Site Le Livre du Ciel

 

Tome 2 audio

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Luisa écrit par obéissance.

Sur l'ordre de mon confesseur, en ce 28e jour du mois de février de l'an 1899, je commence à écrire ce qui, jour après jour, se passe entre Notre-Seigneur et moi.

 

En vérité, je ressens une très grande répugnance à le faire. L'effort que cela me demande est si grand que seul le Seigneur peut savoir à quel point mon âme est torturée.

 

Ô sainte obéissance, ton lien est si puissant

-que toi seule peux me persuader d'aller de l'avant

et, outrepassant les montagnes presque infranchissables de mes répugnances,

-tu me lies à la Volonté de Dieu et du confesseur.

 

Ô mon saint Époux, plus mon sacrifice est grand, plus j'ai besoin de ton aide. Je ne te demande rien sauf que tu me tiennes dans tes bras et me soutiennes. Avec ton aide, je parviendrai à ne dire que la vérité,

-uniquement pour ta gloire et pour ma plus grande confusion.

 

Ce matin, vu que le confesseur célébrait la messe, j'ai pu recevoir la communion.

Mon esprit était dans une mer de confusion à cause de ce que le confesseur m'a demandé: écrire tout ce qui se passe en mon for intérieur.

 

En recevant Jésus, j'ai commencé à lui parler

-de ma grande peine, de mes insuffisances et de bien d'autres choses. Cependant, Jésus ne semblait pas s'intéresser à ma souffrance et ne disait rien.

 

Une lumière éclaira mon esprit et je me suis dit: «C'est peut -être à cause de moi que Jésus ne se manifeste pas comme d'habitude.»

 

Aussi, de tout mon cœur, je lui ai dit:

«Oh! Je t'en prie, mon Seigneur et mon Tout, ne sois pas indifférent envers moi

Car tu me brises le cœur de douleur!

Si c'est à cause de l'écriture, qu'il en soit ainsi.

Même si je dois y sacrifier ma vie, je promets de le faire.»

 

Alors Jésus changea d'attitude et me dit avec douceur:

«Que crains-tu?

Ne t'ai-je pas toujours assistée auparavant?

Ma lumière t'enveloppera entièrement et tu pourras ainsi la manifester. »

 

Pendant que Jésus me parlait, j'ai aperçu le confesseur à ses côtés. Jésus lui disait:

«Tout ce que vous faites se rend jusqu'au ciel.

vos pas,

vos paroles et

vos actions parviennent jusqu'à moi.

 

Avec quelle pureté devez-vous donc agir!

Si vos actions sont pures, c'est-à-dire faites pour Moi,

J'en fais mes délices et

Je les sens m'entourer comme autant de messagères qui me font penser à vous continuellement.

 

Mais si elles sont faites pour des motifs terrestres et vils, J'en suis importuné.»

 

Pendant qu'Il disait cela,

Il prit les mains du confesseur et, les levant au ciel, Il dit:

«Que vos yeux soient toujours tournés vers le haut. Vous êtes du ciel, travaillez pour le ciel!»

 

Ces propos de Jésus m'ont amenée à penser que

-si on agit ainsi,

tout se passe pour nous comme

lorsqu'une personne quitte sa maison pour emménager dans une autre.

 

Que fait-elle?

D'abord, elle y transfère tous ses biens et, ensuite, elle s'y rend elle-même.

De la même manière, nous expédions d'abord nos œuvres vers le ciel afin de nous y préparer une place.

Et, au temps fixé par Dieu, nous nous y rendons nous-mêmes. Oh! Quel merveilleux cortège nos œuvres nous feront!

 

Pendant que je regardais le confesseur, je me suis souvenue qu'il m'avait demandé d'écrire sur la foi selon ce que Jésus m'a enseigné.

Je songeais à cela quand, soudain, le Seigneur m'attira si fortement vers lui que j'ai senti que je quittais mon corps pour me joindre à lui dans la voûte des cieux.

Il me dit:

«La foi, c'est Dieu.»

 

Ces mots émettaient une lumière si intense qu'il m'apparaît impossible de les expliquer; cependant, je ferai de mon mieux.

 

J’ai compris que la foi, c'est Dieu lui-même.

Comme la nourriture matérielle donne vie au corps pour qu'il ne meure pas, la foi donne vie à l'âme.

Sans la foi, l'âme est morte.

La foi vivifie, sanctifie et spiritualise l'homme.

Elle l'aide à garder les yeux fixés sur l'Être suprême

de sorte qu'il n'apprenne rien des choses d'ici-bas, si ce n'est à travers Dieu.

 

Oh! Le bonheur de l'âme qui vit dans la foi! Son envol se fait toujours vers le ciel.

Elle se voit toujours en Dieu.

Quand vient l'épreuve, sa foi l'élève vers Dieu et elle se dit:

«Oh! Je serai d'autant plus heureuse et riche au ciel!»

 

Les choses de la terre l'ennuient, elle les déteste et les piétine. L'âme remplie de foi ressemble à une personne riche à millions,

possédant de vastes royaumes et à qui quelqu'un voudrait offrir un sou.

 

Que dirait cette personne? Ne serait-elle pas insultée?

Ne lancerait-elle pas ce sou au visage de la personne qui l'a ainsi interpellée?

Et si ce sou était recouvert de boue comme les choses de ce monde et qu'on voulait seulement le lui prêter?

 

Alors, la personne dirait:

«Je possède d'immenses richesses et tu oses m'offrir ton misérable sou boueux .

Et, de plus, pour un temps seulement?»

 

Elle refuserait l'offre immédiatement.

Telle est l'attitude de l'âme de Foi en regard des biens de ce monde.

 

Revenons maintenant à l'idée de la nourriture.

Quand une personne absorbe de la nourriture, son corps est non seulement sustenté,

mais la substance absorbée se transforme en son corps.

 

Ainsi en est-il de l'âme qui vit dans la foi. En se nourrissant de Dieu,

- elle absorbe la substance de Dieu .

Et, en conséquence, elle lui ressemble de plus en plus. Elle est transformée en lui.

Puisque Dieu est Saint, l' âme qui vit dans la foi devient sainte. Puisque Dieu est Puissant, l'âme devient puissante.

Puisque Dieu est Sage, Fort et Juste, l'âme devient sage, forte et juste. Il en va ainsi pour tous les attributs de Dieu.

En somme, l'âme devient un petit Dieu. Oh!

Que cette âme est bienheureuse sur la terre et le sera encore plus au ciel!

 

J'ai aussi compris que les mots «Je vous épouserai dans la foi » que le Seigneur adresse à ses âmes bien-aimées signifient que,

-dans le mariage mystique, le Seigneur dote l' âme de ses propres vertus.

 

Cela ressemble à ce qui arrive à deux époux:

en mettant leurs biens en commun,

-les biens de l'un ne sont plus distincts de ceux de l'autre. Tous deux en sont propriétaires.

 

Dans notre cas, cependant, l'âme est pauvre et tous ses biens viennent du Seigneur.

La Foi est comme un roi au milieu de sa cour:

toutes les autres vertus l'entourent et la servent. Sans la Foi, les autres vertus sont sans vie.

 

Il m'apparaît que Dieu communique la Foi à l'homme de deux façons:

-d'abord par le baptême et,

-ensuite, en libérant dans l'âme une particule de sa substance, ce qui lui procure le don

-de faire des miracles,

-de ressusciter les morts,

-de guérir les malades,

-d'arrêter le soleil, etc.

 

Oh! Si le monde avait la Foi, la terre serait transformée en un paradis terrestre !

 

Oh! Comme est haut et sublime l'envol de l'âme qui s'exerce à la vertu de Foi.

 

Elle agit comme ces petits oiseaux timides qui,

-par crainte des chasseurs ou des pièges,

font leur nid au sommet des arbres ou dans des endroits élevés.

 

Quand ils ont faim, ils descendent chercher leur nourriture.

Puis ils retournent aussitôt à leur nid.

Les plus prudents ne mangent même pas au sol.

Pour plus de sûreté, ils transportent leurs becquées jusqu'à leur nid où ils avalent leur nourriture.

 

L'âme qui vit de la Foi est gênée par les biens de ce monde. Et, par crainte d'y être attirée, elle ne les regarde même pas. Sa demeure est plus haute, au-delà des choses de la terre,

-plus particulièrement dans les plaies de Jésus-Christ.

 

Au creux de ces saintes Plaies,

-elle gémit, crie, prie et souffre avec son époux Jésus à la vue de la misère où gît l'humanité.

 

Alors que l'âme vit dans les plaies de Jésus,

Jésus lui donne une parcelle de ses vertus pour qu'elle se les approprie.

Cependant, même si elle reconnaît ces vertus comme siennes, elle sait qu'en réalité elles proviennent du Seigneur.

 

Il arrive à cette âme ce qui advient à une personne qui reçoit un cadeau. Que fait-elle? Elle l'accepte et en devient propriétaire.

 

Mais, à chaque fois qu'elle le regarde, elle se dit:

«Cet objet est à moi, mais c'est telle personne qui me l'a donné.»

 

Ainsi en est-il pour l'âme que le Seigneur transforme en son image en lui communiquant une particule de son Être divin.

Vu que cette âme déteste le péché,

-elle a de la compassion pour les autres âmes et

-elle prie pour celles qui se dirigent vers le précipice.

 

Elle s'unit à Jésus-Christ et s'offre comme victime

afin d'apaiser la Justice divine et d'éviter aux créatures les châtiments qu'elles méritent.

 

Si le sacrifice de sa vie est nécessaire, oh!

avec quelle joie elle le fera, ne serait-ce que pour le salut d'une seule âme!

 

Quand le confesseur m'a demandé de lui expliquer comment je percevais Dieu,

je lui ai répondu qu'il m'était impossible de répondre à sa question.

Le soir venu, mon doux Jésus m'est apparu et m'a presque fait des reproches à cause de mon refus.

Puis il a fait passer en moi deux rayons très lumineux.

Par le premier, j'ai compris intellectuellement que

la Foi est Dieu et que Dieu est la Foi.

C'est ainsi que, ci-dessus, j'ai pu essayer de dire quelque chose sur la Foi.

 

Maintenant, à la suite du deuxième rayon,

je vais tenter d'expliquer comment je perçois Dieu.

 

Quand je suis hors de mon corps et me trouve dans les hauteurs des cieux, j'ai l'impression de voir Dieu comme à l'intérieur d'une lumière.

Dieu semble être lui-même cette Lumière. Dans cette lumière se trouvent

-la beauté, la force, la sagesse, l'immensité, la hauteur et la profondeur infinies.

 

Dieu est présent même dans l'air que nous respirons.

Ainsi, nous le respirons et nous pouvons faire de lui notre propre vie. Rien n'échappe à Dieu et rien ne peut lui échapper.

Cette lumière semble être complètement voix, malgré qu'elle ne parle pas Elle semble être complètement action, malgré qu'elle est toujours au repos. Elle est partout, malgré qu'elle a son propre centre.

 

Ô Dieu, comme tu es incompréhensible!

Je te vois, je sens ta présence, tu es ma vie et tu t'enfermes en moi, mais tu restes immense et ne perds rien de toi-même.

 

J'ai vraiment l'impression de bégayer et de ne rien dire de valable sur Dieu. Pour m'exprimer avec des mots humains,

je dirai que je vois des reflets de Dieu un peu partout dans la création:

à certains endroits, ces reflets sont beauté,

à d'autres, ils sont parfum,

à d'autres, ils sont lumière, plus spécialement dans le soleil.

 

Le soleil m'apparaît comme particulièrement représentatif de Dieu.

Je vois Dieu comme caché à l'intérieur de cette sphère qui est le roi de tous les astres. Qu'est-ce que le soleil? Rien d'autre qu'un globe de feu.

Ce globe est unique mais ses rayons sont multiples.

Le globe représente Dieu et ses rayons, les attributs infinis de Dieu. Le soleil est à la fois feu, lumière et chaleur.

La Très Sainte Trinité est ainsi représentée par le soleil,

le feu représentant le Père,

la lumière, le Fils et

la chaleur, le Saint-Esprit.

Bien que le soleil soit feu, lumière et chaleur, il est un.

 

De même que dans le soleil on ne peut séparer le feu de la lumière et de la chaleur,

-ainsi la puissance du Père,

-celle du Fils et

-celle du Saint-Esprit sont inséparables.

On ne peut concevoir que le Père a préséance sur le Fils et le Saint-Esprit, ou vice versa. Car tous trois ont la même origine éternelle.

 

Au même titre que la lumière du soleil se diffuse partout, Dieu est présent partout par son immensité.

Cependant, la comparaison avec le soleil est ici défaillante.

Puisque le soleil ne peut atteindre les endroits où sa lumière ne peut pénétrer. Alors que Dieu est présent absolument partout.

 

Dieu est pur esprit.

Le soleil s'ajuste aussi à cet aspect de Dieu

puisque ses rayons pénètrent partout alors que nul ne peut les saisir.

 

À l'instar du soleil qui n'est aucunement affecté par la laideur des objets qu'il peut éclairer, Dieu voit toutes les iniquités des hommes

-tout en demeurant parfaitement pur, saint et immaculé.

 

Le soleil répand sa lumière

-sur le feu mais ne se consume pas,

-sur la mer et les rivières, mais ne se noie pas.

Il illumine tout, féconde tout, donne vie à tout par sa chaleur, mais il ne perd rien ni de sa lumière ni de sa chaleur.

Malgré tout le bien qu'il fait aux créatures, il n'a besoin de personne et reste toujours le même: majestueux, brillant et immuable.

 

Oh! Comme il est facile de voir les attributs divins à travers le soleil! Par son immensité,

-Dieu est présent dans le feu mais ne se consume pas;

-il est présent dans la mer mais ne se noie pas;

-il est présent sous nos pas mais n'est pas écrasé.

-Il donne à tous sans s'appauvrir et n'a besoin de personne.

-Il voit tout et entend tout.

-Il connaît chaque fibre de nos cœurs et chacune de nos pensées bien que, étant pur esprit, il n'a ni yeux ni oreilles.

 

L'homme peut se priver de la lumière du soleil et de ses effets bénéfiques,

-mais cela n'affecte en rien le soleil: t

-tout le mal résultant de cette privation retombe sur l'homme

sans que le soleil en soit le moindrement affecté.

 

En péchant,

-le pécheur s'éloigne de Dieu et perd ainsi la jouissance de sa présence bénéfique,

-mais cela n'affecte aucunement Dieu. Le mal revient en propre au pécheur.

 

La rondeur du soleil symbolise l'éternité de Dieu

qui n'a ni commencement ni fin.

La lumière du soleil est si intense qu'on ne peut le fixer longtemps sans en être ébloui.

Si le soleil se rapprochait des hommes, ceux-ci seraient réduits en cendres.

 

Il en va ainsi concernant le Soleil divin:

-aucun esprit créé ne peut le pénétrer, si on tentait de le faire,

-on en serait ébloui et confondu.

 

Si, pendant que nous habitons encore notre corps mortel,

le divin Soleil voulait nous manifester tout son amour,

-nous serions réduits en cendres.

 

Bref, Dieu sème des reflets de Lui-même dans toute la création. Cela crée en nous l'impression de Le voir et de Le toucher.

Ainsi, nous sommes continuellement rejoints par Lui.

 

Après que le Seigneur m'eut dit les mots:

«La Foi, c'est Dieu»,

Je lui ai demandé: «Jésus, m'aimes-tu?»

Il répondit: «Et toi, m'aimes-tu?» Je repris:

«Oui, Seigneur, et tu sais que, sans toi,

j'ai l'impression qu'il n'y a pas de vie en moi.»

 

Jésus poursuivit:

«Donc, tu m'aimes et Je t'aime! Alors, aimons-nous et restons toujours ensemble.» C'est ainsi que se termina notre rencontre,

au moment où l'avant-midi prenait fin.

 

Qui pourrait dire tout ce que mon esprit a saisi concernant le divin Soleil? J'ai l'impression de Le voir et de Le toucher partout.

Je m'en sens revêtue, à l'intérieur et à l'extérieur.

Cependant, même si je sais certaines choses sur Dieu, dès que je Le vois, j'ai l'impression de n'avoir rien compris. Pire encore, il me semble n'avoir dit que des sottises.

J'espère que Jésus me pardonnera toutes mes sottises.

 

J'étais dans mon état habituel quand mon aimable Jésus s'est montré aigri et affligé.

 

Il m'a dit:

«Ma fille,

ma Justice est devenue trop lourde et les offenses que Je reçois de la part des hommes sont si nombreuses que Je ne peux plus les supporter.

 

Ainsi, la faux de la mort aura bientôt beaucoup à moissonner, d'une manière subite ou par des maladies.

Les châtiments que J'enverrai seront si nombreux qu'ils constitueront comme une sorte de jugement.»

 

Je ne peux dire le nombre de châtiments qu'il m'a montrés et à quel point j'en fus terrifiée. La douleur que j'en éprouve est si grande que je trouve qu'il serait préférable de me taire.

 

Mais, puisque l'obéissance l'exige, je continue. J’ai cru voir des rues jonchées de chair humaine,

le sol inondé de sang et plusieurs villes assiégées par des ennemis qui n'épargnaient même pas les enfants.

 

On aurait dit des furies sorties de l'enfer

n'ayant de respect ni pour les prêtres ni pour les églises.

 

Le Seigneur semblait envoyer un châtiment du ciel - je ne sais ce que c'était-

Il m'a semblé que tous, nous allions recevoir un coup mortel

et que certains en mourraient alors que d'autres s'en remettraient.

 

J'ai aussi vu des plantes mourir et bien d'autres malheurs affecter les moissons.

Oh! Mon Dieu! Quelle douleur de voir ces choses et d'être obligé d'en parler!

«Ah! Seigneur, apaise-toi!

J'espère que ton sang et tes plaies pourront nous guérir.

 

Plutôt, déverse tes châtiments sur la pécheresse que je suis, car je les mérite.

Ou encore, prends-moi et fais de moi ce que tu veux.

Mais, tant que je vivrai, je ferai tout pour m'opposer à ces châtiments.»

 

Ce matin, mon bien-aimé Jésus s'est montré sous un aspect sévère et non pas plein de douceur et d'affabilité comme à l'accoutumée.

Mon esprit était dans une mer de confusion et mon âme anéantie,

surtout à cause des châtiments que Jésus m'avait montrés ces derniers jours. En voyant Jésus dans cet état, je n'ai pas osé lui parler.

 

Nous nous sommes regardés en silence. ô mon Dieu, quelle souffrance! Soudain, j'ai aussi vu le confesseur et, en m'envoyant un rayon de lumière intellectuelle,

 

Jésus dit: «Charité!

La charité n'est rien d'autre qu'un déversement de l'Être divin sur toute la création qui,

tout entière, parle de mon amour pour les hommes et les invite à m'aimer.

 

Par exemple, la plus petite fleur des champs dit à l'homme: "Vois, par mon parfum délicat.

En regardant toujours vers le ciel, je rends hommage à notre Créateur. Toi aussi, que tes actions soient parfumées, pures et saintes.

N'offense pas notre Créateur en l'affligeant de la mauvaise odeur des actions mauvaises.

 

Ô homme, Je t'en prie, ne sois pas insensé en regardant toujours la terre.

Regarde plutôt vers le ciel.

Ta destinée, ta patrie, se trouve là-haut. Là se trouve notre Créateur et Il t'attend."

 

L'eau qui coule continuellement devant les yeux des hommes leur dit: "Regarde, je viens de la nuit et je dois couler et courir

jusqu'à ce que je retourne à l'endroit d'où je viens.

Toi aussi, ô homme, cours, mais cours vers le sein de Dieu d'où tu viens. Oh! Je t'en prie, ne cours pas sur les mauvais chemins, ceux qui mènent au précipice. Sinon, malheur à toi!"

 

Même les animaux les plus sauvages disent à l'homme:

"Vois, ô homme, combien tu dois être féroce vis-à-vis de tout ce qui n'est pas Dieu.

Quand quelqu'un s'approche de nous,

nous semons la peur par nos rugissements,

de sorte que personne n'ose plus nous approcher et venir déranger notre solitude.

 

Toi aussi,

quand la puanteur des choses terrestres, c'est-à-dire de tes passions violentes,

-risque de te faire tomber dans l'abîme du péché,

tu peux éloigner tout danger

-par le rugissement de tes prières et

-en fuyant les occasions de péché."

 

Et ainsi de suite pour toutes les autres créatures.

D'une seule voix, elles se disent entre elles et répètent à l'homme:

 

"Vois, ô homme, notre Créateur nous a créées par amour pour toi Nous sommes toutes à ton service.

Ne sois donc pas ingrat.

Nous t'en prions, aime!

Nous te le répétons, aime! Aime notre Créateur!"»

 

Ensuite, mon aimable Jésus me dit:

«Tout ce que je désire,

-c'est que tu aimes Dieu et

-que tu aimes ton prochain par amour pour Dieu.

 

Vois combien J'ai aimé les hommes, eux qui sont tellement ingrats! Comment veux-tu que Je ne les châtie pas?»

 

À ce moment, j'ai cru voir une terrible tempête de grêle et un grand tremblement de terre causant de grands dommages, au point de détruire les plantes et les hommes.

 

Alors, l'âme remplie d'amertume, J'ai dit à Jésus:

Mon toujours aimable Jésus, pourquoi es-tu si indigné?

Si les hommes sont ingrats, ce n'est pas tant par malice que par faiblesse. Ah! S’ils te connaissaient seulement un peu,

comme ils seraient humbles et palpitants d'amour pour toi! Je t'en prie, apaise-toi.

Épargne plus particulièrement ma ville Corato ainsi que mes proches.»

 

Pendant que je disais cela,

j'ai cru comprendre qu'il allait quand même se passer quelque chose à Corato,

mais que ce serait peu comparativement à ce qui allait se passer dans les autres villes.

 

Ce matin, en me transportant avec lui, mon très doux Jésus m'a fait voir la multitude des péchés qui se commettent sur la terre.

Il m'est impossible de les décrire tellement ils sont horribles et nombreux.

 

Dans les airs, j'ai pu apercevoir une étoile énorme dont le centre contenait du feu noir et du sang.

C'était tellement horrible à voir qu'il serait préférable de mourir plutôt que de vivre en des temps aussi tristes.

Ailleurs, on voyait des volcans aux cratères multiples qui inondaient de lave le pays voisin. On apercevait aussi des gens fanatiques qui ne cessaient d'allumer des incendies.

 

Pendant que je regardais cela, mon aimable Jésus me dit tout affligé:

 

«As-tu vu comment ils m'offensent et ce que Je leur prépare? Je me retire de la terre des hommes

 

Pendant qu'il me disait cela, nous sommes revenus dans mon lit . J'ai compris qu'à cause de ce retrait de Jésus,

les hommes allaient commettre

-encore plus de méfaits,

-plus de meurtres, et

-se dresser les uns contre les autres.

 

Ensuite, Jésus prit place dans mon cœur et se mit à sangloter en disant:

 

«ô homme, comme Je t'aime!

Si tu savais à quel point cela me chagrine d'avoir à te châtier! Mais ma Justice m'y oblige.

Ô homme, ô homme, comme Je suis navré de ta destinée!»

Puis Il éclata en sanglots, répétant plusieurs fois ces mots. Comment exprimer

-la pitié, la peur, le tourment qui envahit mon âme,

-surtout en voyant Jésus tellement affligé.

 

J'ai essayé de lui cacher ma peine du mieux que j'ai pu Pour le consoler, je lui ai dit:

«ô Seigneur, jamais tu ne châtieras l 'homme comme cela! Divin Époux, ne pleure pas.

Comme tu l'as déjà fait tant de fois, tu déverseras tes châtiments sur moi.

Tu me feras souffrir.

Ainsi, ta Justice ne t'obligera pas à châtier ton peuple.»

 

Jésus continuait de pleurer et je lui répétai:

«Écoute-moi un peu.

Ne m'as-tu pas placée dans ce lit afin que je sois victime pour les autres?

Peut-être n'aurais-je pas été prête à souffrir les fois précédentes

pour que tu épargnes tes créatures? Pourquoi ne veux-tu pas m'écouter maintenant?»

 

Malgré mes pauvres paroles, Jésus n'arrêtait pas de pleurer.

 

Alors, n'en pouvant plus, j'ai ouvert la digue de mes larmes moi aussi en disant:

 

«Seigneur,

-si tu as l'intention de châtier les hommes,

-moi non plus je ne peux supporter de voir souffrir à ce point tes créatures.

 

Par conséquent,

-si tu veux vraiment leur envoyer des fléaux et

que mes péchés me rendent indigne de souffrir à leur place,

-je veux partir,

-je ne veux plus vivre sur cette terre.»

 

Ensuite, le confesseur est venu.

Comme il m'a interpellé par l'obéissance, Jésus se retira et tout s'est terminé.

 

Le lendemain matin,

je voyais toujours Jésus réfugié au fond de mon cœur. Même là, des gens venaient Le fouler aux pieds.

 

Je faisais tout mon possible pour le libérer et, se tournant vers moi, il me dit:

«Vois-tu à quel point les hommes sont devenus ingrats? Ils m'obligent à les châtier.

Je ne puis faire autrement.

 

Et toi, ma chère fille, après m'avoir vu tant souffrir,

puisses-tu porter les croix avec encore plus d'amour, et même avec délices.»

 

Ce matin, mon bien-aimé Jésus a continué de se manifester dans mon cœur . Voyant qu'il était un peu plus joyeux,

j'ai pris mon courage à deux mains et

je l'ai supplié de réduire les châtiments.

 

Il m'a dit:

«Oh! Ma fille, qu'est-ce qui t'incite à me supplier de ne pas châtier mes créatures?»

 

Je lui répondis:

«Parce qu'elles sont à ton image et, quand elles souffrent, toi aussi tu souffres.»

 

Il poursuivit en soupirant:

«La charité m'est chère à un point que tu ne peux comprendre. Elle est simple comme mon être est simple.

Quoique simple, mon être est immense, au point qu'il n'existe aucun lieu où il ne pénètre.

Il en va ainsi de la charité: étant simple, elle se diffuse partout.

 

Elle n'a d'égards pour personne en particulier, qu'il s'agisse

d'un ami ou d'un ennemi,

d'un citoyen ou d'un étranger, elle aime tout le monde.»

 

Ce matin, quand Jésus s'est montré, j'ai eu peur que ce ne soit pas lui, mais le diable. Après mes protestations habituelles,

Il me dit:

«Fille, ne crains pas, Je ne suis pas le démon. D'ailleurs, si le démon parle de vertu,

c'est d'une vertu à l'eau de rose et non pas d'une vertu véritable. Il ne peut infuser la vertu dans l'âme, mais seulement en parler.

Si, parfois, il fait croire à l'âme qu'il veut qu'elle fasse quelque bien,

elle ne saurait y persévérer et,

pendant qu'elle le fait, elle est nonchalante et agitée.

 

«Je suis le seul à pouvoir m'infuser dans les cœurs

afin qu'ils pratiquent la vertu et

qu'ils souffrent avec courage, sérénité et persévérance.

 

D'ailleurs, depuis quand le diable recherche-t-il la vertu? Ce sont plutôt les vices qu'il recherche.

Alors, ne crains pas et sois paisible.»

 

Ce matin, Jésus m'a transportée hors de mon corps et m'a montré plusieurs personnes se disputant. Oh! Comme Il était peiné!

En le voyant ainsi souffrir, je l'ai prié de verser en moi sa souffrance.

Il n'a pas voulu le faire, vu qu'Il persiste dans son intention de châtier le monde.

Cependant, après beaucoup d'insistance de ma part,

Il a fini par m'exaucer en déversant en moi un peu de sa souffrance.

 

Ensuite, quelque peu soulagé, Il m'a dit:

«La raison pour laquelle le monde est dans un état si lamentable,

c'est qu'il a perdu tout esprit de soumission à ses chefs.

 

Et comme Dieu est le premier chef contre lequel il se rebelle,

il a perdu toute soumission

à l'Église,

à ses lois et

à toute autorité légitime.

 

Ah! Ma fille,

qu'adviendra-t-il de tous ces êtres infectés par le mauvais exemple de ceux-là mêmes

qui sont appelés à être

leurs chefs,

leurs supérieurs,

leurs parents, etc.?

 

Ah! Nous arrivons au point où

-ni les parents,

-ni les rois,

-ni les princes ne seront respectés.

Ils seront comme des vipères s'empoisonnant mutuellement.

 

Tu peux ainsi voir

-à quel point les châtiments sont nécessaires et

-pourquoi la mort doit en venir à détruire presque entièrement mes créatures.

 

Le petit nombre des survivants apprendra,

-aux dépens des autres,

à devenir humble et obéissant.

 

Par conséquent, laisse-Moi faire.

N'essaie pas de m'empêcher de châtier mon peuple.»

 

Ce matin, mon adorable Jésus s'est montré sur la croix. Il m'a communiqué ses souffrances en disant:

 

«Nombreuses sont les plaies dont J'ai souffert sur la croix Il n'y avait cependant qu'une seule croix.

Ainsi, nombreuses sont les voies par lesquelles J'attire les âmes à la perfection.

Mais il n'y a qu'un seul ciel où ces âmes doivent se rassembler. Si l'âme rate ce ciel,

il n'en existe aucun autre qui puisse lui offrir une éternité bienheureuse.»

 

Il ajouta:

«Il n'y avait qu'une croix, mais cette croix était formée de diverses pièces de bois.

Ainsi, il n'y a qu'un ciel mais, dans ce ciel, il y a différentes places, plus ou moins glorieuses, attribuées selon le degré de souffrances que l'on aura supporté ici-bas.

 

Ah! Si on savait combien la souffrance est précieuse,

on se ferait concurrence les uns avec les autres pour souffrir davantage!

Mais cette science n'est pas reconnue

Ainsi, les hommes détestent ce qui pourrait les rendre plus riches pour l'éternité.»

 

Après quelques jours de privation et de larmes, j'étais toute confuse et anéantie. Intérieurement, je répétais sans cesse:

« Dis-moi, ô mon Bien, pourquoi t'es-tu éloigné de moi?

En quoi t'ai-je offensé pour que tu ne viennes plus ou que, lorsque tu viens, tu restes presque caché et silencieux.

Je t'en prie, ne me fais plus attendre car mon cœur ne peut plus le supporter!

»

 

Finalement, Jésus se manifesta un peu plus clairement et, en me voyant tellement anéantie, Il me dit:

 

«Si tu savais combien j'aime l'humilité.

L'humilité est la plus petite des plantes, mais ses branches s'élèvent jusqu'au ciel,

-entourant mon trône et pénétrant profondément dans mon Cœur.

 

Les branches produites par l'humilité correspondent à la confiance.

En somme, pas d'humilité vraie sans la confiance. L'humilité sans la confiance est une fausse vertu.»

 

Ces paroles de Jésus montrent que mon cœur était

-non seulement anéanti

-mais aussi découragé.

 

Mon âme continuait de se sentir anéantie et dans la crainte de perdre Jésus. Il se montra soudainement et Il me dit:

 

«Je te garde à l'ombre de ma Charité .

Puisque cette ombre pénètre partout, mon amour te maintient cachée partout et en tout. Pourquoi donc as-tu peur?

Comment pourrai-Je t'abandonner

alors que tu es si profondément ancrée dans mon amour?»

 

J'aurais aimé lui demander pourquoi il ne se manifestait pas comme d'habitude.

Mais il disparut sans me donner le temps de dire un seul mot. Ô mon Dieu, quelle souffrance!

 

J'étais toujours dans le même état.

Ce matin, j'étais plus particulièrement plongée dans l'amertume. J'avais presque perdu l'espoir que Jésus vienne.

 

Oh! Que de larmes versées! C'était la dernière heure et Jésus n'était toujours pas venu. Mon Dieu, que faire? Mon cœur battait très fort.

Ma douleur était si intense que je me sentais à l'agonie.

 

Intérieurement, je dis à Jésus:

«Mon bon Jésus, ne vois-tu pas que je suis mourante! Dis-moi au moins qu'il est impossible de vivre sans toi.

 

Malgré mon ingratitude face à toutes tes grâces, Je t'aime beaucoup.

Et, pour réparer mon ingratitude, je t'offre la cruelle souffrance que me cause ton absence.

Viens, Jésus! Sois patient, tu es si bon! Ne me fais plus attendre! Viens! Ah!

Ne sais-tu pas que l'amour est un cruel tyran! N'as-tu aucune compassion pour moi?»

J'étais dans cet état lamentable quand Jésus vint finalement. D'une voix remplie de compassion, Il me dit:

«Je suis là, ne pleure plus, viens à moi!»

 

En un instant, je me trouvai hors de mon corps en sa compagnie. Je le regardais, mais avec une telle crainte de le perdre à nouveau que mes larmes se mirent à couler à flots.

 

Jésus poursuivit:

«Non, ne pleure plus! Vois comme Je souffre.

Regarde ma tête, les épines y ont pénétré si profondément qu'on ne les voit plus.

Vois les nombreuses blessures et le sang sur tout mon corps. Approche-toi et console-Moi.»

 

En me concentrant sur ses souffrances, j'oubliai quelque peu les miennes. Je commençai par celles de sa tête. Oh!

J’étais si navrée de voir les épines si profondément enfoncées dans sa chair qu'on pouvait à peine les retirer!

 

Pendant que je m'appliquais à le faire, il gémissait sous la douleur. Quand j'eus fini de lui arracher sa couronne d'épines toute brisée Je l'ai tressée à nouveau.

 

Puis, sachant quel grand plaisir on peut donner à Jésus en souffrant pour lui, je l'ai enfoncée sur ma propre tête.

Ensuite, Il m'a fait embrasser ses plaies une à une. Et, pour certaines, Il a voulu que j'en suce le sang. Je faisais tout ce qu'Il désirait, quoiqu'en silence.

 

La Très Sainte Vierge vint et elle me dit:

«Demande à Jésus ce qu'Il veut faire de toi.»

 

Ce matin, Jésus est venu et m'a transportée dans une église. Là, j'ai assisté à la sainte messe et j'ai communié de ses mains.

Ensuite, je me suis accrochée si fort à ses pieds que je ne pouvais plus rn' en détacher.

Me rappelant la souffrance des derniers jours causée par son absence, j'avais tellement peur de le perdre de nouveau que je lui ai dit en pleurant:

«Cette fois, je ne te laisserai pas partir car, quand tu me quittes, tu me fais trop souffrir et trop attendre.»

 

Jésus me dit:

«Viens dans mes bras

que Je te réconforte et te fasse oublier les souffrances de ces derniers jours.»

 

Comme j'hésitais à le faire, Il me tendit les mains et me releva. Puis Il me serra sur son Cœur en disant:

 

«N'aie pas peur, car Je ne t'abandonnerai pas.

Ce matin, Je veux te faire plaisir. Viens avec Moi dans le tabernacle.»

 

Ainsi, nous nous sommes retirés dans le tabernacle. Là,

-tantôt Il m'embrassait et je l'embrassais,

-tantôt je me reposais en lui et lui se reposait en moi,

-tantôt je pouvais voir les offenses qu'Il recevait

et je faisais des actes de réparation en conséquence.

 

Comment décrire la patience de Jésus dans le saint Sacrement? Le simple fait d'y penser me laisse tout ébahie.

 

Puis Jésus me fit voir le confesseur qui venait pour me ramener à mon corps et il me dit: «C'est assez maintenant, va, car l'obéissance t'appelle.»

 

Alors, j'ai senti

-que mon âme revenait dans mon corps et

-que, de fait, le confesseur m'interpellait au nom de l'obéissance.

 

Aujourd'hui, Jésus est venu sans trop se faire attendre.

 

Il m'a dit:

«Tu es mon tabernacle.

Pour Moi, être dans le saint sacrement, c'est comme être dans ton cœur.

 

Même que Je trouve en toi quelque chose de plus:

Je peux partager mes souffrances avec toi et

t'avoir avec Moi comme victime devant la Justice divine, ce que Je ne trouve pas dans le sacrement.

En disant cela, Il s'est réfugié en moi.

 

Pendant qu'Il était en moi, Il me faisait ressentir

tantôt les piqûres des épines,

tantôt les souffrances de la croix,

tantôt les souffrances de son Cœur.

 

Je vis, autour de son Cœur, une tresse de fils barbelés qui le faisait beaucoup souffrir.

 

Ah! Quelle pitié je ressentais à le voir ainsi souffrir!

J’aurais voulu prendre sur moi sa souffrance et, de tout cœur, je le suppliai de me donner ses blessures et sa souffrance.

 

Il me dit:

«Fille, ce qui offense le plus mon Cœur ce sont

-les messes sacrilèges et

-l'hypocrisie.»

 

J'ai cru comprendre par ces mots qu'une personne

-peut extérieurement exprimer de l'amour et des louanges au Seigneur et

-être intérieurement prête à l'empoisonner;

-elle peut sembler extérieurement glorifier et honorer Dieu

-alors qu'elle recherche intérieurement la gloire et les honneurs pour elle- même.

 

Toute œuvre accomplie par hypocrisie, même la plus sainte en apparence,

-est empoisonnée et

-remplit d'amertume le Cœur de Jésus.

 

J'étais dans mon état habituel quand Jésus m'invita à aller voir ce que faisaient ses créatures.

Je lui dis:

«Mon adorable Jésus, ce matin, je n'ai pas envie d'aller voir à quel point on t'offense. Restons plutôt ici tous les deux.»

 

Mais Jésus insista pour que nous allions nous promener. Voulant lui faire plaisir, j'ai dit:

«Si tu veux sortir, allons dans des églises car, là, on t'offense moins.» Nous nous sommes donc rendus dans une église.

Mais, là aussi, Il était offensé, même plus qu'ailleurs,

-non pas parce qu'on y commet plus de péchés qu'ailleurs,

-mais parce que les offenses qui y sont commises proviennent de ses bien-aimés,

de ceux-là mêmes qui devraient se dépenser corps et âme pour son honneur et sa gloire.

Voilà pourquoi ces offenses blessent si profondément son Cœur.

 

J'ai vu des âmes dévotes qui,

à cause de préoccupations futiles, ne s'étaient pas bien préparées à la communion.

au lieu de penser à Jésus, leur esprit était occupé par des vétilles.

 

Ah! Comme Jésus a pitié de ces âmes qui s'apitoient sur elles-mêmes! Elles fixent leur attention sur des bagatelles, sans le moindre regard pour Jésus.

 

Jésus me dit:

«Ma fille,

vois comme ces âmes m'empêchent de déverser mes grâces en elles.

Je ne m'arrête pas aux bagatelles mais à l'amour avec lequel on vient à Moi. Au lieu de se préoccuper des choses de l'amour,

-ces âmes s'attachent à des fétus de paille. L'amour peut détruire la paille mais,

-même abondante, la paille ne peut augmenter l'amour en aucun cas.

 

C'est même le contraire, la paille des préoccupations personnelles amoindrit l'amour.

Le pire pour ces âmes, c'est qu'elles

deviennent perturbées et

perdent beaucoup de temps.

Elles aiment passer des heures à parler avec leur confesseur de toutes ces vétilles.

Mais ne prennent jamais de courageuses résolutions pour surmonter ces futilités.

 

Et que devrais-je dire, ô ma fille, au sujet de certains prêtres? On peut dire qu'ils

-agissent de façon quasi satanique

en devenant des idoles pour les âmes qu'ils dirigent.

Oh! Oui! Ce sont surtout ces fils qui transpercent mon Cœur.

Car si les autres m'offensent davantage, ils offensent les membres de mon corps,

tandis que ceux-là m'offensent là où Je suis le plus sensible,

-c'est-à-dire, au plus profond de mon Cœur.»

 

Comment décrire les tourments de Jésus? En disant ces mots, Il pleurait amèrement.

J'ai fait de mon mieux pour le consoler.

Puis, ensemble, nous sommes revenus à mon lit.

 

Ce matin, j'étais dans mon état habituel quand, soudainement, je me suis trouvée dans l'incapacité de bouger. J'ai pris conscience que quelqu'un entrait dans ma petite chambre, refermait la porte, et s'approchait de mon lit.

J'ai cru que cette personne était entrée furtivement sans que ma famille s'en aperçoive. Qu'allait-il donc m'arriver?

 

J'avais une telle peur

-que mon sang se figeait dans mes veines et que je tremblais de tout mon être.

 

Mon Dieu, que faire? Je me disais:

«Ma famille ne l'a pas vu. Je suis tout engourdie et je ne peux me défendre ni appeler à l'aide. Jésus, Marie, aidez-moi! Saint Joseph, défends-moi! »

 

Quand j'ai réalisé qu'il grimpait sur mon lit pour se blottir contre moi, ma peur fut telle que j'ouvris les yeux et lui demandai: «Dis-moi qui tu es?»

Il répondit: «Le plus pauvre des pauvres; je suis sans abri.

 

Je viens à toi si tu veux bien me garder avec toi dans ta petite chambre. Vois, je suis si pauvre que je n'ai même pas de vêtements. Mais tu vas t'occuper de cela.»

 

Je l'ai bien regardé.

C'était un garçon d'environ cinq ou six ans, sans vêtements, sans chaussures. Il était très beau et gracieux.

 

Je lui répondis:

«Quant à moi, je te garderais volontiers, mais que va dire mon père? Je ne suis pas libre de faire ce que je veux. J’ai des parents qui m'en empêchent.

Quant à des vêtements pour toi, je peux y pourvoir par mes pauvres travaux et je me sacrifierai s'il le faut. Mais il m'est impossible de te garder ici.

 

D'ailleurs, n'as-tu pas un père, une mère, un chez-toi?» Le petit garçon répondit tristement:

«Je n'ai personne. Oh! Je t'en prie, ne me laisse plus errer, prends-moi avec toi! »

Je ne savais que faire. Comment le garder? Une pensée effleura mon esprit:

«Serait-ce Jésus? Ou peut-être un démon venu pour me troubler?»

De nouveau, je lui dis: «Dis-moi au moins qui tu es.» Il répéta: «Je suis le plus pauvre des pauvres.»

Je repris: «As-tu appris à faire le signe de la croix?- Oui, dit-il.

Alors, fais-le. Je veux voir comment tu le fais.» Il a donc fait le signe de la croix.

Après, j'ajoutai: «Peux-tu réciter le "Je te salue Marie?" -

Oui, répondit-il, mais si tu veux que je le récite, faisons-le ensemble.»

 

Je commençai le "Je te salue Marie"

et Il le disait avec moi quand, soudain, la plus pure lumière jaillit de son front.

 

Alors, dans le plus pauvre des pauvres, j'ai reconnu Jésus.

En un instant, par sa lumière, Il me fit perdre conscience et m'attira hors de mon corps.

Je me sentais toute confuse devant lui, surtout à cause de mes nombreuses rebuffades.

 

Je lui dis:

«Mon cher petit, pardonne-moi.

Si je t'avais reconnu, je ne t'aurais pas refusé d'entrer. Et puis, pourquoi ne m'as-tu pas dit que c'était toi?

J'ai tant de choses à te dire.

Je te les aurais dites au lieu de perdre mon temps à des banalités et à craindre inutilement.

 

D'ailleurs, pour te garder, je n'ai pas besoin de ma famille.

Je suis libre de te garder, car tu ne permets à personne de te voir.»

 

Pendant que je parlais ainsi, Il partit, me laissant avec ma peine de ne pas avoir pu lui dire tout ce que je voulais. Tout s'est terminé ainsi.

 

Aujourd'hui, j'ai médité sur les dangers pour nos âmes provenant des louanges humaines. Alors que je m'examinais

pour voir s'il y avait en moi complaisance face aux louanges humaines,

 

Jésus m'a dit:

 

Lorsqu’un cœur est rempli de la connaissance de soi,

les louanges des hommes sont comme les vagues de la mer

qui montent et débordent, mais sans jamais dépasser leurs frontières.

Quand les louanges font entendre leurs clameurs et s'approchent du cœur,

-voyant que celui-ci est entouré des murs solides de la connaissance de soi,

-elles n'y trouvent pas de place et

-se retirent sans causer de dommages.

 

Tu ne dois accorder aucune importance ni aux louanges ni aux mépris provenant des créatures.»

 

Aujourd'hui, pendant que mon aimable Jésus se manifestait, j'avais l'impression

-qu'il projetait en moi des rayons de lumière

-me pénétrant complètement.

Soudain, je me trouvai hors de mon corps en compagnie de Jésus et de mon confesseur.

 

Aussitôt, j'ai prié mon bien-aimé Jésus

-d'embrasser mon confesseur et

-de se blottir quelque temps dans ses bras (Jésus était enfant).

 

Pour me faire plaisir,

il a promptement embrassé le confesseur sur la joue, mais sans se détacher de moi.

 

Toute déçue, je lui ai dit:

«Mon petit Trésor,

-j'aurais voulu que tu l'embrasses non pas sur la joue, mais sur la bouche afin que,

-touchées par tes lèvres très pures,

les siennes soient sanctifiées et guéries de leur faiblesse.

Ainsi, elles pourraient annoncer ta parole plus librement et sanctifier les autres.

Je t'en prie, exauce-moi!»

 

Jésus lui donna alors un baiser sur la bouche et dit:

«Je suis tellement fier des âmes détachées de tout,

-non seulement sur le plan affectif,

-mais aussi sur le plan effectif.

 

Au fur et à mesure qu'elles se dépouillent,

-ma lumière les envahit et

-elles deviennent transparentes comme le cristal,

 

de sorte que

-rien n'empêche la lumière de mon soleil de pénétrer en elles,

-contrairement aux bâtiments et aux autres choses matérielles par rapport au soleil matériel.»

 

Il ajouta:

«Ah! Ces âmes

-croient se dépouiller mais,

-en réalité, elles se revêtent

de choses spirituelles et même de choses corporelles.

Car ma providence s'occupe d'une façon particulière des âmes dépouillées.

 

Ma providence les accompagne partout.

Elles semblent n'avoir rien, mais elles possèdent tout.»

 

Ensuite,

nous avons quitté le confesseur pour nous rendre auprès de plusieurs personnes pieuses qui semblaient travailler uniquement pour leurs intérêts personnels.

 

S'avançant au milieu d'elles, Il dit:

 

«Malheur à vous qui travaillez uniquement dans le but de gagner de l'argent!

Vous avez déjà votre récompense.»

 

Ce matin, Jésus m'est apparu tellement affligé et souffrant qu'Il a provoqué dans mon cœur beaucoup de compassion. Je n'ai pas osé l'interroger.

Nous nous sommes regardés en silence.

 

De temps en temps, Il me donnait un baiser puis, à mon tour, je l'embrassais. Il s'est montré ainsi à quelques reprises.

La dernière fois, Il m'a fait voir l'Église en me disant: «L'Église est modelée sur le ciel.

 

À l'instar du ciel où il y a un chef, qui est Dieu.

Ainsi que de nombreux saints de conditions, d'ordres et de mérites différents.

 

Il y a dans mon Église

un chef, qui est le pape -

avec, sur sa tête, la tiare à triple couronne symbolisant la Très Sainte Trinité

-

-de même que de nombreuses personnes dépendant de lui, soit les dignitaires, les divers ordres, supérieurs et inférieurs. Tous sont là pour embellir mon Église.

Chacun se voit confié un rôle, selon sa position dans la hiérarchie.

 

Les vertus qui découlent de l'accomplissement fidèle de leurs rôles dégagent un tel arôme que la terre et le ciel en sont parfumés et illuminés.

 

Le peuple est attiré par ce parfum et cette lumière, et est ainsi conduit vers la Vérité.

 

À la suite de ce que Je viens de te dire,

je te demande t'arrêter un moment aux membres infectés de mon Église qui,

au lieu de l'inonder de lumière, la recouvrent de ténèbres.

Quels ennuis ils lui causent!»

 

Ensuite, j'aperçus le confesseur près de Jésus.

Jésus le fixa d'un regard pénétrant et, se tournant vers moi,

 

Il me dit:

«Je veux que tu aies pleinement confiance en ton confesseur,

même dans les plus petites choses,

de sorte qu'il n'y ait aucune différence entre lui et Moi. Chaque fois que tu lui feras confiance en écoutant ses paroles, Je serai du même avis que lui.»

 

Ces mots de Jésus m'ont rappelé certaines tentations du démon qui m'avaient rendue un peu méfiante.

Mais, par sa vigilance, Jésus m'a corrigée

A l'instant même, je me suis sentie délivrée de cette méfiance.

 

Que le Seigneur soit béni à jamais,

lui qui prend si grand soin de mon âme misérable et pécheresse!

 

Ce matin, Jésus s'est à peine montré.

Mon esprit était confus et je n'arrivais pas à m'expliquer son absence quand, soudain, je me suis sentie entourée de nombreux esprits- des anges, je pense.

De temps à autre, alors que j'étais au milieu d'eux, je regardais autour de moi dans l'espoir d'au moins sentir le souffle de mon Bien-Aimé, mais rien n'indiquait sa présence.

 

Tout à coup, j'ai senti une douce haleine derrière mes épaules et j'ai aussitôt crié:

«Jésus, mon Seigneur!»

Il répondit:

«Luisa, que veux-tu?»

 

Je poursuivis:

«Jésus, mon Bien-Aimé, viens, ne reste pas derrière mes épaules car je ne peux te voir.

Je t'attendais et je t'ai cherché tout l'avant-midi.

J'ai cru pouvoir te trouver au milieu de ces esprits angéliques entourant mon lit.

Mais je ne t'ai pas trouvé.

Alors, je suis devenue très fatiguée, car, sans toi, je ne peux me reposer. Viens, nous nous reposerons ensemble.»

Alors, Jésus vint près de moi et me soutint la tête.

 

Les anges dirent à Jésus:

«Seigneur, elle t'a très vite reconnu,

-non pas au son de ta voix, mais à ton souffle, et elle t'a appelé aussitôt!»

 

Jésus leur répondit:

«Elle me connaît et je la connais. Elle m'est aussi intime que la pupille de mon œil.» Pendant qu'il disait cela, Je me suis retrouvée dans les yeux de Jésus.

Comment expliquer ce que j'ai ressenti dans ces yeux très purs? Même les anges en étaient étonnés!

 

À plusieurs reprises au cours de la journée, pendant que je méditais, Jésus est venu près de moi. Il m'a dit:

 

«Ma personne est entourée des actions des âmes comme d'un vêtement. Plus leurs intentions sont pures et leur amour intense,

plus elles me donnent de splendeur.

 

De mon côté, Je leur donne plus de gloire, à tel point qu'au jour du jugement,

Je les ferai connaître au monde entier

afin qu'on sache combien elles m'ont honoré et combien Je les honore.» D'un air affligé, Il ajouta:

«Ma fille,

qu'adviendra-t-il des âmes ayant fait tant d'actions, même bonnes,

-sans pureté d'intention,

-par habitude ou par égoïsme?

Quelle honte elles éprouveront au jour du jugement en voyant ces actions,

-bonnes en soi,

-mais tarées à cause de leurs intentions imparfaites.

Au lieu de leur faire honneur, elles seront source de honte pour elles et pour bien d'autres.

 

En fait, ce n'est pas la grandeur des actions qui m'importe mais l'intention avec laquelle elles sont faites.»

 

Jésus est demeuré silencieux quelque temps pendant que je réfléchissais aux paroles

qu'Il m'avait dites

-sur la pureté d'intention et aussi

-sur le fait qu'en faisant le bien,

les créatures doivent mourir à elles-mêmes et ne faire qu'un avec le Seigneur.

 

Jésus ajouta:

«Il en est bien ainsi: mon Cœur est infiniment grand. Mais la porte pour y entrer est très étroite.

 

Personne ne peut venir combler son vide, sauf les âmes dépouillées et simples.

Puisque sa porte est étroite,

-la moindre petite entrave

-l'ombre d'un attachement,

-une intention qui n'est pas droite,

-une action qui n'a pas pour but de me plaire les empêche de venir s'y délecter.

 

 L'amour du prochain pénètre dans mon Cœur

Mais, pour cela,

-il doit être tellement uni à mon propre amour qu'il ne fasse qu'un avec Lui,

-qu'on ne puisse distinguer son amour du mien.

 

Je ne peux considérer comme mien l'amour du prochain, s'il n'est pas transformé en mon propre amour.»

 

Ce matin, j'étais dans une mer d'afflictions à cause de l'absence de Jésus. Après beaucoup de souffrances, Jésus est venu et s'est approché si près de moi

que je ne pouvais plus le voir.

Il posa son front contre le mien, pencha sa face contre la mienne et fit de même pour tous les autres membres de son corps.

Pendant qu'Il était dans cette position, je lui ai dit:

«Mon adorable Jésus, tu ne m'aimes donc plus?»

 

Il répondit: «Si Je ne t'aimais pas, Je ne serais pas aussi près de toi.»

 

Je poursuivis:

«Comment peux-tu dire que tu m'aimes si tu ne me laisses plus souffrir comme avant?

Je crains que tu ne me veuilles plus dans cet état.

Au moins, libère-moi de l'embêtement du confesseur.»

 

J'avais l'impression qu'il n'écoutait pas ce que je disais.

Il m'a plutôt fait voir une multitude de gens qui commettaient toutes sortes de péchés. Indigné, Il envoyait au milieu d'eux diverses maladies contagieuses et, en mourant, plusieurs personnes devenaient noires comme du charbon.

 

Jésus semblait vouloir faire disparaître de la face de la terre cette multitude de pécheurs. En voyant cela, je l'ai supplié de déverser son amertume en moi afin d'épargner le peuple. Mais Il ne m'écoutait pas.

 

Il me dit:

«Le pire châtiment que Je pourrais vous envoyer,

à toi,

aux prêtres et

au peuple,

ce serait de vous délivrer de cet état de souffrance

Car, ne trouvant plus d'opposition, ma Justice se déverserait alors dans toute sa fureur.

 

Ce serait un grand malheur pour une personne

-de se voir confier un poste

-pour ensuite se le voir enlever

 

Car, en abusant de sa fonction,

-cette personne n'en aurait pas profité et

-s'en serait rendue indigne.»

 

Jésus est revenu plusieurs fois aujourd'hui, mais Il était triste à fendre l'âme. J'ai essayé de le consoler de mon mieux, tantôt en l'embrassant, tantôt en soutenant sa tête endolorie, tantôt en lui disant des paroles dans le genre de celles-ci:

«Cœur de mon cœur, Jésus, tu n'as pas l'habitude de te montrer à moi aussi souffrant.

 

Quand tu le faisais par le passé,

tu déversais ta souffrance en moi et tu changeais aussitôt d'apparence.

Mais là, je suis incapable de te consoler. Qui aurait cru

-qu'après m'avoir fait partager si longtemps tes souffrances et

-après avoir tant fait pour m'y disposer, tu m'en prives maintenant?

 

Souffrir par amour pour toi était ma seule consolation.

C'est la souffrance qui m'a permis de supporter mon exil sur cette terre. Mais j'en suis maintenant privée et je ne sais plus où trouver un appui.

 

La vie est devenue très pénible pour moi.

Oh! Je t'en prie, mon Époux, mon Bien-Aimé, ma Vie, je t'en prie, redonne-moi tes douleurs, laisse-moi souffrir!

Ne regarde pas mon indignité et mes graves péchés, mais plutôt ta miséricorde inépuisable!»

 

Pendant que j'épanchais ainsi mon cœur en Jésus, il s'approcha et

Il me dit:

 

«Ma fille, c'est ma Justice qui veut se déverser sur toutes les créatures. Les péchés des hommes ont presque atteint la limite

Et la Justice veut

-manifester sa furie avec éclat et

-trouver réparation pour toutes ces offenses.

 

Afin que tu comprennes à quel point Je suis rempli d'amertume.

Pour te satisfaire un peu, Je vais seulement déverser mon souffle en toi.»

 

Approchant ses lèvres des miennes, Il souffla en moi.

Son haleine était si amère que j'ai senti ma bouche, mon cœur et tout mon être s'intoxiquer. Si, à elle seule, son haleine était amère à ce point, qu'en était-il du reste de sa personne?

Il m'a laissée tellement souffrante que mon cœur en fut transpercé.

 

Ce matin, se montrant toujours affligé, mon adorable Jésus m'a transportée hors de mon corps et rn' a montré diverses offenses qu'Il recevait.

Cette fois encore, je lui ai demandé de déverser son amertume en moi. Au début, Il n'a pas semblé m'écouter.

 

Il m'a simplement dit:

«Ma fille, la charité n'est parfaite que si elle cherche uniquement à me plaire.

Seulement alors elle peut être appelée charité.

Elle ne peut être reconnue par Moi que si elle est dépouillée de tout.»

 

Voulant tirer parti de ces paroles de Jésus, je lui ai dit:

«Mon Bien-Aimé,

c'est précisément pour cela que je te demande de déverser en moi ton amertume,

-pour te libérer de tant de souffrances.

 

Si je te demande aussi d'épargner les créatures,

c'est parce que je me souviens qu'à d'autres occasions,

après avoir châtié les créatures

puis les avoir tellement vu souffrir de la pauvreté et d'autres choses, tu en souffrais beaucoup toi-même.

 

Ensuite, après que je t'aie supplié au point de te fatiguer, Tu prenais plaisir à déverser en moi tes souffrances

-afin d'épargner les créatures et,

-ensuite, tu en étais très content. Ne t'en souviens-tu pas?

D'ailleurs, tes créatures ne sont-elles pas à ton image?»

 

Rejoint par mes paroles, il me dit:

«Parce que c'est toi, Je vais accéder à ton désir. Approche-toi de Moi et bois de mon côté.»

 

Je me suis approchée pour boire de son côté,

mais ce n'était pas de l'amertume que je buvais,

mais un sang très sucré qui enivrait tout mon être d'amour et de douceur.

 

J'en fus rassasiée, même si ce n'était pas ce que je cherchais. Me tournant vers lui, je lui ai dit:

«Mon Bien-Aimé, que fais-tu?

Ce qui coule de ton côté n'est pas amer mais sucré. Oh! Je t'en prie, déverse en moi ton amertume.»

 

ll m'a regardée avec bienveillance en me disant:

«Continue de boire, l'amertume viendra ensuite.»

 

Je me suis donc remise à boire

Après que le sucré eut coulé quelque temps, l'amer est venu. Je ne saurais définir l'intensité de cette amertume.

Rassasiée, je me suis levée et, voyant la couronne d'épines sur sa tête, je la lui ai enlevée et l'ai enfoncée sur ma propre tête.

 

Jésus semblait tout à fait obligeant

même si, à d'autres occasions, il n'aurait pas permis cela.

 

Comme Il était beau à voir après avoir déversé son amertume!

Il semblait presque désarmé, sans force, et doux comme un petit agneau.

 

J’ai réalisé qu'il était très tard.

Puisque le confesseur était venu tôt le matin, j'ignorais s'il reviendrait. Alors, me tournant vers Jésus, je lui ai dit:

«Très doux Jésus, ne permets pas que je sois un embarras pour ma famille ni pour mon confesseur en l'obligeant à revenir.

Oh! Je t'en supplie, fais-moi revenir dans mon corps.»

 

Jésus répondit:

«Ma fille, aujourd'hui, Je ne veux pas te quitter.» Je repris:

«Moi non plus, je n'ai pas le cœur à te quitter, mais fais-le juste pour un peu de temps,

afin que ma famille me voit présente à l'intérieur de mon corps. Ensuite, nous reviendrons ensemble.»

 

Après avoir longtemps tergiversé et avoir échangé nos adieux, Il me quitta pour quelque temps. C'était précisément l'heure du repas de midi et ma famille venait m'y convier.

Même si je sentais que j'avais réintégré mon corps, j'étais très souffrante et je ne pouvais tenir ma tête levée.

 

L'amer et le doux que j'avais bu du côté de Jésus me laissaient à la fois tellement rassasiée et souffrante que je n'aurais pu absorber rien d'autre.

Liée par ma parole donnée à Jésus et en prétextant le mal de tête, je dis à ma famille: «Laissez-moi seule, je ne veux rien. »

De nouveau libre, j'ai aussitôt commencé à appeler mon adorable Jésus qui, toujours très affable, est revenu.

 

Comment dire tout ce qui m'est arrivé aujourd'hui,

-le nombre de grâces dont Jésus m'a comblée,

-le nombre de choses qu'Il m'a fait comprendre?

Après être resté un bon moment afin d'apaiser mes souffrances, Il laissa couler de sa bouche un lait succulent.

 

Dans la soirée, il me quitta en m'assurant qu'Il reviendrait bientôt.

Je me suis ainsi retrouvée de nouveau dans mon corps, mais un peu moins souffrante.

 

Durant quelques jours,

Jésus a continué à se manifester de la même façon, ne voulant pas se détacher de moi.

On aurait dit que le peu de souffrances déversées en moi l'attirait tellement qu'Il ne pouvait s'éloigner de moi.

 

Ce matin, il a déversé un peu plus d'amertume de sa bouche à la mienne, puis Il m'a dit:

 

«La croix dispose l'âme à la patience.

Elle unit le ciel à la terre, c'est-à-dire, l'âme à Dieu.

 

La vertu de la croix est puissante .

Quand elle entre dans une âme,

elle a le pouvoir d'éliminer la rouille de toutes les choses du monde.

 

La croix amène l'âme à considérer les choses de la terre comme ennuyantes, dérangeantes et méprisables.

Elle lui fait goûter la saveur et les délices des choses célestes.

 

Cependant, peu d'âmes reconnaissent les vertus de la croix . Par conséquent, on la déteste.»

 

Par ces propos de Jésus, que de choses j'ai comprises concernant la croix!

 

Les paroles de Jésus ne sont pas comme les nôtres dont on ne comprend que ce qui est dit.

Un seul de ses mots répand une Lumière tellement intense en nous qu'on pourrait passer toute la journée en profonde méditation pour le comprendre.

Par conséquent, vouloir tout dire serait trop long et je ne puis le faire. Un peu plus tard, Jésus est revenu.

Il avait l'air un peu affligé.

Je lui en demandai la raison.

Il m'a fait voir plusieurs âmes dévotes et Il m'a dit:

 

«Ma fille, ce que J'aime dans une âme,

-c'est qu'elle se départisse de sa volonté personnelle.

 

Alors seulement, la mienne peut

-s'investir en elle,

-la diviniser et

-la faire mienne.

 

Regarde ces âmes qui s'affichent comme pieuses quand tout va bien.

Mais qui, à la moindre contrariété par exemple,

si leurs confessions ne sont pas assez longues ou

si le confesseur leur déplaît perdent la paix.

 

Certaines en arrivent même à ne plus vouloir rien faire. Ce qui montre clairement

-que ce n'est pas ma Volonté qui domine en elles,

-mais la leur.

 

Crois-moi, ô ma fille, elles ont choisi la mauvaise voie. LorsqueJe vois des âmes

-qui désirent vraiment m'aimer,

-j'ai bien des façons de leur accorder ma grâce.»

 

C'était pitoyable de voir Jésus souffrir pour de telles personnes! J'ai fait de mon mieux pour le consoler, puis tout s'est terminé.

 

Ce matin, j'ai craint que ce ne soit pas Jésus mais plutôt le démon voulant me tromper.

 

Me voyant craintive, Jésus dit:

«L'humilité attire les faveurs célestes.

Dès que je trouve l'humilité dans une âme,

J'y déverse en abondance toutes sortes de faveurs célestes.

 

Plutôt que de te troubler,

-assure-toi que tu es remplie d'humilité et

-ne t'inquiète pas du reste.»

 

Ensuite, Il m'a fait voir plusieurs personnes pieuses,

parmi lesquelles il y avait des prêtres,

dont quelques-uns menaient une vie sainte.

 

Mais, si bons qu'ils étaient, ils n'avaient pas cet esprit de simplicité qui permet de croire

-aux nombreuses grâces et

-aux multiples moyens que le Seigneur utilise avec les âmes.

 

Jésus me dit:

Je me communique aux humbles et aux simples, même s'ils sont pauvres et ignorants.

Car ils croient immédiatement à mes grâces et ils les apprécient grandement Mais, avec ceux-là, Je suis très réticent.

Ce qui rapproche l'âme de Moi, c'est d'abord la Foi.

Ces personnes, avec toute leur science, leur doctrine et même leur sainteté,

-ne font jamais l'expérience de recevoir un rayon de lumière céleste. Elles suivent la voie naturelle

-mais n'arrivent jamais à toucher le moindrement au surnaturel.

 

C'est d'ailleurs pourquoi, durant ma vie mortelle, il n'y avait

pas un érudit,

pas un prêtre,

pas un homme puissant parmi mes disciples.

 

Tous mes disciples étaient ignorants et de condition modeste.

Car ces gens-là étaient

-plus humbles,

-plus simples et aussi

-mieux disposés à faire de grands sacrifices pour Moi.»

 

Cette fois, mon adorable Jésus voulait s'amuser un peu.

Il s'approchait comme s'Il voulait m'écouter mais, dès que je commençais à parler,

Il disparaissait comme l'éclair.

 

Ô Dieu, quelle souffrance!

Pendant que mon cœur baignait dans cette douleur amère et trépignait d'impatience,

 

Il revint en disant:

 

«Qu'y a-t-il? Qu'est-ce qui ne va pas? Sois calme! Parle, que veux-tu?

Mais dès que j'ouvris la bouche pour parler, Il disparut.»

 

J'ai tout fait pour me calmer, mais je n'y arrivais pas.

Après un certain temps, mon cœur s'est remis à trépigner, même plus que précédemment, à cause de l'absence de son seul et unique réconfort.

 

Revenant encore une fois, Jésus me dit:

 

«Ma fille,

douceur peut changer la nature des choses. Elle peut rendre douce l'amertume.

Donc, sois plus douce

 

Mais il ne rn' a pas donné le temps de dire un mot.

C'est ainsi que s'est passé l'avant-midi. Ensuite, je me suis trouvée hors de mon corps avec Jésus.

 

Il y avait une foule de personnes, dont

-certaines aspiraient aux richesses,

-d'autres aux honneurs,

-d'autres à la gloire ou

-à autre chose.

 

Il y en avait aussi qui aspiraient à la sainteté. Mais aucune n'aspirait à Dieu lui-même

Toutes voulaient être reconnues et considérées comme importantes.

 

Se tournant vers ces personnes et en hochant la tête, Jésus leur dit:

 

«Vous êtes insensées; vous travaillez à votre perte.» Ensuite, se tournant vers moi,Il me dit:

«Ma fille, voilà pourquoi Je recommande en premier lieu de se détacher

-de tout et

-de soi-même.

 

Quand l'âme s'est détachée de tout,

-elle n'a plus besoin de lutter pour ne pas succomber aux choses de la terre.

 

Les choses de la terre, en effet,

-se voyant ignorées et même méprisées par l'âme, lui disent adieu,

-s'en vont et ne la dérangent plus.»

 

Ce matin, j'étais dans un tel état d'anéantissement que j'en étais devenue impatiente et exécrable.

 

Je me voyais comme l'être le plus abominable de la terre,

comme un petit ver de terre qui se tourne et se retourne toujours au même endroit,

-sans jamais pouvoir avancer ni sortir de la boue.

 

O mon Dieu, quelle misère, je suis si méchante, même après avoir reçu tant de grâces!

 

Toujours aussi bienveillant pour la misérable pécheresse que je suis, le bon Jésus est venu et Il m'a dit:

 

«Le mépris de soi est louable s'il est accompagné de l'esprit de Foi. Sinon, au lieu de conduire au bien, il peut nuire à l'âme.

 

En effet, si, sans l'esprit de foi, tu te vois telle que tu es,

incapable de faire le bien, tu seras portée

-à te décourager et même

-à ne plus faire un seul pas sur le chemin du bien.

 

Mais, si tu t'appuies sur Moi, c'est-à-dire si tu te laisses guider par l'esprit de Foi,

-tu en viendras à te connaître et à te mépriser mais, en même temps,

-à mieux me connaître et

-à demeurer confiante de pouvoir tout faire avec mon aide. De cette manière, tu marcheras dans la Vérité.»

Oh! Comme ces paroles de Jésus ont apaisé mon âme! J'ai compris qu'il me faut

-plonger dans mon néant et

-découvrir qui je suis, mais sans m'arrêter là.

 

Au contraire, quand j'ai bien vu qui je suis,

je dois m'immerger dans la mer immense de Dieu

pour y retirer toutes les grâces dont mon âme a besoin, sans quoi

ma nature se fatiguerait et

le diable aurait beau jeu pour me conduire au découragement.

Que le Seigneur soit béni à jamais et que tout concoure à sa gloire!

 

Ce matin, alors que j'étais dans mon état habituel,

mon adorable Jésus est venu en compagnie de mon confesseur.

 

Jésus semblait un peu déçu de ce dernier.

Car, apparemment, il voulait que tout le monde soit d'avis

que mon état était l'œuvre de Dieu.

Il essayait de convaincre d'autres prêtres en leur dévoilant des choses de ma vie intérieure.

 

Jésus se tourna vers le confesseur et lui dit:

«Cela est impossible.

Moi-même, Je fus en proie à l'opposition,

même de la part de gens très distingués, de prêtres et d'autres personnes en autorité.

 

Ils ont trouvé à redire sur mes œuvres saintes,

allant jusqu'à dire que j'étais possédé du démon.

 

J'ai permis cette opposition, même de la part de personnes religieuses, afin que la vérité éclate davantage au moment voulu.

 

Si vous voulez consulter deux ou trois prêtres parmi les meilleurs, les plus saints et les plus érudits afin d'être éclairé, Je vous y autorise.

Mais pour le reste, non et non!

Ce serait vouloir gâcher mes œuvres, les tourner en risée, ce qui me déplairait beaucoup.»

 

Ensuite, Jésus me dit:

«Tout ce que Je te demande, c'est de rester dans la droiture et la simplicité. Ne te préoccupe pas des opinions des créatures.

Laisse-les penser ce qu'elles veulent sans te troubler le moindrement.

Car en voulant chercher l'approbation de toutes, tu cesses d'imiter ma propre vie.»

 

Ce matin, mon très doux Jésus voulait que je touche mon néant de mes propres mains.

Les premières paroles qu'il m'adressa furent: «Qui suis-Je et qui es-tu

 

Cette double question fut accompagnée de deux intenses rayons de lumière:

-l'un me montrait la grandeur de Dieu et

-l'autre, ma misère et mon néant.

 

J'ai réalisé que je n'étais qu'une ombre,

comme celles que forme le soleil en illuminant la terre; Ces ombres dépendent du soleil.

A mesure que le soleil se déplace, elles cessent d'exister, privées de sa splendeur.

Il en va ainsi de mon ombre, c'est-à-dire de mon être:

cette ombre dépend de Dieu qui, en un instant, peut la faire disparaître.

 

Que dire alors du fait que j'ai déformé cette ombre

-que le Seigneur m'avait confiée et

-qui ne m'appartenait même pas?

 

Cette pensée m'horrifiait, me paraissait nauséabonde, infecte et remplie de vers. Cependant, dans mon état horrible, je fus forcée de me tenir debout devant Dieu saint.

Oh! Comme j'aurais aimé pouvoir me cacher dans le plus profond des abîmes!

 

Ensuite, Jésus m'a dit:

«La plus grande grâce qu'une âme puisse recevoir, c'est la connaissance de soi.

La connaissance de soi et la connaissance de Dieu vont de pair. Plus tu te connais toi-même, plus tu connais Dieu.

 

Quand l'âme a appris à se connaître,

elle réalise que, seule, elle ne peut rien faire de bien.

 

En conséquence, son ombre (c'est-à-dire son être), se transforme en Dieu.

Elle en vient à tout faire en Dieu.

Elle est en Dieu et marche à ses côtés

-sans regarder,

-sans sonder,

-sans parler.

C'est comme si elle était morte.

 

De fait,

-étant consciente de la profondeur de son néant,

-elle n'ose rien faire par elle-même,

mais elle suit aveuglément la trajectoire de Dieu.

 

L'âme qui se connaît bien ressemble à ces personnes qui voyagent en bateau à vapeur. Sans faire un seul pas, elles entreprennent de longs voyages.

Mais tout se fait grâce au bateau qui les porte.

 

Il en est de même pour l'âme qui, en confiant sa vie à Dieu, fait des envols sublimes sur les chemins de la perfection.

Elle sait toutefois qu'elle les fait

-non par elle-même,

-mais par la grâce de Dieu.»

 

Oh! Comme le Seigneur

-favorise cette âme,

-l'enrichit et

-la comble de ses plus grandes grâces, sachant

-qu'elle ne s'attribue rien à elle-même

-mais lui rend grâce et

-lui attribue tout!

Heureuse es-tu, ô âme qui te connais toi-même!

 

Ce matin, je baignais dans un océan d'afflictions car Jésus n'était pas encore venu.

Il ne m'a même pas laissé voir l'ombre de lui-même,

-comme il le fait habituellement quand il ne vient pas directement, par exemple en me laissant voir sa main ou son bras.

 

Ma douleur était si intense que je me sentais comme si l'on m'arrachait le cœur.

D'autre part, les jours où je dois recevoir la sainte communion (comme ça allait être le cas ce matin),

Il vient généralement lui-même

-me purifier et

-me préparer à le recevoir dans le sacrement.

Je lui disais: «Saint Époux, aimable Jésus, que se passe-t-il? Ne viendras-tu pas me préparer toi-même?

Comment vais-je pouvoir te recevoir?»

L'heure est finalement arrivée, le confesseur est venu, mais Jésus n'y était pas.

Quelle peine déchirante! Que de larmes versées!

 

Cependant, après la communion, j'ai vu mon bon Jésus, toujours aussi bienveillant envers la misérable pécheresse que je suis.

Il m'a transportée hors de mon corps et je le portais dans mes bras (il avait pris la forme d'un jeune enfant affligé).

 

Je lui ai dit: «Mon petit enfant, mon seul et unique Bien, pourquoi n'es-tu pas venu?

En quoi t'ai-je offensé? Que veux-tu de moi pour me faire tant pleurer?» Ma douleur était si intense que, même en le tenant dans mes bras, je continuais de pleurer.

 

Avant même que j'aie fini de parler, Jésus, sans me répondre, approcha sa bouche de la mienne et y déversa son amertume.

Quand il s'arrêtait, je lui parlais, mais il n'écoutait pas. Puis il recommençait à déverser son amertume.

 

Ensuite, sans répondre à aucune de mes questions, il me dit:

«Laisse-moi déverser ma douleur en toi, sans quoi,

comme j'ai châtié d'autres endroits par la grêle,

je châtierai ta région.

Laisse-moi déverser mon amertume et ne pense à rien d'autre.» Il n'a rien ajouté et tout s'est terminé.

 

Mon état d'anéantissement se poursuivait toujours.

Il devint si profond que je n'osais même pas en glisser un mot à mon bien - aimé Jésus.

Ce matin, ayant pitié de mon triste état, Jésus voulut me réjouir. Voici comment.

Quand il s'est montré et comme je me sentais tout anéantie et honteuse devant lui, il s'est approché si près de moi que j'ai cru qu'il était en moi et moi en lui.

 

Puis il m'a dit:

«Ma fille bien-aimée, qu'est-ce qui te fait tant souffrir?

Dis-moi tout, car je vais te faire plaisir et remédier à tout.»

 

Je n'ai rien osé lui dire, car je continuais à me percevoir comme je l'ai décrit l'autre jour, c'est-à-dire très méchante.

Mais Jésus répétait:

«Allons, dis-moi ce que tu veux. N'aie pas peur.

 

La digue de mes larmes éclata et, m'y voyant presque forcée, je lui ai dit:

«Saint Jésus, comment ne pas être affligée.

Après avoir reçu tant de grâces, je ne devrais plus être méchante Cependant, même dans les bonnes œuvres que j'essaie de faire, je mêle tant de défauts et d'imperfections que je me fais horreur.

 

Comment ces œuvres peuvent-elles paraître devant toi, toi si parfait et si saint?

Et mes souffrances qui se font plus rares qu'avant, et tes longs délais à venir, tout cela m'indique clairement

que mes péchés, mes terribles ingratitudes en sont la cause.

et, qu'ainsi, parce que tu es indigné contre moi, tu me refuses même le pain quotidien

que tu donnes à tout le monde, c'est-à-dire la croix. Ainsi, tu finiras par m'abandonner complètement.

Y a-t-il plus grande affliction que celle-là?»

 

Rempli de compassion, Jésus m'a serrée sur son Cœur en disant:

«Ne crains pas. Ce matin, nous ferons des choses ensemble. Je pourrai ainsi compenser pour tes œuvres à toi.»

J'eus alors l'impression que, dans le sein de Jésus, il y avait une fontaine d'eau et une fontaine de sang.

Il plongea mon âme dans ces deux fontaines, d'abord dans l'eau, ensuite dans le sang.

 

Je ne saurais dire combien mon âme en fut purifiée et embellie. Ensuite, nous avons récité ensemble trois "Gloire au Père"

Il m'a dit qu'il faisait cela afin d'épauler mes prières et mes adorations

-dues à la majesté de Dieu.

Oh! Comme c'était beau et touchant de prier avec Jésus!

 

Après, Il m'a dit: «Ne sois pas affligée à cause du manque de souffrance. Voudrais-tu devancer mon heure? Je ne suis pas pressé. Chaque chose en son temps. Tout sera accompli, mais au moment propice.»

 

Ensuite, en raison d'une circonstance providentielle tout à fait imprévue, le viatique ayant passé pour d'autres malades, j'ai pu communier.

Après tout ce qui s'est passé entre Jésus et moi, je ne saurais dire le nombre de baisers et de caresses que Jésus m'a donnés. C'est impossible de tout dire.

 

Après la communion, j'ai cru voir l'hostie sacrée et, dans son centre, je voyais

-tantôt la bouche de Jésus, tantôt ses yeux,

-tantôt une main, puis son corps tout entier.

 

Il m'a transportée hors de mon corps et je me suis trouvée

-d'abord dans la voûte des cieux,

-ensuite sur la terre au milieu des gens, mais toujours en sa compagnie. De temps à autre, il répétait:

 

«Ô ma bien-aimée, comme tu es belle! Si tu savais combien je t'aime! Et toi, comment m'aimes-tu?»

 

En entendant cette question, j'ai cru mourir, tellement j'étais confuse. Malgré tout, j'ai eu le courage de lui dire:

«Jésus, beauté unique, oui, je t'aime beaucoup.

Et toi, si tu m'aimes vraiment, dis-moi, est-ce que tu me pardonnes tout le mal que j'ai fait? Mais donne-moi aussi des souffrances!»

 

Jésus répondit:

«Oui, Je te pardonne et Je veux te satisfaire

en versant mon amertume en abondance en toi.» Alors, Il rn’ a donné son amertume.

Son Cœur semblait en contenir une pleine fontaine, causée par les offenses des hommes. Il en a déversé la plus grande partie en moi.

Il ajouta: «Dis-moi, que désires-tu encore?»

 

Je lui répondis:

«Très saint Jésus, je te recommande mon confesseur. Fais-en un saint et accorde-lui la santé du corps.

Cependant, est-ce vraiment ta volonté que ce prêtre vienne?»

 

Il reprit: «Oui!»

J'ajoutai: «Si tu le voulais, tu le guérirais.»

 

Jésus reprit: «Sois tranquille, n'essaie pas trop de scruter mes jugements. » A ce moment, Il me fit voir l'amélioration de sa santé corporelle et la sanctification de son âme.

 

Puis Il ajouta: «Tu veux aller trop vite, alors que moi, Jje fais tout au bon moment.»

 

Ensuite, je lui confiai mes proches et je priai pour les pécheurs en disant:

«Oh! Comme j'aimerais que mon corps éclate en petits morceaux, pourvu que les pécheurs se convertissent.»

 

Ensuite, j'ai baisé son front, ses yeux, son visage et sa bouche en faisant différents actes d'adoration et de réparation pour les offenses que les

pécheurs lui infligent.

 

Oh! Comme Jésus était content, et moi de même!

Après avoir obtenu la promesse qu'Il ne me quitterait plus jamais, je suis revenue à mon corps et tout s'est terminé.

 

Mon adorable Jésus, plein de douceur et de bienveillance, continue de se manifester.

Ce matin, lorsque j'étais avec lui, Il m'a encore répété:

«Dis-moi, que veux-tu?»

Je répondis: «Jésus, mon Chéri, en vérité, ce que je désire le plus,

c'est que tout le monde se convertisse.» Quelle demande disproportionnée, n'est-ce pas?

 

Néanmoins, mon aimable Jésus m'a dit:

«Je pourrais t'exaucer si tous avaient la bonne volonté d'être sauvés. Et pour te montrer que Je veux bien t'accorder tout ce que tu désires, allons ensemble au milieu du monde .

Tous ceux que nous trouverons et qui veulent sincèrement être sauvés, si mauvais qu'ils soient, Je te les donnerai.»

 

Nous sommes donc allés parmi les gens en quête de ceux qui voudraient être sauvés.

À ma grande stupéfaction, nous en avons trouvé un nombre si infime que c'était pitoyable!

 

Parmi ce nombre, il y avait mon confesseur, la plupart des prêtres et une partie des fidèles, mais tous n'étaient pas de Corato.

 

Ensuite, Il m'a montré diverses offenses dont on l'affligeait. Je l'ai supplié de me laisser partager ses souffrances.

Et, de sa bouche à la mienne, Il a déversé son amertume.

 

Ensuite, Il m'a dit: «Ma fille, ma bouche est trop remplie d'aigreur. Ah! S’il te plaît, remplis-la de douceur!»

 

Je lui dis: «Je te donnerais n'importe quoi avec plaisir, mais je n'ai rien! Dis-moi ce que je puis te donner.»

 

Il me répondit:

«Laisse-moi boire le lait de tes seins car, ainsi, tu pourras me remplir de douceur.»

À l'instant même, il s'est couché dans mes bras et s'est mis à téter. Alors j'eus peur que ce ne soit pas l'Enfant Jésus mais le démon.

J'ai donc posé mes mains sur son front et j'ai fait le signe de la croix.

Jésus m'a regardé tout joyeux et, pendant qu'Il continuait à téter, Il souriait et ses yeux pétillants semblaient me dire: «Je ne suis pas un démon, Je ne suis pas un démon!»

Une fois rassasié, Il grimpa sur mes genoux et m'embrassa partout. Étant donné que j'avais aussi un goût amer dans la bouche

-à cause de l'amertume qu’Il avait déversée en moi,

à mon tour j'eus envie de téter ses seins, mais je n'osais pas.

Jésus m'invita à le faire. Enhardie par son invitation, je commençai à téter. Oh! Quelle douceur paradisiaque sortait de ce sein béni!

Mais, comment exprimer ces choses?

Ensuite, je revins à moi, toute inondée de douceur et de joie.

 

Je dois maintenant expliquer que lorsque Jésus tète mes seins, mon corps ne participe nullement à tout cela. En fait, cela se passe lorsque je suis hors de mon corps.

Tout semble se produire uniquement entre l'âme et Jésus et, lorsqu'il le fait, il est toujours un enfant.

 

L'âme seule est présente quand cela se produit:

je suis généralement dans la voûte des cieux ou

en train de me balader dans quelque coin du monde.

Parfois, en revenant à moi, je ressens une douleur à l'endroit où il a tété.

Car il le fait avec une telle force qu'on croirait qu'il veut m'arracher le cœur de la poitrine.

Je ressens une véritable douleur et, en revenant à moi, mon âme communique cette douleur à mon corps.

 

La même chose se produit aussi à d'autres occasions. Par exemple,

lorsqu'il me transporte hors de mon corps et me fait partager sa crucifixion:

Il me couche lui-même sur la croix et transperce mes mains et mes pieds avec des clous. La douleur est si intense que je pense en mourir.

 

Ensuite, quand je reviens à moi, je ressens cette crucifixion dans mon corps, à tel point que je ne peux bouger ni mes doigts ni mes bras.

C'est la même chose pour les autres souffrances que le Seigneur partage avec moi. Vouloir tout dire serait trop long.

 

J'ajouterai que lorsque Jésus tète mes seins,

je sens que c'est dans mon cœur qu'il puise ce dont il a soif.

Cela est tellement vrai que j'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur de la poitrine.

Parfois, en ressentant cette douleur, je dis à Jésus des choses comme:

«Mon beau petit, tu es un peu trop impertinent!

Vas-y plus doucement car c'est très douloureux.» Quant à lui, Il sourit.

 

De même, quand c'est moi qui tète Jésus,

-c'est de son Cœur que j'absorbe le lait ou le sang,

-à tel point que, pour moi, téter le sein de Jésus, c'est comme boire à la plaie de son côté.

 

Cependant, étant donné que le Seigneur se plaît de temps à autre

à verser en moi un doux lait de sa bouche ou

à me laisser boire le très précieux sang de son côté, alors, quand Il tète de moi,

il ne tète rien d'autre que ce que lui-même m'a donné.

 

Car je n'ai personnellement rien pour adoucir ses peines. Au contraire, beaucoup pour lui en donner.

C'est tellement vrai que, parfois, pendant qu'Il me tète,

-je le tète en même temps

-en comprenant clairement que

ce qu'Il tire de moi n'est rien d'autre que ce que lui-même me donne.

 

Je crois m'être expliquée suffisamment et du mieux que j'ai pu sur ce point.

 

Tout l'avant-midi, j'étais très angoissée à cause des nombreuses blessures que les hommes infligent à Jésus, en particulier de certaines malhonnêtetés monstrueuses.

 

Quelle souffrance pour Jésus de voir les âmes se perdre !

 

Quand c'est un nouveau-né que l'on tue sans le baptiser, Il souffre encore plus.

J'ai l'impression

-que ce péché pèse lourd dans la balance de la divine Justice et

-qu'il provoque davantage les punitions divines.

 

De telles scènes se renouvellent fréquemment. Mon très doux Jésus était triste à en mourir.

En le voyant ainsi, je n'ai pas osé lui parler.

 

Il m'a simplement dit:

«Ma fille, unis tes souffrances et tes prières aux miennes pour

-qu'elles soient plus acceptables par la divine Majesté,

-qu'elle les agrée non pas comme venant de toi, mais de Moi.»

 

Il se manifesta ainsi à quelques reprises, mais toujours en silence. Que le Seigneur soit béni à jamais!

 

Mon doux Jésus a continué de ne se manifester que quelques fois et presque uniquement en silence.

Mon esprit était confus parce que je craignais

de perdre mon unique Bien et pour beaucoup d'autres raisons qu'il n'est pas nécessaire de mentionner ici.

Ô Dieu, quelle souffrance!

 

Pendant que j'étais dans cet état, il s'est montré brièvement.

Il semblait tenir une lumière de laquelle émanaient d'autres petites lumières.

 

Il me dit:

«Chasse toute crainte de ton cœur.

Regarde, je t'ai apporté cette lumière pour la placer entre toi et Moi de même que ces autres petites lumières pour les placer en ceux qui t'approcheront.

 

Pour ceux qui t'approcheront avec un cœur droit et pour te faire du bien,

-ces lumières éclaireront leur esprit et leur cœur,

-les rempliront de joie et de grâces célestes et

-ils comprendront clairement ce que Je fais en toi.

 

Ceux qui t'approcheront avec d'autres intentions

-éprouveront le contraire:

-ces lumières les rendront abasourdis et confus. »

 

Après ces paroles, je devins plus tranquille. Que tout concoure à la gloire de Dieu!

 

Comme je devais communier ce matin, je priai mon bon Jésus de venir lui- même m'y préparer avant que le confesseur arrive pour célébrer la sainte messe:

«Autrement, Jésus, comment pourrai-je te recevoir, moi si méchante et mal disposée?»

 

Pendant que je priais ainsi, mon Jésus se montra heureux de venir .

Et, en le voyant, j'ai eu l'impression qu'il me pénétrait de ses regards très purs et étincelants de lumière.

 

Comment expliquer ce que ces regards produisirent en moi?

Pas l'ombre d'une petite poussière lui échappait.

Je préférerais ne pas parler de ces choses, vu que

-les opérations de la grâce peuvent difficilement s'exprimer par des mots et

-qu'il y a grand risque de déformer la vérité.

 

Mais dame obéissance ne veut pas que je me taise.

Et, quand elle exige quelque chose, on doit fermer les yeux et se soumettre sans rien dire.

Étant une dame, elle sait se faire respecter!

 

Je poursuis donc ma narration.

Dès le premier regard de Jésus, je l'ai supplié de me purifier

Il m'a semblé que tout ce qui jetait une ombre sur mon âme fut balayé.

 

À son deuxième regard, je lui ai demandé de m'illuminer. En effet, à quoi servirait à une pierre précieuse d'être pure si elle ne peut attirer les regards admirateurs

-en brillant devant leurs yeux?

 

On la regarderait peut-être, mais d'un œil indifférent. J'avais besoin de cette lumière

-non seulement pour faire resplendir mon âme,

-mais aussi pour m'aider à saisir la grandeur de ce qui allait m'arriver:

 

J'allais être non seulement regardée par mon doux Jésus, mais identifiée à Lui.

Jésus semblait me pénétrer comme la lumière du soleil pénètre le cristal. Ensuite, comme Il me regardait toujours, je lui ai dit:

 

«Très aimable Jésus, puisqu'il t'a plu de me purifier, puis de m'illuminer, sois gentil maintenant et sanctifie-moi.

 

Cela est très important puisque je vais te recevoir, toi le Saint des Saints. Il n'est pas convenable que je sois si différente de toi.»

 

Toujours aussi bienveillant envers sa misérable créature,

Jésus prit mon âme dans ses mains créatrices et y fit des retouches un peu partout.

Comment dire ce que ces retouches ont produit en moi et comment mes passions ont ainsi repris leur place?

 

Sanctifiés par ces touches divines,

-mes désirs, mes penchants, mes affections,

-les battements de mon cœur et tous mes sens furent complètement transformés.

Sans se bousculer comme avant,

-ils formèrent une douce harmonie aux oreilles de mon cher Jésus.

 

Ils étaient comme des rayons de lumière blessant son Cœur adorable. Oh! Comme Il s'amusait et quels instants heureux j'ai savourés .

Ah! J’ai expérimenté la paix des saints!

Ce fut pour moi un paradis de joie et de délices.

 

Ensuite, Jésus revêtit mon âme du manteau

-de la foi,

-de l'espérance et

-de la charité

en murmurant à mon oreille la façon de pratiquer ces vertus.

 

Il poursuivit en me pénétrant d'un autre rayon de lumière qui me fit voir mon néant. Ah!

J’avais l'impression de n'être qu'un grain de sable au fond d'un vaste océan (qui est Dieu) Ce grain de sable se dissolvait dans cette mer immense (c'est- à-dire en Dieu).

 

Puis Il rn’ a transportée hors de mon corps

-en me tenant dans ses bras et

-en murmurant sans cesse des actes de contrition pour mes péchés.

 

Je me souviens seulement de m'être vue comme un abîme d'iniquités:

«Ah! Seigneur, combien j'ai été ingrate envers toi!»

 

Pendant ce temps, je regardais Jésus.

 

Il portait la couronne d'épines sur sa tête.

Je la lui enlevai en disant: «Donne-moi les épines, ô Jésus, car je suis une pécheresse.

Les épines me conviennent, mais pas à toi, le Juste, le Très Saint.» Alors Jésus l'enfonça sur ma tête.

 

Ensuite, je ne sais comment, j'ai aperçu de loin le confesseur. Aussitôt, j'ai prié Jésus d'aller le préparer lui aussi à la communion.

Je crois qu'il y est allé car, peu après, Il est revenu et m'a dit:

«Je désire que ta façon d'agir avec Moi et avec le confesseur soit la même. Je veux la même chose en ce qui le concerne:

-il doit te voir et te traiter comme si tu étais un autre Moi-même,

-car tu es une victime comme Je le fus.

Je veux cela afin que tout soit purifié et que seul mon Amour brille en toute chose.»

 

J'ai dit:

«Seigneur, cela me paraît impossible d'agir avec le confesseur comme je le fais avec toi, surtout en raison de mon instabilité.»

 

Jésus reprit: «L'amour vrai fait disparaître toutes les aspérités et, avec une maîtrise enchanteresse, il laisse briller Dieu seul en toute chose.»

 

Ensuite, le confesseur est venu m'appeler à l'obéissance.

Il a célébré la sainte messe à l'occasion de laquelle j'ai communié. Tout s'est terminé ainsi.

Comment parler de l'intimité avec laquelle tout s'est passé entre Jésus et moi? C'est impossible à exprimer; je n'ai pas de mots pour me faire comprendre.

Par conséquent, je m'arrête ici.

 

Ce matin, mon adorable Jésus ne venait pas.

Je me disais: «Pourquoi ne vient-il pas? Qu'y a-t-il de nouveau maintenant?

 

Hier, il est venu si souvent et, aujourd'hui, l'heure est avancée et il n'est pas encore venu. J'ai le cœur brisé. Comme il faut être patient avec Jésus!»

 

Le désir de voir Jésus souleva une telle lutte dans tout mon être que j'ai cru en mourir de douleur.

 

Ma volonté, qui devrait tout dominer en moi,

tenta de persuader mes sens, mes penchants, mes désirs, mes affections et tout le reste de se calmer, puisque Jésus allait venir.

Après un temps prolongé de souffrance, Jésus est arrivé en tenant dans sa main

une coupe de sang coagulé, putréfié et nauséabond.

 

Il me dit:

«Tu vois cette coupe de sang? Je vais la verser sur le monde.»

Pendant qu'il parlait, ma Maman (la Très Sainte Vierge) est venue et mon confesseur était avec elle.

Ils ont supplié Jésus de ne pas verser cette coupe sur le monde, mais de me la faire boire.

 

Le confesseur dit à Jésus:

«Seigneur, pourquoi l'avoir choisie comme victime si tu ne veux pas verser la coupe en elle?

Je veux absolument que tu la fasses souffrir et que tu épargnes le peuple.»

 

Ma Maman pleurait et, avec le confesseur, elle disait à Jésus qu'elle continuerait à prier jusqu'à ce que Jésus accepte l'échange.

 

Au début, Jésus semblait presque désapprouver la suggestion Et il persistait à vouloir verser la coupe sur le monde.

J'étais confuse et ne pouvais rien dire.

Car la vue de cette horrible coupe me remplissait d'une telle terreur que j'en tremblais de tout mon être. Comment pourrais-je la boire? Cependant, j'étais résignée.

Si le Seigneur me la donne à boire, j'accepterai.

 

Si, d'autre part, le Seigneur décidait de verser ce sang sur le monde, qui sait quels châtiments il s'ensuivrait?

Il me semblait qu'il gardait en réserve de la grêle qui allait causer beaucoup de dommages et qui allait se poursuivre pendant plusieurs jours.

Ensuite, Jésus parut un peu plus calme.

 

Il embrassa le confesseur parce qu'il l’avait prié de cette façon,

sans toutefois trancher s'il allait, oui ou non, verser la coupe sur le monde.

 

Tout s'est terminé ainsi, me laissant dans une souffrance indescriptible à cause de ce qui pourrait arriver.

 

Jésus continue de se manifester avec l'intention de châtier les créatures. Je l'ai supplié de déverser son amertume en moi et d'épargner le monde entier,

ou, au moins, les miens et ma ville. Le confesseur est du même avis que moi.

 

Quelque peu conquis par nos prières, Jésus a versé en moi un peu d'amertume de sa bouche, mais non la coupe de sang mentionnée plus haut (cf. 14 juin).

Le peu qu'il a versé, j'ai cru comprendre qu'il le faisait pour épargner ma ville ainsi que les miens, mais pas complètement.

 

Ce matin, je fus une source de souffrance pour Lui.

Comme Il avait l'air plus calme après avoir versé une partie de son amertume en moi,

je lui ai dit sans trop réfléchir:

 

«Mon aimable Jésus, je te prie de me libérer de l'ennui que je cause au confesseur en ayant à venir chaque jour.

Que t'en coûterait-il de me délivrer toi-même de mon état de souffrance, puisque c'est toi-même qui m'y as placée?

En effet, cela ne te coûterait rien et, quand tu le veux, tout t'est possible.»

 

À ces mots, le visage de Jésus exprima une telle affliction qu'elle pénétra jusqu'au fond de mon cœur.

Et, sans me répondre, Il disparut.

 

J'en suis restée très peinée, seul le Seigneur sait à quel point! Surtout à la pensée qu'il ne reviendrait plus.

 

Cependant, un peu plus tard, il est revenu encore plus affligé.

Son visage était tuméfié et ensanglanté à cause des offenses qu'Il venait de subir.

 

Tristement, il me dit: «Regarde ce qu'ils m'ont fait.

Comment peux-tu me demander de ne pas châtier les créatures? Les châtiments sont nécessaires afin

-de les humilier et

-de les empêcher de devenir encore plus arrogants.»

 

Tout se passe comme d'habitude. Cependant, plus particulièrement ce matin,

j'ai mis tout mon temps à plaider auprès de Jésus:

Il voulait continuer de faire tomber la grêle comme il l’a fait ces derniers jours et moi je ne voulais pas.

De plus, un orage se préparait.

Les démons s'apprêtaient à frapper quelques endroits par le fléau de la grêle.

 

Pendant ce temps, je vis le confesseur qui m'appelait de loin, m'ordonnant d'aller chasser les démons afin qu'ils ne puissent rien faire.

Comme j'étais en route, Jésus est venu à ma rencontre pour m'empêcher d'avancer.

Je lui dis: «Ô mon Seigneur, je ne peux pas arrêter, c'est l'obéissance qui m'appelle et tu sais comme moi que je dois me soumettre à elle.»

 

Jésus me répondit: «Eh bien! Je le ferai à ta place!»

Il commanda aux démons de s'en aller plus loin et de ne pas toucher pour l'instant aux terres appartenant à notre ville.

 

Puis Il me dit:

«Allons!» Ainsi, nous sommes revenus, moi dans mon lit et Jésus à mes côtés.

En arrivant, Il voulut se reposer, disant qu'il était très fatigué. Je l'ai interpellé en disant: «Que signifie ce sommeil?

Tu viens de me faire faire un bel acte d'obéissance et maintenant tu veux dormir?

Est-ce là l'amour que tu me portes et ta façon de me contenter en tout? Tu veux donc dormir? Eh bien!

Tu peux dormir, pourvu que tu me donnes ta parole que tu ne feras rien.»

 

Désolé de me voir si mécontente, Il me dit:

«Ma fille, malgré tout, Je veux te satisfaire.

Allons ensemble encore une fois au milieu des gens et voyons lesquels méritent d'être punis pour leurs actions mauvaises.

 

Peut-être que, grâce au fléau, ils se sont convertis. J'épargnerai

-ceux que tu veux,

-ceux qui ont moins besoin d'être punis et que tu veux épargner.»

 

Je repris:

«Seigneur, je te remercie pour ton infinie bonté à vouloir me donner satisfaction. Mais, en dépit de cela, je ne peux pas faire ce que tu me dis Je n'ai ni la force ni la volonté de voir châtier une seule de tes créatures.

Quel tourment ce serait pour mon cœur

si j'apprenais que l'une d'elles a été châtiée et que c'est moi qui l'aurai voulu. Qu'il n'en soit jamais ainsi, jamais, ô Seigneur!»

 

Puis le confesseur m'a appelée à l'obéissance et tout s'est terminé.

 

Hier, ayant vécu une journée de purgatoire en raison

-de la privation quasi totale de mon plus grand Bien et

-des nombreuses tentations du démon,

j'avais l'impression d'avoir commis une multitude de péchés.

 

Ô Dieu! Quelle souffrance d'avoir offensé mon Jésus! Ce matin, dès que je l'aperçus, je lui ai dit:

«Bon Jésus, pardonne-moi tous les péchés que j'ai commis hier.» M'interrompant, Il me dit: «Si tu t'anéantis, tu ne pécheras jamais.»

J'ai voulu continuer de parler mais, pendant qu’Il me montrait plusieurs âmes dévotes,

Iil me fit comprendre qu'Il ne voulait pas m'écouter.

 

Il poursuivit:

«Ce qui me déplaît le plus dans ces âmes, c'est leur inconstance dans le bien.

 

La moindre petite chose, une déception, même un défaut, suffit et,

-bien que ce soit plus que jamais le moment de s'accrocher à Moi, elles sont perturbées, s'irritent et négligent le bien déjà commencé.

 

Que de fois Je leur ai préparé des grâces, mais devant leur inconstance, J'ai dû les retenir.»

 

Pour ma part,

-sachant qu'Il refusait d'entendre ce que je voulais lui dire

-et voyant que mon confesseur n'était pas bien physiquement,

j'ai longuement prié pour lui et j'ai posé à Jésus certaines questions

-qu'il n'est pas nécessaire de mentionner ici.

 

Avec bienveillance, Jésus a répondu à toutes, puis tout s'est terminé.

 

Ce matin, tout se passait comme d'habitude.

Jésus semblait vouloir me réjouir un peu, étant donné que je l'avais longtemps attendu.

De loin, j'aperçus un enfant tombant du ciel comme un éclair. J'ai couru vers lui et je l'ai pris dans mes bras.

Un doute a effleuré mon esprit que ce n'était peut-être pas Jésus. Alors, j'ai dit à l'enfant: «Mon cher petit trésor, dis-moi, qui es-tu?»

 

Et lui de répondre: «Je suis ton Jésus bien-aimé.»

 

Je lui dis: «Mon adorable petit bébé, je te prie de prendre mon cœur et de l'apporter avec toi au paradis car, après le cœur, l'âme suivra bien aussi.»

Jésus sembla prendre mon cœur et il l’a tellement uni au sien que les deux ne firent plus qu'un.

 

Ensuite, le ciel s'ouvrit et tout semblait indiquer qu'une très grande fête se préparait.

Un jeune homme de bel apparence descendit du ciel,

-tout éblouissant de feu et de flammes.

 

Jésus me dit: «Demain, ce sera la fête de mon cher Louis de Gonzague. Je dois y être.»

Je lui dis: «Ainsi, tu me laisseras toute seule! Que vais-je faire?»

 

Il reprit: «Tu viendras aussi. Regarde comme Louis est beau!

Mais ce qu'il y a de plus grand en lui, ce qui l'a distingué sur la terre,

c'est l'amour avec lequel il faisait tout. Tout en lui était amour. L'amour l'habitait intérieurement et l'entourait extérieurement,

de sorte qu'on peut dire qu'il respirait l'amour.

 

C'est pourquoi on disait qu'il n'avait jamais de distraction Car l'amour l'inondait de partout et l'inondera éternellement, comme tu peux le voir.»

 

En effet, l'amour de saint Louis me semble tellement grand que son feu pourrait réduire en cendres le monde entier.

 

Jésus ajouta:

«Je me promène au-dessus des plus hautes montagnes et là, Je me délecte.» Comme je ne comprenais pas le sens de ces paroles,

 

Il poursuivit:

«Les plus hautes montagnes sont les saints qui m'ont le plus aimé et en qui je fais mes délices, à la fois durant leur séjour sur la terre et lorsqu'ils sont au ciel.

Tout est dans l'amour!»

 

Ensuite, j'ai demandé à Jésus de me bénir ainsi que ceux que je voyais à ce moment-là. Après nous avoir béni, Il disparut.

 

Comme Jésus n'arrivait pas, je me disais:

«Peut-être qu'Il ne viendra plus et me laissera à l'abandon.»

 

Et je répétais sans cesse: «Viens, mon Bien-Aimé, viens!»

Soudain, Il est arrivé en disant:

«Je ne te quitterai pas, Je ne t'abandonnerai jamais. Toi aussi, viens, viens à Moi!»

 

J'ai couru aussitôt me jeter dans ses bras et, pendant que j'y étais, Il poursuivit:

«Non seulement Je ne te quitterai pas, mais par amour pour toi, Je ne quitterai pas Corato.»

 

Et, sans trop que je m'en rende compte, il disparut subitement. Plus qu'avant, je brûlais du désir de le revoir et je répétais sans cesse: «Que m'as-tu fait?

Pourquoi es-tu parti si vite sans même me dire au revoir?»

 

Pendant que j'exprimais ma peine, l'image de l'Enfant Jésus, que je garde près de moi,

m'a semblé s'animer et, de temps à autre,

il sortait sa tête de la cloche de verre pour m'observer.

Dès qu'il s'apercevait que je l'avais vu, il la rentrait à l'intérieur.

 

Je lui dis:

«On voit bien que tu es trop insolent et que tu veux agir comme un enfant. Je me sens devenir folle de douleur parce que tu ne viens pas, et toi tu t'amuses. Eh bien! Joue et amuse-toi tant que tu veux.

Car je serai patiente.»

 

Ce matin, mon doux Jésus poursuivit avec ses petits jeux et ses plaisanteries. Il posait ses mains sur mon visage comme s'il voulait me caresser.

Mais, au moment de le faire, Il disparaissait.

 

Il revenait ensuite, m'entourant le cou de ses bras comme pour une étreinte. Lorsque j'étendais les bras pour l'embrasser, Il disparaissait comme l'éclair et je ne pouvais pas le trouver. Comment décrire la douleur de mon cœur?

 

Pendant que j'étais écrasée par cette mer de souffrance, au point de sentir la vie m'abandonner,

la Reine du ciel vint, portant l'Enfant Jésus dans ses bras.

 

Nous nous sommes embrassés tous les trois, la Maman, le Fils et moi. Ainsi, j'eus le temps de dire à Jésus:

«Mon Seigneur Jésus, j'ai l'impression que tu m'as retiré ta grâce.»

 

Il répondit:

«Petite sotte! Comment peux-tu dire que Je t'ai retiré ma grâce alors que

J'habite en toi? Qu'est ma grâce, sinon Moi-même?»

 

Je demeurai plus confuse qu'avant, réalisant

que j'étais incapable de parler et

que, dans les quelques mots prononcés, je n'avais dit que des sottises.

 

Ensuite, la Reine Mère disparut.

Et il m'a semblé que Jésus s'était enfermé en moi et qu'Il y était resté.

 

Durant ma méditation, Il s'est montré dormant à l'intérieur de moi.

Je le regardais en me délectant de son beau visage mais sans le réveiller, heureuse de pouvoir au moins le voir.

Tout à coup, la belle Reine Mère est revenue.

Elle le sortit de mon cœur et le secoua vivement pour le réveiller.

Quand Il fut réveillé, elle le déposa dans mes bras encore une fois en disant:

«Ma fille, ne le laisse pas dormir car, s'Il dort, tu verras ce qui va se passer!»

 

Un orage s'annonçait.

À moitié endormi, le bébé tendit ses deux petites mains autour de mon cou et, en me serrant, Il dit: «Maman, laisse-moi dormir.»

 

Je dis: «Non, non, mon Trésor, ce n'est pas moi qui veux t'empêcher de dormir, c'est notre Dame Marie qui ne le veut pas.

Je te prie de lui faire plaisir.

On ne peut rien refuser à une maman et encore moins à cette maman!  Après l'avoir tenu éveillé quelque temps, Il disparut et tout s'est terminé ainsi.

 

Après que j’eus entendu la sainte messe et reçu la communion, mon aimable Jésus se manifesta dans mon cœur

J'ai alors senti que je quittais mon corps mais sans la compagnie de Jésus.

 

J’aperçus cependant mon confesseur et, puisqu'il m'avait dit:

«Notre-Seigneur va venir après la communion et tu le prieras pour moi», je lui ai dit: «Père, vous m'avez dit que Jésus allait venir, mais il n'est pas encore venu.»

Il me répondit: «C'est parce que tu ne sais pas le chercher. Regarde bien, car Il est en toi

 

Je me suis mise à chercher Jésus en moi et j'ai aperçu ses pieds qui dépassaient à l'extérieur de moi. Je les ai aussitôt saisis et j'ai tiré Jésus vers moi.

Je l'ai embrassé partout

Et, en apercevant la couronne d'épines sur sa tête,

-je la lui ai enlevée et je l'ai placée dans les mains du confesseur

-en lui demandant de l'enfoncer sur ma tête.

Il le fit mais, malgré ses efforts, il n'arrivait pas à enfoncer une seule épine. Je lui dis: «Poussez plus fort, n'ayez pas peur de me faire trop souffrir car, voyez-vous, Jésus est là pour me fortifier.»

 

Malgré ses efforts répétés, il n'y arrivait pas. Alors il me dit:

«Je ne suis pas assez fort.

Ces épines doivent pénétrer dans tes os et je n'ai pas la force de le faire.

 

Je me suis tournée vers Jésus en lui disant:

«Tu vois bien que le père ne sait pas comment l'enfoncer. Fais-le un peu toi-même.»

 

Jésus étendit les mains et, en un instant, il fit pénétrer toutes les épines dans ma tête. Cela me causa une grande satisfaction en même temps qu'une souffrance indescriptible.

 

Ensuite, le confesseur et moi avons prié Jésus de déverser son amertume en moi

afin qu'il épargne les créatures des nombreux fléaux qu'Il leur destine,

comme cela semblait se passer à ce moment-là. Car la grêle s'apprêtait à tomber non loin d'ici.

En réponse à nos prières, le Seigneur en a fait tomber seulement un peu.

 

Puis, comme le confesseur était encore là, j'ai commencé à prier pour lui en disant à Jésus:

 

«Mon bon et cher Jésus, je te prie

-d'accorder ta grâce à mon confesseur afin qu'il soit selon ton Cœur, et aussi

-de lui donner la santé physique.

 

Tu as vu comment il a coopéré, non seulement en retirant la couronne d'épines de ta tête, mais aussi en te laissant la placer sur ma tête.

S'il n'a pas réussi à l'enfoncer dans ma tête, ce n'est pas parce qu'il ne voulait pas te soulager, c'est parce qu'il manquait de force.

Donc, raison de plus pour que tu l'exauces. Alors, dis-moi, ô mon seul et unique Bien,

vas-tu le guérir à la fois dans son âme et dans son corps?»

 

Jésus m'entendit mais ne répondit rien.

Je le suppliai encore avec insistance en disant:

«Je ne te quitterai pas et n'arrêterai pas de prier tant que tu ne m'auras pas promis de lui accorder ce que je te demande.»

Mais Il n'a encore rien dit.

Ensuite, nous nous sommes trouvés en compagnie de plusieurs personnes assises autour d'une table, en train de manger. Il y avait une portion pour moi.

 

Jésus me dit: «Ma fille, j'ai faim. »

Je lui répondis: «Je te donne ma portion. N'es-tu pas content?»

 

Il reprit:

«Oui, mais je ne veux pas qu'on me voit.»

Je poursuivis: «Eh bien, je ferai semblant de la prendre pour moi et te la donnerai sans qu'on s'en aperçoive.» C'est ce que nous avons fait.

 

Au bout d'un certain temps, Jésus se leva, approcha ses lèvres de mon visage et Il se mit à jouer un air de trompette avec sa bouche.

Toutes ces gens se mirent à pâlir et à trembler en se disant:

«Que se passe-t-il? Que se passe-t-il? Nous allons mourir!»

 

Je dis à Jésus: «Seigneur Jésus, que fais-tu? Comment se fait-il? J Jusqu'à présent, tu voulais passer inaperçu et maintenant tu t'amuses!

Fais attention! Arrête de faire peur à ces gens! Ne vois-tu pas qu'ils sont tous effrayés?»

 

Il répondit:

«Cela n'est encore rien. Qu'arrivera-t-il quand, soudainement, je jouerai plus fort?

Ils seront tellement saisis qu'un grand nombre mourront de frayeur!»

 

Je repris: «Mon adorable Jésus, que dis-tu là? Tu veux toujours exercer ta Justice?

Pitié, pitié pour ton peuple, je t'en supplie!»

 

Alors Jésus arbora son air doux et bienveillant et moi, apercevant encore le confesseur,

je recommençai à l'importuner à son sujet.

 

Il me dit:

«Je rendrai ton confesseur comme un arbre greffé dans lequel le vieil arbre n'est plus reconnaissable, ni dans son âme ni dans son corps.

Et, en gage de cela, je t'ai placée entre ses mains en tant que victime, afin qu'il puisse en bénéficier.»

 

Ce matin, Jésus a continué de ne se manifester que de temps à autre en me partageant un peu de ses souffrances. Le confesseur était parfois avec lui.

En voyant ce dernier, et vu qu'il m'avait confié certaines de ses intentions, j'ai supplié Jésus de lui accorder ce qu'il demandait.

 

Pendant que je le priais ainsi, Jésus se tourna vers le confesseur en disant:

«Je veux que la Foi t'inonde comme les eaux de la mer inondent les bateaux.

 

Puisque Je suis la foi, tu seras inondé par Moi

-qui possède tout,

-qui peux tout et

-qui donne librement à quiconque a confiance en moi.

 

Sans même que tu penses

à ce qui arrivera,

ni quand cela arrivera,

ni de quelle façon tu agiras,

Je serai là pour te venir en aide selon tes besoins.»

 

Il ajouta:

«Si tu t'exerces à t'immerger dans la Foi, alors, pour te récompenser, J'infuserai en ton cœur trois Joies spirituelles.

 

D'abord, tu percevras clairement les choses de Dieu et,

-en faisant des choses saintes, tu seras rempli d'une telle allégresse et d'une telle joie,

-que tu en seras complètement imprégné.

 

Deuxièmement, tu ressentiras

-de l'indifférence à l'égard des choses du monde et

-de la joie pour les choses célestes.

 

Troisièmement,

-tu seras parfaitement détaché de tout et

-les choses qui exerçaient autrefois un attrait sur toi deviendront des embêtements.

 

Cela, Je l'ai déjà infusé en toi pendant un certain temps.

 

Ton cœur sera inondé de cette Joie dont jouissent les âmes dépouillées,

-ces âmes dont le cœur est tellement rempli de mon Amour

-qu'elles ne sont pas distraites par les choses extérieures qui les entourent. »


 

Ce matin, Jésus a renouvelé en moi les douleurs de la crucifixion.

Notre Reine Mère était là et, à son sujet, Jésus m'a dit:

 

«Mon Royaume était dans le Cœur de ma Mère, puisque son Cœur n'a jamais connu la moindre agitation.

C'est tellement vrai que, même dans la mer houleuse de la Passion, alors

-qu'elle a supporté d'indicibles souffrances et

-que son Cœur fut transpercé par le glaive de la douleur,

elle n'a pas connu le moindre trouble intérieur.

 

Ainsi, comme mon Royaume est un Royaume de paix,

-j'ai pu l'établir en elle et

-y régner librement sans aucun obstacle.»

 

Jésus revint plusieurs fois, et moi, consciente de mon état de pécheresse, je lui ai dit:

«Mon Seigneur Jésus, je me sens totalement recouverte de blessures et de péchés graves. Oh! Je t'en prie, je t'en supplie, prends pitié de cette misérable créature que je suis!»

 

Jésus me répondit:

«N'aie pas peur, car il n'y a pas de péchés graves. Bien sûr, il faut avoir en horreur le péché

Mais il ne faut pas s'en troubler.

Car le trouble, quelle qu'en soit la source, ne fait jamais de bien à l'âme.»

 

Il ajouta:

«Ma fille, comme Moi, tu es une victime.

 

Que toutes tes actions brillent des mêmes intentions pures et saintes que les miennes

afin que,

-en voyant ma propre image en toi,

-Je puisse librement t'inonder de mes grâces et, qu'ainsi ornée,

-Je puisse te présenter comme victime odorante à la divine Justice.»

 

Ce matin, Jésus voulut renouveler en moi les douleurs de sa crucifixion. D'abord, Il m'a transportée hors de mon corps sur une montagne et m'a demandé si j'acceptais d'être crucifiée.

Je répondis: «Oui, mon Jésus, je me languis pour rien d'autre que ta croix.»

 

À l'instant même, une énorme croix apparut.

Il m'y étendit et m'y cloua de ses propres mains.

Quelles douleurs atroces j'ai ressenties dans mes mains et mes pieds, surtout que les clous étaient épointés et très difficiles à enfoncer.

Mais, en compagnie de Jésus, j'ai pu tout supporter. Quand Il eut fini de me crucifier, Il me dit:

«Ma fille,

J'ai besoin de toi pour continuer ma Passion. Puisque mon corps glorieux ne peut plus souffrir,

 

Je me sers de ton corps

-pour continuer à souffrir ma Passion et

pour pouvoir offrir comme une vivante victime

de réparation et d'expiation devant la Justice divine.»

 

Ensuite, j'ai cru voir le ciel s'ouvrir et une multitude de saints en descendre. Tous étaient armés d'une épée.

Au sein de cette multitude, une voix tonitruante se fit entendre, disant:

 

« Nous venons

-défendre la Justice de Dieu et

-la venger sur les hommes qui ont tellement abusé de sa Miséricorde!»

Qu’est-ce qui se passa sur la terre au moment de cette descente des saints? Tout ce que je peux dire, c'est

-que plusieurs se battaient,

-que certains étaient en fuite et

-que d'autres se cachaient. Tous semblaient épouvantés.

 

Ces jours-ci, Jésus se montre rarement. Ses visites sont comme l'éclair:

alors que j'espère pouvoir le contempler longuement, il disparaît rapidement.

Si, parfois, Il reste un moment, c'est presque toujours en silence.

Et s'Il parle un peu, dès qu'Il est parti, Il semble reprendre sa parole et sa lumière.

De sorte

-que je ne me souviens plus de ce qu'Il a dit et

-que mon esprit reste aussi confus qu'auparavant. Quelle misère!

Mon doux Jésus, aie pitié de ma misère et sois miséricordieux!

 

Sans vouloir m'étendre sur mes activités quotidiennes, je vais maintenant rapporter quelques paroles qu'Il m'a adressées au cours des derniers jours.

 

Je me souviens qu'à un moment où je me lamentais parce qu'Il m'avait abandonnée,

Il appela à lui de nombreux anges et saints et leur dit:

«Écoutez ce qu'elle dit: elle dit que Je l'ai abandonnée.

Expliquez-lui un peu: est-il possible que J'abandonne ceux et celles qui m'aiment?

Elle m'a aimé, comment puis-je donc l'abandonner?» Les saints étaient d'accord avec le Seigneur et j'en restai profondément humiliée et plus confuse qu'auparavant.

 

À une autre occasion, après lui avoir dit: «À la fin, tu vas m'abandonner complètement», Jésus m'a répondu:

«Fille, je ne peux t'abandonner.

Comme preuve de cela, Jai déversé mes souffrances en toi.»

 

Ensuite, alors que j'entretenais la pensée suivante:

«Pourquoi, Seigneur, as-tu permis la venue du confesseur? Tout aurait pu se passer entre toi et Moi»,

je me trouvai à l'instant même hors de mon corps, étendue sur une croix. Mais il n'y avait personne pour m'y clouer.

J'ai commencé à prier le Seigneur de venir me crucifier.

 

Il est venu et Il m'a dit:

«Vois-tu comme il est nécessaire qu'un prêtre soit au centre de mes œuvres? Il est simplement une aide pour compléter ta crucifixion.

En effet, on ne peut se crucifier soi-même, on a besoin d'un autre.»

 

Les choses se passent presque toujours de la même façon.

Cette fois, il m'a semblé que Jésus-Hostie était là dans mon cœur, m'inondant de nombreux rayons provenant de la sainte hostie.

 

Plusieurs fils sortant de mon cœur s'entrelaçaient avec les rayons émanant de l'hostie. J'avais l'impression

-que, par son amour, Jésus m'attirait à lui et

-que, par ces fils, mon cœur l'attirait et le liait entièrement à moi.

 

Ce matin, mon adorable Jésus s'est montré portant à son cou une croix en or toute brillante qu'il regardait avec grande satisfaction.

Soudain, le confesseur surgit et Jésus lui dit:

«Les souffrances de ces derniers jours ont augmenté la splendeur de ma croix, à tel point que c'est pour moi un délice de la regarder.»

 

Ensuite, se tournant vers moi, Il me dit:

 

«La croix donne à l'âme une telle splendeur qu'elle en devient toute transparente.

 

De même qu'on peut donner toutes les couleurs à un objet transparent, la croix, par sa lumière,

donne à l'âme des facettes aussi variées que splendides. D'autre part, sur un objet transparent,

on peut facilement détecter les poussières, les moindres taches et même les ombres.

 

Il en va ainsi avec la croix:

Puisqu'elle rend l'âme transparente, elle lui permet de repérer

-ses plus petits défauts et

-ses moindres imperfections,

à tel point qu'aucune main de maître ne peut faire mieux que la croix

-pour transformer l'âme en une demeure digne du Dieu du ciel.»

 

Qui pourrait dire

-tout ce que j'ai compris au sujet de la croix et

-à quel point l'âme qui la possède me paraît enviable!

Ensuite, Il m'a transportée hors de mon corps

Je me suis trouvée au sommet d'un très haut escalier sous lequel il y avait un précipice.

Les marches de cet escalier étaient mobiles et tellement étroites qu'on pouvait à peine y poser la pointe des pieds.

 

Le plus terrifiant était

le précipice lui-même et

le fait que l'escalier ne possédait ni rampe ni appui.

Si quelqu'un tentait de s'agripper aux marches, celles-ci s'arrachaient. En voyant que la plupart des gens tombaient, j'étais glacée jusqu'aux os. Cependant, il fallait absolument escalader ces marches.

Je me suis donc engagée dans l'escalier, mais après deux ou trois marches,

-voyant combien je risquais de tomber dans l'abîme, j'ai supplié Jésus de venir à mon secours.

 

Sans que je sache trop comment, Il s'est trouvé près de moi et Il m'a dit:

 

«Ma fille,

-ce que tu viens de voir,

c'est le chemin que tout homme doit parcourir sur cette terre.

 

Les marches mobiles sur lesquelles on ne peut même pas s'appuyer

sont les choses de la terre.

Si un homme tente de s'appuyer sur ces choses,

au lieu de l'aider, elles le poussent à tomber en enfer.

 

Le moyen le plus sûr consiste à grimper et à voler presque,

-sans toucher le sol,

-sans regarder les autres et

-en gardant les yeux fixés sur Moi, afin de recevoir Aide et Force.

Ainsi, on peut facilement éviter le précipice.»

 

Ce matin, mon adorable Jésus est venu

-sous une apparence aussi magnifique que mystérieuse.

Il portait à son cou une chaîne recouvrant entièrement sa poitrine.

À une des extrémités de cette chaîne, pendait une espèce d'arc et,

à l'autre, un genre de carquois rempli de pierres précieuses et de joyaux. Dans sa main, Il tenait une lance.

 

Il me dit:

«La vie humaine est un jeu:

-certains jouent pour le plaisir,

-d'autres pour l'argent,

-d'autres jouent leur propre vie, etc.

 

Moi aussi je m'amuse à jouer avec les âmes. Quels sont donc les tours que Je leur joue? Ce sont les croix que Je leur envoie.

 

Si elles les acceptent avec résignation et m'en remercient, - Je m'amuse et joue avec elles, -me délectant immensément,

-recevant beaucoup d'honneur et de gloire,

et les amenant à faire les plus grands progrès.»

 

Pendant qu'Il parlait, il me toucha avec la lance.

Toutes les pierres précieuses qui garnissaient l'arc et le carquois

-se détachèrent et

-se transformèrent en des croix et des flèches pour blesser les créatures.

 

Quelques créatures, mais très peu,

-se réjouirent,

-embrassèrent ces croix et ces flèches et

-engagèrent le jeu avec Jésus.

 

D'autres, au contraire, attrapèrent ces objets et les lancèrent à la face de Jésus.

Oh! Comme il en était affligé! Quelle peine pour ces âmes!

 

Jésus ajouta:

«Voilà la soif pour laquelle J'ai crié sur la croix.

-N'ayant pu l'étancher entièrement à ce moment-là,

Je me délecte en continuant de l'étancher dans les âmes de mes bien-aimés qui souffrent.

Ainsi, quand tu souffres, tu soulages ma soif.»

 

Comme Il est revenu plusieurs autres fois,

je l'ai supplié de libérer mon confesseur souffrant.

 

Il me dit:

«Ma fille, ne sais-tu pas que la plus belle marque de noblesse

que je puisse imprimer dans une âme, c'est la croix?»

 

Ce matin, suivant son habitude, Jésus m'a transportée hors de mon corps. Nous avons rencontré une foule de gens dont la plupart s'acharnaient à vouloir juger la conduite des autres sans regarder la leur.

 

Mon bien-aimé Jésus me dit:

«La façon la plus sûre d'agir avec droiture envers son prochain, c'est de ne pas regarder ce qu'il fait.

Parce que regarder, penser et juger, c'est la même chose.

 

Quand on regarde son prochain,

on fraude sa propre âme:

on n'est pas honnête avec soi-même, ni avec son prochain, ni avec Dieu.»

 

Ensuite, je lui ai dit:

«Mon unique Bien, il y a longtemps que tu ne m'as pas embrassée.» Alors nous nous sommes embrassés.

 

Puis, comme s'il voulait me réprimander, Il ajouta:

«Ma fille, ce que Je te recommande,

-c'est de chérir mes Paroles, car elles sont éternelles et pures comme Moi;

-en les gravant dans ton cœur et

-en les faisant fructifier,

tu travailles à ta sanctification.

 

En récompense, tu reçois la splendeur éternelle.

Si tu agis autrement, ton âme s'étiole et tu es en dette avec Moi.»

 

Jésus est revenu ce matin, mais en silence.

Néanmoins, j'étais très heureuse car, tant que j'avais mon Trésor Jésus avec moi, j'étais parfaitement satisfaite.

Dès que je l'ai aperçu, j'ai compris plusieurs choses au sujet

-de sa beauté,

-de sa bonté et

-de ses autres qualités.

 

Cependant, comme tout s'est passé dans mon esprit et par communication

intellectuelle, ma bouche ne peut rien exprimer sur ces choses. Je garde donc le silence.

 

Ce matin, mon très gentil Jésus m'a transportée hors de mon corps et m'a fait voir la corruption dans laquelle gît l'humanité.

C'était horrifiant!

Alors que j'étais au milieu des gens, Jésus, au bord des larmes, me dit:

 

«Ô homme, comme tu t'es défiguré et avili!

Je t'ai créé afin que tu sois mon temple vivant, mais tu es devenu la demeure du diable.

 

Regarde, même les plantes, recouvertes de feuilles, avec leurs fleurs et leurs fruits, t'enseignent le respect et la modestie que tu dois avoir pour ton corps.

 

Mais, en perdant toute modestie et toute réserve naturelle, tu es devenu pire que les animaux,

-à tel point que Je ne peux te comparer à rien d'autre.

 

Tu étais mon image, mais Je ne te reconnais plus.

Je suis tellement horrifié par tes impuretés qu'un seul regard vers toi me donne la nausée et m'oblige à m'éloigner.»

 

Pendant qu'Il parlait, j'étais torturée par la douleur de voir mon Bien-Aimé si triste.

Je lui ai dit:

«Seigneur, c'est vrai que tu ne peux plus trouver rien de bon en l'homme et qu'il est devenu tellement aveugle qu'il ne peut même plus respecter les lois de la nature.

Si donc tu ne regardes que l'homme, tu voudras lui envoyer des châtiments.

C'est pourquoi je te prie de poser ton regard sur ta miséricorde et ainsi, tout sera arrangé.»

 

Jésus me dit:

«Fille, soulage-moi un peu de mes souffrances.»

 

En disant cela, il retira la couronne d'épines qui était enfoncée sur son adorable tête et il l'enfonça sur la mienne. J'éprouvai de très vives douleurs, mais j'étais contente de voir que Jésus était soulagé.

 

Ensuite, il dit:

«Fille, j'aime beaucoup les âmes pures; autant je suis obligé de fuir les âmes

impures, autant je suis attiré par les âmes pures comme par un aimant, et je viens habiter en elles.

 

À ces âmes, je prête volontiers ma bouche

-afin qu'elles parlent avec ma langue et,

-afin qu’elles n'aient aucun effort à faire pour convertir les âmes.

 

Je me délecte

-non seulement à perpétuer ma Passion en ces âmes -

-et ainsi à continuer en elles la Rédemption -,

mais je prends aussi plaisir à faire s'épanouir mes propres vertus en elles.»

 

Ce matin, mon adorable Jésus s'est montré

tout affligé et presqu'en colère contre les hommes, menaçant

-de leur envoyer les châtiments habituels et

-de faire mourir subitement les gens par les éclairs, la grêle et le feu. Je l'ai supplié avec insistance de s'apaiser et Il m'a dit:

«Les iniquités qui montent de la terre au ciel sont si nombreuses que

-si les prières et les souffrances des âmes victimes cessaient pour un quart d'heure,

Je ferais sortir le feu des entrailles de la terre et J'en inonderais la population.»

 

Il ajouta:

«Regarde toutes les grâces que Je devais déverser sur les créatures. Comme elles n'y correspondent pas, Je suis forcé de les retenir.

Pire encore, elles m'obligent à changer ces grâces en châtiments.

 

Sois attentive, ô ma fille,

-afin de bien correspondre aux multiples grâces que Je déverse en toi.

 

Car la correspondance à mes grâces est la porte

qui me laisse entrer dans un cœur pour y faire ma demeure.

 

Cette correspondance est comme cet accueil chaleureux et affable que l'on donne quand quelqu'un vient nous visiter,

-de telle sorte qu'attiré par ces politesses,

le visiteur se sent obligé de revenir et se sent même incapable de partir.

Tout est dans l'accueil à mon égard

Suivant la façon dont les âmes m'accueillent et me traitent sur la terre,

-Je les accueillerai et

-Je les traiterai au ciel.

 

En leur ouvrant toutes grandes les portes du ciel,

-J'inviterai toute la cour céleste à venir les accueillir et

-Je les ferai asseoir sur les trônes les plus sublimes.

Pour les âmes qui n'auront pas correspondu à mes grâces, ce sera le contraire.»

 

Ce matin, mon aimable Jésus ne venait pas.

Après une très longue attente, il est enfin arrivé. J

e me sentais si confuse et anéantie que je ne pouvais rien lui dire.

 

Il me dit:

«Plus tu t'anéantiras et apprendras à reconnaître ton néant,

plus mon Humanité te communiquera ses vertus et t'inondera de sa lumière.»

 

Je lui répondis:

«Seigneur, je suis tellement méchante et laide que j'ai horreur de moi. Que suis-je à tes yeux?»

 

Jésus reprit:

«Si tu es laide, Je peux te rendre belle.»

En disant ces mots, une lumière émanant de lui se dirigea vers mon âme et j'eus l'impression qu'Il me transmettait sa beauté.

 

Puis, tout en m'embrassant, Il me dit:

«Comme tu es belle, belle de ma propre beauté.

Voilà pourquoi Je suis attiré vers toi et porté à t'aimer

 

Ces paroles me laissèrent plus confuse que jamais! Que tout soit pour sa gloire!

 

Il continuait à se montrer brièvement et presqu'en colère contre les hommes. Mes supplications pour qu'Il déverse en moi son amertume ne l'ébranlaient pas.

Sans prêter attention à mes propos, Il me dit:

 

«La résignation

-absorbe tout ce qu'il y a de dégoûtant dans l'homme et

-le rend acceptable.

Elle greffe dans l'âme mes propres vertus.

 

Une âme résignée est toujours en paix et Je trouve en elle mon repos. »

 

Ce matin, quand mon doux Jésus est venu,

Il m'a transportée hors de mon corps et Il a ensuite disparu.

 

Étant seule, j'ai vu deux candélabres de feu qui descendaient du ciel pour ensuite se fractionner

-en de nombreux éclairs et

-en une pluie de grêle s'abattant sur la terre,

occasionnant de grands tourments pour les plantes et les hommes.

 

L'horreur et la véhémence de l'orage étaient telles que les gens ne pouvaient

-ni prier

-ni retourner à leurs domiciles. Comment dire la peur que j'éprouvais?

Je me suis mise à prier afin d'apaiser le courroux du Seigneur.

 

Quand Il est revenu, j'ai remarqué qu'il tenait en main une barre de fer au bout de laquelle il y avait une boule de feu.

Il me dit:

«J'ai longtemps retenu ma Justice

C'est avec raison qu'elle veut sévir sur les créatures qui ont osé détruire toute justice.

 

Oh! Oui! Je ne trouve aucune justice en l'homme!

Il s'est totalement contrefait par ses paroles et ses actes.

Tout en lui n'est que fraude et injustice dont son cœur est à ce point envahi qu'il n'est plus qu'un fatras de vices.

Pauvres hommes, comme vous vous êtes avilis!»

 

Tout en parlant, Il se mit à faire tourner la barre dans sa main, comme s'il allait blesser quelqu'un.

 

Je lui dis: «Seigneur, que fais-tu?»

Il répondit: «Ne crains pas; tu vois cette boule de feu? Elle va incendier la terre

Mais elle ne frappera que les méchants; les bons seront épargnés.»

Je repris: «Ah! Seigneur! Qui est bon? Nous sommes tous méchants. Je t'en supplie, tourne ton regard, non pas vers nous,

mais vers ton infinie miséricorde. Ainsi, tu seras apaisé.»

 

Jésus poursuivit:

«La Justice a pour fille la Vérité.

Je suis l'éternelle vérité et Je ne peux induire en erreur. Ainsi l'âme juste fait briller la Vérité dans tous ses actes.

 

Puisqu'elle possède la Lumière de la Vérité, si quelqu'un tente de la tromper, elle débusque immédiatement la tromperie.

 

Et, avec cette Lumière, elle ne trompe ni son voisin, ni elle-même et ne peut être trompée. La Justice et la Vérité ont pour fruit la Simplicité, qui est une autre de mes qualités.

 

Je suis tellement simple que je peux pénétrer partout et que rien ne peut m'arrêter.

Je pénètre le ciel et les abîmes, le bien et le mal.

Même en pénétrant le mal, mon être ne peux se salir ni recevoir le moindre ombrage.

 

Il en est de même pour l'âme qui, par la Justice et la Vérité, possède le magnifique fruit de la Simplicité.

 

Cette âme

-pénètre le ciel,

-pénètre les cœurs pour les conduire à moi et

-pénètre tout ce qui est bon.

 

Quand elle se trouve parmi les pécheurs et qu'elle voit le mal qu'ils font, elle n'en est pas salie.

Car, par sa simplicité, elle écarte promptement le mal.

La simplicité est si belle que mon Cœur est profondément touché par un seul regard d'une âme simple.

 

Cette âme fait l'admiration des anges et des hommes.»

 

Ce matin, après une courte attente, mon adorable Jésus est venu et Il m'a dit:

«Ma fille, ce matin,

Je veux te rendre tout à fait conforme à Moi. Je veux

-que tu penses avec mes pensées,

-que tu regardes avec mes yeux,

-que tu écoutes avec mes oreilles,

-que tu parles avec ma langue,

-que tu agisses avec mes mains,

-que tu marches avec mes pieds et

-que tu aimes avec mon Cœur.»

 

Ensuite, Jésus a uni ses attributs (ceux mentionnés ci-haut) aux miens . Et j'ai réalisé qu'Il était aussi en train de me donner sa propre forme.

 

De plus, Il m'a donné la grâce de m'en servir comme il le fait lui-même.

 

Puis Il a dit:

«Je déverse de grandes grâces en toi. Garde-les bien!»

 

Je répondis:

«Étant remplie de tant de misères, j'ai bien peur, ô mon bien-aimé Jésus, de faire un mauvais usage de tes grâces.

Ce que je crains le plus, c'est ma langue qui,

trop souvent, me fait manquer à la charité envers mon prochain.»

 

Jésus poursuivit:

«N'aie pas peur, Je vais t'enseigner la manière de parler à ton prochain.

 

Premièrement, lorsqu'on te raconte quelque chose sur ton prochain, interroge-toi et vois si tu n'es pas toi-même coupable de ce défaut.

Car, dans ce cas, vouloir corriger ton prochain serait le scandaliser et m'indigner Moi-même.

 

Deuxièmement,

si tu n'as pas ce défaut, lève-toi et essaie de parler comme J'aurais parlé.

 

De cette façon, tu parleras avec ma propre langue . Et, ainsi, tu ne manqueras pas à la charité.

 

Au contraire, par tes paroles,

tu feras du bien à ton prochain et à toi-même et

tu me rendras honneur et gloire.»

 

Il s'est encore manifesté ce matin, mais brièvement, en menaçant encore d'envoyer des châtiments.

Alors que je m'employais à l'apaiser, Il s'est éloigné aussi vite que l'éclair.

 

La dernière fois qu'Il est venu, Il s'est montré crucifié.

Je me suis placée près de lui pour baiser ses plaies très saintes,

-faisant des actes d'adoration.

Soudain, au lieu de voir Jésus, c'est ma propre forme que j'ai aperçue.

 

J'étais très surprise et j'ai dit:

«Seigneur, qu'est-ce qui se passe? Suis-je en train de m'adorer moi-même? Je ne peux pas faire ça!»

 

Alors Il est revenu à sa propre forme et m'a dit:

«Ne sois pas surprise si J'ai emprunté ta forme. Puisque Je souffre continuellement en toi,

qu'y a-t-il d'étonnant que J'aie emprunté ta physionomie?

 

D'ailleurs, si Je te fais souffrir, n'est-ce pas pour faire de toi une image de Moi?»

 

Je demeurai toute confondue et Jésus disparut.

Que tout concoure à sa gloire et que son saint nom soit béni à jamais!

 

Ce matin, mon très doux Jésus avait le cœur en fête. Il tenait en mains un bouquet des plus belles fleurs. Se blottissant dans mon cœur,

-tantôt Il s'entourait la tête de ces fleurs,

-tantôt Il les tenait dans ses mains, le cœur dans la joie et l'allégresse.

 

Il célébrait comme s'il avait obtenu une grande victoire. Se tournant vers moi, Il me dit:

«Ma bien-aimée, ce matin, Je suis venu mettre les vertus en ordre dans ton cœur.

Les autres vertus peuvent demeurer séparées les unes des autres.

Mais la charité lie et ordonne toutes les autres.

Voici ce que Je veux faire en toi concernant la charité.»

 

Je lui dis :

«Mon seul et unique Bien, comment pourrais-tu faire cela, étant donné que je suis si méchante et pleine de défauts?

Si la charité engendre l'ordre,

ces défauts et ces péchés ne sont-ils pas la cause du désordre qui souille mon âme?»

 

Jésus reprit:

 

«Je vais tout purifier et la charité va tout remettre en ordre.

D'ailleurs, quand Je laisse une âme participer aux souffrances de ma Passion, il ne peut y avoir de péchés graves;

-tout au plus quelques fautes vénielles involontaires.

Mais, étant de feu, mon amour consume toute imperfection.»

 

Alors, de son Cœur, Jésus fit couler un ruisseau de miel dans mon cœur. Avec ce miel, Il purifia tout mon intérieur.

Ainsi, tout en moi fut remis en ordre, unifié et marqué du sceau de la charité.

 

Ensuite, j'ai senti

-que je quittais mon corps et

-que je pénétrais dans la voûte des cieux en compagnie de mon aimable Jésus.

 

C'était grande fête partout: au ciel, sur la terre et au purgatoire. Tous étaient inondés d'une joie et d'une jubilation nouvelles.

Plusieurs âmes sortaient du purgatoire et montaient au ciel comme des éclairs,

afin d'assister à la fête de notre Reine Mère.

 

Moi aussi, je me suis faufilée dans cette foule immense

composée d'anges, de saints et d'âmes du purgatoire fraîchement arrivées.

 

Ce ciel était tellement immense que, en comparaison,

les cieux que nous voyons sur la terre n'ont l'air que d'un petit trou. Regardant tout autour, je ne vis qu'un ardent soleil répandant des rayons fulgurants

qui me pénétraient et me rendaient transparente comme le cristal.

 

Ainsi, mes petites taches apparurent clairement

de même que la distance infinie entre le Créateur et sa créature.

 

Chaque rayon de ce soleil avait un accent particulier:

-les uns brillaient de la sainteté de Dieu,

-d'autres de sa pureté,

-d'autres de sa puissance,

-d'autres de sa sagesse,

et ainsi de suite pour les autres vertus et attributs de Dieu.

 

Devant ce spectacle, mon âme touchait son néant, ses misères et sa pauvreté;

Elle se sentait anéantie et tombait face contre terre devant le Soleil éternel que nul ne peut voir face à face.

La Très Sainte Vierge, quant à elle, semblait totalement absorbée en Dieu. Pour pouvoir participer à la fête de cette Reine Mère,

il nous fallait regarder à partir de l'intérieur du soleil.

On ne pouvait rien voir à partir d'autres points d'observation.

 

Pendant que j'étais tout anéantie devant le divin Soleil,

Bébé Jésus, que la Reine Mère tenait dans ses bras, me dit:

«Notre Maman est dans le ciel.

Je te donne la tâche d'agir comme ma maman sur la terre.

 

Ma vie est continuellement objet

-de mépris, de douleurs et d'abandon de la part des hommes.

Durant son séjour sur la terre, ma Mère était ma fidèle compagne dans toutes mes souffrances. Elle a toujours voulu me soulager en tout, dans la mesure de ses forces.

 

Ainsi toi aussi, en imitant ma Mère, tu me tiendras fidèlement compagnie dans toutes mes souffrances en souffrant à ma place autant que possible.

Et quand tu ne le pourras pas, tu essaieras au moins de me réconforter. Sache, cependant, que je te veux tout à moi.

Je serai jaloux de ta moindre respiration si elle ne m'est pas dédiée.

Quand Je verrai que tu ne seras pas totalement concentrée à me plaire, Je ne te laisserai aucun repos.»

 

Par la suite, j'ai commencé à agir comme sa maman.

Oh! Quelle attention il me fallait exercer pour lui être agréable!

 

Afin de lui plaire, je ne pouvais même pas jeter un regard ailleurs.

Tantôt il voulait dormir, tantôt il désirait boire, tantôt il voulait être caressé. Je devais toujours être prête à exaucer tous ses désirs.

 

Il m'a dit:

«Maman, j'ai mal à la tête. Oh! Je t'en prie, soulage-moi!»

 

Aussitôt, j'examinai sa tête et, y trouvant quelques épines,

je les lui enlevai et le fit reposer en soutenant sa tête de mes bras.

 

Pendant qu'Il se reposait, il se dressa subitement en disant:

«Je ressens un poids et une telle souffrance dans mon Cœur que Je me sens mourir. Essaie de voir ce qu'il y a.»

 

En scrutant l'intérieur de son Cœur, je trouvai tous les instruments de sa Passion.

Je les retirai un à un et les plaçai dans mon propre cœur. Ensuite, voyant qu'Il était soulagé,

je commençai à le caresser et à l'embrasser en lui disant:

 

«Mon seul et unique Trésor,

-tu ne m'as même pas laissée assister à la fête de notre Reine Mère

-ni entendre les premiers cantiques que les anges et les saints ont chantés pour elle ! »

 

Il me répondit:

«Le premier cantique qu'ils ont chanté fut le "Je te salue, Marie" vu que, par cette prière, on lui adresse

-les plus belles louanges,

-les plus grands honneurs

et que, en l'entendant, la joie qu'elle ressentit en devenant Mère de Dieu se renouvelle.

 

Si tu veux, nous allons le réciter ensemble en son honneur.

Quand tu viendras au paradis, Je te ferai revivre la joie que tu aurais goûtée si tu avais été de la fête avec les anges et les saints dans le ciel.»

 

Nous avons donc récité ensemble la première partie du "Je te salue, Marie."

Oh! Comme ce fut doux et émouvant de saluer notre très sainte Maman en compagnie de son Fils bien-aimé!

 

Chaque mot que Jésus prononçait était porteur d'une immense Lumière par laquelle j'ai compris bien des choses au sujet de la Très Sainte Vierge.

 

Mais, comment raconter toutes ces choses compte tenu de mon inaptitude? Je les passe donc sous silence.

 

Jésus désire encore que j'agisse comme sa mère.

Il s'est manifesté à moi sous la forme du plus gracieux petit bébé en train de

pleurer.

Afin d'apaiser ses pleurs, je me suis mise à chanter en le tenant dans mes bras.

Quand je chantais, Il cessait de pleurer.

Mais, dès que j'arrêtais, il se remettait à pleurer.

 

Je préfère garder le silence concernant ce que je chantais,

-d'abord parce que je ne me souviens pas très bien, étant alors hors de mon corps, et

-aussi parce que, de toute façon, on ne peut se souvenir de tout ce qui arrive.

 

Je préfère garder le silence aussi parce que je pense que mes paroles étaient sottes. Cependant, dame obéissance, souvent très impertinente, ne veut pas renoncer.

 

Je vais donc la contenter, même si ce que je vais écrire est farfelu. On dit que dame obéissance est aveugle.

Mais, quant à moi, je crois

-qu'elle voit tout puisqu'elle remarque la moindre petite chose et

-que, quand on ne fait pas ce qu'elle demande,

elle devient impertinente au point de ne plus nous laisser aucun repos.

 

Donc,

pour garder la paix avec elle, et

compte tenu de ce qu'elle est si bonne quand on lui obéit et

qu'on peut tout obtenir à travers elle,

je vais écrire ce dont je me souviens avoir chanté à Jésus:

 

Petit Bébé, tu es petit et fort, de toi j'attends tout réconfort.

Petit Bébé, gracieux et beau, même les étoiles sont éprises de toi. Petit Bébé, prends mon cœur, remplis-le de ton amour.

Petit Bébé, tendre petit, fais-moi petit bébé aussi.

Petit Bébé, tu es un paradis, je me délecte de ton sourire éternel!

 

Ce matin, après avoir communié, j'ai dit à mon aimable Jésus:

«Comment se fait-il que cette vertu d'obéissance soit

-si impertinente, et même

-parfois capricieuse?»

 

Il me répondit:

«Si cette noble dame est telle que tu le dis,

c'est parce qu'elle doit faire mourir tous les vices.

Puisqu'elle doit donner la mort, elle doit être forte et courageuse.

Pour arriver à ses fins, elle doit parfois user de caprices et d'impertinence.

 

Cela étant nécessaire pour ceux qui doivent tuer le corps, pourtant si fragile, cela est encore plus nécessaire quand il faut tuer les vices et les passions, lesquels peuvent revenir à la vie alors qu'on pensait les avoir tués.

 

«Oh! Oui! Il n'y a pas de vraie paix sans obéissance.

Si l'on croit jouir d'une certaine paix sans elle, c'est une fausse paix. La désobéissance s'accorde bien avec nos passions, mais jamais l'obéissance.

Quand on s'éloigne de l'obéissance, on s'éloigne de moi, le roi de cette noble vertu.

Et on court à sa perte.

 

L'obéissance tue la volonté propre et déverse dans l'âme les grâces divines par torrents. On peut dire que l'âme obéissante ne fait plus sa propre volonté mais celle de Dieu.

Peut-on connaître une vie plus merveilleuse et plus sainte que la vie dans la Volonté de Dieu?

Dans la pratique des autres vertus, même les plus sublimes, .

-l'amour de soi peut toujours se glisser

mais, dans la pratique de l'obéissance, jamais !.»

 

Ce matin, lorsque mon adorable Jésus est venu, je lui ai dit: «Mon bien-aimé Jésus, j'ai parfois l'impression que tout ce que j'écris est absurde.»

 

Il me répondit:

«Ma parole est non seulement Vérité, mais aussi Lumière.

Quand la lumière pénètre dans une chambre noire, que fait-elle?

 

Elle chasse les ténèbres et elle rend visibles les objets qui s'y trouvent, qu'ils soient laids ou beaux, ou

que la chambre soit en ordre ou en désordre.

 

D'après l'état de la chambre,

on peut alors deviner quelle genre de personne l'habite.

Dans cet exemple, la chambre représente l'âme humaine. Quand la lumière de la vérité y pénètre,

elle y chasse les ténèbres et on peut y distinguer

le vrai du faux,

le temporel de l'éternel.

 

En conséquence, l'âme peut

-éloigner d'elle les vices et

-mettre de l'ordre dans ses vertus.

 

Ma Lumière est sainte - c'est ma Divinité même.

Ainsi Elle ne peut que transmettre la sainteté et l'ordre à l'âme dans laquelle elle pénètre.

Celle-ci a l'impression que des lumières

-de patience,

-d'humilité,

-de charité, etc., émanent d'Elle.

Si ma Parole produit en toi de tels signes, pourquoi craindre?» Ensuite, Jésus pria le Père pour moi en disant:

«Père très saint, Je te prie pour cette âme.

Fais qu'elle accomplisse parfaitement notre très sainte Volonté en tout. Fais, ô adorable Père, que ses actions soient conformes aux miennes, sans aucune distinction, afin que Je puisse réaliser en elle mes desseins.»

 

Comment décrire la Force qui s'est infusée en moi à la suite de cette prière de Jésus?

 

Mon âme fut revêtue d'une telle Force que je me sentais capable d'endurer mille martyres pour accomplir la très sainte Volonté de Dieu, si elle me le demandait.

 

Que soit remercié à jamais le Seigneur, toujours si miséricordieux envers la pauvre pécheresse que je suis!

 

Après avoir passé deux jours à souffrir,

mon bienveillant Jésus s'est montré plein de douceur et d'affabilité.

 

Intérieurement, je me disais:

«Le Seigneur est bon avec moi, mais je ne trouve en moi rien qui puisse lui plaire.»

 

Jésus me dit: « Ma bien-aimée,

Tu n'éprouves aucune satisfaction si tu ne te trouves pas en ma Présence, occupée à me parler et à me plaire uniquement,

De même Je trouve mon plaisir et ma consolation

-à venir vers toi,

-à être avec toi et

-à parler avec toi.

 

Tu ne peux comprendre

-l'influence qu'une âme, dont l'unique but est de me plaire, peut avoir sur mon Cœur, et

-la force d'attraction qu'elle exerce sur Moi.

Je me sens tellement liée à cette âme que Je me sens obligé de faire ce qu'elle désire.»

 

J'ai compris qu'Il parlait ainsi parce que, ces derniers jours, quand je souffrais terriblement, je répétais sans cesse intérieurement:

 

«Mon Jésus, tout par amour pour toi!

Que ces souffrances soient autant d'actes de louanges et d'hommages pour toi!

Qu'elles soient autant de voix qui te glorifient et de preuves de mon amour pour toi!»

 

Plein d'amabilité et de majesté, mon cher Jésus continue de venir.

Il me dit:

«La pureté de mes regards brille dans tous tes actes qui sont ainsi transformés en splendeurs qui me consolent des choses immondes que Je vois chez les créatures.»

À ces mots, je devins toute confuse et je n'osai rien dire. Voulant m'égayer, Jésus me dit ensuite:

«Dis-moi, que désires-tu?»

Je lui répondis: «Quand tu es là, comment pourrais-je désirer autre chose?» Il me redemanda plusieurs fois de lui dire ce que je désirais.

En le regardant, je vis la beauté de ses vertus et je lui dis:

«Mon très doux Jésus, donne-moi tes vertus.»

 

Ouvrant son Cœur, il en fit sortir des rayons correspondant à ses diverses vertus qui, pénétrant dans mon cœur, affermirent mes propres vertus.

 

Il me dit: «Que désires-tu encore?»

Me souvenant qu'au cours des derniers jours,

-une douleur spéciale empêchait mes sens de se dissoudre en Dieu, je lui répondis:

«Mon bienveillant Jésus, fais que la douleur ne m'empêche pas de me perdre en toi.»

 

En posant sa main sur cette partie douloureuse de mon corps, Il diminua la violence des spasmes afin que je puisse mieux me recueillir et me perdre en lui.»

 

Ce matin, en apercevant mon doux Jésus,

j'ai eu peur que ce ne soit pas lui mais le diable voulant me tromper. Voyant ma peur, Il me dit: «

 

Quand c'est Moi qui visite l'âme,

-toutes ses puissances intérieures sont anéanties et

elle reconnaît son néant.

 

Voyant l'âme ainsi anéantie,

mon amour se transforme en de nombreux ruisseaux venant la fortifier dans le bien.

 

Quand c'est le diable, c'est tout le contraire qui se produit

 

Ce matin, mon bien-aimé Jésus me transporta hors de mon corps.

Il me fit voir la décadence de la foi chez les hommes ainsi que des préparatifs de guerre.

 

Je lui dis:

«Ô Seigneur, l'état du monde sur le plan religieux est désolant à fendre l'âme. Il me semble que la religion, qui ennoblit l'homme et le fait tendre vers un but éternel,

n'est plus reconnue.

Le plus triste, c'est que la religion est ignorée par ceux-là mêmes qui se disent religieux et qui devraient donner leur vie pour la défendre et la raviver.»

 

D'un air affligé, Jésus me dit:

«Ma fille,

la raison pour laquelle les hommes vivent comme des bêtes,

c'est qu'ils ont perdu leur sens religieux.

 

Des temps encore plus tristes viennent pour eux

à cause de l'aveuglement profond dans lequel ils se sont plongés. Mon Cœur souffre de les voir ainsi.

 

Le sang qui sera versé par toutes sortes de personnes, séculiers et religieux,

-ravivera cette sainte religion et

-lavera le reste de l'humanité.

n les civilisant à nouveau, la religion retrouvée leur fera retrouver leur noblesse.

 

C'est donc nécessaire

-que le sang soit versé et

-que les églises elles-mêmes soient presque toutes détruites,

afin qu'elle puissent être restaurées et retrouver leur prestige et leur splendeur première.»

 

Je passe sous silence

les cruels tourments que les hommes devront subir dans les temps à venir. Parce que je ne m'en souviens pas très bien .

Et parce que je n'en vois pas très clairement le déroulement.

 

Si le Seigneur veut que j'en parle, Il me donnera plus de lumière et je pourrai alors écrire davantage là-dessus. Pour l'instant, je m'arrête ici.

 

Après que le confesseur m'eut demandé au nom de l'obéissance de dire à Jésus,

quand Il viendrait:

«Je ne peux pas te parler, éloigne-toi»,

j'ai cru que c'était une farce et non une directive véritable.

 

Alors, quand Jésus vint, oubliant presque l'ordre reçu, je lui ai dit:

«Mon bon Jésus, vois ce que le père veut faire.»

 

Jésus me répondit: «L'abnégation, ma fille.»

Je repris: «Mais, Seigneur, il s'agit d'une chose sérieuse. Cela concerne le rejet de toi; comment puis-je faire cela

 

Pour la seconde fois, Jésus dit: «L'abnégation

Je poursuivis: «Mais, Seigneur, que dis-tu? Crois-tu vraiment que je puisse vivre sans toi?»

 

Pour la troisième fois, Jésus me dit: «Ma fille, l'abnégation.» Ensuite, Il disparut.

Qui pourrait dire ce que j'ai ressenti en voyant que Jésus voulait

-que je sois disposée à obéir sur ce point!

 

En arrivant, le confesseur m'a demandé si je lui avais obéi.

Après lui avoir dit comment tout s'était passé, il a renouvelé sa consigne, à savoir que,

pour aucune considération,

je ne devais parler à Jésus, mon seul et unique Soutien,

et que je devais le repousser s'il se présentait.

Ayant donc compris que ce qu'il me demandait était réellement au nom de l'obéissance,

je me suis dit intérieurement: «Fiat Voluntas Tua en cela aussi.» Oh! Comme cela m'a coûté! Quel cruel martyre!

C'était comme si un clou me transperçait le cœur de part en part.

 

Mon habitude d'appeler Jésus, mon seul Bien, de languir sans cesse après lui, fait partie de mon être autant que ma respiration et les battements de mon cœur.

 

Vouloir arrêter cela,

c'est comme vouloir empêcher quelqu'un de respirer ou de laisser battre son cœur. Comment peut-on vivre ainsi?

 

Cependant, l'obéissance doit prévaloir.

Ô mon Dieu, quelle douleur, quelle torture!

 

Comment peut-on empêcher un cœur de languir après l'être qui est toute sa vie?

Comment arrêter un cœur de battre?

De toute son énergie, ma volonté s'efforçait de retenir mon cœur. Mais quelle vigilance constante il lui fallait.

 

De temps à autre, ma volonté devenait fatiguée et découragée. Mon cœur se sauvait en appelant Jésus.

S'en apercevant, ma volonté s'efforçait davantage d'arrêter mon cœur. Mais elle ratait souvent son coup.

C'est pourquoi il m'a semblé que j'étais continuellement en état de désobéissance.

 

Oh! Quel contraste dans ma vie, quelle guerre sanglante, que d'agonies pour mon pauvre cœur!

Ma souffrance était telle que j'ai cru en mourir.

Si j'avais pu mourir, ç'aurait été un réconfort pour moi. Je vivais les affres de la mort sans mourir.

 

J’avais versé d'abondantes larmes tout le jour et toute la nuit. Et je me trouvais dans mon état habituel.

Mon bienveillant Jésus vint, et moi, obligée par l'obéissance, je lui dis:

«Seigneur, ne viens pas, car l'obéissance ne le permet pas.»

 

Avec compassion et voulant me fortifier,

Jésus fit sur moi un grand signe de croix de sa main créatrice et Il me quitta.

 

Comment décrire le purgatoire dans lequel je me trouvais?

Il ne m'était pas permis de m'élancer vers mon unique Bien, ni même de l' appeler ou de languir après lui!

Ah! Les bienheureuses âmes du purgatoire peuvent au moins l'appeler, s'élancer, crier leur détresse à leur Tout bien-aimé.

Il leur est seulement défendu de le posséder

Tandis que moi, je suis également privée de ces consolations. Je ne fis que pleurer la nuit entière.

 

Ma faible nature n'en pouvant plus, l'adorable Jésus vint. Comme il semblait vouloir me parler, je lui ai aussitôt dit:

«Ma chère Vie, je ne peux pas te parler.

Je t'en prie, ne viens pas, car l'obéissance ne le permet pas. Si tu veux faire connaître ta volonté, va le voir.»

 

Pendant que je parlais, j'aperçus le confesseur. S'approchant de lui, Jésus lui dit:

 

«Cela est impossible pour mes âmes.

Je les maintiens tellement immergées en Moi

-afin que nous ne formions qu'une seule substance

que ça devient impossible de nous distinguer l'un de l'autre!

 

C'est comme lorsque deux substances sont mélangées, elles se transfusent l'une dans l'autre

Si on veut ensuite les séparer, cela est impossible.

De même, c'est impossible de séparer mes âmes de Moi.» Ayant dit cela, Il disparut.

Je suis restée avec ma peine, encore plus grande qu'avant. Mon cœur battait si fort que j'ai senti craquer ma poitrine.

 

Après, je ne saurais expliquer comment, je me suis trouvée hors de mon corps.

Oubliant l'ordre reçu, je me suis promené à travers la voûte des cieux en pleurant, en criant et en cherchant mon doux Jésus.

Tout à coup, je l'aperçus se dirigeant vers moi et se jetant dans mes bras tout brûlant et langoureux. M'étant vite rappelé la consigne reçue, je lui ai dit:

«Seigneur, ne me tente pas ce matin. Ne sais-tu pas que l'obéissance ne veut pas?»

 

Il me répondit: «Le confesseur m'a envoyé; voilà pourquoi je suis venu.»

Je repris: «Ce n'est pas vrai! Serais-tu un démon venant pour me tromper et me faire manquer à l'obéissance?»

 

Il poursuivit: «Je ne suis pas un démon.»

Je dis : «Si tu n'es pas un démon, faisons ensemble le signe de la croix.»

 

Alors, tous deux, nous avons fait le signe de la croix.

Ensuite, j'ajoutai: «Si c'est vrai que le confesseur t'a envoyé, allons ensemble le voir afin qu'il puisse déterminer si tu es Jésus-Christ ou un démon

Alors seulement, je serai convaincue.

 

Nous sommes donc allés voir le confesseur.

Comme Jésus était un enfant, je le déposai dans ses bras en disant:

«Mon père, discernez vous-même: est-ce là mon doux Jésus, ou bien un démon?»

 

Pendant que l'Enfant était dans les bras du père, je lui ai dit:

«Si tu es réellement Jésus, baise la main du confesseur.»

 

J'ai pensé que

-si c'était le Seigneur, il s'abaisserait à baiser la main du confesseur, et que

-si c'était le démon, il refuserait.

 

Jésus baisa non pas la main de l'homme, mais celle du prêtre revêtu d'autorité.

 

Ensuite, le confesseur m'a semblé discuter avec Lui pour voir s'il était bien Jésus.

Voyant que c'était le cas, il me le remit.

 

Malgré cela, mon pauvre cœur ne pouvait savourer les caresses de mon bien- aimé Jésus. Parce que

-je me sentais encore lié par l'obéissance et,

-ainsi, je ne voulais pas l'ouvrir ni même prononcer un seul mot d'amour.

 

Ô sainte obéissance, comme tu es puissante!

 

En ces jours de martyre, je te vois comme la plus puissante guerrière,

-armée de la tête aux pieds, avec des sabres, des dards et des flèches, et

-munie de tous les instruments pour blesser.

 

Et lorsque tu t'aperçois que mon pauvre cœur fatigué et attristé a besoin

-de réconfort,

-de trouver sa Source rafraîchissante, sa Vie, le Centre qui l'attire comme un aimant,

-me regardant de tes mille yeux,

tu m'infliges de tous côtés des blessures cruelles.

Ah! Je t'en prie, aie pitié de moi et ne sois pas si cruelle ! Pendant que j'entretenais ces pensées,

j'entendis la voix de mon adorable Jésus me disant à l'oreille:

 

«L'obéissance était tout pour Moi et Je veux qu'elle soit tout pour toi. C'est l'obéissance qui m'a fait naître et c'est elle qui m'a fait mourir.

Les blessures que Je porte sur mon corps sont toutes des blessures et des marques

que l'obéissance m'a infligées.

Tu as raison de dire qu'elle est comme la plus puissante guerrière, armée de toutes sortes d'armes pour blesser.

 

En fait,

-elle ne m'a pas laissé une seule goutte de mon sang,

-elle a déchiré ma chair en pièces,

-elle a disloqué mes os pendant que mon pauvre Cœur, épuisé et sanglant, cherchait quelqu'un de compatissant pour le consoler.

 

Agissant comme le plus cruel des tyrans, l'obéissance ne fut satisfaite qu'après

-m'avoir sacrifié sur la croix et

-m'avoir vu rendre mon dernier souffle comme victime d'amour.

 

Et pourquoi cela?

Parce que le rôle de cette très puissante guerrière est de sacrifier les âmes.

 

Elle ne s'occupe qu'à faire la guerre féroce contre les âmes

-qui ne se sacrifient pas entièrement.

 

Ça lui est égal qu'une âme souffre ou pas, qu'elle vive ou meure.

Elle vise uniquement à gagner, ne s'occupant de rien d'autre. C'est pourquoi on la nomme "Victoire".

Car elle conduit à toutes les victoires.

Lorsque l'âme semble mourir, c'est alors que commence sa vraie vie. À quelles grandeurs l'obéissance ne m'a-t-elle pas conduit?

Par elle,

-J'ai vaincu la mort,

-J'ai écrasé l'enfer,

-J'ai libéré l'homme de ses chaînes,

-J'ai ouvert le ciel et, comme un roi victorieux,

-J'ai pris possession de mon Royaume, non seulement pour Moi, mais pour tous mes enfants ayant bénéficié de ma Rédemption.

 

Ah! Oui! C’est vrai qu'elle m'a coûté la vie.

Mais le mot "obéissance" résonne comme une douce musique à mon oreille. C'est pourquoi J'aime tellement les âmes obéissantes.»

 

Je reprends maintenant mon récit là où je l'avais laissé. Au bout d'un certain temps, le confesseur est venu.

Après lui avoir transmis les paroles dites plus haut, il a maintenu sa consigne, c'est-à-dire que je dois continuer à agir de la même façon avec Jésus.

 

Je lui ai dit: «Père, permettez-moi au moins de laisser mon cœur libre de dire à Jésus quand Il viendra: "Ne viens pas, car nous ne pouvons pas nous parler."»

 

Le confesseur m'a répondu:

«Fais ce que tu peux pour l'en empêcher. Si tu ne peux pas, laisse-le libre.»

 

Avec cette consigne un peu mitigée, mon cœur s'est remis à vivre. Mais cela ne l'a pas empêché d'être encore torturé de mille façons.

 

En fait, quand dame obéissance voyait

-que mon cœur cessait de battre pendant un certain temps en cherchant son Créateur -dans l'espérance de pouvoir se reposer en lui pour renouveler ses forces,

elle s'abattait sur moi et me blessait de toutes parts avec ses griffes.

 

La simple répétition du triste refrain: «Ne viens pas, car nous ne pouvons pas nous parler» était pour moi le plus cruel des martyres.

Alors que j'étais dans mon état habituel, mon doux Jésus est venu Et je lui ai dit le "triste refrain" en question.

 

Alors, sans plus, Il est parti.

Une autre fois, quand je lui ai dit: «Ne viens pas, car l'obéissance ne le permet pas»,

 

Il m'a dit:

«Ma fille,

que la lumière de ma Passion soit toujours présente à ton esprit.

Car, à la vue de mes très amères souffrances, les tiennes te paraîtront minimes.

 

De plus, en réfléchissant à la cause principale de mes souffrances, qui est le péché,

tes moindres imperfections te paraîtront graves.

 

Par contre, si tu ne fixes pas ton regard sur Moi, la moindre souffrance te deviendra un fardeau.

Et tu considéreras tes fautes graves comme sans importance.»

 

Ensuite, Il disparut.

Après quelque temps, le confesseur est venu et, quand je lui ai demandé si je devais continuer ainsi, il m'a dit:

«Non, tu peux lui dire tout ce que tu veux et le garder auprès de toi aussi longtemps que tu le désires.»

 

Cela m'a libérée en ce sens que je n'avais plus à lutter autant face à la puissante guerrière qu'est l'obéissance.

S'il avait poursuivi encore avec la même consigne,

il serait vite parvenu à me faire mourir physiquement.

 

En réalité, cela aurait été pour moi une grande victoire.

Car je me serais ainsi unie à mon Bien suprême pour de bon et non plus par intervalles comme auparavant.

Inutile de dire que j'en aurais grandement remercié dame obéissance.

Je lui aurais chanté le cantique de l'obéissance, c'est-à-dire le cantique des victoires. Ensuite, en riant, je me serais moquée de sa force !

 

Pendant que j'écrivais ces lignes,

un œil radieux et enchanteur m'est apparu et une voix m'a dit:

 

«Et Moi, Je me serais uni à toi et J'aurais ri avec toi Car ç'aurait également été ma victoire.»

 

Je répliquai: «Ô chère obéissance, après avoir ri ensemble,

je t'aurais laissée à la porte du paradis en te disant "adieu" et non pas "à la prochaine",

afin de ne plus jamais avoir affaire à toi.

De plus, j'aurais pris bien soin de ne pas te laisser entrer.»

 

Ce matin, j'étais tellement abattue et je me trouvais si méchante que j'avais peine à me supporter moi-même. Lorsque Jésus est arrivé, je lui ai parlé de mon misérable état.

 

Il m'a dit:

«Ma fille, ne te décourage pas. C'est ma façon habituelle d'agir:

amener l'âme à la perfection petit à petit et non pas d'un seul coup, de manière à ce qu'elle ait toujours conscience

-qu'il lui manque quelque chose et

-qu'elle ait à faire tous les efforts nécessaires pour obtenir ce qui lui manque. Ainsi, elle me plaît davantage et se sanctifie encore plus.

 

Et moi, attiré par ses actes,

Je me sens obligé de lui accorder de nouvelles faveurs célestes. De plus, un échange totalement divin s'établit entre l'âme et Moi.

 

«Si, à l'opposé, l'âme possédait en elle la plénitude de la perfection,

-c'est-à-dire toutes les vertus, elle n'aurait pas à faire d'efforts.

Et il lui manquerait l'amorce nécessaire

-pour que le feu s'allume entre le Créateur et sa créature.» Que le Seigneur soit à jamais béni!

 

Jésus vint comme à l'accoutumée, mais sous un aspect tout nouveau.

 

On aurait dit qu'un tronc d'arbre, comportant trois racines,

-sortait de son Cœur blessé et

-se penchait pour pénétrer dans le mien,

duquel ressortait de nombreuses branches chargées

-de fleurs, de fruits, de perles

-et de pierres précieuses qui brillaient comme les plus resplendissantes étoiles.

À l'ombre de cet arbre, mon aimable Jésus s'amusait follement. D'autant plus que plusieurs perles tombant de l'arbre formaient une magnifique parure pour sa très sainte Humanité.

 

Il me dit:

 

«Ma très chère fille, les trois racines du tronc d'arbre sont

-la Foi,

-l'Espérance et

-la Charité.

 

Le fait que ce tronc sort de mon Cœur pour pénétrer dans le tien signifie

-que tout le bien que possède une âme vient de Moi, et

-que les créatures ne possèdent rien d'autre que leur néant,

lequel me donne la liberté de pénétrer en elles pour faire ce que Je veux.

 

Cependant, il y a des âmes qui

-s'opposent à Moi et

-choisissent de faire leur propre volonté.

Pour elles, le tronc ne produit ni branches, ni fruits, ni rien de bon.

 

Les branches de cet arbre, avec ses fleurs, ses fruits, ses perles et ses pierres précieuses, sont les différentes vertus qu'une âme possède.

 

Qu'est-ce qui donne vie à un si bel arbre?

Évidemment, ce sont ses racines.

C'est donc dire que la Foi, l'Espérance et la Charité

-englobent tout et

-sont le fondement de l'arbre qui ne peut rien produire sans elles.»

 

J'ai compris que

-les fleurs représentent les vertus,

-les fruits, les souffrances, et que

-les perles et les pierres précieuses représentent les souffrances vécues par pur amour pour Dieu.

Voilà pourquoi ces objets forment une si magnifique parure pour Notre- Seigneur.

 

Assis à l'ombre de cet arbre, Jésus me regardait avec une tendresse toute paternelle

Puis, dans un élan d'amour irrésistible, Il me serra fortement contre lui en disant:

«Comme tu es belle!

Tu es ma colombe, ma demeure bien-aimée, mon temple vivant où je me plais d'habiter avec le Père et le Saint-Esprit.

Ta soif continuelle de Moi me console

des offenses continuelles que je reçois des créatures.

 

Sache que l'amour que j'ai pour toi est si grand que je dois partiellement le cacher

pour que tu ne perdes pas la raison et ne meures pas.

 

En effet, si Je te manifestais complètement mon amour,

-non seulement tu perdrais la raison,

-mais tu ne pourrais plus vivre.

 

Ta faible nature serait consumée par les flammes de cet amour.

 

Pendant qu'il parlait, je me sentais toute confuse et j'avais l'impression d'enfoncer dans l'abîme de mon néant parce que je me voyais remplie d'imperfections.

 

J'ai surtout noté mon ingratitude et ma froideur devant tant de grâces reçues du Seigneur.

 

Mais j'espère

-que tout pourra concourir à sa gloire et à son honneur et

-qu'Il voudra bien, dans un élan de son amour, vaincre ma dureté de cœur.

 

Ce matin, mon adorable Jésus est venu

Comme j'ai eu peur que ce soit le diable, je lui ai dit:

«Laisse-moi faire le signe de la croix sur ton front.» Après l'avoir fait, je me suis sentie rassurée.

Mon Jésus bien-aimé avait l'air fatigué et Il voulait se reposer en moi.

 

À la suite de mes souffrances des derniers jours, j'étais également fatiguée, surtout

-parce que ses visites se faisaient très rares et

-parce que je sentais le besoin de me reposer en lui, moi aussi.

 

Après un bref échange, Il me dit:

«La vie du cœur, c'est l'Amour.

Je suis comme un malade brûlant de fièvre qui cherche un soulagement contre le feu qui le dévore. Ma fièvre, c'est l'Amour.

Où donc puis-je trouver le soulagement approprié contre le feu qui me consume?

Je le trouve dans les souffrances et les labeurs de mes âmes bien-aimées qui les vivent uniquement par Amour pour Moi.

 

Très souvent, J'attends le bon moment pour qu'une âme se tourne vers Moi et me dise:

 

"Seigneur, c'est uniquement par amour pour Toi que j'accepte cette souffrance."

Ah! Oui! Ce sont là les meilleurs soulagements pour Moi. Ils me réjouissent et éteignent le feu qui me consume.»

 

Ensuite, Jésus s'est jeté dans mes bras, tout langoureux, pour se reposer. Pendant qu'Il se reposait, j'ai compris bien des choses au sujet des paroles qu'Il venait de me dire, surtout celles concernant les souffrances vécues par amour pour lui.

 

Oh! Quelle monnaie d'inestimable valeur!

Si tout le monde le savait, il y aurait concurrence entre nous pour souffrir davantage.

Mais je crois que nous sommes tous trop myopes pour reconnaître la valeur de cette monnaie.

 

Ce matin, j'étais un peu bouleversée, surtout à cause de la peur

-que ce ne soit pas Jésus mais un démon, et

-que mon état ne soit pas voulu par Dieu. Mon adorable Jésus est venu et Il m'a dit:

«Ma fille, je ne veux pas que tu perdes ton temps à penser à cela.

Tu te laisses distraire de Moi et ma nourriture provenant de toi vient à manquer.

 

Je veux que tu ne penses qu'à m'aimer et à demeurer totalement abandonnée à moi Car, ainsi, tu pourras m'offrir une nourriture qui m'est très agréable,

-non seulement de temps à autre comme présentement,

-mais continuellement.

 

Ne trouves-tu pas que c'est

-en m'abandonnant ta volonté,

-en m'aimant,

-en devenant une nourriture pour moi, ton Dieu, que tu trouveras ta plus grande satisfaction?»

Ensuite, Il me montra son Cœur contenant trois globes de lumière qui, par la suite, n'en formèrent qu'un.

 

Il poursuivit son exposé:

«Les globes de lumière que tu aperçois dans mon Cœur sont

-la Foi,

-l'Espérance et

-la Charité

que J'ai offertes

-comme cadeaux à l'humanité souffrante pour la rendre heureuse.

Aujourd'hui, Je veux te faire un cadeau spécial.» Pendant qu'Il parlait, de nombreux rayons

-jaillirent des globes de lumière et

-entourèrent mon âme comme d'une espèce de filet.

 

Il poursuivit:

«Voici comment Je désire que tu occupes ton âme.

 

Tout d'abord, envole-toi sur les ailes de la Foi

Et, avec sa lumière, dans laquelle tu te plonges,.

tu pourras connaître et acquérir de plus en plus de connaissances à mon sujet, Moi ton Dieu.

En me connaissant davantage, tu te sentiras anéantie et

ton néant ne trouvera plus d’appui.

 

Alors, élève-toi plus haut et plonge dans la mer immense de l'Espérance, formée

-de tous les mérites que J’ai acquis durant ma vie mortelle, ainsi que

-des douleurs de ma Passion offerts en cadeau à l'humanité.

 

C'est uniquement par ces mérites

que tu peux espérer posséder les biens immenses de la foi. Il n'y a pas d'autre moyen.

Lorsque tu prendras possession de mes mérites comme s'ils étaient tiens, ton "rien"

ne se sentira plus dissous dans le néant, mais

se sentira revivre.

Il sera embelli et enrichi, attirant ainsi sur lui les regards divins.

 

L'âme aura perdu sa timidité.

Et l'espérance lui donnera force et courage

afin qu'elle devienne stable comme un pilier au milieu des intempéries.

C'est-à-dire que les diverses tribulations de la vie ne l'ébranleront aucunement.

 

Par l'espérance, non seulement l'âme plonge-t-elle sans peur

-dans les richesses immenses de la foi Mais elle se les approprie.

Elle va jusqu'à s'approprier Dieu lui-même.

 

Ah! Oui! L’espérance permet à l'âme d'obtenir tout ce qu'elle veut. Elle est la porte du ciel, le seul moyen d'y entrer.

Car "qui espère tout, obtient tout".

 

Et quand l'âme aura réussi à s'approprier Dieu lui-même, elle se trouvera devant l'océan immense de la charité.

 

Emportant avec elle la Foi et l'Espérance,

elle s'y plongera pour ne plus faire qu'un avec son Dieu.»

 

Mon très aimable Jésus ajouta:

«Si la Foi est roi et la Charité, reine,

l'Espérance est la mère médiatrice et pacificatrice.

 

Il pourra y avoir divergences entre la foi et la charité.

Mais l'espérance étant un lien de paix, elle convertit tout en paix. L'espérance est le soutien, le rafraîchissement.

 

Quand l'âme s'élève par la Foi,

elle voit la beauté et la sainteté de Dieu ainsi que l'amour par lequel elle est aimée de lui.

Ainsi, elle est portée à aimer Dieu. Cependant, consciente

-de sa misère,

-du peu de choses qu'elle sait faire et

-de son manque d'amour,

elle se sent mal à l'aise et troublée. Elle ose à peine s'approcher de Dieu.

 

Alors, cette mère médiatrice

-se place entre la Foi et la Charité et

-commence à jouer son rôle de pacificatrice.

 

Elle redonne la paix à l'âme. Elle la pousse à se relever.

Elle lui donne des forces nouvelles et la conduit devant le "Roi Foi" et la "Reine Charité."

Elle leur présente des excuses au nom de l'âme.

Elle lui donne une nouvelle effusion de mérites et les supplie de la recevoir.

 

Alors la foi et la charité,

-les yeux fixés sur cette mère médiatrice si tendre et compatissante, accueillent l'âme

Et, ainsi, Dieu trouve en elle ses délices. Pareillement, l'âme trouve ses délices en Dieu.»

 

Ô sainte espérance, comme tu es admirable!

Une âme remplie de toi est semblable à un noble voyageur en marche pour aller prendre possession d'une terre qui sera toute sa fortune.

 

Comme il est inconnu et qu'il traverse des terres qui ne lui appartiennent pas,

-certains se moquent de lui,

-d'autres l'insultent,

-certains lui arrachent ses vêtements,

-d'autres vont jusqu'à le battre et même à le menacer de mort.

 

Que fait le noble voyageur au milieu de toutes ces contrariétés? En est-il troublé? Pas du tout!

Au contraire, il se moque de ceux qui lui font toutes ces difficultés.

Car il est convaincu que plus il souffrira, plus il sera honoré et glorifié lorsqu'il prendra possession de sa terre.

Il incite même les gens à le tourmenter davantage.

 

Il reste toujours calme et jouit d'une paix quasi parfaite. Au milieu des insultes,

-il reste tellement calme qu'il dort dans le sein de son Dieu tant désiré,

-alors que d'autres autour de lui demeurent éveillés.

 

Qu'est-ce qui donne une telle paix et une telle fermeté à ce voyageur?

C'est l'espérance des biens éternels.

Comme ils lui appartiennent de droit, il est prêt à tout pour les posséder. En songeant qu'ils seront à lui, il les aime de plus en plus.

C'est ainsi que l'espérance conduit à l'amour.

 

Comment décrire tout ce que mon bien-aimé Jésus me montra? Je préférerais ne rien dire.

Mais je constate que dame obéissance,

-au lieu de se montrer amicale,

-prend l'allure guerrière et

-s'empare de ses armes pour me faire la guerre et me blesser.

 

Oh! Je t'en prie, ne prends pas si vite les armes, rentre tes griffes, calme-toi. Car je vais t'obéir de mon mieux afin que nous restions amies.

Quand une âme est plongée dans l'immense mer de la Charité,

-elle connaît d'ineffables délices et

-elle savoure des joies indicibles. Tout devient amour en elle:

-ses soupirs,

-ses battements de cœurs et

-ses pensées

sont autant de voix mélodieuses qu'elle fait résonner aux oreilles de son Dieu qu'elle aime tant.

 

Ces voix sont remplies d'amour et appellent Dieu.

Et Lui, attiré et blessé par elles, réplique par ses propres soupirs et battements de cœur ainsi que par tout son Être divin, appelant continuellement l'âme à Lui.

 

Qui pourrait dire à quel point l'âme est blessée par ces appels divins? Elle se met à délirer comme sous l'effet d'une forte fièvre

Elle court, presque folle, et va se plonger dans le Cœur de son Bien-Aimé afin d'y trouver un rafraîchissement.

 

Elle boit à torrents les délices divines.

Enivrée d'amour, elle compose des cantiques d'amour pour son très doux Époux.

Comment dire tout ce qui se passe entre l'âme et Dieu? Comment parler de cette charité qui est Dieu lui-même?

 

Je vois une Lumière immense et mon esprit en demeure stupéfait. Je me fixe tantôt sur un point, tantôt sur un autre

Alors que j'essaie de décrire ce que je vois, je ne fais que balbutier.

 

Ne sachant que faire, je garde le silence pour l'instant . Je crois que dame obéissance me pardonnera.

Car, si elle se fâchait contre moi, elle n'aurait pas raison cette fois.

Elle aurait tous les torts, puisqu'elle ne m'a pas donné une plus grande facilité d'expression. Avez-vous compris, très révérende dame obéissance?

Gardons la paix sans argumenter davantage!

 

Mais qui l'aurait cru?

Même si c'est elle qui a tort et que j'ai de la difficulté à m'exprimer,

dame obéissance a pris la mouche et s'est mise à agir comme un cruel tyran, allant jusqu'à m'empêcher de voir mon aimable Bien, ma seule et unique

Consolation.

 

Comme on peut le voir, cette dame agit parfois comme une petite fille. Lorsqu'elle veut quelque chose et qu'elle ne l'obtient pas en demandant poliment,

elle remplit alors la maison de ses cris et de ses pleurs jusqu'à ce qu'on acquiesce à sa demande.

 

Bravo! Je ne croyais pas que tu étais comme ça ! Même si je bafouille, tu veux que j'écrive sur la charité. Ô mon Dieu, toi seul peux la rendre plus raisonnable. Car c'est évident que ça ne peut continuer comme ça!

 

Je t'en prie, obéissance, redonne-moi mon doux Jésus Ne me prive plus de la vision de mon plus grand Bien.

Je te promets que, même en bafouillant, j'écrirai comme tu le veux. Je te demande seulement la grâce de me laisser me reposer pendant quelques jours.

 

Car mon esprit est trop petit

Il ne peut plus supporter d'être immergé dans ce vaste océan qu'est la charité divine. Surtout parce que j'y vois plus clairement mes misères et ma laideur. Et en voyant l'amour de Dieu pour moi, j'ai l'impression de perdre la raison.

Je sens que ma faible nature va s'écrouler, n'en pouvant plus. D'ici là, je vais m'occuper à faire d'autres écrits.

Ceci dit, je poursuis avec mes pauvres écrits.

 

Mon esprit étant occupé à faire ce que j'ai déjà mentionné, je me disais:

«À quoi serviront ces écrits si je ne les mets pas en pratique moi-même? Ils serviront à ma condamnation!»

 

Pendant que je réfléchissais ainsi, Jésus est venu et Il m'a dit:

«Ces écrits serviront à faire connaître Celui qui te parle et t'habite.

Et s'ils ne te servent pas à toi, ma lumière éclairera ceux qui les liront.»

 

Je ne saurais dire combien je fus mortifiée à la pensée

-que ceux qui liraient ces écrits pourraient bénéficier des grâces qui y sont attachées,

-et non pas moi qui les reçois et les mets sur papier!

 

Ces écrits ne vont-ils pas me condamner?

À la seule pensée qu'ils vont tomber entre les mains d'autres personnes, mon cœur est accablé de douleur.

Dans ma profonde affliction, je me disais:

«Quelle est la raison d'être de mon état si ma condamnation doit en résulter?»

Alors mon très aimable Jésus revint et Il me dit:

«Ma vie fut nécessaire pour le salut du monde.

Comme je ne peux plus vivre sur la terre, je choisis qui Je veux pour m'y remplacer,

afin que la Rédemption se poursuive. Voilà la raison d'être de ton état.»

 

Par les paroles que mon doux Jésus m'a dites hier, j'ai senti un clou transpercer mon cœur. Toujours aussi bienveillant envers la misérable pécheresse que je suis,

Il est venu et m'a dit avec compassion:

«Ma fille, je ne veux plus que tu t'affliges ainsi.

Sache que tout ce que Je te fais écrire n'est rien d'autre qu'un reflet

-de toi-même et

-de la perfection à laquelle J'ai conduit ton âme.»

 

Ah! Mon Dieu!

Quelle répugnance j'éprouve à écrire ces mots, puisqu'ils ne me paraissent pas véridiques. Je ne comprends pas encore ce que signifient la vertu et la perfection.

Mais l'obéissance veut que j'écrive.

Et il vaut mieux pour moi ne pas résister afin de ne pas être aux prises avec elle.

Cela d'autant plus qu'elle a un visage à deux faces ...

 

Si je fais ce qu'elle dit, elle se montre comme une dame et me caresse comme l'amie la plus fidèle, me promettant tous les biens du ciel et de la terre.

 

Si, par contre, elle détecte l'ombre d'une difficulté dans sa relation avec moi, alors, sans crier gare,

elle se transforme en guerrière munie de toutes les armes pour blesser et détruire.

 

Ô mon Jésus, quel genre de vertu est l'obéissance pour que sa seule pensée nous fasse trembler!

 

J'ai dit à Jésus:

«Mon bon Jésus, à quoi bon m'accorder tant de grâces si elles remplissent d'amertume toute ma vie, surtout à cause des heures durant lesquelles je suis privée de ta présence? Le simple fait de savoir qui tu es et de qui je suis privée est pour moi un martyre.

Tes grâces ne servent qu'à me faire vivre dans l'amertume continuelle.»

Jésus me répondit:

«Quand une personne a savouré la douceur d'un mets sucré et qu'elle est ensuite forcée de prendre un mets amer, elle doit doubler son désir de sucré afin d'oublier l'amer.

Il est bon qu'il en soit ainsi

Car, si elle goûtait toujours au sucré sans jamais goûter à l'amer, elle n'apprécierait pas autant le sucré.

 

Si, d'autre part, elle mangeait toujours des mets amers, sans jamais avoir goûté au sucré, elle ne pourrait pas désirer les mets sucrés, puisqu'elle ne les connaîtrait pas.

Ainsi, les deux sont utiles.»

 

Je repris: «Mon Jésus, si patient avec mon âme misérable et ingrate, pardonne-moi.

J'ai l'impression que, cette fois, j'ai été trop curieuse.»

 

Il continua: «Ne sois pas si perturbée.

C'est Moi qui soulève des difficultés dans ton for intérieur afin d'avoir l'occasion de converser avec toi et de t'instruire.»

 

Intérieurement, je me disais:

«Si ces écrits tombaient entre les mains d'une personne, elle pourrait dire: "Elle doit être une bonne chrétienne puisque le Seigneur lui accorde tant de grâces," ignorant que, en dépit de tout, je suis encore si mauvaise.

 

Voilà comment les gens peuvent se leurrer,

-autant sur ce qui est bien que sur ce qui est mal.

Ah! Seigneur! Toi seul connais la vérité et le fond des cœurs!»

 

Pendant que j'entretenais ces pensées, mon Jésus vint et Il me dit:

«Ma bien-aimée, et si les gens savaient que tu es mon défenseur et le leur!» Je lui répondis: «Mon Jésus, que dis-tu?»

 

Il reprit: «N'est-il pas vrai

que tu me défends contre les souffrances qu'ils m'infligent

-en te plaçant entre eux et moi, que tu prends sur toi les coups

-qu'on veut m'asséner ainsi que

-ceux que Je devrais faire tomber sur eux?

 

Et si, parfois, tu n'absorbes pas les coups à ma place, c'est que Je ne le permets pas,

-et cela à ton plus grand regret et accompagné de tes plaintes auprès de moi. Pourrais-tu nier cela?»

 

«Non, Seigneur, répondis-je, je ne peux nier cela

Mais je reconnais que c'est quelque chose que tu as toi-même infusé en moi. Voilà pourquoi je dis que si j'agis ainsi, ce n'est pas parce que je suis bonne. Voilà aussi pourquoi je me sens si confuse quand je t'entends dire de telles choses.»

 

Ce matin, mon adorable Jésus est venu et m'a transportée hors de mon corps mais, à mon grand regret, je ne le voyais que de dos. Malgré mes supplications de me laisser voir sa sainte face, rien ne changeait.

Je me disais: «Serait-ce à cause de mes manques d'obéissance à écrire qu'il ne veut pas me montrer sa face adorable?»

 

Je pleurais. Après m'avoir laissée pleurer un bout de temps, il s'est retourné

et m'a dit:

«Je ne tiens pas compte de tes refus car ta volonté est tellement unie à la mienne que tu ne peux vouloir que ce que je veux.

Ainsi, malgré tes répugnances, tu te sens attirée comme par un aimant à faire ce qui t'est demandé. Tes répugnances ne servent qu'à rendre ta vertu d'obéissance plus belle et lumineuse. C'est pourquoi j'ignore tes refus.»

 

Ensuite, j'ai contemplé son très beau visage et j'ai ressenti un contentement indescriptible. Je lui ai dit: «Mon très doux Amour, si c'est pour moi un tel délice de te voir, comment cela pouvait-il être pour notre Reine Mère lorsqu'elle te portait dans son sein très pur?

Quels contentements, que de grâces ne lui as-tu pas accordés?»

 

Il répondit:

«Ma fille,

les délices et les grâces déversées en elles étaient si grandes et si nombreuses que ce que je suis par nature, ma Mère l'est devenue par grâce. Puisqu'elle était sans péché, ma grâce régnait librement en elle.

Il n'y a rien de mon Être que je ne lui aie communiqué.»

 

À cet instant, j'ai cru voir notre Reine Mère comme un autre Dieu, mais à une différence près: pour Dieu, la divinité est par nature alors que,

pour Marie très sainte, tout lui fut accordé par grâce.

J'étais stupéfaite! Je dis à Jésus:

«Mon cher Bien,

notre Mère a pu recevoir tant de dons

-parce que tu te laissais voir intuitivement par elle. J'aimerais savoir comment tu te manifestes à moi. Est-ce par vision abstraite ou par vision intuitive?

Qui sait, ce n'est peut-être même pas par vision abstraite!»

 

Jésus me répondit:

 

«J'aimerais te faire comprendre la différence entre les deux.

 

Par la vision abstraite, l'âme contemple Dieu

alors que, par la vision intuitive, l'âme entre en Dieu et participe à l'Être divin.

 

Combien de fois n'as-tu pas participé à mon Être?

Ces souffrances, qui semblent presque naturelles chez toi, cette pureté qui te permet d'en arriver à ne plus sentir ton corps, et bien d'autres choses!

Ne t'ai-je pas communiqué ces choses en t'attirant à moi intuitivement?»

 

Je m'exclamai:

«Ah! Seigneur, c'est tellement vrai!

Et moi, combien peu de gratitude je t'ai exprimée pour tout cela? Combien peu j'ai correspondu à tant de grâces?

Je rougis rien que d'y penser!

Je t'en prie, pardonne-moi et fais que le ciel et la terre sachent que je suis l' objet de ton infinie miséricorde!»

 

J’ai vécu l'enfer pendant plus d'une heure.

En effet, pendant que je regardais une image de l'Enfant Jésus, une pensée, rapide comme l'éclair, disait à l'enfant:

«Comme tu es laid!» Je me suis efforcée

-d'ignorer cette pensée et

-de ne pas me laisser troubler par elle afin d'éviter le piège du démon.

 

Malgré mes efforts, cet éclair diabolique pénétra dans mon cœur. Et il me semblait que je haïssais Jésus.

Oh! Oui! Je me sentais comme si j'étais en enfer avec les damnés. Je sentais en moi l'amour transformé en haine!

Ô mon Dieu, quelle souffrance que de se sentir incapable de t'aimer! J'ai dit à Jésus:

«Seigneur, c'est vrai que je ne suis pas digne de t'aimer, mais accepte au moins cette souffrance

que j'éprouve présentement: vouloir t'aimer sans le pouvoir.»

 

Après avoir passé plus d'une heure dans cet enfer, j'en suis sortie grâce à Dieu.

Comment exprimer à quel point mon pauvre cœur était affligé et affaibli par cette guerre entre la haine et l'amour?

J'étais exténuée, presque sans vie.

 

Ensuite, je suis revenue à mon état habituel, mais accablée par ce profond épuisement!

 

Mon cœur et toutes mes puissances intérieures qui, habituellement,

recherchent leur unique Bien avec une ardeur indescriptible et

ne s'arrêtent que lorsqu'ils l'ont trouvé,

puis se reposent et le savourent avec le contentement le plus exquis, cette fois, étaient inertes.

 

Ô mon Dieu, quel coup cruel pour mon cœur!

 

Ensuite, mon bienveillant Jésus est venu et sa présence consolante m'a aussitôt fait oublier que j'avais visité l'enfer,

à tel point que je n'ai même pas demandé pardon à Jésus.

 

Mes puissances intérieures, si profondément humiliées et fatiguées, se reposaient maintenant en lui.

Tout était silencieux.

Il n'y avait que l'échange de quelques regards d'amour qui blessaient nos deux cœurs.

 

Après avoir gardé un profond silence durant quelque temps, Jésus me dit:

«Ma fille, j'ai faim. Donne-moi quelque chose.»

 

Je répondis: «Je n'ai rien à te donner.»

Mais, à cet instant même, j'aperçus un pain et le lui donnai. Il le dégusta avec beaucoup de plaisir.

 

Dans mon for intérieur, je me disais:

«Ça fait quelques jours qu'il ne m'a pas parlé.»

 

Comme s'il voulait répondre à ma pensée, Il me dit:

«Parfois, l'époux est heureux d'échanger avec son épouse

pour lui confier ses secrets les plus intimes.

D'autres fois, il aime encore mieux se délecter

en se reposant pendant que chacun contemple la beauté de l'autre.

 

Cela est nécessaire.

Car, après s'être reposés et avoir goûté la beauté l'un de l'autre, ils s'aiment davantage et se remettent au travail

-avec plus de force pour négocier et défendre leurs intérêts. C'est ce que je fais avec toi. N'es-tu pas heureuse?»

 

Le souvenir de l'heure passée en enfer m'a traversé l'esprit et je lui ai dit:

«Seigneur, pardonne-moi mes nombreuses offenses à ton égard.»

 

Il répondit:

«Ne t'afflige pas, ne sois pas perturbée.

C'est moi qui conduis l'âme dans l'abîme profond afin de pouvoir la conduire au ciel plus rapidement.»

 

Ensuite, il m'a fait comprendre que ce pain que j'avais trouvé, c'était la patience avec laquelle j'avais supporté cette heure de lutte sanglante.

 

Ainsi donc, la patience déployée, l'humiliation subie et l'offrande à Dieu de nos souffrances pendant la tentation sont un pain nourrissant pour Jésus qu'il accepte avec grand plaisir.

 

Ce matin, mon adorable Jésus s'est manifesté en silence. Il avait l'air très affligé.

Une épaisse couronne d'épines était enfoncée sur sa tête.

Mes puissances intérieures étaient silencieuses et je n'ai pas osé dire un mot. Voyant que sa tête le faisait beaucoup souffrir, très délicatement,

je lui ai enlevé sa couronne.

 

Ah! Quels spasmes douloureux le secouèrent!

Ses plaies se sont rouvertes et le sang coulait abondamment.

C'était à fendre l'âme. J'ai placé la couronne sur ma tête et lui-même m'a aidé à l'enfoncer profondément. Tout cela se passait en silence.

 

Quelle ne fut pas ma surprise quand,

-au bout d'un moment,

j'ai vu que les créatures, par leurs offenses, remettaient une autre couronne sur sa tête!

 

Ô humaine perfidie! ô incomparable patience de Jésus!

Il ne disait rien, évitant presque de regarder qui étaient ses offenseurs. Encore une fois, je la lui retirai et, remplie d'une tendre compassion, je lui dis:

 

Mon cher Bien, ma douce Vie, raconte-moi un peu,

pourquoi ne me dis-tu rien? Tu n'as pas l'habitude de me cacher tes secrets! Oh! Je t'en prie! Parlons un peu ensemble

Ainsi, nous pourrons exprimer la tristesse et l'amour qui nous oppressent. »

 

Il me répondit:

«Ma fille,

tu soulages beaucoup mes peines. Mais sache que si je ne te dis rien, c'est parce que tu m'obliges toujours à ne pas châtier mes créatures. Tu veux t'opposer à ma Justice.

Et, si je ne fais pas ce que tu demandes, tu en es déçue.

Et Je souffre encore plus de ne pas t'avoir donné satisfaction.

Alors, pour éviter tout mécontentement de part et d'autre, Je me tais.»

 

Je lui dis:

«Mon bon Jésus, aurais-tu oublié que tu souffres davantage après avoir exercé ta Justice?

C'est lorsque je Te vois souffrir dans tes créatures que je suis

-davantage en alerte et

-portée à te prier de ne pas les châtier.

 

Et quand je vois ces mêmes créatures se tourner contre toi

-comme des vipères venimeuses prêtes à te tuer

parce qu'elles se voient en train de subir tes châtiments,

-ce qui d'ailleurs provoque encore plus ta Justice, alors je n'ai pas l'âme à dire "Fiat Voluntas Tua."»

 

Il reprit:

«Ma justice n'en peut plus. Je me sens blessé par tous:

-par les prêtres, les personnes dévotes et les laïcs,

surtout à cause des abus des sacrements.

 

Certains n'y accordent aucune importance et les méprisent même. D'autres les reçoivent simplement pour en faire un sujet de conversation ou pour leur bon plaisir.

 

Ah! Comme mon cœur est torturé quand Je vois les sacrements

-perçus comme des images en couleur ou comme des statues de pierre qui, de loin, semblent vivantes et animées mais

qui, de près, provoquent la désillusion.

 

On les touche et on ne trouve que

-du bois, du papier, de la pierre,

-en somme des objets inanimés.

 

Pour une bonne part, voilà comment les sacrements sont perçus: des bricoles n'ayant que des apparences.

 

Et que dire de ceux qui se trouvent

-plus souillés que purs après les avoir reçus? Que dire aussi de l'esprit mercantile

qui règne parmi ceux qui les administrent?

 

C'est triste à en pleurer!

Ils sont prêts à tout pour de misérables sous, au point de perdre leur dignité.

 

Et là où il n'y a rien à gagner, ils n'ont ni mains ni pieds pour bouger un tant soit peu.

 

Cet esprit mercantile habite tellement leur âme qu'il déborde à l'extérieur

-à tel point que les laïcs eux-mêmes en sentent la puanteur.

Ils en sont scandalisés et en arrivent à ne plus croire à leurs paroles.

 

Ah! Personne ne m'épargne!

Il y en a qui m'offensent directement et d'autres qui,

-disposant de moyens pour empêcher beaucoup de mal, ne s'en donnent pas la peine.

 

Je ne sais vers qui me tourner!

Je vais les châtier de façon à les rendre impuissants ou même à les détruire complètement.

Des églises resteront désertes.

Car il n'y aura personne pour y administrer les sacrements.»

 

Remplie de crainte, je l'interrompis en disant:

«Seigneur, que dis-tu?

Si certains abusent des sacrements,

il y a aussi plusieurs bonnes personnes qui les reçoivent dans de bonnes dispositions et qui souffriraient beaucoup si elles ne pouvaient les recevoir.»

 

Il reprit:

«Leur nombre est trop restreint!

Et puis, leurs souffrances d'être privées des sacrements

-servira de réparation envers Moi et

-en feront des victimes de réparation pour ceux qui en abusent.»

 

Qui pourrait dire combien je fus tourmentée par ces paroles de mon bien-aimé Jésus. J'espère que, grâce à son infinie miséricorde, Il va s'apaiser.


 

Ce matin, mon très patient Jésus s'est une fois de plus montré affligé.

Je n'osais pas lui dire un mot de peur qu'Il reprenne son discours plaintif au sujet des prêtres.

 

C'est que l'obéissance veut que j'écrive tout, même les choses qui touchent l'exercice de la charité envers le prochain.

C'est si pénible pour moi que j'ose discuter avec cette dame, même si elle peut à tout instant se transformer

en une très puissante guerrière tout équipée pour me terrasser.

 

J'étais tellement tendue que je ne savais que faire.

Il me semblait impossible d'écrire sur la charité envers le prochain à la suite des lumières que Jésus m'avait données.

Je sentais mon cœur dardé de mille aiguillons.

Ma langue collait à mon palais et le courage me manquait.

 

Alors j'ai dit: «Chère dame obéissance, vous savez combien je vous aime . Et, à cause de cet amour, je vous donnerais volontiers ma vie.

Mais je sais que je ne peux le faire. Voyez à quel point mon âme est torturée.

 

Oh! Je vous en prie, ne soyez pas si impitoyable envers moi.

S'il vous plaît, discutons ensemble de ce qu'il serait le plus approprié de dire.»

 

Alors son courroux s'est un peu apaisé et elle m'a dicté ce qui était essentiel, résumant en peu de mots les différentes choses qu'il fallait dire.

 

À certains moments, cependant, elle voulait être plus explicite et je lui disais:

«Il suffit qu'ils comprennent le sens en réfléchissant.

N'est-il pas préférable de tout dire en un mot plutôt qu'en plusieurs?»

 

Parfois, elle cédait et, parfois, c'était moi qui cédais.

Au total, j'ai l'impression que nous avons bien travaillé ensemble.

 

Mais de quelle patience il faut user avec cette sainte obéissance. Elle est une vraie dame.

Car il suffit de lui concéder le droit de diriger pour qu'elle se transforme en un doux agneau,

se sacrifiant au travail et

permettant à l'âme de se reposer dans le Seigneur pendant qu'elle la protège de son œil vigilant

-pour que personne ne la moleste ou interrompe son sommeil.

Et, pendant que l'âme sommeille, que fait cette noble dame?

À la sueur de son front, elle s'empresse de compléter le travail, ce qui est stupéfiant et incite à l'aimer.

 

Pendant que j'écris ces mots, j'entends dans mon for intérieur une voix disant:

«Mais, qu'est donc l'obéissance?

Que comporte-t-elle? De quoi se nourrit-elle?»

 

Puis Jésus me fait entendre sa voix mélodieuse en disant:

«Veux-tu savoir ce qu'est l'obéissance?

C'est la quintessence de l'amour.

Elle est le plus grand, le plus pur, le plus parfait amour découlant du plus douloureux sacrifice..

Elle invite l'âme à s'anéantir afin de vivre de nouveau en Dieu.

 

Étant très noble et divine, l'obéissance ne tolère rien d'humain dans l'âme.

Toute son attention vise à détruire

-ce qui n'est pas noble et divin dans l'âme,

-c'est-à-dire l'amour de soi.

 

Une fois que cela est accompli,

elle travaille seule pendant qu'elle laisse l'âme se reposer en paix.

L'obéissance, c'est Moi-même

 

Qui pourrait dire combien j'étais étonnée et ravie d'entendre ces paroles de mon bien-aimé Jésus.

Ô sainte Obéissance, comme tu es incompréhensible! Je me prosterne à tes pieds et je t'adore.

Je te prie d'être

-mon guide,

-mon maître et

-ma lumière

sur le chemin ardu de la vie,

-pour que je puisse atteindre avec certitude le port éternel.

 

Je m'arrête ici en m'efforçant de ne plus penser à cette vertu Car, autrement, je ne pourrai cesser d'en parler.

 

La lumière que je reçois la concernant est telle que je pourrais écrire sans fin à son sujet. Mais autre chose m'appelle. Je reprends donc où j'en étais.

 

J'ai donc vu mon doux Jésus affligé .

Me souvenant que l'obéissance m'avait dit

-de prier de tout mon cœur pour une certaine personne, je l'ai recommandée au Seigneur.

Par la suite, Jésus m'a dit:

«Ma fille, puissent toutes ses œuvres ne briller que par ses vertus.

Je lui recommande surtout de ne pas se mêler de choses d'intérêt familial. S'il possède des biens, qu'il les donne.

Il devrait laisser faire les choses par ceux à qui elles reviennent sans s'embourber dans les choses de la terre.

 

Autrement, il fera face aux problèmes des autres.

Ayant voulu s'en mêler, tout leur poids tombera sur ses épaules.

 

«À cause de ma miséricorde, J'ai permis

-qu'ils ne deviennent pas plus prospères et, au contraire, plus pauvres, afin de leur apprendre

-qu'il est inconvenant qu'un prêtre se mêle des choses terrestres.

 

D'autre part, et ceci est de ma bouche,

-tant qu'ils ne toucheront pas aux choses terrestres,

les ministres de mon sanctuaire ne manqueront jamais de leur pain quotidien.

 

Quant à ceux-là, si je leur avais permis de s'enrichir,

-ils auraient souillé leur cœur et

-ils n'auraient eu d'égards ni pour Dieu ni pour leurs obligations.

 

Étant maintenant perturbés et fatigués de leur état,

-ils voudraient en secouer le joug, mais

-ils ne le peuvent pas.

C'est là leur punition pour s'être mêlés de choses qui n'étaient pas de leur ressort.»

 

Ensuite, j'ai recommandé à Jésus une personne malade.

Alors Jésus m'a montré les plaies que cette personne lui avait infligées. Je l'ai supplié de me laisser réparer pour elle.

Et il m'a semblé que les plaies de Jésus guérissaient.

 

Ensuite, rempli de bienveillance, Il m'a dit:

«Ma fille, aujourd'hui tu as rempli l'office d'un habile médecin. Car tu as non seulement tenté

-d'appliquer un baume sur les plaies que ce malade m'a infligées, mais

-aussi de les guérir.

Ainsi, Je me sens soulagé et apaisé.» J'ai compris qu'en priant pour un malade,

on remplit le rôle de médecin pour Notre-Seigneur

-qui souffre dans ces êtres créés à son image.

 

Ce matin, mon doux Jésus ne venait pas et j'ai dû l'attendre patiemment. Je lui disais intérieurement:

«Mon cher Jésus, viens, ne me fais pas attendre plus longtemps!

Je ne t'ai pas vu hier soir et, maintenant, il se fait tard et tu n'arrives toujours pas! Vois avec quelle patience je t'attends.

Oh! Je t'en prie, n'attends pas que je perde patience Car c'est toi qui en sera responsable.

Viens. Je n'en peux plus!

 

Pendant que j'entretenais ces pensées et d'autres aussi sottes, mon unique Bien vint.

Mais, à mon grand désarroi,

-Il semblait presque indigné à cause des créatures. Je lui dis immédiatement:

«Mon bon Jésus, je te supplie de faire la paix avec tes créatures.»

 

Il me répondit:

«Fille, je ne le peux pas.

Je suis comme un roi qui voudrait entrer dans une maison remplie de détritus et de pourriture.

En tant que roi, il a le droit d'entrer et personne ne peut l'en empêcher.

Il pourrait nettoyer cette maison de ses propres mains - ce dont il a le désir - Mais il ne le fait pas

Parce que cette besogne n'est pas digne de son statut de roi. Tant que la maison ne sera pas nettoyée par quelqu'un d'autre, il ne pourra entrer.

 

Il en va ainsi pour Moi.

Je suis un roi qui peut et qui veut entrer dans les cœurs Mais il me faut au préalable la volonté des créatures.

Elles doivent faire disparaître la pourriture de leurs péchés avant que je puisse entrer et faire la paix avec elles.

 

Il n'est pas digne pour ma royauté de faire cette besogne moi-même. Si elles ne le font pas, je leur enverrai même des châtiments:

le feu des tribulations les inondera de tous côtés afin qu'elles se souviennent que Dieu existe et

qu'il est même le seul qui puisse les aider et les libérer.»

 

L'interrompant, je lui dis:

«Seigneur, si tu te proposes d'envoyer des châtiments,

-je veux te rejoindre là-haut,

-je ne veux plus rester sur cette terre.

 

Comment mon pauvre cœur pourrait-il tenir le coup en voyant souffrir tes créatures?»

 

D'un ton conciliant, Il me répondit:

«Si tu me rejoins là-haut, où sera ma résidence sur la terre? Pour le moment, songeons à rester ensemble ici-bas

Car nous aurons beaucoup de temps ensemble au ciel: toute l'éternité. Et puis, as-tu oublié ta mission?

La mission d'être ma mère sur la terre?

Pendant que Je châtierai les créatures, Je viendrai me réfugier en toi.» Je repris: «Ah! Seigneur!

À quoi donc aura servi mon état de victime depuis tant d'années? Quels bienfaits les gens en auront-ils tirés?

Tu as pourtant bien dit que c'était pour que ton peuple soit épargné?

De surcroît, tu me montres ni plus ni moins qu'au lieu d'être déjà arrivés, ces châtiments arriveront plus tard.»

 

Jésus poursuivit:

«Ma fille, ne dis pas cela. J'ai été indulgent à cause de toi et les terribles châtiments prévus pour faire rage très longtemps seront écourtés.

N'est-ce pas une bonne chose que les châtiments qui devraient se prolonger pendant beaucoup d'années ne durent que quelques années?

 

«De plus, au cours des dernières années, avec les guerres et les morts subites, les gens n'auraient normalement pas eu le temps de se convertir. Mais ils l'ont fait et ont été sauvés.

N'est-ce pas là un grand bien?

Pour l'instant, il n'est pas nécessaire que Je te fasse connaître les raisons de ton état, pour toi et pour le peuple

Mais Je le ferai quand tu seras au ciel.

Au jour du jugement, Je manifesterai ces raisons à toutes les nations. Ne me parle donc plus ainsi.»

 

Ce matin, je me sentais quelque peu troublée et complètement anéantie. J'avais l'impression que le Seigneur voulait m'éloigner de lui.

Quelle souffrance!

Pendant que j'étais dans cet état, mon bienaimé Jésus vint, tenant une petite

corde à la main. Il en frappa mon cœur trois fois en disant: «Paix, paix, paix!

 

Ne sais-tu pas que

le royaume de l'Espérance est un royaume de Paix et que

la Justice est son éthique?

 

Quand tu vois ma Justice s'armer contre les gens,

-entre dans le royaume de l'Espérance et,

-t'emparant de ses plus puissantes prérogatives, monte vers mon trône et

-fais tout ce que tu peux pour désarmer mon bras.

 

Fais cela

-avec ta voix la plus éloquente, la plus tendre et la plus compatissante,

-avec les arguments les plus convaincants et les prières les plus ardentes que l'Espérance elle-même te dictera.

 

Mais quand tu verras

-que l'espérance défend certains droits de Justice absolument indispensables et que tenter de t'y opposer serait un affront pour elle,

-alors ajuste-toi et soumets-toi à la Justice.»

 

Terrifiée plus que jamais d'avoir à me soumettre à la Justice, je dis à Jésus:

«Ah! Seigneur, comment puis-je faire cela? Ça me paraît impossible!

La seule pensée que tu dois châtier tes créatures m'est intolérable Car elles sont tes images.

Si, au moins, elles ne t’appartenaient pas.

 

Ce qui me torture le plus, c'est de te voir les châtier toi-même. Car ces châtiments s'effectuent sur tes propres membres.

Ainsi, tu en souffres beaucoup toi-même.

 

Dis-moi, mon seul et unique Bien, comment mon pauvre cœur pourra-t-il te voir ainsi souffrir, frappé par toi-même?

 

Si les créatures te font souffrir, ce ne sont que des créatures Et, de ce fait, c'est un peu plus tolérable.

 

Mais quand tes souffrances proviennent de toi-même, je trouve cela trop difficile et je ne peux le prendre.

Par conséquent, je ne peux me conformer ni me soumettre.» Rempli de pitié et très touché par mes paroles,

Jésus prit un air affligé et bienveillant et Il me dit:

«Ma fille, tu as raison de dire que Je serai frappé dans mes propres membres. En t'écoutant parler, Je me sens rempli de compassion et de miséricorde.

Et mon cœur déborde de tendresse.

 

Mais, crois-Moi, les châtiments sont nécessaires

Et si tu ne veux pas que Je frappe un peu les créatures maintenant, plus tard tu me verras les frapper beaucoup plus fortement

Car elles vont m'offenser encore plus.

N'en seras-tu pas alors beaucoup plus affligée?

 

Par conséquent, conforme-toi, sans quoi

-tu m'obligeras à ne plus rien te dire pour ne pas te voir souffrir et

-tu me priveras de la consolation de converser avec toi. Ah! Oui! Tu me réduiras au silence,

sans personne à qui confier mes souffrances!»

 

Quelle amertume j'ai ressentie en entendant ces paroles! Voulant me distraire de mon affliction,

Jésus poursuivit son exposé sur l' Espérance en me disant:

 

«Ma fille, ne sois pas troublée. L'espérance est Paix.

Et comme Je demeure parfaitement en paix lorsque J'exerce ma Justice, tu dois aussi demeurer en paix en te plongeant dans l'Espérance.

 

L'âme remplie d'Espérance qui s'attriste et se trouble, ressemble à une personne qui, malgré

-qu'elle soit riche à millions et

-qu'elle soit reine de plusieurs royaumes, se lamente sans cesse en disant:

 

"De quoi vais-je vivre? De quoi vais-je me vêtir?

Ah! Je meurs de faim! Je suis si malheureuse!

Je deviens de plus en plus pauvre et misérable et je vais en mourir!"

 

Supposons de plus

que cette personne passe ses journées

dans la malpropreté,

plongée dans la plus profonde mélancolie et,

qu'en voyant ses trésors et parcourant ses propriétés,

-elle s'afflige davantage en pensant à sa mort prochaine.

 

Supposons encore

que si elle voit de la nourriture, elle refuse de la prendre et

que si quelqu'un tente de la convaincre que ce n'est pas possible

-qu'elle tombe dans la misère,

elle ne se laisse pas convaincre et

elle continue de se lamenter et de s'apitoyer sur son triste sort.

 

Que diraient les gens à son sujet? Sûrement qu'elle a perdu la raison.

 

Cependant, c'est possible que la malédiction qui la préoccupe constamment survienne. Voici comment.

Dans sa folie, elle pourrait

-quitter ses royaumes,

-abandonner toutes ses richesses et

-aller dans des pays étrangers au milieu de peuples barbares où personne ne daignerait lui donner un morceau de pain.

 

Voilà comment sa fantaisie deviendrait réalité.

Ce qui aurait été faux au départ serait devenu réalité.

Mais où situer la cause de cette situation lamentable?

Nulle part ailleurs que dans la volonté tortueuse et obstinée de cette personne.

 

Tel est le comportement de l'âme qui

-se laisse aller volontairement au découragement et

-accueille le trouble intérieur. C'est la plus grande folie.»

 

Je lui dis: «Ah! Seigneur, comment une âme peut-elle demeurer toujours en paix en vivant dans l'Espérance? Si une âme commet une faute, comment peut-elle être en paix?»

 

Il me répondit: «Si l'âme pèche, elle a déjà quitté le royaume de l'espérance. Car le péché et l'espérance ne peuvent cohabiter.

 

Le bon sens dit que nous devons préserver et développer ce qui nous appartient.

Existe-t-il un homme

-qui se rend sur ses propriétés et brûle tout ce qu'il possède,

-qui ne garde pas jalousement ce qui lui appartient? Aucun, Je crois.

 

Ainsi, l'âme qui vit dans l'Espérance offense cette vertu quand elle pèche En quelque sorte, elle brûle ses biens.

Elle se trouve dans le même pétrin que cette personne qui abandonne ses biens

et s'exile dans un pays étranger.

 

En péchant, et donc en quittant l'Espérance-qui n'est autre que Jésus lui- même -,

l'âme s'en va chez les barbares, c'est-à-dire chez les démons,

-lesquels la privent de tout rafraîchissement et

-la nourrissent du poison du péché.

 

Mais que fait l'Espérance, cette mère apaisante?

Reste-t-elle indifférente pendant que l'âme s'éloigne d'elle? Oh! Non! Elle crie, prie, appelle l'âme avec sa voix la plus tendre.

Elle va au-devant de l'âme et n'est satisfaite que lorsqu'elle la ramène dans son royaume.»

 

Mon doux Jésus ajouta:

 

«La nature de l'espérance, c'est la Paix.

Ce qu'elle est par nature, l'âme qui habite en son sein l'acquiert par grâce.» Pendant qu'Il me transmettait ces paroles -par lumière intellectuelle-,

Il m'a montré ce que l'espérance fait pour l'homme en choisissant l'image d'une mère.

 

Quelle scène émouvante!

Si tous pouvaient voir cette mère, même les cœurs les plus endurcis

pleureraient de contrition et

apprendraient à l'aimer au point de ne plus vouloir quitter ses genoux maternels.

 

Du mieux que je peux, je vais tenter d'expliquer ce que j'ai compris de cette image.

 

L’homme vivait enchaîné,

-esclave du démon et

-condamné à la mort éternelle

sans espoir de pouvoir accéder à la vie éternelle. Tout était perdu et sa destinée était ruinée.

 

Une "mère" vivait au ciel, unie au Père et à l'Esprit Saint,

partageant avec eux un bonheur exquis. Mais elle n'était pas pleinement satisfaite.

Elle voulait autour d'elle tous ses enfants, ses chères images, les plus belles créatures sorties des mains de Dieu.

 

Du haut du ciel, ses yeux étaient fixés sur l'humanité perdue

Elle s'ingéniait à trouver le moyen de sauver ses enfants bien-aimés Et, consciente qu'ils ne pouvaient en aucune manière

-donner satisfaction à la Divinité par eux-mêmes,

-même au prix des plus grands sacrifices -à cause de leur petitesse comparée à la grandeur de Dieu-, que fit cette mère?

Voyant que le seul moyen de sauver ses enfants était de donner sa vie pour eux

-en épousant leurs souffrances et leurs misères et

-en faisant tout ce qu'ils auraient dû faire eux-mêmes, elle se présenta en larmes devant la Divinité.

 

Et, de sa plus douce voix et avec les motifs les plus convaincants que lui dictait son cœur magnanime, Elle lui dit:

 

«Je demande grâce pour mes enfants perdus. Je ne puis supporter de les voir séparés de Moi. Je veux les sauver à tout prix.

Et puisqu'il n'y a pas d'autres moyens que de donner ma vie pour eux, Je veux le faire, pourvu qu'ils retrouvent la leur.

 

Qu'attends-tu d'eux?

La réparation? Je ferai réparation pour eux.

La gloire et l'honneur? Je te rendrai gloire et honneur en leur nom. Des actions de grâce? Je te rendrai grâce pour eux.

Tout ce que tu attends d'eux, je te le donnerai, pourvu qu'ils soient admis à régner à mes côtés.»

 

Émue par les larmes et l'amour de cette Mère compatissante,

la Divinité se laissa convaincre et se sentit portée à aimer ces enfants.

 

Ensemble, les personnes divines

-se penchèrent sur leurs malheurs et

-acceptèrent le sacrifice de cette mère qui donnera pleine satisfaction pour les racheter.

Dès que le décret fut signé, Elle quitta aussitôt le ciel et se rendit sur la terre.

 

Laissant derrière elle ses vêtements royaux,

-elle se revêtit des misères humaines comme une misérable esclave et

-elle vécut dans la plus extrême pauvreté, dans des souffrances inouïes, au milieu d'êtres souvent insupportables.

Elle ne fit que supplier et intercéder pour ses enfants.

 

Cependant, ô stupéfaction, au lieu d'accueillir à bras ouverts celle qui venait les sauver,

ces enfants firent tout le contraire.

Personne ne voulut l'accueillir ni la reconnaître.

Au contraire, ils la laissèrent errer, la méprisèrent et complotèrent pour la faire mourir.

 

Que fit cette tendre mère en se voyant ainsi rejetée par ses enfants si ingrats? A-t-elle renoncé? Nullement!

Au contraire, son amour pour eux devint plus ardent et elle courut d'un endroit à l'autre

pour les rassembler auprès d'elle. Que d'efforts elle déploya!

Elle n'arrêtait jamais, toujours préoccupée par le salut de ses enfants. Elle pourvoyait à tous leurs besoins, remédiait à tous leurs maux passés,

présents et futurs. En somme, elle faisait absolument tout concourir pour le bien de ses enfants.

 

Et que firent ceux-ci? Se repentirent-ils? Pas du tout!

Ils la regardèrent d'un air menaçant, la déshonorèrent par de viles calomnies, l'accablèrent d'opprobres,

la flagellèrent jusqu'à ce que son corps ne soit plus qu'une plaie vive.

Enfin, ils la firent mourir de la mort la plus infâme, au milieu de spasmes et de douleurs extrêmes.

 

Et que fit cette mère au milieu de tant de souffrances?

Allait-elle haïr ses enfants si indisciplinés et arrogants? Pas du tout!

Elle les aima encore plus passionnément, offrit ses souffrances pour leur salut.

Et, en rendant son dernier souffle, leur murmura un dernier mot de paix et de pardon.

 

Ô mère toute belle, ô chère Espérance, comme tu es admirable! Je t'aime tant!

Je t'en supplie, garde-moi toujours sur tes genoux et je serai la personne la plus heureuse du monde.

 

Même si je suis décidée de ne plus parler de l'espérance, une voix résonne en moi et me dit:

 

«L'espérance contient tous les biens, présents et futurs. Et l'âme qui vit et grandit sur ses genoux obtiendra tout.

 

Que désire une âme?

La gloire, les honneurs?

L'espérance lui donnera la plus grande gloire et les plus grands honneurs sur cette terre

et elle sera glorifiée éternellement au ciel.

 

Désire-t-elle les richesses?

Cette mère est extrêmement riche et, en donnant tous ses biens à ses enfants,

ses richesses ne diminuent aucunement.

De surcroît, ses richesses sont éternelles et non pas éphémères.

Désire-t-elle des plaisirs, des satisfactions?

L'espérance possède tous les plaisirs et toutes les satisfactions qui se trouvent au ciel et sur la terre.

 

Toute personne qui se nourrit de son sein peut s'en délecter à satiété. De plus, comme elle est le maître des maîtres,

-toute âme qui se met à son école apprendra la science de la vraie sainteté.» En somme, l'Espérance nous donne tout.

-Si quelqu'un est faible, elle le fortifie.

-Pour ceux qui sont en état de péché, elle a institué les sacrements parmi lesquels se trouve le bain où l'on peut laver ses péchés.

-Si nous avons faim ou soif, cette mère compatissante nous donne la plus alléchante et délicieuse nourriture, sa chair délicate et son sang très précieux.

 

Que peut faire de plus cette mère pacifique? Qui d'autre lui ressemble?

 

Ah! Elle seule a pu réconcilier le ciel et la terre!

L'Espérance s'est unie à la Foi et à la Charité.

 

Elle a formé ce lien indissoluble entre la nature humaine et la nature divine. Mais qui est cette mère?

 

C'est Jésus-Christ, notre Sauveur.

 

Ce matin, mon doux Jésus n'arrivait pas.

Je ne l'avais pas vu depuis la nuit précédente quand, soudain, Il se montra sous une apparence suscitant à la fois la pitié et la peur.

Il semblait vouloir se cacher afin de ne pas voir

-les châtiments dont Il allait frapper les gens

-ni les moyens qu'Il allait employer pour les détruire. 0 mon Dieu, quelle scène navrante!

 

Pendant que, longuement, j'attendais Jésus, je me disais intérieurement:

«Pourquoi ne vient-il pas?

Serait-ce parce que je ne me conforme pas à la Justice? Alors, comment faire?

C’est presque impossible pour moi de dire: "Fiat Voluntas Tua."»

 

Je me disais aussi: «Il ne vient pas parce que le confesseur ne l'envoie pas.»

Pendant que j'entretenais de telles pensées, je l'ai aperçu comme une ombre.

 

Il me dit:

«N'aie pas peur, l'autorité des prêtres est limitée. Dans la mesure où ils sont prêts

-à me prier de venir à toi et

-à t'offrir comme victime pour que tu souffres afin que j'épargne le peuple, Je vais les épargner eux-mêmes lorsque J'enverrai les châtiments.

 

Par contre, s'ils ne se montrent nullement intéressés, à mon tour, Je n'aurai aucun égard pour eux.»

 

Ensuite, Il disparut, me laissant dans une mer d'affliction et de larmes.

 

Après des jours très amers de privation, je me sentais épuisée. Cependant, j'offrais continuellement mes souffrances en disant à Jésus:

«Seigneur, tu sais ce qu'il m'en coûte d'être privée de toi. Mais je me résigne à ta très sainte Volonté.

Je t'offre cette souffrance comme preuve de mon amour et, aussi, pour t'apaiser.

 

Je te la présente comme messagère de louanges et de réparations

-pour moi et pour toutes tes créatures. C'est tout ce que je possède et je te l'offre,

-étant persuadée que tu acceptes les sacrifices de bonne volonté offerts sans réserve. Mais, je t'en prie, viens, car je n'en peux plus.»

 

Je suis souvent tentée de me conformer à la Justice,

-croyant que mes refus sont la cause de son absence.

 

En fait, Jésus m'a dit dernièrement que si je ne me conformais pas, Il serait obligé de ne plus venir et de ne plus rien me dire

-pour éviter de me faire de la peine.

Mais je n'ai pas le cœur à le faire, d'autant plus que l'obéissance ne l'exige pas.

Au milieu de mon amertume, une lumière attira mon regard.

 

Ensuite, une voix me souffla à l'oreille:

«Dans la mesure où les hommes se mêlent des choses du monde, ils perdent l'estime des biens éternels.

 

Je leur ai donné des richesses pour qu'elles servent à leur sanctification.

Mais ils s'en sont servi pour m'offenser et pour s'en faire des idoles. Alors Je vais les détruire, eux et leurs richesses.»

 

Ensuite, j'ai vu mon très cher Jésus.

Il était tellement souffrant et indigné à cause des hommes que c'était pénible à voir.

Je lui dis:

«Seigneur, je t'offre tes plaies, ton sang et l'usage très saint que tu as fait de tes sens durant ta vie mortelle en réparation des offenses qu'on te fait,

plus particulièrement du mauvais usage que les créatures font de leurs sens.»

 

D'un ton grave, Il me dit:

«Sais-tu ce que sont devenus les sens des créatures? Ils sont comme des rugissements d'animaux féroces

-qui empêchent les hommes de s'approcher.

La pourriture et la multitude des péchés qui jaillissent de leurs sens m'obligent à les fuir.»

 

Je lui dis: «Ah! Seigneur, comme tu sembles indigné!

Si tu veux continuer à leur envoyer des châtiments, alors je veux me joindre à toi. autrement, je désire quitter cet état.

Pourquoi y rester puisque je ne peux plus m'offrir comme victime pour sauver les hommes?»

 

Alors, d'un ton irrité, Il me dit:

«Tu veux les deux extrêmes:

-soit que tu exiges que Je ne fasse rien,

-ou que tu veuilles te joindre à Moi.

 

N'es-tu pas satisfaite que les hommes aient été épargnés en partie?

Crois-tu que la ville de Corato est la meilleure et celle qui m'offense le moins? Que je l'aie épargnée de préférence à tant d'autres, est-ce là une chose insignifiante?

 

Donc, sois contente, calme-toi et, pendant que je châtie les gens, accompagne-moi avec tes désirs et tes souffrances

en priant pour que ces châtiments amènent les gens à se convertir.»

 

Jésus continue de se manifester en arborant un air affligé.

En arrivant, il s'est jeté dans mes bras, complètement épuisé et en quête de consolations.

Il me partagea une partie de ses souffrances et Il me dit:

«Ma fille,

le chemin de la croix est parsemé d'étoiles

Pour ceux qui l'empruntent, ces étoiles se changent en soleils très lumineux. Imagine le bonheur éternel de l'âme qui sera entourée de ces soleils.

 

La récompense que je donne à la croix est si grande qu'on ne peut la mesurer. Cela est presque inconcevable pour l'esprit humain.

Car porter des croix n'a rien d'humain; tout y est divin.»

 

Ce matin, mon adorable Jésus est venu.

Il m'a transportée hors de mon corps au milieu d'une foule. Il semblait regarder les créatures avec compassion.

J'avais l'impression que les châtiments qu'Il leur donnait

-découlaient de sa miséricorde infinie et

-jaillissaient de son Cœur.

 

Se tournant vers moi, Il me dit:

 

«Ma fille,

la Divinité se nourrit de l'amour pur et réciproque qui unit les trois personnes divines. L'homme, quant à lui, est un produit de cet amour.

Il est, pour ainsi dire, une particule de leur nourriture.

 

Mais cette particule est devenue amère.

Car, en s'éloignant de Dieu, beaucoup d'hommes se sont livrés en pâture

-aux flammes infernales alimentées par la haine implacable des démons

-qui sont les principaux ennemis de Dieu et des hommes-.»

 

Il ajouta:

«La perte des âmes, voilà la raison principale de ma profonde tristesse Car les âmes m'appartiennent.

 

D'autre part, ce qui m'oblige à châtier les hommes, c'est l'Amour infini que J'ai pour eux et qui désire que tous soient sauvés.»

 

Je lui dis: «Ah! Seigneur, il me semble que tu ne parles que de châtiments! Dans ta toute-puissance, tu as sans doute d'autres moyens pour sauver les âmes.

Quoi qu'il en soit, si j'étais certaine

-que toutes les souffrances retomberaient sur eux et

-que tu n'en souffrirais pas toi-même,

je m'y résignerais.

 

Mais je vois que tu souffres beaucoup à cause de ces châtiments. Qu'arrivera-t-il si tu en déverses encore plus?»

 

Il me répondit:

«Même si j'en souffre, l'Amour me pousse à envoyer des tribulations encore plus lourdes. Car, pour amener les hommes à entrer en eux-mêmes,

-il n'y a pas de plus puissant moyen que de les briser.

Il s'avère que les autres moyens les rendent encore plus arrogants.

 

Par conséquent, conforme-toi à ma Justice. Je vois bien

-que ton amour pour moi te pousse à refuser de te conformer et

-que tu n'as pas le cœur de me voir souffrir.

 

Ma Mère m'aimait beaucoup plus que toutes les autres créatures. Son amour était sans égal.

Cependant, pour sauver les âmes, elle s'est

-conformée à la Justice et

-résignée à me voir beaucoup souffrir.

 

Si ma Mère a fait cela, ne pourrais-tu pas le faire toi aussi?»

 

Pendant que Jésus parlait ainsi, j'ai senti ma volonté se rapprocher de la sienne au point que je ne pouvais presque plus m'empêcher de me conformer à sa Justice.

Je ne savais que dire, tellement j'étais convaincue.

Mais je n'ai quand même pas manifesté mon adhésion à Jésus.

Il disparut et je suis demeurée dans le doute, à savoir si j'allais, oui ou non, me conformer.

 

Mon très doux Jésus se manifeste presque toujours de la même façon. Ce matin, ll m'a dit:

«Ma fille,

mon Amour envers les créatures est si grand qu'il

-résonne comme un écho dans les sphères célestes,

-remplit l'atmosphère et

-se diffuse sur toute la terre.

 

Comment les créatures répondent-elles à cet écho d'amour?

Ah! Elles me répondent par

-un écho empoisonné, rempli de toutes sortes de péchés,

-un écho quasi mortel, propre à me blesser.

 

Mais Je vais réduire la population de la terre

afin que cet écho empoisonné ne vienne plus me percer les oreilles.» Je lui dis: «Ah! Que dis-tu, Seigneur?»

Il reprit:

«J'agis comme un médecin compatissant

-qui emploie des remèdes radicaux pour soigner ses enfants couverts de plaies. Que fait ce père médecin qui aime ses enfants plus que sa propre vie?

 

Laissera-t-il ces plaies devenir gangreneuses?

Laissera-t-il mourir ses enfants plutôt que de les soigner,

-sous prétexte qu'ils pourraient souffrir s'il utilisait le feu ou le scalpel? Jamais!

 

Même si, pour lui, c'est comme s'il appliquait ces traitements sur son propre corps, il n'hésite pas

-à couper et à ouvrir les chairs,

-puis à y appliquer le contrepoison ou le feu afin d'empêcher qu'elles s'infectent davantage.

 

S'il arrive que certains de ses enfants meurent au cours de l'intervention. Ce n'est pas ce que le père veut.Il veut les guérir.

 

Ainsi en est-il pour Moi. Je blesse mes enfants afin de les guérir. Je les détruis afin de les ressusciter.

Si un grand nombre d'entre eux se perdent, là n'est pas ma Volonté. C'est la conséquence de leur méchanceté et de leur volonté obstinée; c'est à cause de cet "écho empoisonné" qu'ils répandent

jusqu'à ce qu'ils finissent par s’autodétruire. »

 

Je repris: «Dis-moi, mon unique Bien, comment puis-je adoucir pour toi cet écho empoisonné qui t'afflige tant?»

 

Il répondit: «La seule façon, c'est

-d'accomplir tes actions uniquement dans le but de me plaire,

-que tous tes sens et tes forces soient uniquement appliqués à m'aimer et à me glorifier.

-que chacune de tes pensées, de tes paroles etc. soient remplies d'amour pour Moi.

Ainsi, ton écho

-s'élèvera jusqu'à mon trône et

-sera une douce musique pour mon oreille.»

 

Ce matin, mon aimable Jésus est arrivé entouré de lumière. Il m'a regardée comme s'il me pénétrait entièrement,

de sorte que je me suis sentie tout anéantie.

Il m'a dit: «Qui suis-je et qui es-tu?»

 

Ces mots m'ont pénétré jusqu'à la moelle des os.

Je vis la distance énorme qu'il y a entre l'infini et le fini, entre le tout et le rien. Je pouvais également voir la malice de ce rien et combien il était enfoncé dans la boue.

Je vis que mon âme nageait

-au milieu de la pourriture,

-au milieu de vers et de bien d'autres choses horribles. Oh! Mon Dieu, quel spectacle affreux!

Mon âme voulait fuir le regard du Dieu trois fois saint Mais il me retint avec ces autres mots:

«Quel est mon amour pour toi et comment m'aimes-tu en retour?»

 

Alors qu'à la suite de la première question, je fus effrayée et voulais fuir. Après la seconde :"Quel est mon amour pour toi?",

je me suis sentie immergée, entourée de tous côtés par son amour, prenant conscience

-que mon existence en résultait et

-que, si cet amour prenait fin, je n'existerais plus.

 

J'avais l'impression que

-les battements de mon cœur,

-mon intelligence et même

-ma respiration

étaient le produit de cet amour.

 

Je nageais en lui et, si j'avais voulu fuir, cela m'aurait été impossible Car cet amour m'enveloppait totalement.

Mon propre amour m'a semblé n'être qu'une petite goutte d'eau jetée à la mer

qui disparaît et ne peut plus être distinguée.

Que de choses j'ai comprises, mais il serait trop long de tout dire.

 

Ensuite, Jésus disparut, me laissant bien perplexe. Je me voyais toute remplie de péchés

Dans mon for intérieur, j'implorais son pardon et sa miséricorde.

 

Peu de temps après, Il revint et Il me dit:

«Ma fille,

lorsqu'une âme est convaincue qu'elle a fait le mal en m'offensant, elle remplit déjà l'office de Marie Madeleine qui

-m'a lavé les pieds avec ses larmes,

-les a oints de son parfum et

-les a séchés avec ses cheveux.

 

Quand l' âme

-commence à examiner sa conscience,

-reconnaît et regrette le mal qu'elle a fait, elle prépare un bain pour mes plaies.

 

En voyant ses péchés, un goût d'amertume l'envahit et elle les regrette. C'est ainsi qu'elle vient oindre mes plaies avec le plus exquis des baumes.

 

Par la suite, elle veut réparer

Voyant son ingratitude passée, un élan d'amour pour son Dieu si bon monte en elle

Et elle voudrait lui donner sa vie pour lui prouver son amour.

Ce sont ses cheveux qui la lient à moi comme des chaînes d'or.»

 

Mon adorable Jésus continue de venir.

Ce matin, dès son arrivée, il m'a prise dans ses bras et m'a transportée hors de mon corps.

 

Dans cette étreinte, j'ai compris plusieurs choses,

surtout qu'il est absolument essentiel de se dépouiller de tout

si l'on veut

-reposer librement dans les bras du Seigneur et

-pouvoir entrer et sortir de son Cœur avec facilité et à volonté pour ne pas devenir un fardeau pour lui.

 

Alors, de tout mon cœur, je lui ai dit:

 

«Mon cher et unique Bien, je te demande de me dépouiller de tout Car je vois bien que

pour être revêtue de toi,

pour vivre en toi et

pour que Tu vives en moi,

il ne doit pas y avoir la moindre chose en moi qui ne t'appartienne.» Plein de bienveillance, Il me répondit:

«Ma fille,

pour que je puisse venir habiter dans une âme, l'essentiel, c'est

qu'elle soit totalement détachée de toutes choses.

 

Sans cela, non seulement

-Je ne puis demeurer en elle, mais

-aucune vertu ne peut s'installer en elle.

 

Dès que l'âme s'est dépouillée de tout, j'y entre. Et avec elle, nous construisons une maison.

 

Les fondations s'appuient sur l 'humilité.

Plus elles sont profondes, plus les murs seront solides et élevés.

 

Les murs sont faits des pierres de la mortification. Et ils sont cimentés avec l'or pur de la charité.

 

Quand les murs sont érigés, Moi, comme un peintre expert, J'y applique une excellente peinture constituée

-des mérites de ma Passion et

-des magnifiques couleurs fournies par mon sang.

Cette peinture sert de protection contre la pluie, la neige et tout choc.

 

Ensuite, viennent les portes.

Pour qu'elles soient solides comme le bois et préservées contre les termites, il faut le silence qui tue les sens extérieurs.

 

Pour protéger cette maison, il faut un gardien qui veille sur tout, à l'intérieur et à l'extérieur; c'est la crainte de Dieu qui protège contre toute intempérie.

 

La crainte de Dieu sera la gardienne de la maison, incitant l'âme à agir,

-non par crainte d'être punie,

-mais par crainte d'offenser le maître de la maison. Cette sainte crainte ne doit servir qu'à inciter l'âme

-à tout faire pour plaire à Dieu et à rien d'autre.

 

Cette maison devra être décorée

de trésors formés de saints désirs et de larmes.

 

Tels furent les trésors de l'Ancien Testament.

Dans l'accomplissent de leurs souhaits, ils trouvèrent la consolation Dans la souffrance, ils trouvèrent la force.

Ils misaient tout sur l'attente du Rédempteur à venir A ce point de vue, ils étaient des athlètes.

 

Une âme sans désir est presque morte.

Tout l'ennuie l'agace et la rend maussade, y compris les vertus.

Elle n'aime absolument rien et marche dans la voie du bien en se traînant.

 

Pour l'âme remplie de désirs, c'est tout le contraire:

-rien ne lui pèse, tout est joie;

-elle a des ailes et apprécie tout, même la souffrance.

Les choses désirées sont aimées.

En les aimants, on y trouve ses délices.

 

Même avant que la maison soit construite, on doit entretenir le désir.

 

Les pierres précieuses les plus coûteuses de ma vie furent formées

-par la souffrance, la souffrance pure.

 

Puisque l'hôte unique de cette maison sera le Donateur de tout bien,

Il l'investit de toutes les vertus,

Il La parfume avec les plus suaves odeurs. De belles fleurs y dégagent leur fragrance.

Il y fait résonner une mélodie céleste des plus agréables. On y respire un air de paradis.»

 

J'ai omis de dire qu'on doit s'assurer que la paix domestique règne, c'est-à-dire qu'on y observe le recueillement et le silence intérieur des sens.

 

Ensuite, je suis demeurée dans les bras de Notre-Seigneur Et je fus entièrement dépouillée.

Ayant vu que le confesseur était présent, Jésus m'a dit -mais j'ai cru qu'il s'amusait-:

«Ma fille, tu t'es dépouillée de tout et tu sais que lorsqu'une âme est ainsi dépouillée,

elle a besoin de quelqu'un pour la revêtir, la nourrir et la loger. Où veux-tu habiter?

Dans les bras du confesseur ou dans les miens?»

 

En disant cela, Il me plaça dans les bras du confesseur.

J'ai commencé par résister, mais Il m'a dit que c'était sa Volonté.

Après une courte discussion, il m'a dit: «Ne crains pas, je te tiens dans mes bras.»

Alors ce fut la paix.

 

Ce matin, mon bienveillant Jésus est arrivé tout affligé. Les premiers mots qu'Il m'a adressés furent:

«Pauvre Rome, quelle destruction tu connaîtras! En te regardant, je pleure.»

 

Il disait cela avec une telle tendresse que j'en fus tout émue.

Mais je ne savais pas s'il s'agissait seulement des habitants de cette ville ou de ses édifices aussi.

 

Comme j'avais reçu l'ordre de ne pas me conformer à la Justice, mais de prier,

je dis à Jésus:

«Mon bien-aimé Jésus, lorsqu'il s'agit de châtiments, ce n'est pas le temps de discuter, mais uniquement de prier.»

Alors je me suis mise à prier, à baiser ses plaies et à faire des actes de réparation.

 

Pendant que je priais, Il me disait de temps à autre:

«Ma fille, ne me violente pas.

En faisant comme ça, tu emploies la violence contre moi. Donc, calme-toi.»

 

Je lui répondis:

«Seigneur, c'est l'obéissance qui le veut ainsi, et non pas moi.»

 

Il ajouta:

«La rivière d'iniquités est tellement grande

qu'elle fait sérieusement obstacle au salut des âmes.

Seules la prière et mes plaies peuvent empêcher cette rivière impétueuse de les engloutir tous.»

 Jésus à Luisa, le 28 octobre 1899

«Ma fille,

lorsqu'une âme est convaincue qu'elle a fait le mal en m’offensant, elle remplit déjà l office de Marie Madeleine qui

-m’a lavé les pieds avec ses larmes,

-les a oints de son parfum et

-séchés avec ses cheveux.

 

Quand l' âme

-commence à examiner sa conscience,

-reconnaît et regrette le rnal qu'elle a fait, elle prépare un bain pour rnes plaies.

 

En voyant ses péchés, un goût d'amertume l'envahit et elle les regrette.

 

C'est ainsi qu'elle vient oindre mes plaies avec le plus exquis des baumes. Par la suite, elle veut réparer.

Voyant son ingratitude passée, un élan d'amour pour son Dieu si bon monte en elle.

Et elle voudrait lui donner sa vie pour lui prouver son amour.

Ce sont ses cheveux qui la lient à moi comme des chaînes d'or.»

 

Tome 2 3

28 février 1899 3

La pureté d'intention 4

La Foi 4

Comment Luisa perçoit Dieu 7

10 mars1899  - Le Seigneur fait voir à Luisa de nombreux châtiments. 11

13 mars 1899 - Toute la création nous parle de l'amour de Dieu pour les hommes et leur apprend à l'aimer 12

14 mars 1899 - L'homme mauvais oblige Dieu à le châtier 14

18 mars 1899 - La charité est simple. 15

19 mars 1899 -Le diable peut parler de vertu, mais il ne peut infuser la vertu dans l'âme. 16

20 mars 1899 - Si le monde est dans un état si triste, c'est parce qu'il n'obéit pas à ses chefs, dont Dieu est le premier 17

31 mars 1899  - La valeur de la souffrance 18

3 avril 1899 - Sans la confiance, l'humilité est fausse 18

5 avril 1899 - Jésus cache Luisa dans l'ombre de sa charité 19

7 avril 1899 - Luisa réconforte Jésus. Jésus lui dit: «Je veux que tu sois l'objet de mon contentement.» 19

9 avril 1899 - Jésus réconforte Luisa relativement aux souffrances que lui cause son absence. 20

12 avril 1899 - L'hypocrisie offense Jésus profondément 21

16 avril 1899 - Les offenses faites à Jésus par les siens. 22

21 avril 1899 - Jésus, le plus pauvre des pauvres. 24

23 avril 1899 - Ne se préoccuper ni des louanges ni des mépris provenant des créatures. 25

26 avril 1899 - Luisa prie pour la guérison d'un défaut de langue chez son confesseur. La grandeur des âmes dépouillées. 26

2 mai 1899 - L'Église est modelée sur le ciel 27

6 mai 1899 - Luisa cherche Jésus parmi les anges 28

7 mai 1899 - La pureté d'intention. 29

-9 mai 1899 - Jésus déverse son amertume en Luisa 30

12 mai 1899 - Jésus laisse couler de son côté de la douceur et de l'amertume. 32

16 mai 1899 - Les vertus de la croix. Le renoncement à notre volonté personnelle.35 19 mai 1899 - L'humilité et la simplicité attirent les faveurs célestes 36

23 mai 1899 - Fruits de la douceur et du détachement 37

26 mai 1899 - Le mépris de soi doit être vécu dans la Foi. 39

31 mai 1899 - L'opposition a pour conséquence de faire briller la Vérité au temps voulu. 40

2 juin 1899 - La connaissance de soi est la plus grande grâce qu'une âme puisse recevoir 41

3 juin 1899 - Jésus déverse son amertume en Luisa. 42

5 juin 1899 - Le pénible état de Luisa. La santé du confesseur 43

8 juin 1899 - Luisa souhaite que tout le monde se convertisse 46

9 juin 1899 - Le grave péché de l'avortement. Unir nos souffrances et nos prières à celles de Jésus. 48

11 juin 1899 - La lumière qui permet de comprendre Luisa 49

12 juin 1899 - Jésus prépare Luisa à la Communion. 49

14 juin 1899 - Jésus veut châtier le monde 52

16 juin 1899 - Les châtiments sont nécessaires 53

17 juin 1899 - Luisa ne veut pas coopérer aux châtiments. 54

19 juin 1899 - La constance dans le bien. 55

20 juin 1899 - L'amour dont saint Louis de Gonzague était rempli 56

21 juin 1899 - Jésus s'amuse avec Luisa. 57

22 juin 1899 - Luisa ne veut pas que Jésus dorme. 58

23 juin 1899 - Luisa aperçoit le confesseur en compagnie de Jésus. Elle prie pour lui.

.............................................................................................................................. 59

25 juin 1899 - Trois Joies spirituelles associées à la Foi. 62

4 juillet 1899 - le Cœur de ma Mère n'a pas connu le moindre trouble intérieur 63

9 juillet 1899 - Jésus partage ses souffrances avec l'âme afin d'y continuer sa Passion 64

14 juillet 1899 - Jésus ne quitte pas ceux qui l'aiment 64

18 juillet 1899 - Comment Jésus-Hostie et l'âme s'attirent et s'attachent l'un à l'autre. 66

22 juillet 1899 - La croix rend l'âme transparente. Comment éviter le précipice 66

28 juillet 1899 - La croix est la plus belle marque de noblesse que Jésus puisse imprimer dans une âme. 67

30 juillet 1899 - Ne pas juger son prochain. 69

31 juillet 1899 - Communication intellectuelle entre Jésus et Luisa. 69

1er août 1899 - Jésus affectionne les âmes pures. 70

2 août 1899  - L’ importance de l'accueil de la grâce. 71

7 août 1899 - Notre néant versus la beauté de Jésus. 72

8 août 1899 - Jésus trouve son repos dans l'âme résignée. 72

10 août 1899 – La Beauté de la simplicité. 73

12 août 1899 - Jésus transforme Luisa en lui-même et lui enseigne la manière de pratiquer la Charité 75

13 août 1899   Jésus emprunte la forme de Luisa 76

15 août 1899 La charité lie et ordonne toutes les autres vertus. On célèbre l'Assomption de Marie dans le ciel.  La beauté du "Je te salue, Marie". 76

16 août 1899 - Luisa continue d'agir comme la maman de Jésus 79

17 août 1899 - Le pouvoir de "dame obéissance". 80

18 août 1899 - La lumière de la Vérité met de l'ordre dans l'âme. 81

21 août 1899 - Plaire uniquement à Jésus 82

22 août 1899 - Jésus affermit les vertus de Luisa 83

27 août 1899 - L'impact des visites de Jésus 84

30 août 1899 - L'homme a perdu son sens religieux. Menaces de châtiments. 84

31 août 1899 - Le confesseur exige, au nom de l'obéissance, que Luisa cesse de parler à Jésus 85

1er septembre 1899 - Lutte cruelle de Luisa afin d'obéir. L'âme identifiée à Jésus ne peut être séparée de lui. L'obéissance, cette puissante guerrière, était tout pour Jésus. 86

2 septembre 1899 - Fin de la consigne du confesseur 90

5 septembre 1899 - Jésus conduit l'âme à la perfection petit à petit. 92

9 septembre 1899 - La foi, l'espérance et la charité sont la base de la vie spirituelle. L'âme est un temple vivant pour Dieu. 92

16 septembre 1899 - Valeur des souffrances vécues uniquement pour Dieu. 94

19 septembre 1899 - Fruits de la Foi, de l'Espérance et de la Charité. 95

21 septembre 1899 - Démêlés de Luisa avec l'obéissance. Raison d'être de son état de victime. 99

22 septembre 1899  - Répugnance de Luisa à écrire. 101

25 septembre 1899 - Luisa, défenseur de Jésus et des créatures 102

26 septembre 1899 - La Très Sainte Vierge est un prodige de grâces.  Vision abstraite et vision intuitive de Dieu. 103

30 septembre 1899 - La patience dans les tentations est une nourriture pour Jésus.

............................................................................................................................ 104

   1 octobre 1899 - Jésus parle avec amertume de l'abus des sacrements. 106

   3 octobre 1899 - Luisa discute avec dame obéissance. Les prêtres doivent se distancer des intérêts terrestres 109

   7 octobre 1899 - Jésus indigné à cause des créatures. L'état de victime atténue les châtiments. 112

14 octobre 1899 - L'Espérance est une mère pacifique et compatissante. 113

16 octobre 1899 - Jésus parle de châtiments. 120

21 octobre 1899 - Les biens terrestres doivent servir à la sanctification de l'homme et non pas pour qu'il s'en fasse des idoles 121

22 octobre 1899 - Le chemin de la croix est parsemé d'étoiles. 122

24 octobre 1899 - Les châtiments ont pour cause l'Amour de Dieu pour ses créatures. 123

25 octobre 1899 - L'écho de l'amour de Dieu et celui de l'ingratitude des créatures.

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28 octobre 1899 - «Qui suis-je et qui es-tu? Les péchés conduisent à l'amour 126

29 octobre 1899 - La formation de la demeure de Jésus dans l'âme. 127

30 octobre 1899  - Menaces de châtiments pour Rome. 130

Table des Matières 130

Extrait du Tome 2 135