il a établi sa résidence permanente en elle.
Je dois ici souligner que ce que j'ai
dit de la Beauté et de la Pureté de Jésus, et de
ce qui a été transformé en moi, est une simple
approximation, puisque l'habileté et l'intelligence humaine
sont incapables d'exprimer en langage humain ce qui est sublime et
angélique.
C'est ainsi qu'il m'est impossible de
bien décrire les perceptions que j'ai eues de la Pureté,
de la Beauté, et des autres vertus et divins attributs que mon
bon
Jésus communiquait de temps en
temps à mon âme.
Comme il est désirable de
participer aux vertus et aux attributs de Dieu que Jésus
communique à l'âme d'une manière aussi originale!
En ce qui me concerne, je donnerais
tout ce qui existe en échange d'un simple moment d'une telle
communication, par laquelle l'âme devient plus près de
lui et est amenée à la compréhension des choses
divines à la manière des anges et des saints du
Paradis.
Une autre façon utilisée
par Jésus pour parler à l'âme est
par une communication
coeur à coeur.
Et puisque l'âme est l'hôte
du Coeur de Jésus, elle est toujours très attentive à
procurer à Dieu le plus grand plaisir.
Intérieurement, Jésus
est au repos, mais il est toujours vigilant dans l'abri intime du
coeur. Puisque les deux coeurs sont fondus et ne font qu'un, il
rappelle à l'âme son devoir sans articuler un mot. Pour
se faire comprendre intérieurement à l'âme, il
lui est suffisant de faire un simple geste. En d'autres mots, il
utilise des paroles audibles par le coeur.
Cette manière de parler à
l'âme qui fait de Jésus l'absolu propriétaire du
coeur, survient quand il a pris la direction de l'âme. S'il la
voit déficiente dans l'exercice de ses devoirs ou si, par
négligence, elle a laissé échapper quelque
chose, il la réveille en lui rafraîchissant doucement la
mémoire.
S'il la voit angoissée,
triste, bouger lentement, manquer de charité ou autres, il la
réprimande.
Ses
Paroles suffisent pour que, rapidement, l'âme rentre en
elle-même pour se concentrer davantage sur Dieu et accomplir sa
Sainte Volonté.
Je veux ici poursuivre ce récit
des grâces que mon très aimable Jésus m'accorda
généreusement, à moi, la moindre de ses
servantes, au cours d'à peu près 16 ans de ma vie,
commençant au moment où je me suis proposée de
faire la neuvaine préparatoire à la fête de Noël,
avec neuf méditations par jour sur les grands mystères
de l'Incarnation.
Quand j'ai commencé à
rédiger ce manuscrit, mon confesseur vint me voir, et,
concernant cette neuvaine, je lui ai dit: «Ainsi j'ai fait une
deuxième heure de méditation, puis une troisième,
jusqu'à neuf, lesquelles je passe sous silence pour ne pas
être ennuyeuse.»
Cependant il m'avait ordonné
de tout écrire en détails. Ainsi donc, je dois obéir
- même à l'encontre de mon propre raisonnement. Sans
plus m'en faire et en faisant confiance à Jésus, je
poursuis donc ma narration de ce que Jésus m'a fait vivre
pendant cette neuvaine.
De la deuxième méditation,
j'ai rapidement passé à la troisième.
Au commencement de cette méditation,
la voix à l'intérieur de moi se fit entendre et me dit:
«Mon enfant, mets ta tête
sur le sein de ma Mère et médite sur ma petite Humanité
qui se trouve là.
Ici, mon Amour pour les créatures
me dévore littéralement. L'immense feu de mon Amour,
les océans d'Amour de ma Divinité, me réduisent
en cendres et excèdent toute limite. Et ainsi mon Amour couvre
toutes les générations.
Actuellement, je suis encore dévoré
par le même Amour. Sais-tu ce que mon Amour éternel veut
dévorer? Ce sont toutes les âmes! Mon enfant, mon Amour
sera satisfait seulement quand il les aura toutes dévorées.
Puisque je suis Dieu, je dois agir comme un Dieu en embrassant chaque
âme qui est venue, vient ou viendra à l'existence, parce
que mon Amour ne me donnerait aucune paix si j'en excluais une seule.
Oui, mon enfant, regarde bien dans le
Sein de ma Mère et place ton regard sur mon Humanité
fraîchement conçue. Là tu trouveras ton âme
conçue aux côtés de la mienne, entourée
des flammes de mon Amour. Ces flammes cesseront seulement quand elles
t'auront consumée, toi avec moi!
Combien je t'ai aimée, je
t'aime et je t'aimerai éternellement!»
En entendant ces Paroles, je devins
comme noyée dans tout cet Amour de Jésus, et je
n'aurais pas su comment y répondre si une voix intérieure
ne m'avait secouée et dit: «Mon enfant, cela n'est rien
comparé à ce que mon Amour peut faire.
Presse-toi plus près de moi,
donne tes mains à ma chère Mère, de telle
manière que tu puisses te tenir toute proche de son Sein
maternel. Et en même temps, attarde-toi encore à ma
petite Humanité, conçue là pour concevoir les
âmes pour l'éternité. Cela te donnera une
occasion de méditer sur le quatrième excès de
mon Amour.»
«Mon enfant, si tu veux passer
de mon Amour dévorant à mon Amour agissant, tu me
découvriras dans un abîme sans fond de souffrances.
Considère que chaque âme conçue en moi m'apporte
le fardeau de ses péchés, de ses faiblesses et de ses
passions.
Mon Amour m'amène à
porter le fardeau de chacun, parce que, après avoir conçu
son âme en moi, j'ai aussi conçu la contrition et la
réparation qu'il aura à offrir à mon Père.
Aussi, ne t'étonne pas si ma Passion fut également
conçue à ce moment-là.
Regarde-moi bien dans le sein de ma
Mère et tu découvriras combien j'y vis de souffrances.
Regarde bien ma petite Tête
entourée d'une couronne d'épines, lesquelles, pendant
qu'elles percent cruellement ma peau, me font verser des rivières
de chaudes larmes.
Oui, sois émue de pitié
pour moi et, de tes mains qui sont libres, sèche mes larmes.
«Cette
couronne d'épines, mon enfant, n'est autre qu'une couronne
cruelle que les créatures tressent pour moi avec les pensées
mauvaises qui remplissent leur esprit. Oh! comme ces pensées
me transpercent cruellement -- un long couronnement de neuf mois!
Et comme si ce n'était pas
assez, elles crucifient mes Mains et mes Pieds afin que soit
satisfaite la Justice divine pour ces créatures, elles qui
circulent sur des chemins pervers, qui commettent toutes sortes
d'injustices et empruntent des voies illégales pour leur
profit.
Dans
cet état, il ne m'est pas possible de bouger, même une
Main, un Doigt ou un Pied. Je reste immobile, soit à cause de
l'atroce crucifixion que je subis ou à cause de l'espace
réduit dans lequel je suis.
Et j'ai vécu cette crucifixion
pendant neuf mois!
Sais-tu, mon enfant, pourquoi le
couronnement d'épines et la crucifixion sont
renouvelés en moi à
chaque moment?
C'est que le genre humain ne cesse de
concevoir des desseins cruels qui, comme des épines ou de
clous, transpercent sans cesse mes Tempes, mes Mains et mes Pieds.»
Jésus continua ainsi de
raconter ce que sa petite Humanité souffrit dans le sein de sa
Mère.
J'en
passe pour ne pas être trop longue et parce que mon coeur n'a
pas le courage de tout raconter ce que Jésus souffrit par
amour pour nous.
Et moi je ne pouvais rien faire
d'autre que de verser un flot de larmes. Cependant il me secoua et,
d'une voix faible, il me dit dans l'intérieur de mon coeur:
«Mon
enfant, j'ai hâte de t'embraser et de te retourner l'amour que
tu me donnes.
Mais je ne peux pas encore le faire,
parce que, comme tu le vois, je suis enfermé dans cet endroit
qui me garde immobile.
J'aimerais venir à toi, mais
j'en suis incapable puisque je ne peux pas encore marcher.
Premier enfant de mon Amour
souffrant, viens souvent m'embrasser.
Plus tard, quand j'émergerai
des entrailles de ma Mère, je viendrai à toi pour
t'embrasser et pour rester avec toi.»
Dans ma fantaisie, je m'imaginais
être avec lui dans le sein de sa Mère et je l'embrassais
et le serrais sur mon coeur.
Dans son affliction il me fit une
fois encore entendre sa voix et me dit: «Mon enfant, c'est
assez pour le moment.
Va maintenant méditer sur le
cinquième excès de mon Amour qui, malgré qu'il
est rejeté, ne se retirera pas ni ne s'arrêtera.
Plutôt il surmontera tout et
continuera d'avancer.»
Entendant l'appel de Jésus à
méditer sur le cinquième excès de son Amour,
j'ai prêté l'oreille de mon coeur pour entendre
intérieurement sa faible voix me dire:
«Observe qu'aussitôt que
je fus conçu dans le sein de ma Mère, j'ai conçu
la
grâce pour toutes les créatures
humaines en même temps, pour qu'elles puissent grandir comme
moi en sagesse et en vérité.
C'est pourquoi j'aime leur compagnie,
je veux rester en correspondance continuelle d'Amour avec elles, et
très souvent je leur manifeste mon Amour palpitant.
«Avec elles, je veux être
continuellement en réciprocité d'Amour et partager à
chaque jour mes joies et mes peines. Je languis pour qu'elles
reconnaissent que la seule raison pour laquelle je suis venu du Ciel
sur la terre, c'est de les rendre heureuses.
Et
comme un petit frère, je souhaite rester avec elles et parmi
elles pour recueillir leurs bons sentiments et leur amour.
Je languis de redonner à
chacune mes Biens et mon Royaume, même au coût du plus
grand des sacrifices: ma Mort pour leur vie.
Bref, je languis de jouer avec elles
et de les couvrir de baisers et de caresses amoureuses.
«Cependant, en échange
de mon Amour, je ne récolte hélas que des chagrins. En
fait, il y a celles qui écoutent mes Paroles sans bonne
volonté, qui méprisent ma Compagnie, qui se détachent
de mon Amour, qui essaient de m'échapper ou qui jouent
aux sourds.
Pire, il y a celles qui dédaignent
et abusent.
Les premières ne sont pas
intéressées à mes Biens ni à mon Royaume;
elles reçoivent mes Baisers et mes Étreintes dans
l'indifférence.
La
joie que je devrais goûter avec elles se change en silences et
en rejets.
Les autres, en plus grand nombre,
font que mon Amour pour elles résulte pour moi en larmes
abondantes, lesquelles servent d'issue naturelle à mon Coeur
si méprisé et outragé.
«Ainsi, alors que je suis parmi
elles, je suis toujours seul.
Comme elle est pesante cette solitude
forcée résultant de leur abandon. Elles font la sourde
oreille à tous les appels de mon Coeur!
Elles ferment toute avenue à
mon Amour.
Je suis toujours seul, triste et
silencieux!
Oh! mon enfant, paie-moi de retour
pour mon Amour en ne me laissant pas dans cette solitude!
Permets-moi de te parler, et
écoute attentivement mes Enseignements.
-Sache que je suis le Professeur des
professeurs.
-Si tu veux m'écouter, tu
apprendras beaucoup de choses
En même temps, tu m'aideras
à cesser de pleurer et tu jouiras de ma Présence.
Dis-moi, aimerais-tu jouer avec moi?»
Je me suis alors abandonnée à
Jésus en manifestant mon désir de toujours lui être
fidèle et de l'aimer dans la tendresse et la compassion.
Mais, malgré son désir
de vouloir se réjouir avec moi, il est demeuré seul,
sans soulagement.
Pendant
que je passais ainsi ma cinquième heure de méditation,
la voix intérieure me dit:
«Assez de cela. Médite
maintenant sur le sixième excès de mon Amour.»
«Mon enfant, que mon Intimité
soit avec toi! Viens plus près de moi et prie ma chère
Mère pour qu'elle te fasse une petite place dans son Sein,
pour que tu puisses observer dans quel état de douleurs
j'y suis.»
En pensées, je m'imaginais que
ma Mère Marie voulait me démontrer sa grande affection
en me laissant rejoindre le doux et affable Jésus dans son
Sein. Je m'imaginais que j'étais là dans son Sein très
près du mon aimable Jésus. Mais comme la noirceur y
était grande, il m'était impossible de voir ses Traits
et je ne pouvais que sentir la chaleur de son Souffle d'Amour.
À l'intérieur de moi il
me dit:
«Mon enfant, médite sur
une autre manifestation de la surabondance de mon Amour.
Je suis la Lumière éternelle
et il n'y a pas hors de moi de lumière qui soit plus
resplendissante.
Le soleil avec toute sa splendeur
n'est qu'une ombre à côté de ma Lumière
éternelle.
Cependant, celle-ci s'est entièrement
éclipsée
-quand, par amour pour les créatures,
-j'ai embrassé la nature
humaine.
Vois-tu la sombre prison dans
laquelle l'Amour m'a conduit?
Oui, c'est par amour pour les
créatures que je me suis confiné à ce réduit
et que j'ai attendu là après quelque rayon de lumière.
J'ai attendu patiemment dans la grande noirceur, dans une nuit sans
étoile ni repos, la lumière du soleil qui
n'apparaissait pas encore.
«Quelle souffrance j'y ai
endurée! Les murs étroits de cette prison ne me
donnaient aucun espace pour remuer, et engendraient en moi de
terribles angoisses.
Le manque de lumière
-m'empêchait de voir et me
coupait le souffle,
-un souffle que je devais recevoir
lentement par la respiration de ma Mère.
Sais-tu ce
-qui m'a amené à
cette prison,
-qui m'a enlevé ma Lumière
et m'a fait lutter pour ma respiration?
C'est l'Amour que je ressens pour les
créatures confronté à la noirceur de leurs
péchés. Chacun de leurs péchés est une
nuit pour moi. Je suffoque de ressentir leurs coeurs sans repentir et
ingrats. Ils produisent un abîme sans fond d'obscurité
qui me paralyse.
Ô excès de mon Amour, tu
m'as fait partir d'une plénitude de Lumière pour
m'amener à la plus noire des nuits dans un étroit
réduit qui annihile la liberté de mon Coeur.»
Pendant
qu'il disait cela, Jésus gémissait péniblement à
cause du manque d'espace. Pour l'aider, je voulais lui donner un peu
de lumière par mon amour.
À travers sa souffrance, il me
fit entendre sa douce Voix et me dit:
«Assez pour l'instant; passons
au septième excès de mon Amour.»
Jésus ajouta: «Mon
enfant, ne me laisse pas dans une telle solitude et une telle
obscurité! Ne quitte pas le Sein de ma Mère et
arrête-toi au septième excès de mon Amour. Écoute
bien:
«J'étais parfaitement
heureux dans le Sein de mon Père. Il n'y avait aucun bien
que je ne possédais: joie,
félicité, etc. Les anges m'offraient le culte de la
plus grande adoration et étaient attentifs à chacun de
mes Désirs. Mais l'excès de mon Amour pour le genre
humain me fit changer de condition.
Je me suis dépouillé de
ces joies, ces félicités et ces biens célestes
pour me revêtir des infirmités des créatures,
afin de leur amener mon éternel bonheur, mes joies et mes
avantages célestes.
«Cet échange aurait été
facile pour moi si je n'avais pas trouvé chez l'homme
l'ingratitude plus monstrueuse et la haine la plus obstinée.
Oh! comme mon Amour éternel
fut déçu par une telle ingratitude!
Je souffre beaucoup de la méchanceté
de l'homme, qui est pour moi la plus grande et la plus pointue des
épines.
Observe bien mon petit Coeur et vois
les nombreuses épines qui le recouvrent. Observe les blessures
qu'y font les épines et les rivières de Sang qui s'en
échappent.
«Mon enfant, ne sois pas
ingrate toi aussi, parce que l'ingratitude est ce qu'il y a de plus
dur pour ton Jésus. L'ingratitude est pire que de claquer la
porte de mon Coeur.
Elle me garde dehors, sans amour et
dans la froideur.
Malgré la perversité du
coeur de l'homme, mon Amour jamais ne cesse.
Et il assume une attitude plus élevée
m'amenant à supplier et à languir après lui.
Et ceci, mon enfant, est le huitième
excès de mon Amour.»
«Mon enfant, ne me laisse
pas seul.
Continue de reposer ta tête sur
la poitrine de ma Mère et tu entendras mes gémissements
et mes supplications.
Tu
verras que ni mes gémissements ni mes supplications n'amènent
les créatures ingrates à ressentir de la pitié
pour mon Amour bafoué.
Ainsi
tu me verras, encore bébé, tendre la main comme le plus
pauvre des mendiants et demander la pitié et un peu de charité
pour les âmes. J'espère de cette façon attirer
les coeurs gelés par l'égoïsme.
«Mon enfant, mon Coeur veut
gagner le coeur de l'homme à tout prix.
Aussi j'ai décidé que
si, après le septième excès de mon Amour, ils
font encore la sourde oreille en se montrant désintéressés
de Moi et de mes Biens, alors je vais aller plus loin.
Mon Amour aurait dû s'arrêter
après tant d'ingratitude. Mais non.
Il veut dépasser ses limites
et faire qu'à partir des entrailles de ma Mère, ma Voix
suppliante atteigne chaque coeur.
Pour toucher les fibres du coeur
humain, j'utilise les méthodes les plus expressives, les mots
les plus doux et les plus efficaces, ainsi que les prières les
plus émouvantes. Je leur dis:
«Mes enfants, donnez-moi vos
coeurs, qui sont miens.
En échange, je vous
donnerai tout ce que vous voudrez, y compris Moi- Même.
Au
contact de mon Coeur, je réchaufferai vos coeurs.
Je les ferai éclater dans les
flammes de mon Amour et je détruirai en eux ce qui n'est pas
du Paradis.
Sachez que mon but en quittant le
Paradis pour m'incarner dans le Sein de ma Maman, était que
vous puissiez entrer dans le Sein de mon Père Éternel.
Oh! ne trompez pas mes espérances!
«En voyant les créatures
résister à mon Amour et s'éloigner de moi, j'ai
essayé de les retenir.
Les Mains jointes et avec mes plus
tendres supplications, j'ai essayé de les gagner en disant
d'une voix sanglotante:
«Voyez,
mes enfants, le petit Mendiant que je suis, qui ne fait que réclamer
vos coeurs. Ne pouvez-vous pas comprendre que cette façon
d'agir m'est dictée par les excès de mon Amour?»
«Pour
attirer les créatures à son Amour, le Créateur a
pris la forme d'un petit bébé, afin de ne pas faire
peur.
Quand il voit que la créature
est récalcitrante et obstinée et ne se rend pas à
sa requête, il insiste, se plaint et pleure.
Ceci ne t'amène-t-il pas à
la compassion? N'attendrit-il pas ton coeur?
«Mon enfant, ne semble-t-il pas
que les créatures raisonnables ont perdu la raison.
Alors qu'elles devraient se réjouir
d'être submergées et réchauffées par les
flammes de mon Amour divin, elles essaient de s'en détacher en
allant à la recherche d'amours bestiaux aptes à les
conduire dans le chaos infernal pour y pleurer éternellement.»
À ces Paroles de Jésus,
je me sentis fondre. J'étais terrifiée.
Je tremblais en pensant aux dommages
irréparables entraînés par l'ingratitude des
hommes et à leurs éternelles conséquences.
Et,
alors que j'étais plongée dans ces considérations,
la Voix de Jésus se fit entendre à nouveau dans mon
coeur:
«Et toi, mon enfant, ne
veux-tu pas me donner ton coeur?
Faut-il que je pleure, me lamente,
et te supplie pour obtenir ton amour?»
Pendant que Jésus me disait
cela, mon coeur était saisi d'une ineffable tendresse pour
lui.
Et sanglotant d'un vif amour jamais
ressenti auparavant, je dis:
«Mon bien-aimé Jésus,
ne pleure plus.
Oui, oui! Je te donne non seulement
mon coeur, mais je me donne moi-même.
Je n'hésite pas à tout
te donner.
Mais pour que mon don soit plus beau,
je veux enlever de mon coeur tout ce qui n'est pas de toi. Aussi,
s'il te plaît, donne-moi cette grâce efficace pour rendre
mon coeur comme le tien, pour que tu puisses y trouver une demeure
stable et permanente.»
«Mon enfant, mon état
devient toujours plus douloureux.
Si tu m'aimes, garde ton regard fixé
sur moi, de sorte que tu puisses bien apprendre tout ce que je
t'enseignerai.
Offre à ton petit Jésus
un sursis pour ses pleurs et ses profondes afflictions -- un mot
d'amour, une caresse, un baiser affectueux -- pour que mon Coeur
puisse être réconforté par le sentiment d'un
retour d'amour.
«Vois, mon enfant, après
avoir pris connaissance des preuves de mon Amour décrites par
les huit excès mentionnés jusqu'ici, l'homme devrait
s'être incliné devant mon vrai et sublime Amour.
Plutôt,
il le reçoit mal et me fait passer à un autre excès
qui, s'il ne trouve pas de
retour, sera encore plus douloureux
pour moi.
«Jusqu'ici, l'homme n'a pas
capitulé. C'est pourquoi je poursuis avec mon neuvième
excès d'Amour, qui est mon très vif désir de
m'échapper du Sein maternel pour me mettre à la
poursuite de l'homme. Et après l'avoir stoppé sur les
pentes du mal, je languis de l'étreindre et de le baiser --
lui si ingrat pour mon Amour -- pour le rendre amoureux de ma Beauté,
de ma Vérité et de mon éternelle Bonté.
«Ce
grand dessein réduit ma petite Humanité qui n'a pas
encore vu le jour à un état d'agonie suffisant pour
mettre un terme à ma Vie. Si je n'étais pas aidé
et soutenu par ma Divinité, inséparable de mon Humanité
à cause de l'union hypostatique, sûrement que c'est ce
qui m'arriverait. Ma Divinité me communique des fontaines de
Vie nouvelle et fait que ma petite Humanité résiste à
l'agonie continuelle de ces neuf mois où elle se sent plus
près de la mort que de la vie.
«Mon enfant, ce neuvième
excès de mon Amour n'est autre qu'une agonie continuelle qui a
débuté à l'instant où ma Divinité
a pris la forme humaine dans le Sein maternel, cachant ainsi son
Essence divine.
Si je n'avais pas ainsi caché
ma divinité, j'aurais provoqué la peur plutôt que
l'amour chez les créatures, qui n'auraient alors pas voulu
s'abandonner à mon Amour.
Quelle
souffrance ce fut pour moi d'attendre là pendant neuf mois! Si
ma Divinité n'avait pas donné à mon Humanité
son soutien et sa force, mon Amour pour les créatures m'aurait
dévoré.
Mon Humanité aurait été
réduite en cendres. J'aurais été consumé
par mon Amour actif qui me fit prendre sur moi l'énorme
fardeau de la punition que se sont mérité les
créatures.
«C'est pourquoi ma vie dans les
entrailles de ma Maman fut si douloureuse: je ne me sentais plus
capable de rester loin des créatures.
Je languissais après elles
pour qu'à tout prix elles viennent dans ma poitrine pour
sentir mes palpitations brûlantes.
Je languissais de les embrasser de ma
tendre et pure affection, de telle manière qu'elles deviennent
éternellement seigneurs de mes Biens.
Sache que si je n'avais pas été
aidé par toi avant qu'il n'ait été le temps pour
moi d'émerger à la
lumière du jour, j'aurais été consumé par
ce neuvième excès d'Amour.
«Regarde-moi attentivement
dans les entrailles maternelles. Vois combien je suis devenu
pâle.
Écoute
ma Voix angoissée qui faiblit de plus en plus.
Sens les palpitations de mon Coeur
qui, ayant déjà été vives, sont
maintenant presque éteintes. Ne me quitte pas des yeux.
Regarde-moi
bien, parce que je suis mourant, oui, mourant de pur Amour!»
À ces mots je me sentis
défaillir d'amour pour Jésus.
Et il se fit un profond silence entre
nous deux, un silence sépulcral.
Mon sang se glaça dans mes
veines et je ne sentis plus mon coeur battre. Ma respiration s'arrêta
et, tremblante, je me suis écrasée sur le sol.
Dans ma stupeur je balbutiai:
«Mon Jésus, mon Amour,
ma Vie, mon Tout, ne meurs pas.
Je t'aimerai toujours, et je ne te
laisserai jamais, peu importe le sacrifice qu'il pourrait m'en
coûter.
Donne-moi toujours la flamme de
ton Amour afin que je t'aime toujours et que, le plus tôt
possible, je sois consumée d'amour pour toi, mon éternel
Bien.» Je me suis alors sentie comme morte.
Jésus
était déjà né à notre vie mortelle
pour nous amener à la mort de notre propre volonté et,
plus tard, nous donner la vie éternelle.
Puis Jésus me toucha et me
réveilla de l'assoupissement dans lequel j'étais
plongée.
Doucement
il me dit: «Ma fille, renée de mon Amour,
lève-toi. Élève-toi à la vie de ma Grâce
et de mon Amour. Imite-moi en tout.
Comme
tu m'as tenu compagnie pendant les neuf méditations sur les
excès de mon Amour, dans cette longue neuvaine de ma Nativité,
fais les autres vingt- quatre considérations sur ma Passion et
ma Mort, en les distribuant parmi les vingt-quatre heures de la
journée.
En elles tu discerneras d'autres
sublimes excès de mon Amour, et tu seras un continuel
soulagement pour moi dans mes grands chagrins provenant des
créatures ingrates. (15)
Dans la vie, tu seras la
toute-aimante de ma sépulture.A à ta mort, tu auras la
part optimum de ma Gloire. (16)
Luisa a écrit le présent
tome 1 du «Livre du Ciel» à la même époque
que le tome 2, et que peut-être d'autres textes. Ce tome 1 nous
fournit des précisions biographiques intéressantes sur
la préparation exceptionnelle dont elle fut gratifiée
en vue de sa mission comme messagère de la Divine Volonté
sur la terre.
Au
début, les vomissements venaient à tous les trois ou
quatre jours.
Par la suite, ce sera continuel:
quelques minutes après avoir pris de la nourriture, Luisa
vomissait tout. Ainsi, elle vivra dans un jeûne total jusqu'à
sa mort, sauf pour une petite exception (cf. Tome 2, 29 septembre
1912).
Pensez à quoi peut ressembler
le fait d'être alitée pendant soixante-quatre années,
sans plaie de lit, sans aucune maladie de cause naturelle.
Ceci était attaché à
l'obéissance volontaire de Luisa, ce qu'elle appelait son état
usuel.
Et Jésus tint Parole, comme
l'attestera Luisa 15 ans plus tard (cf. Tome 4, 16 novembre 1902).
Ces lignes font penser à celle
du Cantique des Cantiques de l'Ancien Testament.
Le véhément et innocent
amour de Luisa pour Jésus incite ce dernier à lui
donner un avant-goût des chastes intimités qui seront
vécues dans le Ciel.
Dans le Tome 9 (cf. 1 er octobre
1909), Luisa dit que, dans les années précédentes,
Jésus avait voulu la «prendre» quatre ou cinq
fois, mais que son confesseur avait intercédé pour
qu'il laisse la victime sur la terre.
Dans les missels de l'époque,
cette date est le 16 octobre. C'était en 1888.
Luisa avait 23 ans.
Sainte Catherine de Sienne, mystique
italienne, membre du tiers ordre de Saint-Dominique et docteur
de l'Église.
On ne peut déterminer à
quelle période elle fait allusion.
Il ne s'agit pas du temps où
elle était confinée au lit, puisqu'après
seulement une
année d'alitement interrompu,
elle vivait son mariage mystique, et onze mois plus tard la
ratification de celui-ci dans le Ciel.
Le 7 septembre 1889. Luisa avait
24 ans.
Dans cette comparaison, le feu
lui-même pourrait désigner la charité. Sans la
charité, il n'y a ni la foi, ni l'espérance.
C'était
le 8 septembre 1889. Luisa avait 24 ans. Cette date est d'autant plus
importante
qu'elle est celle où le Don de
la Divine Volonté lui fut accordé.
C'était un 14 septembre,
vraisemblablement en l'année 1890.
Viennent ici des remarques et des
explications sur ce que veut dire «vivre
dans la Divine Volonté».
C'est alors que Luisa commença
l'exercice des «Heures de la Passion» que,
32 ans plus tard, par obéissance, elle mettra sur papier.
À l'instar de sainte
Marie-Madeleine, dont Luisa porta le nom en tant que membre du tiers
ordre de Saint-Dominique.
Luisa
commence à
écrire 3
Neuvaine
préparatoire à la fête de Noël.
3
Premier excès d'Amour.
4
Deuxième excès d'Amour.
4
Fin
de la Neuvaine
5
Jésus
agit dans l'âme de Luisa, la détachant
du monde extérieur.
6
Je serai avec
toi partout où tu iras pour observer toutes tes actions et
diriger et
unifier tous les mouvements et les désirs de ton coeur.»
7
Tout ce qui
était dit rappelait Dieu. Tout ce qui était fait était
pour Dieu et
se rapportait à
lui. Ne peux-tu pas en faire
autant?» 8
Il m'enseignait
aussi comment aimer les créatures sans me séparer de lui,
en voyant
chaque personne comme une image de
Dieu 9
Jésus
continue son travail dans l'âme de Luisa, la dégageant
d'elle-même
et purifiant son Coeur
9
La première
chose dont il me parla, fut la nécessité de purifier
l'intérieur
de mon coeur et de m'anéantir, afin d'acquérir l'humilité
10
Jésus
amène Luisa à la conscience de son néant
11
L'âme
doit être contrite de ses péchés. Jésus ne
veut pas qu'elle
s'attarde au passé
13
La créature
doit garder son regard fixé sur Jésus, et n'agir
qu'avec lui
et que pour
lui. 14
La créature
doit mourir à elle-même et ne vivre que pour Dieu. Pour
cela, elle a
besoin d'esprit de charité et d'esprit de mortification
16
L'âme
doit totalement mourir à elle-même. On doit mortifier sa
volonté dans
tous ses choix
17
«La
première chose que tu dois faire est de mortifier ta volonté
et de détruire
ton ego qui désire tout, sauf le bien. »
18
Il m'attirait
alors vers la prière et me tenait complètement
absorbée par
la
contemplation des nombreuses grâces accordées par
lui aux créatures
19
Jésus
essayait de tuer ma volonté, même dans les plus petites
choses, pour
que je vive seulement en lui.
20
La première
vision de Jésus souffrant
22
Si une
personne entreprend quelque chose et elle ne ressent pas un transport
d'amour pour ce qu'elle entreprend, elle ne peut être motivée
pour
accomplir son travail.
23
L’
immersion dans la Passion de Jésus me fera
comprendre clairement la
patience et l'humilité, l'obéissance et la charité
de Jésus, et tout ce qu'il
endura par
Amour pour moi 24
Jésus
alluma tant d'amour en moi pour sa douce souffrance que c'était plus
dur pour moi de ne pas souffrir
25
Jésus
prive Luisa de toute consolation sensible pour qu'elle apprenne
la résignation et l'humilité
25
Parce que
Jésus avait été mon Tout, sans lui je n'avais
maintenant plus aucune
consolation. Tout autour de moi se changeait subitement en
amer chagrin
27
Par elle-même,
l'âme n'est capable de rien. Elle doit tout à Jésus
28
Mon seul
réconfort était de le recevoir dans le Saint Sacrement.
Parce que,
comme je l'espérais, je le trouverais là.
29
Ne savais-tu
pas que je suis l'Esprit de Paix. La première chose que
je t'avais
recommandée n'était-elle pas que ton coeur ne
soit pas angoissé?
30
Offre-moi tes
désappointements, tes ennuis et tes détresses en
sacrifice de
louange, de satisfaction et de réparation pour les offenses
qui me sont faites
30
Ce que je te
fais souffrir à la Sainte Communion n'est qu'une ombre comparé
à ma souffrance à Gethsémani.
31
La privation
de moi est par elle-même la douleur la plus dure et la
plus amère
que je puisse infliger aux âmes qui me sont chères
32
Quiconque le
veut, peut revenir à moi à travers les sacrements
32
Je veux que tu
me visites trente-trois fois par
jour 33
Ta dernière
pensée et affection de la soirée sera celle de recevoir
ma Bénédiction,
pour que tu puisses te reposer en moi, avec moi et pour moi
34
Jésus
insiste pour que l'âme s'embellisse et s'enrichisse
toujours davantage,
et qu'elle s'unisse intimement à lui pour soutenir la terrible
lutte contre les démons
35
Tu seras comme
un roi victorieux, tout décoré de médailles,
retournant glorieusement
dans son royaume et rapportant d'immenses richesses
36
«Je suis ta servante, fais
de moi selon
ta Volonté, qui est Vie éternelle.» 37
Les démons
craignent beaucoup l'âme entraînée dont le courage
est basé
sur moi. Supportée par moi, elle devient invincible contre
tout démon
qui se
présente à elle.
39
À ces
paroles infernales, je me suis sentie envahie par un
inexprimable mépris
de Dieu et par un extrême désespoir pour mon salut
40
Les pauvres
démons ne pouvaient pas voir à l'intérieur de
mon âme.
Là
j'étais toujours unie à Jésus
40
À
d'autres moments, je me sentais fortement incitée au suicide.
41
Mais par mes
invocations à Jésus, ils me laissèrent libre
et sans mal
42
L'hostilité
des démons par rapport à la Sainte Communion
43
Après
la Sainte Communion, je recevais d'indescriptibles et
mortelles souffrances.
Je récupérais immédiatement quand j'invoquais
le
nom de Jésus
43
Pour ceux qui
croient et veulent savoir comment mener ces luttes,
je dirai que
Dieu, à la Sainte Communion, m'enseigna comment combattre
ces esprits infernaux
44
Ce qui vous
est permis par le Dieu Tout-Puissant est pour mon bien
45
Mais cela
n'arrêtait pas les démons. Ils se servaient de toutes
les ruses possibles
pour m'inciter au désespoir
46
A la suite de
leurs tentations et pièges,
mon âme semblait acquérir un amour
plus ardent pour Dieu et mon prochain
47
Luisa voit
Jésus-Souffrant pour la deuxième fois
47
« Médite
sur les offenses énormes que commettent les hommes en traitant
Dieu de cette manière ainsi qu'aux terribles punitions
que Dieu
leur Père
ne manquera pas de leur donner.»
48
Viens avec moi
et offre-toi toi-même. Viens devant la Justice divine comme
victime de réparation
49
Cet immense
bien te semble-il petit ? Essaie-le et tu te retrouveras
élevée
au-dessus de tous les mortels
50
La victime
poursuit sa mission en participant aux souffrances de Jésus couronné
d'épines, pour réparer pour les péchés,
spécialement ceux
d'orgueil.
Début du jeûne de Luisa
51
Souffrances de
Luisa provenant de sa famille. Sa grande répugnance à
ce que quelqu'un remarque ce qui lui arrivait. Jésus voit à
ce que rien
ne
soit remarqué
53
Jésus
se montra à moi entouré d'innombrables ennemis qui
lui hurlaient
toutes sortes d'insultes. Quelques-uns le piétinaient,
d'autres lui tiraient
les cheveux, -d'autres encore le blasphémaient avec des
sarcasmes diaboliques
54
Maintenant que
tu m'as vu souffrir, ne t'inquiète pas des blessures
qui te
viennent de ta famille. Il y a des insultes bien plus grandes
55
Sache que tout
ce que je permets qu'il t'arrive, soit par les démons, soit
par les créatures, ou sous mon action directe, est pour
ton bien.
Tout est fait
pour guider ton âme vers cet état final que j'ai
prévu pour toi
56
Ô mon
bien-aimé Jésus, comme il m'est devenu difficile
de supporter
ma famille
57
Souviens-toi
que j'ai souffert par rapport à toutes sortes de personnes
58
Pendant sa vie
sur la terre, il était pénible également pour
Jésus que
ses
souffrances soient connues par d'autres
58
J'ai dit à
mon Père: «Père Saint, accepte ma confusion et ma
disgrâce en
réparation des nombreux péchés commis
effrontément en public et qui sont
parfois de grands scandales pour les petits enfants. Pardonne à
ces pécheurs
et donne-leur la lumière céleste pour qu'ils puissent
réaliser la
laideur du
péché et revenir dans la voie de la vertu.»
59
Luisa doit
rester au lit pendant de longues périodes. Son
impossibilité de
manger devient plus manifeste. Appelé pour une première
fois, son
confesseur la
libère de son état de pétrification
60
Une nouvelle
et très lourde croix pour Luisa: l'obligation, en tant
que victime,
de se soumettre aux prêtres.
62
De cet
événement, je compris deux choses: ce n'est pas
seulement la sainteté
des prêtres qui réanime mes sens, mais le pouvoir de
Dieu lié au sacerdoce
de ses ministres. Deuxièmement, je compris que le dessein
de Dieu sur
moi était de me soumettre à la subjectivité
de ses ministres
63
Mais qui peut
résister à Dieu, quand il veut un sacrifice
inconditionnel. 64
Les prêtres
de ce temps me soumettaient à de très pénibles épreuves
65
Alors, avec
ses séductions et ses caresses très douces, mon
aimable Jésus
me persuadait d'accomplir sa Sainte Volonté.
66
Mais, même
si une créature propose, Dieu, dans son impénétrable sagesse
accomplit ce qu'il a préparé pour
elle 67
«As-tu
oublié que je veux de toi une imitation de ma
vie? 67
Est-ce que je
pouvais m'objecter à ces justes Paroles de Jésus?
C'est pourquoi
j'ai accepté l'état de victime qu'il voulait pour moi
68
Changement de
confesseur. Il exige que Luisa ne se soumette comme victime
que sous son autorisation.
69
Si tu ne rives
pas tes yeux seulement sur moi, tu boiteras toujours. L’influence
de ma grâce ne pourra pas être complète en toi.
70
La peur qu'il
m'abandonne me faisait atrocement souffrir. Cependant, j'arrivais
à surmonter les difficultés. J'étais très
dure pour moi-même.
71
Jésus
demande à Luisa de s'offrir comme victime perpétuelle
et lui
ouvre la voie
à de nouvelles grâces de sanctification.
72
J'essayais
d'apaiser le Seigneur par toutes sortes de supplications
73
«Enfant
bien-aimée, si tu veux volontairement t'offrir pour souffrir,
pas sporadiquement
comme par le passé, mais continuellement,
j'épargnerai sûrement
les hommes. Je te placerai entre les deux, entre ma Justice
et l'iniquité des
hommes 74
Jésus
mon Époux est crucifié en moi. Et moi son épouse,
je suis crucifiée
en lui. Il en
sera bien ainsi, parce qu'il n'y aura plus rien qui te
fasse dissemblable de
moi. 75
Le Seigneur
m'a donné de la connaître durant les douze
dernières années.
Victime permanente, Luisa est continuellement alitée.
76
«Si tu
veux faire le sacrifice volontaire de toi-même en te
donnant comme
victime d'amour, d'expiation et de réparation, je promets de
ne pas
laisser passer
un jour sans que tu aies une
visite 77
«Maintenant
que toute autre chose t'est étrangère et que nous
sommes devenus
familiers, je veux t'identifier à moi-même, afin que ton
corps aussi bien
que ton âme puissent être à ma disposition pour
être un perpétuel holocauste
devant moi. 78
Sais-tu
comment je me conduirai envers toi?
79
Jésus
appelle l'âme de Luisa à se perfectionner conformément à
sa Volonté.
Il veut qu'elle soit dans la plus complète pauvreté,
absolument détachée de tout
80
Une nouvelle
croix pour Luisa: elle vomit toute nourriture et souffre de
la faim. Son
confesseur lui défend de poursuivre dans son état de
victime...81
Parce qu'elle
n'a pas le consentement de son confesseur, Luisa résiste
à
Jésus. Jésus fournit la preuve que tout vient de lui
83
Jésus
prépare Luisa pour le mariage mystique déjà promis
87
Jésus
montre à Luisa la divine beauté de sa très sainte
Humanité 89
L'âme de
Luisa se détache de son corps une première fois.
Souffrances
que Jésus lui transmet dans cet état
92
Jésus
communique à Luisa ses souffrances inouïes pour
les péchés
des hommes
94
Jésus
permet à Luisa de participer à son ineffable douceur
en lui
montrant des
scènes consolantes des saints mystères de la foi
97
De la Sainte
Messe et de la Résurrection des Corps
98
Dernières
préparations de Luisa pour le mariage mystique.
101
Le mariage mystique.
104
Jésus
donne à Luisa cinq règles de vie.
105
Les
impressions de Luisa après avoir contemplé la gloire
des anges
et des saints
dans le Ciel. 108
L'amertume
insupportable de Luisa d'avoir encore à vivre dans la
prison de son
corps, exilée de sa patrie céleste.
111
L'héroïsme
de Luisa d'accepter de revenir dans son corps après
avoir visité
le Ciel plusieurs fois
112
« La
souffrance est la voie la plus puissante pour satisfaire la
Justice divine
et faire accepter la grâce de la conversion par le pécheur.»
113
Jésus
prépare Luisa pour le renouvellement de son mariage
mystique dans
le Ciel avec la sanction de la Sainte Trinité. Il lui parle
des vertus théologales
115
Pour avoir la
foi, trois choses sont nécessaires: avoir sa semence
en soi, que
cette semence soit de bonne qualité, et qu'elle se développe.
117
Les trois
vertus théologales (suite): l'espérance
117
Les trois
vertus théologales (suite): la
charité. 119
Préparation
finale pour le mariage mystique: l'anéantissement de soi
et le désir
de toujours souffrir davantage.
122
Renouvellement
au Ciel du mariage mystique de Luisa en présence
de la
Très Sainte Trinité
122
Les trois
Personnes Divines établissent leur résidence permanente
dans l'âme
de Luisa et lui font cadeau de la Divine
Volonté. 124
Un deuxième
mariage pour Luisa: son mariage avec la
Croix 126
Jésus
explique à Luisa le vrai sens des souffrances endurées pour
les péchés
129
Les
souffrances de Luisa sauvent un homme de la mort et la
damnation 130
La valeur
précieuse de la Croix. Jésus renouvelle plusieurs fois
la crucifixion pour Luisa.
132
Les
récompenses de la croix. À la place de la croix
qu'elle avait
reçue,
Luisa en reçut une autre, plus grande.
134
Nouvelle
participation de Luisa à la Passion de Jésus
137
La sagesse
de la Croix 138
109 . La
Croix est la marque du vrai chrétien. Comme un livre ouvert,
elle dit tout
139
Luisa
confesse ses péchés à Jésus
141
Les effets de
la confession faite à Jésus. Cette expérience fut
renouvelée plusieurs fois
145
Fin de la
narration. Une nouvelle guerre entre l'Italie et l'Afrique
147
Les
différentes manières utilisées par Jésus
pour parler à Luisa
149
Luisa revient
sur la neuvaine de Noël dont il fut question au début
155
Troisième excès d'Amour.
156
Quatrième excès d'Amour.
157
Cinquième excès d'Amour.
158
Sixième excès d'Amour.
160
Septième
excès d'Amour
161
Huitième excès d'Amour
162
Neuvième excès d'Amour.
164
Explications
167
Luisa
Piccarreta (1865-1947) et la vie dans la
Divine Volonté
(où
l'on peut notamment écouter les 36 volumes de l'oeuvre du
Livre du Ciel en audio donnée par Notre Seigneur Jésus)
Luisa
Piccarreta est née un dimanche peu après Pâques,
dans le village de Corato, en Italie, le 23 avril 1865. Elle fut
baptisée le même jour. Elle a vécu toute sa vie à
cet endroit, sauf les mois où chaque année, au temps où
elle était jeune, sa famille vivait à la ferme. Luisa
est décédé en odeur de Sainteté peu avant
d'atteindre ses 82 ans, le 4 mars 1947 ; après une vie tout à
fait extraordinaire.
Luisa
n'avait pas de frère, mais quatre soeurs. Son père se
nommait Vito Nicola Piccarreta et sa mère Rosa Tarantini, tous
deux de Corato. Très jeune, Luisa était timide et très
peureuse. Ella avait souvent des cauchemars qui la rendaient très
craintive du démon. Et souvent, dans ses rêves, elle
voyait la Vierge Marie chasser le démon loin d'elle.
A ce
sujet, Jésus a précisé à Luisa que le
démon avait discerné que Dieu avait des vues très
spéciale sur elle, qu'elle apporterait une très grande
gloire à Dieu, et qu'elle serait une importante cause de
défaite pour lui. Quelle que soit la façon dont il s'y
prit , il ne parvint jamais à faire pénétrer en
elle des affections ou des pensées impures, parce que Jésus
y avait fermé toutes les portes à Satan. C'est pour
cela qu'il était si furieux et essayait de la térifier
par des rêves effrayants, cherchant par tous les moyens à
lui faire du mal.
A
l'âge de 9 ans, elle fit sa première communion et, le
même jour, reçut le sacrement de confirmation.
L'Eucharistie devint sa passion prédominate ; elle y
concentrait toutes ses affections. Dès cet âge, elle
pouvait rester dans l'église, agenouillée et immobile,
pendant quatre heures, dans la contemplation.
A 11
ans, elle devint "fille de Marie". A 12 ans, elle cormmença
à entendre intérieurement la voix de Jésus, tout
particulièrement quand elle communiait. Jésus devint
son précepteur sur les choses de Dieu, la corrigeant et lui
apprenant la manière de méditer. Et il lui donnait des
leçons au sujet de la Croix, de la douceur, de l'obéissance
et de sa vie cachée sur la terre. Cette voix intérieure
amena Luisa au détachement d'elle-même et de toute
chose.
Un
jour à l'âge de 13 ans, durant qu'elle travaillait dans
sa maison et réfléchissait sur la plus triste partie de
la Passion de Jésus, elle devint tellement accablée
qu'elle était sur le point de perdre le souffle. Elle se
rendit alors sur le balcon du deuxième étage de la
maison. Comme elle regardait en bas, elle vit au milieu de la rue une
foule immense conduisant le doux Jésus avec sa Croix sur
l'épaule, le tirant d'un côté et de l'autre.
Jésus avait le visage tout ensanglanté et se débattait
pour respirer. Il faisait pitié à ramollir les pierres.
Alors, levant les yeux vers elle, Jésus lui dit : "âme,
aide-moi !" . Il est impossible de décrire la tristesse
qu'elle ressentit et l'impression déchirante que cette scène
produisit en elle. Elle retourna rapidement à sa chambre,
complètement sidérée, ne sachant plus où
elle se trouvait, le coeur brisé de tristesse. Elle y pleura à
torrents sur les grandes souffrances de Jésus.
A
partir de ce moment, elle fut profondément inclinée à
souffrir par amour pour Jésus. Vers cette époque aussi,
commencèrent ses premières souffrances physiques,
quoique cachées, ainsi que de grandes souffrances morales et
spirituelles. Au bout de 3 ans, les assauts diaboliques tirèrent
à leur fin. Quand elle eut 16 ans, alors qu'elle était
à la ferme, les démons lui donnèrent un dernier
assaut, si violent et pénible qu'elle en perdit l'usage des
sens. Dans cet état, elle eut une nouvelle vision de Jésus
souffrant. Mue intérieurement par de douces et amoureuses
invitations de la grâce, Luisa s'abandonna totalement à
la Divine Volonté et accepta le rôle de victime, pour
lequel Jésus et la Douloureuse Mère la conviaient.
A
l'âge de 17 ans, Luisa commença à vomir sa
nourriture et fut obligée de garder le lit par intermittence.
Tout ceci était inexplicable pour sa famille, les prêtres
et les médecins. Plus tard, après beaucoup de
souffrances morales venant de sa famille et des prêtres, on
réalisa que son état résultait d'une maladie
mystique correspondant à sa situation de victime volontaire en
regard de la mission à laquelle Dieu l'avait appelée. A
partir de cette époque et jusqu'à sa mort, quelque 65
années plus tard, Luisa vécut sans nourriture et sans
eau. Sa nourriture consistait en la Divine Volonté et en la
Sainte Communion.
A
partir de 22 ans, elle dut garder le lit en permanence. Le 16 octobre
1888, à l'âge de 23 ans, Luisa fut unie à Jésus
par les "épousailles mystiques". 11 mois plus tard,
en présence de la Très Sainte Trinité et de
toute la Cour céleste, son union avec Jésus fut
ratifiée ; elle fut liée à Lui par le "mariage
mystique".
En
cette journée bénie, se produisit aussi le "prodige
des prodiges" : Luisa, qui avait alors 24 ans, reçut le
Cadeau de la Divine Volonté ! C'est le plus grand cadeau que
Dieu puisse offrir à une créature, la grâce des
grâces, beaucoup plus encore que le mariage mystique. A ce
moment, le Troisième Fiat de Dieu (celui de la Sanctification)
prenait forme sur la terre. Il se développera silencieusement,
petit à petit, dans les âmes préparées par
Marie, la Mère et Reine de la Divine Volonté.
En
février 1899, par obéissance à son Seigneur et à
son confesseur, Luisa commençait à écrire. Elle
le fera durant 40 ans, mettant sur papier les plus sublimes secrets
du mystère de la Divine Volonté. Le reste de sa vie fut
un mélange de joies et de souffrances, d'écriture, de
couture, d'obéissance, de prières, et d'aide aux autres
avec beaucoup de sagesse et de tendres conseils. Jésus, le
seul en qui elle pouvait avoir confiance, était sa seule
consolation. Quand elle était privée de sa présence
sensible, ses agonies pour les âmes étaient si profondes
qu'elles surpassaient parfois les souffrances du Purgatoire.
Luisa
fut admise de façon permanente dans les splendeurs éternelles
le 4 mars 1947. Il y eut une incertitude au sujet du moment de sa
mort durant 4 jours, vu que son corps n'était pas soumis à
la rigidité habituelle. Cependant, il fut impossible de
redresser son dos. Et ont dut fabriquer une tombe spéciale lui
permettant d'y garder la position assise, la même qu'elle avait
gardée pendant ses 64 années d'alitement.
47
ans plus tard, au début de 1994, le Vatican demanda à
l'Archevêque de son diocèse natal de mettre en marche le
processus pour sa béatification. Sa cause fut officiellement
introduite le jour de la fête du Christ Roi, le 20 novembre
1994.
Source
: http://spiritualitechretienne.blog4ever.xyz/la-servante-de-dieu-luisa-piccarreta
La
servante de Dieu Luisa Piccarreta
La
Servante de Dieu Luisa Piccareta
"Fille
de la Divine Volonté"
1865-1947
La
vie de Luisa Piccareta
Naissance
Luisa
Piccarreta est née dans une famille pauvre à Corato
près de Bari dans le Sud de l'Italie, le 23 avril
1865, soit le Dimanche après Pâques. À
l'occasion de la canonisation de Soeur Faustine Kowalska, le 30
avril 2000, le Pape Jean-Paul II a nommé officiellement en
Église, ce Dimanche après Pâques, « le
dimanche de la Miséricorde », selon les désirs
de Jésus exprimés à soeur Faustine. Jésus
voulait ainsi souligner que Luisa était celle choisie par
Dieu de toute éternité pour nous apporter ce Don de
la Divine Volonté, fruit par excellence de sa Divine
Miséricorde.
Sa
famille
Les
deux parents de Luisa étaient de Corato. La famille
comptait cinq filles et ils vivaient de l'agriculture. Tous
les deux, son père et sa mère sont décédés
en mars 1907, à dix jours d'intervalle. Luisa était
alors âgée de 42 ans. Luisa décrit ses parents
comme étant des anges de pureté; ils faisaient bien
attention à ne pas laisser leurs enfants entendre n'importe
quoi. Le mensonge, l'hypocrisie, la fausseté n'avaient
pas de place en leur foyer. Les parents étaient vigilants
envers leurs enfants et ne les présentaient jamais à
qui que ce soit, gardant toujours la famille ensemble.
Amour
jaloux pour Jésus
Jésus,
dans son amour jaloux, expliqua par la suite à Luisa, qu'Il
l'avait dotée d'une grande timidité et l'avait gardée
à l'écart d'autrui, ne voulant que rien ne la
touche, ni les choses, ni les personnes. Jésus la
voulait étrangère à tout et à tous et
n'ayant de plaisir qu'en Lui-même.
Baptême
Luisa
fut baptisée l'après-midi même de sa
naissance.
Première
Communion, Confirmation
À
l'âge de neuf ans, Luisa fait sa première Communion
ainsi que sa Confirmation le Dimanche après Pâques,
soit le Dimanche de la Miséricorde. Dès son jeune
âge, elle nourrit un grand amour pour l'Eucharistie et passe
des heures à l'église, agenouillée et
immobile, toute absorbée, en contemplation devant le Très
Saint Sacrement.
Voix
intérieure de Jésus
Peu
après sa première Communion, Luisa commence à
entendre la voix de Jésus à l'intérieur de son
âme. Jésus lui enseignait des méditations
sur la Croix, l'obéissance, Sa Vie cachée à
Nazareth, les vertus et plusieurs autres sujets, la dirigeant et la
corrigeant quand il le jugeait nécessaire.
Détachement
total
Graduellement,
Jésus l'amena à un détachement d'elle-même
et de tout. Dès son plus jeune âge Jésus
lui enseigna l'immense valeur de la souffrance acceptée
volontairement et celle de la prière d'intercession pour
autrui.
Luisa
console Jésus
Luisa
aimait vénérer les Plaies de Jésus et désirait
souffrir pour Lui. Il lui arrivait de baiser les Saintes Plaies de
Ses pieds, de Ses mains, de Son Côté et alors les
Plaies disparaissaient; de cette manière Jésus lui
faisait part du soulagement et du réconfort qu'elle pouvait
lui procurer face à Ses souffrances.
Fille
de Marie
Durant
son enfance, Luisa était plutôt gênée et
peureuse, mais aussi vive et joyeuse. A l'âge de onze
ans, elle est reçue « Enfant de Marie ».
Plus tard, Luisa demeurera petite de taille et toujours sereine
avec de grands yeux pénétrants et animés.
Première
vision
Un
jour, à peine âgée de treize ans, Luisa
travaillait chez elle tout en méditant intérieurement
sur la Passion de Jésus. Soudainement, elle devint
oppressée et sortit sur le balcon au deuxième étage
de la maison pour prendre un peu d'air. C'est alors qu'elle
eut une première vision en regardant en bas dans la rue;
elle vit une foule immense et, au milieu de la foule, Jésus
transportant péniblement Sa Croix. La foule le
poussait et le maltraitait de tous côtés. Jésus
aussi cherchait son souffle, Il avait le visage tout couvert de
sang, dans une attitude qui faisait pitié à voir.
"Ame,
aide-Moi!"
Soudainement,
Jésus la regarda et lui dit: « Âme, aide-Moi ».
C'est alors que l'âme de Luisa fut remplie de compassion pour
Jésus. Elle revint à sa chambre et pleura
abondamment. Elle dit alors à Jésus qu'elle voulait
souffrir Ses peines afin de Le soulager parce que ce n'était
pas juste que Jésus souffrit autant par amour pour elle,
pauvre pécheresse et qu'elle ne souffre rien pour l'amour de
Lui.
Bataille
féroce contre les Démons
Alors
commencèrent ses premières souffrances physiques de
la Passion de Jésus, quoique cachées. De treize
ans à seize ans, Luisa livra une bataille féroce
contre les démons, luttant contre leurs suggestions
infernales, leurs railleries, leurs tentations... Luisa résista
vaillamment à leurs attaques. Malgré leurs
bruits effrayants, elle réussit à ignorer toutes ses
peurs en gardant son regard fixé sur Jésus comme la
Vierge Marie le lui avait appris.
L'assaut
final des Démons
De
santé fragile, Luisa passait ses étés à
la ferme familiale nommée « Desperate Tower »
à quelques vingt sept kilomètres de Corato.
Deuxième
vision
C'est
là que Luisa souffrit l'assaut final des démons à
l'âge de seize ans. L'attaque fut si violente qu'elle
en perdit connaissance. C'est alors qu'elle eut une seconde
vision de Jésus souffrant qui lui dit : «
Viens avec Moi et offre-toi à Moi. Viens devant la
Justice Divine comme "victime de réparation"
» pour les nombreux péchés commis
contre Elle, en sorte que Mon Père puisse être apaisé
et qu'Il puisse accorder la conversion aux pécheurs ».
Un
choix
Et
Jésus ajouta ceci : "Deux choix s'offrent à
toi : Des souffrances sévères ou des
souffrances plus légères. Si tu refuses la forme
sévère, tu ne pourras participer aux grâces
pour lesquelles tu as combattu si bravement. Mais,
si tu acceptes, Je ne te laisserai jamais seule et Je viendrai
vivre en toi pour souffrir tous les outrages commis contre Moi par
les hommes. Ceci est une grâce très particulière
qui n'est donnée qu'à quelques personnes parce que la
majeure partie n'est pas préparée à entrer
dans le champs de la souffrance. Deuxièmement, Je te
permets de t'élever à autant de gloire que de
souffrances communiquées à toi, à travers
Moi. Et enfin, Je te donnerai l'assistance, le soutien et le
réconfort de ma Très Sainte Mère, à qui
fut accordé le privilège de te prodiguer toutes les
grâces nécessaires selon ta docilité et ta
réciprocité".
Victime
de réparation
Alors
Luisa s'offrit généreusement à Jésus et
à Notre-Dame des Douleurs, prête à se soumettre
à tout ce qu'Ils voudraient d'elle.
Couronne
d'épines
Quelques
jours plus tard, Luisa reçu de Jésus la couronne
d'épines qui lui causa des spasmes douloureux, l'empêchant
de prendre et d'avaler toute nourriture.
Abstinence
de nourriture
Dès
lors, Luisa vécut dans une abstinence presque totale de
nourriture jusqu'à sa mort, ne se nourrissant que de
l'Eucharistie et de la Volonté Divine.
Persécutions
Luisa
dut subir beaucoup d'incompréhension et de persécutions
de la part de sa famille et de nombreux prêtres.
Mort
apparente
À
cause des souffrances de plus en plus fortes de la Passion de
Jésus, Luisa perdait souvent conscience. Son corps
devenait rigide, quelquefois durant plusieurs jours jusqu'à
ce qu'un prêtre la ramène de son état de mort
apparente.
La
sainte obéissance
Par
la bénédiction du prêtre et au nom de la Sainte
Obéissance, Luisa revenait à elle.
Tertiaire
Dominicaine
À
l'âge de dix-huit ans, Luisa devint Tertiaire Dominicaine et
prit le nom de Soeur Madeleine.
Souffrances
continuelles
À
vingt-deux ans, Jésus lui dit: « Bien-aimée
de Mon Coeur, si tu acceptes de souffrir, non plus par intervalles
comme dans le passé, mais continuellement, J'épargnerai
l'humanité . Je te placerai entre Ma Justice et
l'iniquité des humains. Quand J'exercerai, Ma Justice,
en envoyant une multitude de catastrophes sur eux, te trouvant au
milieu, c'est toi qui sera touchée et eux seront épargnés.
Autrement, Je ne pourrai pas retenir le bras e la Justice de Dieu
plus longtemps ».
Clouée
au lit pendant plus de 64 ans
Luisa
accepta et c'est ainsi qu'elle fut alitée pour le reste de
sa vie, soit plus de soixante-quatre ans. C'est sa soeur
cadette Angela demeurée célibataire, qui prit soin de
Luisa durant toute sa vie.
Vomissements
répétés
À
cette époque, Luisa prenait encore un peu de nourriture
qu'elle vomissait aussitôt. Mais, chose extraordinaire,
la nourriture réapparaissait toute entière dans
l'assiette et plus belle qu'auparavant.
Douleurs
spirituelles indescriptibles
Luisa
souffrit également des douleurs spirituelles
indescriptibles, surtout l'absence de Jésus qu'elle
ressentait péniblement.
Aucune
escarre durant 64 ans
Son
cinquième et dernier confesseur, Don Benedetto Calvi
certifie un autre phénomène extraordinaire: «
Durant les soixante-quatre ans qu'elle fut alitée, jamais
elle n'eut d'escarre ».
Mariage
mystique
Luisa
ne s'est jamais mariée. A vingt-trois ans, elle reçut
la grâce du Mariage Mystique le 16 octobre 1888. Épouse
crucifiée, Luisa ne devint jamais religieuse comme elle le
désirait, mais Jésus lui dit qu'elle était «
la vraie religieuse de Son Coeur ».
Don
de la Divine Volonté
Le
8 septembre 1889, onze mois plus tard, ce Mariage fut renouvelé
au Ciel en présence de la Très Sainte Trinité.
C'est à cette occasion que Luisa reçut pour la
première fois le Don de la Divine Volonté.
Mariage
de la Croix
Peu
de temps après avoir rencontré Luisa, le Bienheureux
Annibale Di Francia, son confesseur extraordinaire et censeur de
ses travaux, écrivit à son sujet: « Même
si elle ne possède aucune science humaine, (Luisa
savait à peine lire et écrire) elle est
dotée de beaucoup de sagesse entièrement céleste,
et de la science des Saints. Sa façon de parler
irradie la lumière et console; ingénieuse de
nature, les études formelles qu'elle a
effectuées dans sa jeunesse se limitent à
une première année ».
Seule,
cachée, inconnue
Parmi
ses traits de caractère, il faut noter que Luisa aimait la
discrétion et l'effacement et possédait une grande
prédisposition à l'obéissance.
Le
Bienheureux Annibale Di Francia ajoute: « Elle veut
être seule, cachée, inconnue. Pour rien au monde
Luisa n'aurait voulu que son intimité et ses communications
avec le Seigneur Jésus soient révélées
publiquement, surtout de son vivant. Si Jésus Lui-même
ne l'avait exigé. Elle a toujours fait preuve de la
plus grande obéissance, d'abord à Jésus et
ensuite à l'égard de ses confesseurs que Jésus
Lui-même lui assignaient. » Cette
disposition lui fit traverser des périodes pénibles
au cours desquelles elle sentait cruellement le conflit entre son
inclination naturelle et les exigences de sa mission, telle que
voulue par Jésus. On peut dire que pendant quarante ans,
elle s'est fait violence sur ce point, tout en partageant les
souffrances de Jésus pour sauver des âmes, faisant
preuve d'une générosité exceptionnelle,
presqu'inhumaine, à tout le moins incompréhensible.
Il est difficile de concevoir un oubli de soi poussé plus
loin que celui de Luisa.
Cinq
confesseurs
Dès
son adolescence et tout au long de sa vie, Luisa se vit assigner
cinq confesseurs nommés par différents Archevêques
de son diocèse et qui se succédèrent auprès
d'elle jusqu'à sa mort. Don Gennaro Di Gennaro, Curé
de la paroisse Saint Joseph fut son troisième confesseur de
l898 à l922. C'est lui qui lui ordonna, par obéissance
d'écrire au fil des jours, tout ce qui se passait entre
Jésus et elle. Chaque jour, la Messe était célébrée
dans la chambre de Luisa, ce qui était vraiment exceptionnel
à cette époque. C'est le Pape Pie X qui lui
octroya cette permission. Les rideaux restaient fermés
autour de son lit durant plus de deux heures après la
communion, alors qu'elle accomplissait son Action de grâces.
Mort
de Luisa
Luisa
rentra à la Maison du Père à l'âge de 81
ans, le 4 mars 1947, suite à une pneumonie qui dura quinze
jours. Ce fut la seule maladie dont elle souffrit durant sa
longue vie. Sa mort fut marquée de phénomènes
extraordinaires. A cause des si nombreuses expériences
de sorties hors-corps de son âme durant toute sa vie, les
médecins mirent quatre jours avant de la déclarer
réellement décédée. Comme à
l'ordinaire Luisa était assise droite dans son lit avec
quatre oreillers derrière elle. Luisa ne s'appuyait
jamais sur ceux-ci parce qu'elle n'avait pas besoin de sommeil.
Il fut impossible de l'allonger même avec l'aide de plusieurs
personnes; seule sa colonne vertébrale était rigide.
Il fallut donc construire une tombe spéciale en forme de
"L". Contrairement à la rigidité habituelle
de son corps lorsqu'elle voyageait la nuit avec Jésus à
travers le monde et les siècles, voilà que maintenant
son corps était flexible. Les médecins pouvaient
bouger sa tête dans toutes les directions sans aucun effort,
lever ses bras, plier ses poignets et ses doigts demeurés
souples. Ils levaient ses paupières et constataient
que ses yeux étaient toujours brillants et non voilés.
Luisa semblait encore en vie ou simplement endormie. Après
de nombreux examens, les médecins finirent par constater son
décès. Elle demeura ainsi durant quatre jours sur son
lit de mort sans aucun signe de décomposition bien qu'elle
n'ait été aucunement embaumée. Nous
pourrions ajouter beaucoup d'autres faits extraordinaires qui ont
caractérisé la vie de Luisa Piccarreta et qui
confirment d'une façon éloquente les nombreuses
grâces spéciales qu'elle a reçues pour
accomplir sa mission unique et exceptionnelle, dépassant
l'entendement humain.
Fiat
!
Historique
des écrits de Luisa Piccareta
Don
Gennaro Di Gennaro, troisième confesseur de Luisa Piccarreta
resta vingt -quatre ans à son service. Percevant les
merveilles du Seigneur sur son âme, il ordonna à
Luisa de mettre par écrit tout ce que la grâce de Dieu
opérait en elle. Toutes les raisons d'échapper à
cette obligation d'écrire furent vaines pour Luisa; même
ses capacités littéraires limitées ne furent
pas un motif suffisant pour la dispenser d'écrire. C'est
ainsi que le 28 février de l'année 1899, Luisa
commença à rédiger son journal. Le
dernier cahier fut achevé le 28 décembre 1938. date à
laquelle son cinquième et dernier confesseur, Don
Benedetto Calvi lui ordonna de cesser d'écrire. Pendant
quarante ans, Luisa écrivit en tout trente six volumes
qui constituent fondamentalement son journal autobiographique, dont
le titre fut donné par Jésus Lui-même:
"Le
Royaume du Fiat au milieu des créatures, Le Livre du Ciel"
Et,
Jésus ajouta un sous-titre en disant au confesseur
extraordinaire de Luisa, le Bienheureux Annibale Di Francia:
« Mon fils, le titre que tu donneras au livre que tu
feras imprimer concernant Ma Volonté Divine sera: "Le
rappel des créatures à l'ordre, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par
Dieu." »
Ces
trente-six volumes constituent un enseignement complet sur la
Divine Volonté, nous révélant la vie
intérieure de Jésus dans Son Humanité, le but
de la création, le rôle de la Rédemption, le
retour de l'homme à son état originel et l'Amour
infini de Dieu envers ses créatures... Ces écrits
constituent de véritables catéchèses mystiques
et acétiques conformes au Magistère de l'Eglise.
Ces enseignements explicitent et éclairent d'une lumière
nouvelle le contenu des Évangiles sans en modifier le sens
profond. Le pilier central sur lequel ils reposent est le "NOTRE
PÈRE ... que Ton
Règne vienne, que Ta Volonté soit faite sur la terre
comme au ciel" tel que Jésus l'a enseigné. Le
premier volume raconte la vie de Luisa jusqu'au moment où
elle reçut l'ordre d'écrire. Il fut complété
en 1926 par « Notes des souvenirs de son
enfance. » De plus, Luisa écrivit un
très grand nombre de prières, neuvaines selon
l'enseignement reçu de Jésus pour nous apprendre à
prier dans la Divine Volonté, c'est-à-dire en
laissant Jésus prier en nous comme Il le faisait dans
Son Humanité. À la demande du Bienheureux Annibale Di
Francia vers l'année 1913 ou bien 1914, elle écrivit
les "Heures de la Passion" auxquelles
elle ajouta des réflexions pratiques quelques années
plus tard. Ces heures furent publiées une première
fois en 1915. Il y eut six éditions publiées en
Italien qui reçurent l'Imprimatur. Luisa écrivit
aussi trente-une méditations pour le mois de mai ayant pour
titre: "La Vierge Marie dans le Royaume de la
Divine Volonté". Elle
compléta ces méditations le 6 mai 1930. Cet
ouvrage parut en Italien sous le titre de: "La Regina Del
Cielo Nel Regne Della Divina Volontà: Meditazioni da farsi,
nel mese di maggio. per la Casa della Divina Volontà." Luisa
écrivit également plusieurs lettres et elle entretint
surtout dans les dernières années de sa vie, une
importante correspondance avec des âmes pieuses qui
profitèrent de ses conseils et des lumières qu'elle
avaient reçues de Jésus pour apprendre la façon
de vivre et de prier dans la Divine Volonté. En 1926, les
dix-neuf premiers volumes (seuls écrits disponibles à
ce moment-là) reçurent l'Imprimatur de l'Archevêque
Mgr. Guiseppe Leo et le "Nihil Obstat" du Bienheureux
Annibale Di Francia, Censeur Ecclésiastique nommé
par l'Archevêque de Trani; en d'autres termes, les
écrits sont considérés par l'Eglise comme
étant exempts d'erreurs concernant la foi et la morale
telles qu'interprétées par l'Eglise Catholique. Après
la mort de Luisa, le 4 mars 1947, il s'écoula une vingtaine
d'années durant lesquelles ses écrits rencontrèrent
peu d'intérêt et furent mis en veilleuse. Cependant,
les témoins qui l'avait connue personnellement et avaient
été touchés par les écrits, ne
perdaient pas leur ferveur. Ils attestèrent avec
conviction comment leur vie fut changée par les écrits
et la vie exemplaire de Luisa. Une nouvelle montée d'intérêt
commença à poindre vers la fin des années
1960. Bien que le Bienheureux Annibale Di Francia,
fondateur des Pères Rogationnistes du Sacré-Coeur et
des Filles du Divin Zèle, voulait publier les dix-neuf
premiers volumes du "Livre du Ciel", il mourut
avant d'avoir accompli ce travail. C'est l'Association de la Divine
Volonté à Milan, Italie qui en fit la publication
dans les années 1970. Par la suite, ils furent
traduits en Espagnol , certains en Anglais et en d'autres langues.
Une version française pro-manuscrite (non officielle) de
certains volumes existe présentement au Québec depuis
1999. En 1994 , avant l'ouverture du procès de béatification
de Luisa Piccarreta, un tribunal fut établi pour investiguer
sur sa vie et une équipe de théologiens pour scruter
ses écrits. Les « avocats du Diable »
dont la tâche est de présenter des arguments contre la
personne en cause de béatification ont été
incapables d'évoquer une seule objection contre Luisa et ses
écrits. Le 28 mars 1994 , les écrits reçurent
le "Non Obstare" du Cardinal Ratzinger, Préfet de
la Congrégation de la Doctrine de la Foi. De plus, le
Cardinal Angelo Felici, Préfet de la Sacré
Congrégation de la Cause des Saints, donna également
le "Non Obstare". Il signa une lettre Historique
(officielle) envoyée à l'Archevêque Carmelo
Cassatio de l'Archidiocèse de Trani où Luisa vivait,
lui précisant qu'il était heureux de lui faire part
qu'il n'y avait aucune objection de la part du Vatican pour
l'ouverture officielle de la Cause de béatification de Luisa
Piccarreta et par conséquent de commencer les procédures.
Le 20 novembre 1994, en la fête du Christ-Roi, l'Archevêque
Carmelo Cassatio ouvrit donc officiellement le procès de
béatification. Le 8 juin 1995, la première version
anglaise des dix-neuf premiers volumes, (écrite aux
États-Unis par Thomas Fahy, Président du Centre
de la Divine Volonté à Jacksonville, Floride), reçue
l'équivalent d'un imprimatur de Mgr. Guiseppe Carata (Trani,
Italie). En Janvier 1996, le Cardinal Ratzinger fit sortir
les trente-quatre volumes du "Livre du Ciel" qui
était retenu aux Archives du Vatican depuis cinquante-huit
ans et, des photocopies furent remises à l'Archevêque
Carmelo Cassatio de l'Archidiocèse de Trani et Président
du Tribunal pour la Cause de béatification de Luisa
Piccarreta. Les volumes trente-cinq et trente-six (écrits
plus tard) lui furent également remis. En 1997, à
l'intérieur du procès de béatification en
cours, deux théologiens hautement qualifiés, nommés
par l'Eglise pour la révision des écrits de Luisa ont
soumis leurs rapports attestant qu'ils n'avaient trouvé en
ces écrits rien qui fut contraire à la foi et la
morale catholique. En résumé, le dossier complet
concernant les écrits de Luisa Piccarreta est manifestement
net de tout soupçon. N'importe qui peut les livre avec
une conscience claire et demeurer en paix. Que Dieu reçoive
toute la Gloire qui Lui revient, qu'Il a prévu recevoir de
toute sa Création, sujet qui nous est superbement révélé
dans le "Livre du Ciel". Suite au
Congrès international de Corato en octobre 2002, la
Postulation pour la Cause de Béatification de Luisa a formé
un comité d'assistance à la Cause, principalement
dans le but d'aider la Postulation à produire la version
officielle et autorisée des écrits de Luisa en
anglais et en espagnol et pour produire des notes théologiques
explicatives dans ces deux langues ainsi qu'en italien. Ce comité
spécial qui a une très grande responsabilité
inclus le Père Pablo Martin, le Père Carlos Massieu,
Marianela Perez, Alejandra Acuña (pour la version
espagnole), M. Stephen Patton (expert théologien), M.
Thomas Fahy (pour la version anglaise). Ce travail gigantesque est
présentement en cours.
Source
: http://spiritualitechretienne.blog4ever.xyz/la-servante-de-dieu-luisa-piccarreta-suite
La
servante de Dieu Luisa Piccarreta, suite
La servante de
Dieu Luisa Piccarreta, suite et fin
La
Cause de Béatification de Luisa
Déjà
de son vivant Luisa était connue comme "La Santa".
Quelques années avant sa mort, le Bienheureux Annibale Di
Francia écrivit ce bel éloge sur Luisa : «Il
semble que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lui qui multiplie
toujours plus les merveilles de son Amour ait voulu former en cette
vierge (dont Il disait qu'elle était la plus petite qu'Il
ait pu trouver sur cette terre, dépourvue de toute
instruction ) , un instrument adapté pour
accomplir une mission si unique et si sublime qu'elle ne peut
être comparée à aucune autre, à savoir
le Règne de la Divine Volonté sur la terre comme au
ciel. »
C'est
Jésus Lui-même qui l'affirma par ces Paroles: "Ta
mission est grande, parce qu'il ne s'agit pas seulement de ta
sainteté personnelle, mais d'embrasser tous et tout afin
d'étendre le Royaume de Ma Volonté à toutes
les générations." Luisa
était donc la première nouvelle née de la
Divine Volonté, le Chef de file de la "seconde
génération des enfants de la Lumière: les fils
et filles de la Divine Volonté", la maîtresse de
la science la plus sublime qui soit: la Divine Volonté, la
secrétaire et l'écrivaine de Jésus.
Elle-même signait ses lettres : "la
petite fille de la Divine Volonté",
titre qui est inscrit sur sa tombe dans la Paroisse Santa Maria
Grecia à Corato. La mission de Luisa sur la terre fut
toujours subordonnée à l'Église officielle.
Un grand nombre de témoignages très fiables ont été
rendus concernant Luisa. On compte parmi ces personnes des
religieux et des prêtres, des théologiens, des
professeurs, quelques futurs Évêques et Cardinaux et
même un Bienheureux dont nous avons déjà fait
mention le Père Annibale Di Francia.
Funérailles
Le
7 mars 1947, trois jours après sa mort, sa dépouille
mortelle fut exposée pendant encore quatre jours à la
vénération des fidèles venus de partout à
travers le monde par milliers rendre un dernier hommage à
Luisa "La Santa", Ses funérailles furent un vrai
triomphe; tout le Clergé séculier et religieux
accompagna sa dépouille jusqu'en l'église-mère
où la Liturgie funèbre fut célébrée.
Dans l'après-midi Luisa fut enterrée dans la chapelle
de la noble famille des Calvi. Le 3 juillet 1963 sa dépouille
fut transférée à l'église Santa Maria
Grecia de Corato.
Association
Luisa Piccarreta
En
1980, l'Archevêque Giuseppe Carata et Soeur Assunta
Marigliano fondèrent l'Association Luisa Piccarreta à
Corato, Italie avec le Siège Social dans le même
édifice où Luisa avait vécu une bonne partie
de sa vie. L'Archevêque écrivit fréquemment et
fit plusieurs voyages au Vatican pour plaider la cause des écrits
et de Luisa. Son successeur l'Archevêque Carmelo
Cassati qui devint responsable de l'Archidiocèse où
Luisa avait vécu, poursuivit ces efforts auprès de
Rome ainsi que dans son diocèse.
Une
année sainte
En
1993, à la fête du Christ-Roi, il inaugura une année
sainte de prières pour la venue du Royaume de la Divine
Volonté. A cette occasion une messe solennelle fut
célébrée dans la chapelle de l'Association
située au premier étage du Siège Social
International près du Centre de Corato.
Ouverture
de la Cause de Béatification
Le
28 mars 1994, l'Église, après des réunions
au plus haut niveau , ordonna au Cardinal Felici, Préfet de
la Congrégation Sacrée sur les Causes des Saints,
d'envoyer une lettre officielle à son Excellence
l'Archevêque Carmelo Cassatio déclarant que, de la
part de Rome, il n'y avait aucun obstacle à l'ouverture de
la Cause de la Béatification de Luisa Piccarreta et par
conséquent de commencer les procédures. En mai 1994,
suivant le protocole requis, l'Association Luisa Piccarreta avec la
signature de Soeur Assunta Marigliano demanda par une pétition
à l'Archevêque Carmelo Cassatio de commencer la Cause
de Béatification de Luisa. Un postulant et des
vice-postulants pour la Cause furent choisis pour former une
Commission Officielle sous l'autorité de l'Église.
Les remarques de l'Archevêque concernant Luisa indiquaient
qu'elle avait été victime de l'Amour, victime
de l'Obéissance avec pour seule préoccupation le
Règne de la Volonté Divine. Le postulant, Msgr.
Felice Posa est un avocat de Droit Canon hautement
qualifié dans le domaine de la Loi Canonique. Des visiteurs
de plusieurs pays assistèrent à la Messe d'ouverture
de la Cause et à la mise en place du Tribunal officiel.
Environ soixante personnes venues des États-Unis, deux de
Costa Rica, d'autres du Mexique, de l'Équateur, d'Espagne,
d'Italie et du Japon assistèrent à cette Messe
d'ouverture de la Cause ainsi que plusieurs prêtres bien
informés sur la spiritualité du Don de la Divine
Volonté. Notons parmi eux la présence des Pères
John Brown, Carlos Masseu, Thomas Celso et Michaël Adams
et certaines personnes qui avaient connu Luisa de son vivant.Des
descendants de la soeur de Luisa étaient également
présents à la Messe. L'église était
complètement remplie. Le 20 novembre 1994, la
Messe fut célébrée dans l'ancienne église
mère de Corato en la fête du Christ-Roi.
Tribunal
officiel
L'Archevêque
Carmelo Cassatio, à la tête du Tribunal, procéda
à l'assermentation officielle et l'installation des six
membres du Tribunal : l'Archevêque Cassatio, Msgr. Felice
Posa, Msgr. Pietro Ciraselli, Padre G. Bernardino Bucci, le Père
John Brown et Mr. Cataldo Lurillo. En mars 1997, à
l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Luisa,
il fut annoncé publiquement que le Tribunal responsable de
la Cause de Luisa avait déterminé unanimement qu'elle
avait vécu une vie d'héroïque vertu et que ses
expériences mystiques étaient authentiques. Le 2
février 1998, Mgr. Carmelo Cassatio a établi la
Commission Diocésaine "La servante du Seigneur Luisa
Piccarretta" et l'Office diocésain pour la Cause de
Béatification de la servante du Seigneur Luisa Piccarreta
dont les tâches sont décrites dans les statuts
appropriés et qui ont aidé à faire avancer la
Cause de Béatification et la Version Officielle des écrits
de Luisa Piccarreta. Cette Commission Diocésaine a été
dissoute lors de la fermeture de la Cause de Béatification
au niveau diocésain.
Transfert
de la cause de Béatification à Rome
Du
27 au 29 0ctobre 2005 s'est tenu à Corato le 3ième
Congrès International sur la Divine Volonté au cours
duquel a eu lieu la fermeture de la Cause de Béatification
de Luisa Piccarreta au niveau de l'Archidiocèse de
Trani-Barletta-Bisceglie et le transfert de sa Cause de
Béatification à Rome. Durant ce Congrès, le
Maire de la ville de Corato fit une cérémonie
solennelle pour changer le nom de la rue où Luisa vécut
la majeure partie de sa vie. Le nom de la rue qui portait
antérieurement le nom de « Via N. Suaro »
fut changé pour : « Via Luisa Piccarreta,
Serva de Dio (Servante de Dieu) ». La cérémonie
de clôture eut lieu en l'Église Mère de Corato
là où Luisa avait été baptisée
le dimanche 23 avril 1865. L'Archevêque Pichierri était
le célébrant principal de la Messe solennelle
après laquelle il présida à l'application
officielle des sceaux sur les boîtes de bois contenant les
documents concernant la Cause de Béatification et les écrits
de Luisa et qui devaient être envoyés à Rome.
Quelques jours plus tard, suite à l'arrivée à
Rome de ces boîtes scellées, un nouveau postulateur
pour la Cause de Béatification fut nommé. Il s'agit
d'une femme Madame Silvia Monica Corrales, née en Argentine.
Il n'y a désormais plus aucun tribunal pour la Cause de
Luisa dans son Diocèse. Tout ce qui concerne la Cause de
Béatification de Luisa relève maintenant de Rome et
sa Cause est tout particulièrement dans les mains de Dieu
qui désire plus que tout que le Royaume de sa Divine Volonté
règne enfin sur la terre comme au Ciel comme c'était
le cas à l'origine dans le Jardin d'Éden. Prions avec
ferveur et persévérance pour la Béatification
de Luisa ce qui ouvrirait grandes les portes de l'Église
pour que ce Don de la Vie dans la Divine Volonté soit
reconnu et enseigné au sein même de l'Église
par ses pasteurs et ainsi hâterait la venue de ce Royaume de
la Divine Volonté sur notre terre, un Royaume de Paix, de
Sagesse, de Lumière et d'Unité.
Assistance
de Luisa
Depuis
l'ouverture de sa Cause de Béatification, Luisa donne tous
les signes de son assistance sur la terre. On rapporte
plusieurs miracles survenus grâce à son intercession
dans plusieurs pays et qui ont été soumis au Tribunal
pour investigation. Un choix de prières pour faire une
neuvaine à Luisa Piccarreta en vue d'obtenir une faveur
particulière est inclus ci-après. Pour toute faveur
obtenue par l'intercession de Luisa, veuillez aviser l'Association
Franco-Canadienne Luisa Piccarreta dont les coordonnées sont
inscrites sous le thème : Association Franco-Canadienne
Luisa Piccarreta.
Il
est demandé par les responsables de la Cause à Rome
de ne pas écrire de lettres au Vatican pour montrer votre
support à la Cause de Béatification de Luisa. Toute
lettre ne ferait que retarder le processus de la Cause de
Béatification et ne serait d'aucune influence sur le Vatican
parce que le Vatican a ses propres critères et procédures
déjà établis et inchangeables et que par
politesse les responsables doivent répondre à toutes
ces lettres ce qui enlève du temps précieux pour
l'avancement de la Cause. L'unique critère par lequel
l'Église juge en fin de compte les mérites d'un
candidat à la sainteté est celui qui se réfère
aux deux « I ». Le premier « I »
est l'imitation de Jésus-Christ et le second « I »
est l'intercession. Cela signifie que l'Église regarde les
preuves de la puissante intercession de cette âme après
sa mort. Les autres critères tels les stigmates, la
bilocation, la lecture dans les âmes et d'autres phénomènes
mystiques ne font pas partie du critère pour la sainteté.
Pèlerinages
De
plus en plus de personnes viennent visiter le Siège Social
de l'Association Luisa Piccarreta qui se trouve dans la maison où
Luisa vécue et où commença sur la terre
le troisième Fiat de Dieu, le Fiat de la Sanctification.
Prière
pour obtenir une faveur et implorer la Béatification de
Luisa
Piccarreta
Ô
Coeur Sacré de mon Jésus, qui a choisi ton humble
servante Luisa comme messagère du règne de la Volonté
Divine et comme ange de réparation pour les innombrables
fautes qui affligent ton Divin Coeur, je te prie humblement de
m'accorder la grâce que j'implore de ta Miséricorde
par son intercession, afin qu'elle soit glorifiée sur la
terre comme tu l'as déjà récompensée au
Ciel, Amen.
Pater,
Ave, Gloria
Ô
Coeur Divin de mon Jésus, qui a donné à ton
humble servante Luisa, victime de ton Amour, la force de souffrir
pendant toute sa vie les affres de ta douloureuse Passion, fais en
sorte que, pour ta plus grande gloire, resplendisse bientôt
sur son front l'auréole des bienheureux. Et, par son
intercession, accorde-moi la grâce qu'humblement je te
demande.
Pater,
Ave, Gloria
Ô
Cœur Miséricordieux de mon Jésus qui, pour le
salut et la sanctification de tant d'âmes, a daigné
garder sur la terre pendant de longues années ton humble
servante Luisa,la Petite Fille de la Divine Volonté, exauce
ma priêre : qu'elle soit bientôt glorifiée
par ta Sainte Église et, par son intercession, accorde-moi
la grâce qu'humblement je te demande.
Pater,
Ave, Gloria.
Ô
Très Sainte Trinité, Notre Seigneur Jésus-Christ
nous a enseigné que, lorsque nous prions, nous devons
demander que le nom de notre Père du Ciel soit toujours
glorifié, que sa Volonté soit faite sur la terre et
que son Royaume vienne parmi nous. Dans notre grand désir de
faire connaître son Royaume d'Amour, de Justice et de Paix,
nous vous demandons humblement de glorifier votre servante Luisa,
la Petite Fille de la Volonté Divine qui, par ses prières
constantes et ses grandes souffrances, a ardemment intercédé
au salut des âmes et de la venue du Royaume de Dieu en ce
monde. À son exemple, nous vous prions, Père, Fils et
Esprit Saint, de nous aider à embrasser joyeusement nos
croix sur cette terre de telle manière que, nous aussi, nous
glorifiions le Nom de notre Père du ciel et entrions dans le
Royaume de la Volonté Divine. Amen.
Pater,
Ave, Gloria.
Nulla
osta pour l'impression, Trani, 27 novembre 1948
Fr.
Reginaldo ADDAZI O.P. Archevêque
Texte
extrait du site www.luisapiccarreta.ca
Saint
Jean-Paul II avait annoncé le déploiement de la
Sainteté dans la Divine Volonté pour notre temps
Source
: http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/en/letters/1997/documents/hf_jp-ii_let_19970516_rogazionisti.html
Dieu
Lui-même avait prévu de provoquer cette “nouvelle
et divine” sainteté avec laquelle l'Esprit Saint désire
enrichir les Chrétiens à l'aube du troisième
millénaire, dans le dessein de “faire du Christ le coeur
du monde”
Extrait
du § 6 du message aux Pères Rogationistes à
l'occasion du premier centenaire de la fondation de la Congrégation
des Pères Rogationistes du Coeur de Jésus (1897-1997)
Source
: http://sainterosedelima.com/le-royaume-de-la-divine-volonte/#benoit-xvi-et-la-volonte-de-dieu
Benoît
XVI et la Volonté de Dieu
«
L’amitié n’est pas seulement connaissance, elle
est surtout communion du vouloir. Elle signifie que ma volonté
grandit vers le « oui » de l’adhésion à
la sienne. Sa volonté, en effet, n’est pas pour moi une
volonté externe et étrangère, à laquelle
je me plie plus ou moins volontiers, ou à laquelle je ne me
plie pas. Non, dans l’amitié, ma volonté
en grandissant s’unit à la sienne, sa volonté
devient la mienne et ainsi, je deviens vraiment moi-même »
(BENOÎT XVI 29 juin 2011) « Là où
se fait la Volonté de Dieu se trouve le ciel, parce que
l’essence du ciel c’est de ne faire plus qu’une
seule chose avec la Volonté de Dieu »
(Jésus de Nazareth).
« Il
y a la troisième expression de la prière de Jésus
et c’est elle qui est décisive, là où la
volonté humaine adhère pleinement à la volonté
divine. Jésus, en effet, conclut en disant avec force : «
Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
(Mc 14, 36c). Dans l’unité de la personne
divine du Fils, la volonté humaine trouve sa pleine
réalisation dans l’abandon total du Moi au Toi du Père,
appelé Abba. Saint Maxime le Confesseur
affirme qu’à partir du moment de la création de
l’homme et de la femme, la volonté humaine est orientée
par la volonté divine et c’est précisément
dans le « oui » à Dieu que la volonté
humaine est pleinement libre et trouve sa réalisation.
Malheureusement, à cause du péché, ce «
oui » à Dieu s’est transformé en opposition
: Adam et Eve ont pensé que le « non » à
Dieu était le sommet de la liberté, signifiait être
pleinement soi-même. Jésus sur le Mont des Oliviers
ramène la volonté humaine au « oui » total
à Dieu ; en Lui la volonté naturelle est pleinement
intégrée dans l’orientation que lui donne la
Personne Divine. Jésus vit son existence selon le centre de sa
Personne : le fait d’être Fils de Dieu. Sa volonté
humaine est attirée dans le Moi du Fils, qui s’abandonne
totalement au Père. Ainsi, Jésus nous dit que ce n’est
que dans la conformation de sa propre volonté à celle
de Dieu, que l’être humain arrive à sa hauteur
véritable, devient « divin » ; ce n’est
qu’en sortant de lui, ce n’est que dans le « oui »
à Dieu que se réalise le désir d’Adam, de
nous tous, celui d’être complètement libres. C’est
ce que Jésus accomplit au Gethsémani : en transférant
la volonté humaine dans la volonté divine naît
l’homme véritable, et nous sommes rachetés »
(Audience générale du 1 février 2012).
La
Divine Volonté dans la liturgie de la Sainte Eglise
Nous
pouvons lire à l'oraison des vêpres du samedi de la
première semaine de l'Avent, (semaine I du psautier), le 7
décembre 2019, jour où nous fêtions Saint
Ambroise, évêque et docteur de l'Eglise :
«
Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le
souci de nos tâches présentes entraver notre marche à
la rencontre de ton Fils ; mais éveille en nous cette
intelligence du coeur qui nous prépare à l'accueillir
et nous fait entrer dans sa propre vie ».
Consécration
à la Divine Volonté de Luisa
« Ô
adorable et Divine Volonté, me voici devant l’immensité
de ta Lumière. Que ton éternelle Bonté m’ouvre
les portes et me fasse entrer en Toi pour y vivre ma vie. Ô
adorable Volonté, je me prosterne devant ta Lumière,
moi, la dernière de toutes les créatures, pour que Tu
me places toi-même dans le petit groupe des filles et des fils
de ton suprême Fiat.
Ô
Divine Volonté, prosternée dans mon néant, je
demande tes Lumières et Te supplie de me plonger en Toi et
d’écarter de moi tout ce qui n’est pas de Toi. Tu
seras ma vie, le centre de mon intelligence, le ravissement de mon
cœur et de tout mon être.
Je
ne veux plus que la volonté humaine vive dans mon cœur.
Je vais la rejeter loin de moi et ainsi construire en moi le nouveau
Paradis de paix, de bonheur et d’amour. Là, je serai
toujours joyeuse. J’aurai une force singulière et une
sainteté qui sanctifiera toutes choses et les amènera à
Toi.
Prosternée
devant Toi, ô Divine Volonté, je demande l’aide de
la très Sainte Trinité afin que je puisse vivre dans
ton cloître d’Amour et que soit rétablie en moi
l’ordre premier de la Création, comme à
l’origine, Ô Maman céleste, Reine du Royaume du
Divin Fiat, prends ma main et introduis-moi dans la Lumière de
la Divine Volonté. Ma très tendre Maman, tu seras mon
guide et tu m’enseigneras comment vivre dans cette Volonté,
et comment y demeurer à tout jamais.
Céleste
Maman, je me consacre entièrement à ton Cœur
Immaculé, Tu m’enseigneras la doctrine de la Volonté
Divine et j’écouterai très attentivement tes
enseignements. Tu me couvriras de ton manteau afin que le serpent
infernal n’ose pas pénétrer dans cet Éden
sacré pour m’entraîner et me ramener dans le
labyrinthe de la volonté humaine.
Jésus,
Cœur de la très Sainte et Divine Volonté, Tu me
donneras ton Feu pour qu’il me brûle, me consume, me
nourrisse, et que soit consolidée en moi la Vie dans la Divine
Volonté. Saint Joseph, tu seras mon protecteur, le gardien de
mon cœur, et tu conserveras dans tes mains les clés de
ma volonté. Tu garderas mon cœur jalousement et ne me le
remettras plus jamais afin que je ne puisse jamais quitter la Divine
Volonté. Mon Ange Gardien garde-moi, défends-moi et
aide-moi en tout afin que mon éden puisse fleurir et attirer
tous les hommes dans le Royaume de la Divine Volonté. Amen.
Fiat ».
TOURNEE
DE LA CREATION
Dans
la Sainte Divine Volonté, j'entre en vous Seigneur Jésus
et je me transforme en vous Seigneur Jésus. Pendant cette
fusion, j'entre dans la vie de chaque homme, d'Adam jusqu'au dernier,
et je lie ma prière à chacun d'eux. Je lie aussi ma
prière à tout ce qui suit :
1. Au
soleil et à tous les corps célestes de l'univers.
2. A
chaque photon d'énergie et de lumière de tous les
soleils de l'univers qui ont existé, existent ou existeront.
3. A
chaque plante qui a existé, existe ou existera.
4. A
chaque fleur qui a existé, existe ou existera.
5. A
chaque brin d'herbe et à chaque feuille qui ont existé,
existent ou existeront.
6. A
chaque goutte d'eau qui a existé, existe ou existera.
7. A
chaque molécule d'air qui a existé, existe ou existera.
8. A
chaque animal, oiseau, poisson et insecte qui ont existé,
existent ou existeront.
9. A
chaque mouvement de chaque créature qui a existé,
existe ou existera.
10.
Au son fait par chaque créature qui a existé, existe ou
existera.
11. A
chaque molécule de la Création qui a existé,
existe ou existera.
12. A
chaque respiration de chaque créature qui a existé,
existe ou existera.
13. A
chaque battement de coeur de chaque créature qui a existé,
existe ou existera.
14. A
chaque ouvrage de chaque créature qui a existé, existe
ou existera.
15. A
chaque pensée de chaque créature qui a existé,
existe ou existera.
16. A
chaque pas de chaque créature qui a existé, existe ou
existera.
17. A
chaque prière qui a été dite, est dite ou sera
dite.
18.
Aux réparations liées à tout ce qui est
mentionné ci-dessus.
19.
Au Fiat de Dieu à tout ce qui est mentionné ci-dessus.
20.
Au fiat de Luisa à tout ce qui est mentionné ci-dessus.
De
plus, ô Père :
21.
Je joins un je t'aime avec ta Volonté à
chaque chose mentionnée ci-dessus.
22.
Je joins une prière de contrition à chaque chose
mentionnée ci-dessus.
23.
Je joins une prière d'intercession pour la conversion des
pécheurs à chaque chose mentionnée ci-dessus.
24. A
chaque chose mentionnée ci-dessus, je joins le voeu que se
manifeste tout ce qui manque à la gloire de Dieu à
cause de la volonté humaine.
25.
J'offre tous mes battements de coeur et respirations d'aujourd'hui
pour le salut des âmes.
26.
Je lie ma prière à chaque proton, neutron et électron
de la Création.
27.
Je lie ma prière au vent qui souffle et répand la
divine fraîcheur.
TOURNEE
DE LA REDEMPTION
Dans
la Sainte Divine Volonté, j'entre en vous Seigneur Jésus
et je me trnasforme en vous Seigneur Jésus. Pendant cette
fusion, j'entre dans la vie de chaque homme, d'Adam jusqu'au dernier,
et je lie ma prière à chacun d'eux. Je lie aussi ma
prière à tout ce qui suit :
1.
Aux respirations de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph
sur la terre.
2.
Aux soupirs de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
3.
Aux pas de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur la
terre.
4.
Aux regards de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
5.
Aux battements de coeur de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
6.
Aux larmes de joie de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
7.
Aux larmes d'amertume de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
8.
Aux prières de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
9.
Aux pensées de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
10.
Aux souffrances de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph
sur la terre.
11. A
chaque molécule de chair de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et
de Saint Joseph sur la terre.
12. A
chaque parole de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
13. A
chaque languissement de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
14. A
chaque particule de nourriture consommée par Notre-Seigneur,
Notre-Dame et Saint Joseph sur la terre.
15. A
toutes les souffrances de Notre-Seigneur, Notre-Dame pendant que
Notre-Seigneur était dans le sein de sa Mère.
16. A
chaque acte de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
17. A
tous les échanges faits par Notre-Seigneur, Notre-Dame et
Saint Joseph durant leur vie terrestre.
18. A
chaque acte divin accompli par Notre-Seigneur et Notre-Dame durant
leur vie terrestre.
19. A
chaque acte maternel accompli par Notre-Dame durant sa vie terrestre.
20. A
chaque molécule de sang et de chair répandue par
Notre-Seigneur Jésus-Christ pendant sa Passion.
21.
Aux fruits de la Résurrection, de l'Ascension et de la
Pentecôte pour les chrétiens.
22. A
la gloire attachée à la vie publique de Notre-Seigneur.
23. A
toutes les souffrances cachées de la Passion de
Notre-Seigneur.
24. A
tous les actes intérieurs de la vie cachée de
Notre-Seigneur.
25. A
toutes les communications effectuées entre Jésus et les
hommes.
26.
Aux réactions émotives à la Passion vécues
par les créatures depuis Adam jusqu'au dernier homme.
27.
Aux réactions émotives à la Passion vécues
par les créatures célestes.
28.
Aux réparations pour les méfaits des ennemis de
Notre-Seigneur sur la terre.
29. A
chaque son de voix émis par Notre-Seigneur, Notre-Dame et
Saint Joseph sur la terre.
30.
Aux réparations des temps passés, présents et
futurs pour les moqueries subies par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
31.
Au Fiat de Marie associé à tout ce qui est mentionné
ci-dessus.
32.
Au Fiat de Luisa associé à tout ce qui est mentionné
ci-dessus.
33.
Aux fruits des prières de Notre-Seigneur pendant ses nuits
terrestres.
34.
Aux prières de toutes les créatures vivant dans la
Divine Volonté qui ont été, sont ou seront.
35. A
tous les actes humains tranformés en actes divins dans la
Divine Volonté.
36. A
chaque mort mystique vécue par Notre-Seigneur durant sa vie
cachée.
37. A
chaque goutte de sang versée par Notre-Seigneur quand il fut
circoncis.
38. A
chaque larme versée par Notre-Seigneur, Notre-Dame et Saint
Joseph pendant la ciconcision.
39. A
toutes les vies divines formées par les actes de Notre-Dame
durant sa vie terrestre.
40. A
toutes les vies divines formées par les actes des enfants de
la Divine Volonté qui ont été, sont ou seront.
Ô
Seigneur Jésus :
41.
Je vous dis un je vous aime avec votre Volonté pour
chaque chose mentionnée ci-dessus.
42.
Je greffe une prière de contrition à chaque chose
mentionnée ci-dessus.
43.
Je vous rends grâce pour votre Fiat prononcé en faveur
des hommes.
44.
Je vous offre réparation pour le rejet de votre Volonté
par les hommes qui agissent avec leur propre volonté.
45.
Je réclame une âme à chacun des battements de mon
coeur et à chacune de mes respirations de ce jour.
46.
Que cette prière répare pour tous les péchés
commis contre vous.
47.
Honneur et gloire à la Divine Volonté pour chaque chose
mentionnée ci-dessus.
«
Oh ! la fécondité de tous ces actes ! Pas même la
créature qui les fait peut l'évaluer »
(Notre-Seigneur
Jésus à Luisa, le 25 avril 1922)
TOURNEE
DE LA SANCTIFICATION
Dans
la Sainte Divine Volonté, j'entre en vous Seigneur Jésus
et je me trnasforme en vous Seigneur Jésus. Pendant cette
fusion, j'entre dans la vie de chaque homme, d'Adam jusqu'au dernier,
et je lie ma prière à chacun d'eux. Je lie aussi ma
prière à tout ce qui suit :
1. Au
sacrement du Baptême et aux saintes pratiques s'y rattachant
qui auraient dû être observées, l'ont été,
le sont ou le seront.
2. Au
sacrement de la Confirmation et aux saintes pratiques s'y rattachant
qui auraient dû être observées, l'ont été,
le sont ou le seront.
3. Au
sacrement du Mariage et aux saintes pratiques s'y rattachant qui
auraient dû être observées, l'ont été,
le sont ou le seront.
4. Au
sacrement de l'Eucharistie et aux saintes pratiques s'y rattachant
qui auraient dû être observées, l'ont été,
le sont ou le seront.
5. Au
sacrement de l'Ordre et aux saintes pratiques s'y rattachant qui
auraient dû être observées, l'ont été,
le sont ou le seront.
6. Au
sacrement de la Réconciliation et aux saintes pratiques s'y
rattachant qui auraient dû être observées, l'ont
été, le sont ou le seront.
7. Au
sacrement des malades et aux saintes pratiques s'y rattachant qui
auraient dû être observées, l'ont été,
le sont ou le seront.
8.
Aux interventions passées, présentes ou futures de
l'Esprit Saint.
9. A
chaque mot de chaque messe qui aurait dû être dite, l'a
été, l'est actuellement ou le sera.
10.
Au Fiat de Marie relié à tout ce qui est mentionné
ci-dessus.
11.
Au Fiat de Luisa relié à tout ce qui est mentionné
ci-dessus.
Ô
Seigneur Jésus :
12.
J'associe un je vous aime avec votre Volonté pour
chaque chose mentionnée ci-dessus.
13.
J'associe une prière de contrition à chaque chose
mentionnée ci-dessus.
14.
Honneur et gloire à la Divine Volonté pour chaque chose
mentionnée ci-dessus.
15.
Je fais une prière de réparation et de contrition pour
chaque avortement qui a été, est ou sera perpétré.
16.
Je réclame des âmes à chacun des battements de
mon coeur et à chacune de mes respirations de ce jour.
Je
répare pour :
17.
Les abus reliés au sacrement du Baptême qui ont été
commis, sont commis actuellement ou le seront.
18.
Les abus reliés au sacrement de la Confirmation qui ont été
commis, sont commis actuellement ou le seront.
19.
Les abus reliés au sacrement du Mariage qui ont été
commis, sont commis actuellement ou le seront.
20.
Les abus reliés au sacrement de l'Eucharistie qui ont été
commis, sont commis actuellement ou le seront.
21.
Les abus reliés au sacrement de l'Ordre qui ont été
commis, sont commis actuellement ou le seront.
22.
Les abus reliés au sacrement de la Réconciliation qui
ont été commis, sont commis actuellement ou le seront.
23.
Les abus reliés au sacrement des malades qui ont été
commis, sont commis actuellement ou le seront.
24.
Les fautes contre les dix commandements de Dieu qui ont été
commises, sont commises actuellement ou le seront.
Révélations
de Notre Seigneur Jésus sur Sa Sainte Humanité
Notre
Seigneur Jésus n'avait ni la foi ni l'espérance, mais
seulement l'Amour
«
Je n'avais ni la foi ni l'espérance parce que
j'étais Dieu ; Je n'avais que l'Amour » (6
novembre 1906, tome 7, page 53).
La
souffrance infinie de l'Homme-Dieu
«
Regarde en moi combien de millions de croix contient mon Humanité.
Ainsi, les croix reçues de ma Volonté furent
incalculables, ma souffrance était
infinie , je gémissais sous le poids d'une souffrance
infinie. Cette souffrance infinie avait
un tel pouvoir qu'elle me donnait la mort à tous les instants
en me donnant une croix pour chaque acte de la volonté humaine
opposée à la Volonté Divine.
La
croix provenant par ma Volonté n'est pas faite de bois,
laquelle ne nous fait ressentir que son poids et sa souffrance, elle
est plutôt une croix de lumière et de feu, qui brûle,
consume et s'implante de telle manière à ne former
qu'un avec celui qui la reçoit » (28
novembre 1923, tome 16, pages 64 et 65).
Notre
Seigneur Jésus à la servante de Dieu Luisa
Piccarreta, dont les écrits
reçurent le « Non Obstare » (ne pas empêcher)
du Cardinal Ratzinger (devenu le Pape Benoît XVI), alors Préfet
de la Congrégation de la Doctrine de la Foi le 28 mars 1994 :
Le
grand bien que le Royaume du divin Fiat apportera. Comment il sera le
préservateur de tous les maux, de toute maladie.
Les
corps ne seront plus sujets à la décomposition, mais
resteront composés dans leur sépulcre.
Tout
comme la Vierge, qui n’a accompli aucun miracle, a fait le
grand miracle de donner un Dieu aux créatures, celle qui doit
faire connaître le Royaume accomplira le grand miracle de
donner une Divine Volonté
(22
octobre 1926)
Je
pensais au saint et divin Vouloir, et je me disais : « Mais,
quel sera le grand bien de ce Royaume du Fiat suprême ? »
Et Jésus, interrompant ma pensée, bougea rapidement en
moi et me dit :
Ma
fille, quel sera le grand bien ? ! Quel sera le grand bien ? ! Le
Royaume de mon Fiat contiendra tous les biens, tous les miracles,
tous les prodiges les plus sensationnels ; plus encore, il les
surpassera tous ensemble. Et si un miracle signifie
rendre la vue à un aveugle, redresser un infirme, guérir
un malade, ressusciter un mort, etc., le
Royaume de ma Volonté aura l’aliment préservateur,
et pour toutes les créatures qui y entreront, il n’y
aura aucun risque de devenir aveugle, infirme ou malade. La
mort n’aura plus aucun pouvoir sur l’âme ; et si
elle l’aura encore sur le corps, ce ne sera plus une mort, mais
un passage. Sans la nourriture du péché et une
volonté humaine dégradée qui produisaient la
corruption, et, avec l’aliment préservateur de ma
Volonté, les corps ne seront plus sujets à la
décomposition et à devenir horriblement corrompus au
point de semer la peur, même parmi les plus forts, comme
c’est maintenant le cas ; mais ils resteront composés
dans leur sépulcre en attendant le jour de la résurrection
de tous. Crois-tu que c’est
un plus grand miracle de donner la vue à un aveugle, de
redresser un infirme, de guérir un malade, ou bien d’avoir
un moyen de préservation de sorte que l’œil ne
puisse jamais perdre la vue, qu’on puisse toujours marcher bien
droit, être toujours en bonne santé ? Je crois que le
miracle de préservation est plus grand que le miracle qui
survient après un malheur.
Voilà
la grande différence entre le Royaume de Rédemption et
le Royaume du Fiat suprême : dans le premier, le miracle était
pour les pauvres créatures à qui, comme aujourd’hui,
il arrive un malheur ou un autre ; et c’est pourquoi j’ai
donné l’exemple, extérieurement, d’opérer
différentes sortes de guérisons qui étaient un
symbole des guérisons que je donnais aux âmes,
lesquelles retourneront facilement à leur infirmité. Le
second sera un miracle de préservation, parce que ma Volonté
possède le pouvoir miraculeux, et celles qui se laissent
dominer par lui ne seront plus sujettes au mal. Par conséquent,
il ne sera pas nécessaire de faire des miracles parce que
toutes seront toujours gardées en bonne santé, belles
et saintes – dignes de cette beauté sortie de nos mains
créatrices en créant la créature.
Le
Royaume du divin Fiat fera le grand miracle du bannissement de tous
les maux, de toutes les misères, de toutes les peurs, parce
qu’il n’accomplira pas un miracle selon le temps et les
circonstances, mais gardera les enfants de son Royaume en lui-même
avec un acte de miracle continuel, et pour les préserver de
tous les maux en faisant d’eux les enfants de son Royaume.
Cela, dans les âmes ; mais il y aura aussi de nombreuses
modifications dans les corps, parce que c’est toujours le péché
qui est la nourriture de tous les maux. Le péché
enlevé, il n’y aura plus d’aliment pour le mal ;
de plus, comme ma Volonté et le péché ne peuvent
coexister, la nature humaine aura également ses effets
bénéfiques.
Ma
fille, ayant à préparer le grand miracle du Royaume du
Fiat suprême, je fais avec toi, fille première-née
de ma Volonté, ce que j’ai fait avec la Reine
souveraine, ma Maman, quand j’ai dû préparer le
Royaume de Rédemption. Je l’ai attirée
tout près de moi. Je l’ai gardée si occupée
dans son intérieur afin de pouvoir former avec elle le miracle
de la Rédemption pour lequel il y avait un si grand besoin. Il
y avait tant de choses que nous devions faire, refaire, et compléter
ensemble, que j’ai dû cacher dans son apparence
extérieure tout ce qui pourrait être appelé
miracle, à l’exception de sa parfaite vertu. En cela, je
l’ai rendue plus libre afin de lui laisser traverser la mer
infinie du Fiat éternel, et qu’elle puisse avoir accès
à la divine Majesté pour obtenir le Royaume de
Rédemption.
Qu’est-ce
qui serait le plus grand : que la céleste Reine eût
rendu la vue aux aveugles, la parole aux muets, et ainsi de suite, ou
est-ce le miracle de faire descendre le Verbe éternel sur la
terre ? Les premiers auraient été
des miracles accidentels, passagers et individuels ; le second est un
miracle permanent – il est là pour toutes celles qui le
veulent. Par conséquent, les premiers auraient été
comme des riens par rapport au second. Elle était le vrai
soleil, celui qui, éclipsant toutes choses, éclipsant
le Verbe même du Père en elle-même, tous les
biens, tous les effets et les miracles que la Rédemption a
produits, a fait germer d’elle la lumière. Mais, comme
le soleil, elle produisit des biens et des miracles sans se laisser
voir elle-même ni désigner comme la cause première
de toute chose. En fait, tout le bien que j’ai fait sur la
terre, je l’ai fait parce que l’Impératrice du
ciel est parvenue au point d’avoir son empire dans la Divinité
; et par son empire, elle m’attira du ciel pour me donner aux
créatures. Je fais maintenant la même chose avec toi
pour préparer le Royaume du Fiat suprême.
Je
te garde avec moi, je te fais traverser sa mer infinie pour te donner
accès au Père céleste afin que tu puisses le
prier, le conquérir, avoir sur lui son empire pour obtenir le
Fiat de mon Royaume. Et afin de remplir et de consumer en toi toute
la puissance miraculeuse nécessaire pour former un Royaume si
saint, je te garde continuellement occupée dans ton intérieur
par l’œuvre de mon Royaume ; je t’envoie
continuellement faire des rondes afin de refaire, de compléter
tout ce qui est nécessaire, et que toutes devraient faire pour
former le grand miracle de mon Royaume. Extérieurement,
je ne laisse rien de miraculeux apparaître en toi, sinon la
lumière de ma Volonté. Certains
pourraient dire : ‘Comment cela se peut-il ? Jésus
béni manifeste tant de prodiges à cette créature
concernant son Royaume du divin Fiat, et les biens qu’il
apportera surpasseront la Création et la Rédemption,
mieux encore, ce sera la couronne de l’un et de l’autre
; mais malgré un si grand bien, rien de
miraculeux ne peut se voir en elle, extérieurement, en
confirmation du grand bien de ce Royaume du Fiat éternel,
alors que les autres saints, sans le prodige de ce grand bien, ont
fait des miracles à tous les pas.’ Mais s’ils
considèrent ma chère Maman, la plus sainte de toutes
les créatures, et le grand bien qu’elle avait en elle à
apporter aux créatures, personne ne peut se comparer à
elle qui opéra le grand miracle de concevoir en elle le Verbe
divin, et le prodige de donner Dieu à chaque créature.
Et
devant ce grand prodige jamais encore ni vu ni entendu, de pouvoir
donner le Verbe éternel aux créatures, tous les autres
miracles mis ensemble sont comme de petites flammes devant le soleil.
Celui qui peut le plus, peut le moins. De la même manière,
face au miracle du Royaume de ma Volonté restauré chez
les créatures, tous les autres miracles seront de petites
flammes devant le grand Soleil de ma Volonté. Toute parole,
vérité et manifestation sur ce Royaume est un miracle
sorti de ma Volonté en préservateur de tous les maux ;
c’est comme attacher les créatures à un bien
infini, à une très grande gloire et à une
nouvelle beauté – pleinement divins.
Chaque
vérité sur mon Fiat éternel contient plus de
puissance et de prodigieuse vertu que si un mort était
ressuscité, un lépreux guéri, un aveugle
recouvrait la vue ou un muet pouvait parler. En
fait, mes paroles sur la sainteté et la puissance de mon Fiat
vont faire revenir les âmes à leur origine ; elles les
guériront de la lèpre de la volonté
humaine. Elles leur donneront la vue
pour voir les biens du Royaume de ma Volonté, car jusqu’à
maintenant, elles étaient aveugles. Elles
rendront la parole à beaucoup de créatures muettes qui,
si elles pouvaient dire beaucoup d’autres choses, étaient
comme beaucoup sans paroles seulement pour ma Volonté ; et
elles opéreront le grand miracle de pouvoir donner à
chaque créature une Divine Volonté qui contient tous
les biens. Que ne leur donnera pas ma Volonté
lorsqu’elle sera en possession de tous les enfants de son
Royaume ? C’est pourquoi je veux que tu continues à
œuvrer en vue de mon Royaume – et il y a beaucoup à
faire pour préparer le grand miracle que ce Royaume du Fiat
soit connu et possédé. Par
conséquent, sois attentive en traversant la mer infinie de ma
Volonté, afin que soit établi l’ordre entre le
Créateur et la créature ; ainsi, à travers toi,
je serai capable de faire le grand miracle du retour vers moi de
l’homme – vers son origine.’
Je
pensais alors à ce qui est écrit ci-dessus,
spécialement que chaque parole et manifestation sur la suprême
Volonté est un miracle. Et Jésus, pour me
confirmer dans ce qu’il avait dit, ajouta : Ma fille,
quel est selon toi le plus grand miracle lorsque je suis venu sur
terre : ma parole, l’Évangile que j’ai annoncé,
ou le fait que j’aie rendu la vie aux morts, la vue aux
aveugles, l’ouïe aux sourds, etc. ? Ah ! ma
fille, ma parole, mon Évangile, fut un plus grand miracle ;
d’autant plus que les miracles eux-mêmes sont sortis de
ma parole. Le fondement, la substance de tous les miracles sortit de
ma parole créatrice. Les Sacrements, la Création
elle-même, miracles permanents, avaient la vie de ma parole ;
et mon Église elle-même a ma parole, mon Évangile,
comme régime et comme fondement.
Ainsi,
ma parole, mon Évangile, était un plus grand miracle
que les miracles eux-mêmes qui n’avaient la vie qu’à
cause de ma parole miraculeuse. Par conséquent, sois certaine
que la parole de ton Jésus est le plus grand miracle. Ma
parole est comme un vent puissant qui court, martèle l’ouïe,
entre dans les cœurs, réchauffe, purifie, illumine,
passe de nation à nation ; il couvre le monde entier et
parcourt tous les siècles.
Qui
pourrait tuer et enterrer une seule de mes paroles ? Personne. Et
s’il semble parfois que ma parole soit silencieuse et comme
cachée, elle ne perd jamais la vie. Lorsqu’on s’y
attend le moins, elle sort et se fait entendre partout. Des
siècles vont passer durant lesquels tout – les hommes et
les choses – sera englouti et disparaîtra, mais ma parole
ne passera jamais parce qu’elle contient la Vie – le
pouvoir miraculeux de Celui d’où elle est sortie. Par
conséquent, je confirme que chaque parole et manifestation que
tu reçois sur mon Fiat éternel est le plus grand des
miracles qui servira le Royaume de ma Volonté. Et
c’est pourquoi je te presse tellement et que je tiens tant à
ce que chacune de mes paroles soit manifestée et écrite
– parce que j’y vois un miracle qui me revient et
qui apportera tant de bien aux enfants du Royaume du Fiat suprême.
Au
moment du passage dans l'éternité, Dieu fait une
dernière surprise d'Amour au moment de la mort, en donnant une
heure de Vérité afin que l'âme fasse au moins un
mouvement de contrition pour être sauvée
Notre
Seigneur Jésus à Luisa Piccarreta le 22 mars 1938,
volume 36
« Notre
Bonté et notre Amour sont si grands que Nous utilisons tous
les moyens pour sortir la créature de son péché
– pour la sauver ; et si Nous ne réussissons pas
durant sa vie, Nous
faisons une dernière Surprise d’Amour au moment de sa
mort. Tu dois savoir qu’à ce moment, Nous donnons le
dernier signe d’Amour à la créature en lui
accordant avec nos Grâces, Amour et
Bonté, en témoignant des Tendresses d’amour
propres à adoucir et à gagner les cœurs les plus
durs. Lorsque la créature se trouve entre la vie et la
mort – entre le temps qui est sur le point de finir et
l’Éternité qui est sur le point de commencer –
presque dans l’acte de quitter son corps, ton Jésus se
fait voir avec une Amabilité qui ravit, avec une Douceur qui
enchaîne et adoucit les amertumes de la vie, spécialement
en ce moment extrême. Puis, il y a Mon regard... Je la
regarde avec tant d’Amour pour faire sortir de la créature
un acte de contrition – un acte d’amour, un acte
d’adhésion à ma Volonté.
En
ce moment de désillusions, en voyant – en touchant de
ses mains combien Nous l’aimions et l’aimons encore, la
créature ressent une si grande souffrance qu’elle se
repent de ne pas Nous avoir aimés; elle reconnaît notre
Volonté comme principe et accomplissement de sa vie et, en
satisfaction, elle accepte sa mort pour accomplir un acte de notre
Volonté. Car tu dois savoir que si la créature
n’accomplissait pas même un seul acte de la Volonté
de Dieu, les portes du Ciel ne s’ouvriraient pas; elles ne
seraient pas reconnues comme héritière de la Patrie
Céleste et les Anges et les Saints ne pourraient pas
l’admettre parmi eux – et elle-même ne voudrait pas
entrer, étant consciente que cela ne lui appartient pas. Sans
notre Volonté, il n’y a ni Sainteté ni
Salut. Combien
de créatures sont sauvées en vertu de ce signe de notre
Amour, à l’exception des plus perverties et des
plus obstinées ; même si suivre le long chemin
du Purgatoire serait plus convenable pour elles. Le moment de la mort
est Notre prise quotidienne – la découverte de l’homme
perdu.
Puis
Il ajouta : Ma fille, le moment de la mort est le temps de la
désillusion. À ce moment, toutes les choses se
présentent les unes après les autres pour dire : «
Adieu, la terre est finie pour toi ; maintenant commence l’Éternité.
» C’est pour la créature comme si elle était
enfermée dans une chambre et que quelqu’un lui dise : «
Derrière cette porte, il y a une autre chambre dans laquelle
se trouvent Dieu, le Ciel, le Purgatoire, l’Enfer ; en somme,
l’Éternité » Mais
la créature ne peut voir aucune de ces choses. Elle
les entend affirmer par d’autres ; et ceux qui les lui disent
ne peuvent pas les voir non plus, de sorte qu’ils parlent
presque sans même trop y croire ; sans accorder beaucoup
d’importance au fait de donner à leurs paroles le ton de
la réalité – comme quelque chose de certain.
Alors,
un jour, les murs tombent et la créature peut voir de ses
propres yeux ce qu’on lui avait dit avant. Elle
voit son Dieu et son Père qui l’aimait d’un grand
Amour; elle voit les dons qu’Il lui a faits, un par un ; et
tous les droits d’amour qu’elle lui devait et qui ont été
brisés. Elle voit que sa vie appartenait à Dieu, et non
à elle-même. Tout
passe devant elle : Éternité, Paradis, Purgatoire, et
Enfer – la terre qui s’en va; les plaisirs qui lui
tournent le dos. Tout disparaît; la seule chose qui lui reste
présente dans cette pièce aux murs abattus
: l’Éternité. Quel changement pour la
pauvre créature !
Ma
Bonté est si grande, voulant sauver tout le monde, que
Je permets la chute de ces murs lorsque les créatures se
trouvent entre la vie et la mort – au moment où l’âme
quitte le corps pour entrer dans l’Éternité –
afin qu’elles puissent faire au moins un acte de contrition et
d’amour pour Moi, en reconnaissant sur elles mon Adorable
Volonté. Je peux dire que Je leur
donne une heure de Vérité afin de les sauver. Oh!
Si toutes connaissaient les industries d’amour que j’utilise
au dernier moment de leur vie pour les empêcher d’échapper
à Mes mains plus que paternelles – elles n’attendraient
pas ce moment, elles m’aimeraient toute leur vie ».
Indications
et moyens donnés par Notre Seigneur Jésus à
Luisa pour grandir dans la vie spirituelle ou en repérer les
écueils, afin de vivre dans la Divine Volonté
Sur
l'humilité
- La
croix seule est nourriture pour l'humilité (24 juin 1900, tome
3, page 86),
L'âme
craintive ou l'âme qui n'a peur de rien
- Si
l'âme est craintive, c'est un signe qu'elle se fie beaucoup à
elle-même. Ne trouvant en elle que faiblesses et misères,
alors, naturellement et justement, elle craint. Si, d'autre part,
l'âme n'a peur de rien, c'est un signe qu'elle met toute sa
confiance en Dieu. Ses misères et faiblesses se perdent en
Dieu ; elle se sent revêtue de l'Etre divin. Ce n'est plus
l'âme qui travaille, mais Dieu dans l'âme. Que peut-elle
craindre ? La vraie confiance en Dieu reproduit la Vie divine en
l'âme (3 janvier 1907, tome 7, page 61).
Sur
le trouble
-
Etre affecté par quelque trouble, est le signe que l'on
s'éloigne quelque peu de Dieu, parce que se mouvoir en lui et
ne pas avoir une paix parfaite est impossible (17 juin 1900, tome 3,
page 83),
-
Pour ne pas être troublée, l'âme doit se trouver
bien en Dieu, elle doit tendre totalement vers lui comme vers un
point unique et elle doit regarder toute autre chose d'un oeil
indifférent. Si elle fait autrement, dans chaque chose qu'elle
fait, voit ou entend, elle est investie d'une inquiétude comme
une fièvre lente qui la rend épuisée et
troublée, incapable de se comprendre (23 mai 1905, tome 6,
page 85).
-
Dans le trouble, c'est l'amour propre qui veut se manifester pour
régner ou c'est l'ennemi qui veut nuire (22 juillet 1905, tome
6, page 91),
- Si
l'âme se trouble à tout propos, c'est signe qu'elle est
rempli d'elle-même. Si elle se trouble pour une chose et non
pour une autre, c'est signe qu'elle a quelque chose de Dieu, mais
qu'elle a beaucoup de vide à combler. Si rien ne la trouble,
c'est signe qu'elle est totalement remplie de Dieu (9 août
1905, tome 6, page 92),
-
Celui qui n'aime pas la vérité est troublé et
tourmenté par elle (16 janvier 1906, tome 6, page 109).
Sans
les signatures de la résignation de l'humilité et de
l'obéissance, l'âme sera contrainte à rester dans
l'inquiétude, la peur et les dangers et aura
comme Dieu son propre ego en étant courtisée par
l'orgueil et la rébellion
-
Sans l'obéissance, la résignation et l'humilité
sont sujettes à l'instabilité. D'où la stricte
nécessité de la signature de l'obéissance pour
que soit validé le passeport permettant de passer dans le
royaume de la félicité spirituelle dont l'âme
peut jouir ici-bas.
Sans
les signatures de la résignation, de l'humilité et de
l'obéissance, le passeport sera sans valeur et l'âme
sera toujours éloignée du royaume de la félicité
; elle sera contrainte à rester dans l'inquiétude, la
peur et les dangers. Pour sa propre disgrâce, elle aura comme
dieu son propre ego et elle sera courtisée par l'orgueil et la
rébellion (16 avril 1900, tome 3, page 63).
Penser
à soi-même
-
Penser à soi-même, c'est comme sortir de Dieu et revenir
en soi. Penser à soi-même n'est jamais une vertu, mais
toujours un vice, même si cela revêt l'aspect du bien (23
août 1905, tome 6, page 94).
Se
préoccuper de se sanctifier
-
L'âme qui se préoccupe surtout de se sanctifier vit aux
dépens de sa propre sainteté, de sa propre force et de
son propre amour (15 novembre 1918, tome 12, page 71).
Perdre
humainement pour gagner divinement
- Ma
Fille, qui perd gagne et qui gagne perd (16 octobre 1918, tome 12,
page 68).
Sur
la Confession
- La
chose principale qui renouvelle l'homme et en fait un vrai catholique
est la confession (14 mars 1900, tome 3, page 55).
Qui
parle beaucoup est vide de Dieu
- Si
quelqu'un parle beaucoup, c'est signe qu'il est vide dans son
intérieur, tandis que celui qui est rempli de Dieu, trouvant
plus de plaisir dans son intérieur, ne veut pas perdre ce
plaisir et ne parle que par nécessité. Et même
quand il parle, il ne quitte jamais son intérieur et tente, en
ce qui le concerne, de graver dans les autres ce qu'il ressent en
lui. Par contre, celui qui parle beaucoup est non seulement vide de
Dieu mais, par ses nombreuses paroles, il tente de vider les autres
de Dieu (8 mai 1909, tome 9, page 7).
Voici
comment reconnaître que l'on vit pleinement dans la Divine
Volonté à partir des précisions
données par Notre Seigneur Jésus à Luisa
En
fait, il ne faut plus rien en l'âme qui soit de l'ordre de
l'humain, c'est à dire tout ce que connaît l'être
humain dès sa naissance intérieurement. Il faut mourir
à tout en nous. Pour cela, nous
avons seulement à donner notre Oui à l'Amour et c'est
Dieu qui fait le reste, en demandant d'échanger notre volonté
humaine par la Volonté Divine.
Voici
détaillé par Notre Seigneur Jésus-Christ
Lui-même les caractéristiques propres liées à
la vie dans la Divine Volonté, avec la mention de la date du
message et la référence dans l'oeuvre du Livre
du Ciel :
-
union de la volonté de la créature à celle du
Créateur, dissolution dans la Volonté éternelle
(26 décembre 1919, tome 12, page 134), ainsi aucune
possibilité de choix n'est possible, surtout pas de choisir
quelque chose de négatif, de commettre un péché
intérieurement, puisqu'il n'y a plus de volonté
humaine, il n'y a plus de mal en l'âme,
-
inexistence de tout désir et affection (20 mai 1918, tome 12,
page 53),
-
tout doit être silencieux dans l'âme : l'estime des
autres, la gloire, les plaisirs, les honneurs, les grandeurs, la
volonté propre, les créatures, etc. (2 janvier 1919,
tome 12, page 76),
- la
souffrance de privation de la présence de Jésus - afin
que soit procuré aux âmes la lumière et la vie
divine - (4 janvier 1919, tome 12, page 77), est "une mort
impitoyable" qui "tue" Luisa, qui dit que toutes les
"autres souffrances ne sont que des sourires et des baisers de
Jésus" en comparaison (24 mai 1919, tome 12, page 121),
Jésus
rajoute en expliquant la raison de cette privation : "chaque
fois que tu es privée de moi, c'est une mort que tu ressens et
tu répares ainsi les morts que les âmes me donnent par
leur péchés" (16 juin 1919, tome 12, pages 123 et
124). Le Ciel semble fermé pour Luisa et inexistence du
contact avec la terre en elle (3 novembre 1919, tome 12, page 130),
-
absence de la crainte, du doute et de la peur, notamment de l'Enfer
avec le bienfait majeur de la sécurité (15 octobre
1919, tome 12, page 130),
-
perte de son propre ressenti (19 janvier 1912, tome 10, page 57),
-
dépouillement des goûts matériels et spirituels
(6 décembre 1904, tome 6, page 73),
-
privation de tout moyen humain, où dans cet état, la
personne ne peut ni se plaindre, ni se défendre, ni se libérer
de ce qui est pour elle une infortune (24 juin 1900, tome 3, page
85),
-
mort à sa propre vie, plus de désir, d'affection, ni
d'amour, tout dans l'intérieur est comme mort, et le signe le
plus sûr que les enseignements de Jésus ont porté
du fruit dans l'âme est que l'on ne sent plus rien de soi-même,
sachant que la vie dans la Divine Volonté consiste à se
dissoudre en Jésus (13 septembre 1919, tome 12, page 128),
Caractéristiques
et conséquences de la vie dans la Divine Volonté
-
Vivre dans la Divine Volonté est une communion éternelle,
ce qui est plus grand que de recevoir la communion sacramentelle (23
mars 1910, tome 9, page 32),
- La
vraie sainteté consiste à vivre dans la Divine Volonté,
sachant que cette sainteté a des racines tellement profondes
qu'il n'y a aucun danger qu'elle vacille. L'âme qui a cette
sainteté est ferme, non sujette aux inconstances et aux
défauts volontaires. Elle est attentive à ses devoirs.
Elle est sacrifiée et détachéee de tout et de
tous, même des directeurs spirituels. Elle grandit au point que
ses fleurs et ses fruits atteignent le Ciel ! Elle est si cachée
en Dieu que la terre ne voit que peu ou rien d'elle. La Divine
Volonté l'a absorbée. Jésus est sa vie,
l'artisan de son âme et son modèle. Elle n'a rien en
propre, tout étant en commun avec Jésus (14 août
1917, tome 12, page 28),
- La
sainteté dans la Divine Volonté n'est pas une sainteté
humaine mais Divine.
-
Vivre dans la Divine Volonté conduit à la plus grande
sainteté à laquelle la créature puisse aspirer
(20 janvier 1907, tome 7, page 64),
- Qui
vit dans la Divine Volonté est toujours en paix, en parfait
contentement et ne s'inquiète de rien du tout (24 mai 1910,
tome 9, page 34),
-
L'âme qui vit dans la Divine Volonté fait ce que Dieu
veut et Dieu fait ce qu'elle veut, au point que cette âme
atteint le point d'affaiblir et de désarmer Dieu comme il lui
plaît par cette union suprême (1 er novembre 1910, tome
9, page 51),
-
L'âme qui vit dans la Divine Volonté est le Paradis de
Notre Seigneur Jésus sur la terre (3 novembre 1910, tome 9,
page 52), la Volonté de Dieu est le paradis de l'âme sur
la terre et l'âme qui vit dans la Divine Volonté est le
Paradis de Dieu (3 juillet 1910, tome 7, page 29),
- En
vivant dans la Divine Volonté, l'âme acquiert l'amour le
plus parfait ; elle réussit à aimer Jésus avec
Son propre Amour ; elle devient tout amour ; elle est en contact
continuel avec Jésus (6 novembre 1906, tome 7, page 53),
- La
vie dans la Divine Volonté implique que l'âme soit toute
spiritualisée, et en venir à être comme un pur
esprit, comme si la matière n'existait plus en elle, ainsi les
volontés (humaine et Divine) peuvent parfaitement ne faire
qu'un (21 mai 1900, tome 3, page 73),
-
Agir en Dieu et rester dans la paix, c'est la même chose. En
Dieu, tout est paix (17 juin 1900, tome 3, page 83), la paix est le
signe le plus sûr qu'on souffre et travaille pour moi, elle est
un avant-goût de la paix dont mes enfants jouiront avec moi au
Ciel (29 juillet 1909, tome 9, page 13),
La
vie dans la Divine Volonté et les trois puissances de l'âme
: l'intelligence, la mémoire et la volonté
Du
tome 12 de l'oeuvre « Le Livre du Ciel »,
extrait du message donné le 8 mai 1919, page 116 :
C'est
dans l'intelligence, la mémoire et la volonté (les 3
puissances de l'âme), partie la plus noble de l'être,
qu'est imprimé l'image divine.
La
douleur qui affligea le plus Notre Seigneur Jésus au cours de
Sa Passion fut l'hypocrisie des pharisiens
Du
tome 13 de l'oeuvre « Le Livre du Ciel »,
message donné le 22 novembre 1921, pages 60 et 61 :
« Ma
fille, la douleur qui m'affligea le plus au cours de ma Passion fut
l'hypocrisie des pharisiens ; ils feignaient la justice alors qu'ils
étaient les plus injustes. Ils
simulaient la sainteté, la rectitude et l'ordre, alors
qu'ils étaient les plus pervertis, en dehors de toute
règle et dans un total désordre. Pendant qu'ils
feignaient d'honorer Dieu, ils s'honoraient eux-mêmes,
soignaient leurs propres intérêts, leur propre confort.
La
lumière ne pouvait entrer en eux, car leur hypocrisie avait
fermé toutes les portes. Leur vanité était
la clé qui, à double tour, les enfermait dans leur mort
et arrêtait même toute faible lumière. Même
l'idolâtre Pilate a trouvé plus de lumière que
les pharisiens, car tout ce qu'il a fait et dit découlait non
d'une prétention, mais de la peur.
Je
me sens plus attiré par le pécheur, même le plus
pervers, s'il n'est pas fourbe, que par ceux qui sont meilleurs mais
hypocrites. Oh ! Comme me dégoûte celui qui
fait le bien en surface, prétend être bon, prie, mais en
qui le mal et l'intérêt égoïste sont
camouflés ; pendant que ses lèvres prient, son coeur
est loin de moi. Au moment où il fait le bien, il pense à
satisfaire ses passions brutales. En dépit du bien qu'il
accomplit en apparence et des paroles qu'il prononce, l'homme
hypocrite ne peut pas apporter la lumière aux autres parce
qu'il en a verrouillé les portes.
Il
agit comme un démon incarné qui, sous le déguisement
du bien, tente les créatures. Voyant quelque chose de bon,
l'homme est attiré. Mais lorsqu'il est au plus beau du chemin,
il se voit entraîné dans les péchés les
plus graves. Oh ! Combien les tentations qui se présentent
sous l'apparence du péché sont moins dangereuses que
celles qui se présentent sous l'apparence du bien ! Il
est moins dangereux de traiter avec des personnes perverses qu'avec
celles qui semblent bonnes mais sont hypocrites. Que de
poisons ces dernières cachent ! Combien
d'âmes n'ont-ils pas empoisonnées ?
Si
ce n'était pas de ces simulations et si tous me connaissaient
pour ce que je suis, les racines du mal seraient enlevées de
la surface de la terre et tous seraient détrompés ».
Celui
qui vit dans la Divine Volonté ne peut aller au Purgatoire
Du
tome 11 de l'oeuvre « Le Livre du Ciel »,
extrait du message donné le 8 mars 1914, page 73 :
« Ma
fille, l'âme qui vit dans ma Volonté ne peut aller au
purgatoire, cet endroit où les âmes sont purifiées
de tout.
Après
l'avoir gardée jalousement dans ma Volonté pendant sa
vie, comment pourrais-je permettre au feu du purgatoire de la toucher
?
Au
plus, il lui manquera quelques vêtements, mais ma
Volonté la vêtira de tout ce qu'il faut avant de lui
dévoiler la Divinité.
Ensuite,
je me révélerai moi-même ».
Petit
nombre des saints de la Divine Volonté car il faut se
dépouiller de tout
Du
tome 12 de l'oeuvre « Le Livre du Ciel »,
extraits du message donné le 15 avril 1919, pages 112 et 113 :
« Ma
fille, seulement ma Volonté apporte le vrai bonheur. Elle
seule procure tous les biens à l'âme, la faisant reine
du vrai bonheur. Seules les âmes qui auront vécu
dans ma Volonté seront reines auprès de mon trône
parce qu'elles seront nées de ma Volonté. Je
dois te signaler que les personnes de mon entourage n'étaient
généralement pas heureuses [...].
Les
saints dans ma Volonté, symbolisés par mon Humanité
ressuscitée, seront peu nombreux [...].
La
sainteté dans ma volonté n'a rien qui soit propre à
l'âme, mais tout lui vient de Dieu.
Etre
disposé à se dépouiller de tout est très
exigeant ; en conséquence, il n'y aura pas beaucoup d'âmes
qui y parviendront. Toi tu es du côté du petit
nombre ».
L'âme
doit mourir à sa propre vie pour pouvoir vivre de la vie même
de Jésus
Du
tome 12 de l'oeuvre « Le Livre du Ciel »,
message donné le 13 septembre 1919, page 128 :
« Mon
amertume augmentait et je me plaignais à mon toujours aimable
Jésus en lui disant : "Pitié, mon Amour, pitié
! Ne vois-tu pas à quel point je suis anéantie ? Je
me sens comme si je n'avais plus de vie, ni de désir, ni
d'affection, ni d'amour ; tout dans mon intérieur est comme
mort. Ah ! Jésus ! Où sont en moi les fruits de
tous tes enseignements ?". Pendant que je disais cela, j'ai
senti Jésus tout près de moi qui m'attachait et me
rattachait avec de fortes chaînes. Il me dit :
"Ma
fille, le signe le plus sûr que mes enseignements ont produit
du fruit en toi est que tu ne sens plus rien de toi-même. La
vie dans ma Volonté ne consiste-t-elle pas à se
dissoudre en moi ? Pourquoi cherches-tu donc tes désirs,
tes affections, etc. si tu les as dissous dans ma Volonté ? Ma
Volonté est immense et ça demande trop d'effort pour la
cerner. Pour vivre en moi, il vaut mieux ne plus vivre de sa
propre vie ; autrement, on montre qu'on n'est pas heureux de vivre de
ma vie et d'être complètement dissous en moi ».
Pour
que l'âme ne se reconnaisse qu'en Dieu, tout ce qu'elle tient
d'elle même doit être réduit à néant
Du
tome 3 de l'oeuvre « Le Livre du Ciel »,
message donné le 27 juin 1900, pages 87 et 88 :
« Ma
fille, ce que je veux de toi, c'est que tu te reconnaisses en moi, et
non en toi-même. Ainsi, tu ne te souviendras plus de toi, mais
de moi seul.
T'ignorant
toi-même, tu ne reconnaîtras que moi. Dans la
mesure où tu t'oublieras et te détruiras toi-même,
tu avanceras dans ma connaissance, tu te reconnaîtras
uniquement en moi.
Quand
tu feras ainsi, tu ne penseras plus avec ton cerveau, mais avec le
mien. Tu ne regarderas plus avec tes yeux, tu ne parleras plus avec
ta bouche, les battements de ton coeur ne seront plus les tiens, tu
ne travailleras plus avec tes mains, tu ne marcheras plus avec tes
pieds. Tu regarderas avec mes Yeux, tu parleras avec ma Bouche,
tes battements de coeur seront les miens, tu travailleras avec mes
mains, tumarcheras avec mes Pieds.
Et
pour que cela se produise, c'est à dire que l'âme ne se
reconnaisse qu'en Dieu, elle doit retourner à ses origines,
c'est à dire à Dieu, de qui elle vient. Elle doit se
conformer entièrement à son créateur ; tout
ce qu'elle tient d'elle-même et qui n'est pas en conformité
avec ses origines, elle doit le réduire à néant.
De
cette manière seulement, nue et dépouillée, elle
pourra retourner à ses origines, se reconnaître
uniquement en Dieu et travailler en accord avec la fin pour laquelle
elle a été créée. Pour se
conformer complètement à moi, l'âme doit devenir
invisible comme moi ».